The Red Pill
Titre original | The Red Pill |
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Réalisation | Cassie Jaye |
Pays de production | États-Unis |
Genre | Documentaire |
Durée | 117 minutes |
Sortie | 2016 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
The Red Pill est un film américain de réalisé et coproduit par Cassie Jaye. Ce documentaire explore les mouvements masculinistes de défense des droits des hommes au travers d'une série d'interviews des dirigeants et membres du mouvement.
The Red Pill a été diffusé en avant-première à New York le . Les DVD et Blu-ray ont été mis en vente le par Gravitas Ventures.
La diffusion de ce documentaire controversé a été annulée à plusieurs reprises, notamment sous l'impulsion de féministes.
Choix du titre
[modifier | modifier le code]Le titre du film, qui se traduit littéralement par « la pilule rouge », fait référence à une scène emblématique du film Matrix dans laquelle le protagoniste (Thomas A. Anderson) doit faire le choix d'ingérer une pilule rouge ou une pilule bleue, la première représentant le choix d'une vérité lucide avec toute la dureté que cela implique en opposition à la seconde qui serait la préférence de l'ignorance dans un doux mensonge confortable[1].
Par analogie, le film affirme apporter une vérité et une compréhension nouvelle sur les relations entre les sexes au sein de la société. Peggy Sastre note cependant avec amusement que la référence à Matrix est également utilisée par les cercles féministes[2].
Synopsis
[modifier | modifier le code]The Red Pill narre l'enquête de la réalisatrice Cassie Jaye, initialement féministe, au sein de ce qu'elle considère au départ être une mouvance masculine agressive et violente.
Elle découvre progressivement que le mouvement ne correspond pas à l'idée qu'elle s'en faisait et s'interroge sur sa vision des rapports entre les sexes, du pouvoir et des privilèges. Le documentaire traite des problématiques rencontrées par les hommes comme les taux de suicide élevés, les accidents du travail et métiers dangereux, le service militaire aux États-Unis, l'absence de services d'assistance aux hommes battus ou victimes d'agression sexuelles, les problématiques liées au divorce et au biais judiciaire notamment dans le cas de la garde parentale, le sous-financement de la recherche liée à la santé masculine, la tolérance inique à l'égard des partis pris misandres, la circoncision, le manque de contraception masculine, les accusations infondées de viol, ou encore les fraudes à la paternité et paternités imposées[4],[5],[6].
Le documentaire s'appuie sur des entretiens avec des représentants et partisans d'associations masculinistes, comme le fondateur du très controversé site américain A Voice For Men (en)[7], Paul Elam, le président de la National Coalition for Men (en), Harry Crouch, l'auteur de The Myth of Male Power (en), Warren Farrell, et Erin Pizzey connue pour avoir ouvert le premier refuge pour femmes battues en [8]. Des critiques du mouvement, comme Katherine Spillar, la directrice du magazine Ms.[9], et le sociologue Michael Kimmel[5], sont aussi présentées. Enfin, la réalisatrice livre quelques extraits de son journal vidéo personnel.
Fiche technique
[modifier | modifier le code]- Réalisation : Cassie Jaye
- Producteur : Cassie Jaye, Nena Jaye, Anna Laclergue
- Société de production : Jaye Bird Productions
- Photographie : Evan Davies
- Musique : Douglas Edward
- Montage : Cassie Jaye
- Diffusion :
- Première : à Cinema Village, New York
- Disponibilité en ligne : le film a été rendu disponible au téléchargement le .
Nominations et récompenses
[modifier | modifier le code]- Prix de la Digital Hollywood Conference : Women In Film[10]
- Prix de l'Idyllwild International Festival of Cinema (en) [10],[11],[12] :
- The Chuck Washington Award – Best of Festival Award
- Mary Austin Award – Excellence In Directing Documentary
- Mary Austin Award – Excellence In Producing A Documentary
- Prix du Louisiana International Film Festival : Best Documentary Feature[10]
Production et financement
[modifier | modifier le code]Le financement du film a été en partie possible par le biais de financement participatif. Selon la réalisatrice, le biais féministe des producteurs contactés n'était pas souhaitable puisqu'elle souhaitait réaliser un film neutre[13].
En dernier recours, Cassie Jaye a utilisé le site de financement participatif Kickstarter pour lever 211 260 $, dépassant l'objectif initial de 97 000 $[14]. Alan Scherstuhl, dans sa critique du film pour The Village Voice[15] , y voit cependant le risque d'un conflit d'intérêts puisque, selon lui, le film pourrait avoir été financé en grande partie par des associations liées à la condition masculine.
Réception du film
[modifier | modifier le code]Critiques
[modifier | modifier le code]Francis Dupuis-Déri estime que le film participe de la propagande masculiniste[16].
Katie Walsh, du Los Angeles Times, considère que le documentaire « manque d'un argumentaire cohérent parce qu'il est construit sur une incompréhension fondamentale des termes » et regrette que le film ne s'attarde pas sur la manière dont « le système patriarcal contrôle les ressources pour exploiter à la fois femmes et hommes ». Elle reconnait l'existence « de nombreuses problématiques graves et urgentes auxquels les hommes sont confrontés » mais considère que le documentaire « ne fait que diviser avec une présentation complaisante et biaisée, sans réussir à monter un argumentaire convaincant »[17].
John DeFore, de The Hollywood Reporter, note que The Red Pill « est maladroit et frustrant dans de nombreux aspects. Cependant il témoigne d'une sincérité et d'une ouverture d'esprit propre à questionner des idées établies — permettant aux représentants de ce mouvement problématique de présenter leurs arguments de manière claire et convaincante — et on souhaiterait que le documentaire puisse voir plusieurs facettes de ce débat en même temps ». Il en conclut que le documentaire est « une tentative admirable d'impartialité dont l'approche journalistique et esthétique dessert le propos »[9].
Alan Scherstuhl de The Village Voice, critique des mouvements de défense des hommes, considère que le financement opaque via Kickstarter soulève des questions sur la neutralité de la production. Il s'attarde sur le caractère « amateur » du film, dont l'esthétique est faible : « Le film, comme le mouvement échoue à prouver l'existence d'une cause systémique. À la place, un féminisme croque-mitaine est accusé de réduire au silence ses opposants »[15].
La critique de Cathy Young, pour Heat Street (en), est positive. Elle considère que le documentaire soulève des questions importantes et rarement traitées tout en effectuant une critique « méritée » du féminisme. En revanche, selon elle, le film n'aborderait pas assez les « aspects sombres du mouvement des hommes » et Cassie Jaye manquerait de mordant dans les interviews des responsables d'associations[18].
Corrine Barraclough, du journal australien The Daily Telegraph, remarque que « le message de The Red Pill est la compassion » et « s'interroge sur les raisons qui poussent les féministes à imposer l'omerta sur la thématique »[19].
L'essayiste féministe Pascale Navarro estime que le film de Cassie Jaye ferait preuve de « malhonnêteté intellectuelle », arguant que la réalisatrice n'apporterait pas de contradiction à ses interlocuteurs[7].
Annulations de diffusion et polémiques
[modifier | modifier le code]La première diffusion du film en Australie, prévue le au Palace Kino (en) à Melbourne, a été annulée à la suite d'une pétition sur Change.org qui a rassemblé 2 370 signatures en assimilant le film à de la « propagande misogyne »[20],[21]. Une contre-pétition lancée dans les jours suivants a obtenu près de 5 000 soutiens en dénonçant une tentative de « limitation de la liberté d'expression en Australie »[20],[22].
Le Mayfair Theatre (en) à Ottawa a aussi annulé une projection du film[23],[6],[24].
Des projections du film dans un cadre universitaire ont également fait l'objet de vifs débats, notamment une projection annulée sur le campus de l'université de Calgary[25] et une autre repoussée à l'université de Sydney[26],[27] au motif de « risque de promotion des violences faites aux femmes ».
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Annabel Crabb, « The Red Pill ban: an absurdity only online activism could create », The Sydney Morning Herald, .
- Peggy Sastre (interviewée), « Red Pill, le documentaire qui fait rager les féministes tout en mettant le doigt sur l'une des clés ignorée de l'évolution des électorats occidentaux », sur Atlantico, .
- (en) David Fuller (intervieweur) et Cassie Jaye (interviewée), « My 'Red Pill' suicide mission, with director Cassie Jaye », Rebel Wisdom, sur YouTube, .
- (en) Bettina Arndt, « Cassie Jaye's Red Pill too truthful for feminists to tolerate », The Australian, .
- (en) Paul Liberatore, « Bay Area filmmaker's new film, 'The Red Pill,' is a bitter one for feminists to swallow », San Jose Mercury News, .
- (en) « Mayfair Theatre cancels showing of men's rights documentary The Red Pill », CBC News, .
- Catherine François et Sylvie Braibant, « « The red pill », un documentaire en défense des masculinistes que les féministes ont du mal à avaler », TV5 Monde, (consulté le ).
- (en) « 'Domestic violence can't be a gender issue' », The Guardian, .
- (en) « 'The Red Pill': Film Review », The Hollywood Reporter, .
- « The Red Pill : Récompenses », sur Internet Movie Database.
- (en) « Awards – IIFC 2017 », Idyllwild International Festival of Cinema (en) (version du sur Internet Archive).
- (en) Marshall Smith, « IIFC awards ceremony takes place before packed house », Idyllwild Town Crier (en), (consulté le ).
- (en) Elle Hunt, « The Red Pill: Melbourne cinema drops men's rights film after feminist backlash », The Guardian, .
- (en) Cassie Jaye, « The Red Pill - a documentary film », sur Kickstarter.
- (en) Alan Scherstuhl, « Warning: You Can't Unsee 'The Red Pill,' the Documentary About a Filmmaker Who Learns to Love MRAs », The Village Voice, .
- Francis Dupuis-Déri, La crise de la masculinité : autopsie d'un mythe tenace, Paris, Points, coll. « Points / Féministe », , 376 p. (ISBN 978-2-7578-9226-8), p. 14.
- (en) Katie Walsh, « 'The Red Pill' only makes worse the divide between men's and women's rights activists », Los Angeles Times, .
- (en) Cathy Young, « New Film 'The Red Pill' Asks Whether Men's Rights Activists Have a Point », sur Heat Street (en), .
- (en) Corrine Barraclough, « Feminists, you're wrong. The Red Pill is not a hateful film », The Daily Telegraph, Sydney, .
- (en) Jenny Noyes, « Melbourne's Palace Cinemas cancel screenings of MRA documentary 'The Red Pill' after petition », The Sydney Morning Herald, .
- (en) Katherine Gillespie, « Why Australian Men's Rights Activists Had Their Bullshit Documentary Banned », Vice, .
- (en) Kathryn Powley, « Men's rights group vows to push ahead with documentary screening », Herald Sun, .
- Marion Huysman, « The Red Pill : le docu masculiniste qui s'accroche », Nos vies connectées, sur Rue89, .
- (en) Susana Mas, « Film on men's rights activists finds new venue at City Hall after Mayfair cancels screening », Ottawa Citizen, .
- (en) « 'Feminism is cancer': Wildrose on Campus fires communications director over email », CBC News, .
- (en) Andrew Bolt, « Union Stops Woman Screeing Woman's Film. Says Bad For Women », Herald Sun, .
- (en) Tessa Akerman, « Uni of Sydney Union in hot water on Red Pill film ban », The Australian, .
Liens externes
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- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressource relative à plusieurs domaines :