Château de Miribel

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Château de Miribel
Image illustrative de l’article Château de Miribel
Une vue de la tour ronde, rare ruine existante du château sur une carte postale ancienne.
Nom local Vieux Château du Mas Rillier ou
Le Chastel
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIe siècle
Destination initiale Résidence seigneuriale
Destination actuelle Ruiné
Coordonnées 45° 49′ 45″ nord, 4° 56′ 56″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces de France Bresse
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Ain
Commune Miribel
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château de Miribel
Géolocalisation sur la carte : Ain
(Voir situation sur carte : Ain)
Château de Miribel
Géolocalisation sur la carte : Miribel
(Voir situation sur carte : Miribel)
Château de Miribel

Le château de Miribel, localement appelé parfois Vieux château du Mas Rillier ou Le Chastel[2], est un ancien château fort du XIe siècle, centre de la seigneurie, puis de la baronnie et enfin du marquisat de Miribel, dont les vestiges se dressent au hameau du Mas Rillier sur la commune française de Miribel dans le département de l'Ain, en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Localisation[modifier | modifier le code]

Mise en évidence (rectangle rouge) du château de Miribel, avant la construction de la Vierge du Mas Rillier (1938). Photographie prise depuis le bas du coteau.

Les ruines du château de Miribel se dressent dans le département français de l'Ain au hameau du Mas Rillier sur la commune de Miribel. Le château situé sur le coteau de la Côtière à environ 300 mètres d'altitude devait constituer une position stratégique et permettre la surveillance de la plaine du Rhône.

Toponyme[modifier | modifier le code]

Le nom de Miribel ne s'appliquait, aux XIe et XIIe siècles[3] qu'au château bâti au sommet de la colline, qui dominait un petit village, l'actuel quartier Saint-Martin, situé au bas du coteau de la Côtière et groupé autour d'une église dédiée à saint Martin et qui portait le nom de Puncto Bovis[2], nom que l'on ne retrouve plus à dater du XIIIe siècle[3].

Le toponyme Miribel, issu du latin « Mire Bellum »[2] (belle vue) a donc, par la suite, été étendu à la partie habitée de la plaine du Rhône, en contrebas du château.

Historique[modifier | modifier le code]

L'existence de ce petit château féodal est attestée depuis le XIe siècle[2]. Une hypothèse envisage la présence d'une garnison romaine dans le voisinage de son emplacement[2]. Toutefois, aucune étude archéologique ne vient corroborer celle-ci[4].

Le château de Miribel est à l'origine la possession des gentilshommes qui en portaient le nom. Un Gui de Miribel est témoin, en 1097[3], d'une donation faite au prieuré du Bourget par le comte Humbert II de Savoie. L'acte explique que ce Gui était du pays de Lyon « S. Vidonis de Mirebello in Lugdunensi pago ».

Au XIIe siècle[3] ce sont les comtes de Mâcon et de Chalon, qui jouissent de la seigneurie de Miribel, très probablement recueillie par alliance.

Vers 1180[3], Miribel entre dans la maison de Bâgé, par le mariage de la fille du comte Guillaume avec Ulric de Bâgé, seigneur de Bresse. Marguerite, fille unique de Gui de Bâgé et petite-fille d'Ulric, le porte en dot, le [note 1],[3], à Humbert V, sire de Beaujeu, qui le [3] fit un traité avec l'abbé de l'Île Barbe, relativement à la juridiction du château. Marguerite ratifia ce traité, en 1229[3], et reconnut que le château relevait du fief de l'abbé. Humbert V mourut en 1250[3]. Guichard V[note 2], son fils, lui succéda et accorda, au mois de [3], aux habitants de Miribel, une charte de franchises et libertés.

En 1308[5],[note 3], Jean II, dauphin de Viennois, pour se venger de Guichard VI[note 4], sire de Beaujeu, qui avait pris le parti du comte de Savoie dans la guerre qu'il soutenait contre lui, vînt mettre le siège devant Miribel. Un traître lui en livra les portes. Quelque temps après, Guichard VI rentra en possession de la ville, mais il perdit bientôt tous ses droits de souveraineté sur elle, car, fait prisonnier à la bataille de Varey, il fut contraint, pour recouvrer sa liberté, de la prendre en fief du dauphin (1327)[3], avec tout son mandement, à l'exception seulement d'une tour carrée et de la petite poype sur laquelle cette tour était située « exceptis dumtaxat turri quadratu cum poypia parva in qua sita est dicta turris ». Cette tour était peut-être « la vieille tour de Miribel » que le sire de Beaujeu reconnait tenir du fief de l'abbé de l'Ile-Barbe, le [3], et « la petite poype » est sans doute le monticule élevé de main d'homme qu'on appelle aujourd'hui la Torche à Guillet.

En [6], le Dauphin assiège le château mais les Savoyards l'en déloge.

En 1348, Édouard Ier, sire de Beaujeu, fils et successeur de Guichard VI, refuse de reconnaître la suzeraineté du Dauphin. Ce dernier, aussitôt, lui déclare la guerre. Dès les premiers jours d'avril il se présente devant Miribel à la tête d'une nombreuse armée, dans laquelle se faisait remarquer, selon Pilati, sous les ordres du comte de Chalon, une troupe de 200 hommes d'armes choisis ayant des casques et des fléaux. Le , la ville est prise d'assaut et livrée au pillage. Le château résiste au choc et ne capitule que le du même mois. Ravi de sa conquête, le dauphin s'engagea, le suivant, à Crémieu, par devant tous les seigneurs ses vassaux, à ne jamais la rendre ni à consentir à sa séparation du Dauphiné, et, comme preuve de son intention bien arrêtée, il « épousa » Miribel, se servant pour cette cérémonie de l'anneau de l'évêque de Grenoble « quod dictum castrum nunquam reddet nec a Dalphinatu separabit, et in signum majoris firmitatis, ipsum sibi et Dalphinatu desponsavit per annulum domini episcopi ».

Miribel resta uni au Dauphiné jusqu'au contrat d'échange du Traité de Paris du [3],[note 5], époque où il est cédé au comte Amédée VI de Savoie, par le roi Jean et son fils aîné Charles, nouveau dauphin de Viennois. En 1363, dans la crainte d'une attaque on construit huit bretèches en sapin[7].

Les comtes, puis les ducs de Savoie jouirent paisiblement de Miribel jusqu'à la conquête de la Bresse par François Ier. Livré aux troupes du roi le [3], il reste occupé par elles jusqu'au traité de Cambrai[note 6]. Dès que la ville lui fut restituée, le duc Emmanuel-Philibert l'engagea à Jean-Louis de Costa, comte de Châtillon et de Pont-de-Veyle, qui la posséda quelques années en titre de baronnie. Le [3], le même duc l'érigea en marquisat et la remit, en échange du comté de Tende, à Henriette de Savoie, marquise de Villars, mariée en premières noces à Melchior des Prés, chevalier, seigneur de Montpezat, dont elle eut Gabrielle des Prés, qui porta le marquisat de Miribel en dot, le [3], à Gaspard de Saulx, vicomte de Tavannes.

Les descendants de Gaspard de Saulx en jouirent jusqu'à Henri-Charles de Saulx, comte de Tavannes, qui le vendit, le [3], à Marguerite Fayard, veuve de Charles-Henri-Alphonse Chapuis, seigneur de Margnolas, et mère de Louis Chapuis de Margnolas, qui le revendit, en 1763[3], à Jean-Marie de la Font-de-Juis, lequel le cède, le [3], à Jean-Baptiste-Côme-Catherine-Damien de Pure du Roquet, premier écuyer du roi, dernier marquis de Miribel.

Le [3], Miribel se rend, après quelques jours de siège, face aux troupes d'Henri IV commandées par Alphonse d'Ornano. Pendant ce siège, le château est en grande partie détruit par l'artillerie et après sa reddition complètement démantelé. En , l'armée royale pénètre à nouveau en Valbonne, détruisant en partie le château[8]. Il n'en subsiste au XXIe siècle que quelques ruines.

Description[modifier | modifier le code]

Endommagé au cours des siècles, le château fut presque détruit en totalité en 1938, pour assurer l'espace de la construction de la Vierge du Mas Rillier[2]. Ne subsistent que quelques pans de murs d'enceintes ainsi qu'une tour ronde fortement endommagée[2] qui se trouve sur un terrain privé[2].

Siège d'une châtellenie[modifier | modifier le code]

Organisation[modifier | modifier le code]

Le château est le centre de la châtellenie, dit aussi mandement, de Miribel (dans les comptes Miribelli). Cette châtellenie relève dans l'organisation savoyarde du bailliage de Valbonne, avec son chef-lieu Montluel situé à 8 km à l'est[9]. Son emplacement est stratégique puisqu'en situation de frontière avec le Dauphiné, pour la partie sud, et la ville de Lyon, à l'ouest, et au nord les domaines des seigneurs de Beaujeu et de Thoire-Villars. Elle relève par la suite du royaume de France avec le maintien de cette organisation.

Le territoire de cette châtellenie correspond plus ou moins au canton de Miribel (découpage d'avant 2014), à la vallée comprise entre les berges du Rhône, pour la partie sud, et les petites collines de la Côtière, au nord. Il comprend dans l'organisation française, outre Miribel, les paroisses de Caluire, Neyron, Rillieux, Sathonay, Thil (tout ou partie) et Tramoyes[10].

La connaissance de la châtellenie repose en partie sur les comptes de châtellenie conservés selon la période d'appartenance au domaine savoyard aux archives départementales de la Côte-d'Or ou au domaine dauphinois aux archives départementales de l'Isère.

Châtelains[modifier | modifier le code]

Le châtelain est un « [officier], nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[11],[12]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie ou mandement, il perçoit également les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe également de l'entretien du château[13].

Les châtelains de Miribel, au cours de la période des XIVe et XVe siècles, sont :

  • 1362-1378 : Guyot Ferlay[14]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Plus probablement le  ; testaments de Guichard III et d'Humbert IV de Beaujeu.
  2. Selon Marie-Claude Guigue ; Guichard VII.
  3. N. Chorrier donne pour sa part dans son Histoire générale du Dauphiné la date de 1316, qui fut reprise par Guigue, La Teyssonnière, Quinsonas, Vingtrinier, et d'autres. Cette date de 1316 étant peu probable car une trêve à peu près respecté avait été signée en 1314 à Villar-Benoît (Pontcharra). Il en est de même pour le siège et la prise d'Ambronay.
  4. Pour Marie-Claude Guigue ; Guichard VIII.
  5. L'acte est daté du . À cette époque l'année ne commence pas au 1er janvier, mais pour les historiens il s'agit de 1355 pour une année rapportée au 1er janvier (ancien style).
  6. Il est fort probable qu'il s’agisse en fait du traité du Cateau-Cambrésis signé en 1559.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Coordonnées trouvées sur Géoportail.
  2. a b c d e f g et h Richesses touristiques et archéologiques du canton de Miribel, p. 63. Consulté le 10 octobre 2012.
  3. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t Topographie historique du département de l'Ain 1873, p. 234-235.
  4. André Buisson, Carte archéologique de la Gaule : 01. Ain, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, , 192 p. (ISBN 2-87754-010-3, lire en ligne), p. 157.
  5. Alain Kersuzan, Défendre la Bresse et le Bugey - Les châteaux savoyards dans la guerre contre le Dauphiné (1282 - 1355), collection Histoire et Archéologie médiévales no 14, Presses universitaires de Lyon, Lyon, 2005, (ISBN 272970762X), p. 15.
  6. Alain Kersuzan, ibid., p. 72.
  7. Nicolas Mengus, Châteaux forts au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France, , 283 p. (ISBN 978-2-7373-8461-5), p. 76.
  8. Nicolas Payraud, Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe à la fin du XVe siècle, Thèse de doctorat d'Histoire, dirigée par Étienne Hubert, Université Lyon-II, Lyon, 2009, p. 143 [lire en ligne].
  9. Nicolas Payraud, « 1.4. La châtellenie de Montluel, entre crises et dynamisme », dans Châteaux, espace et société en Dauphiné et en Savoie du milieu du XIIIe à la fin du XVe siècle. Thèse de doctorat d'Histoire, dirigée par Étienne Hubert, Lyon, Université Lumière Lyon 2, (ISBN 978-2-84373-813-5, lire en ligne).
  10. Edmond Révérend du Mesnil, La Valbonne : étymologie et histoire d'après les documents authentiques, A. Brun, 1876, 213 pages, p. 140 (lire en ligne).
  11. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  12. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  13. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe – XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
  14. Nicolas Payraud, op. cit., p. 93 et p. 95.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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