SOS Éducation

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SOS Éducation
Histoire
Fondation
Cadre
Zone d'activité
Type
Forme juridique
Domaine d'activité
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Objectif
Améliorer l'école
Pays
Organisation
Membres
60 000 membres (revendiqués)
Président
Sylvain Marbach
Site web
Identifiants
RNA
SIREN

SOS Éducation est une association française intervenant dans le domaine de l'éducation, créée en 2001. Classée généralement du côté de la droite conservatrice voire de l'extrême droite, l'opacité de son fonctionnement est épinglée par la Cour des comptes en 2020.

Positionnement politique[modifier | modifier le code]

L'association est considérée comme « conservatrice »[1] et proche de milieux « ultralibéraux »[2]. Elle est en particulier financièrement liée à la Fondation pour l'école[3], qui finance, par le biais d'associations catholiques, des établissements hors contrat (parfois non mixtes) ou participent à la formation de prêtres.

Elle revendique 60 000 membres[4]. Elle est déficitaire depuis 2014, les dons ayant nettement décliné entre 2008 et 2018[5]. Les dons ne sont plus déductibles des impôts depuis 2007[5].

Selon Anne-Sophie Mercier du Canard enchaîné, SOS éducation est « très liée » au mouvement Sens commun[6].

Pour le journaliste Julien Rebucci des Inrockuptibles, c'est « une sulfureuse association antiavortement et proche de l’extrême droite »[7]. Pour Libération, l'association « dissimule ses liens avec les officines ultralibérales »[2].

Méthodes de lecture et manuels scolaires[modifier | modifier le code]

Le discours récurrent de SOS Éducation concerne les méthodes d'apprentissage de la lecture.

SOS Éducation fait campagne en 2006 pour la méthode d'apprentissage syllabique de la lecture[8]. Plusieurs syndicats enseignants ainsi que les principales associations de parents d'élèves ont dénoncé cette action, accusant SOS Éducation d'inciter à la délation et d'instrumentaliser ce débat à des fins idéologiques politiciennes[9].

À la suite d'une autre campagne de l'association qualifiant certains manuels de Nathan et Bordas de « pires manuels scolaires », ces éditeurs déposent plainte, mais sans succès[10],[11].

Autres actions[modifier | modifier le code]

En 2007, l'association est à l'origine d'une campagne auprès des directeurs d'école, enseignants et parents visant à dénoncer l'exposition « Zizi sexuel », illustrée par le personnage de Titeuf à la Cité des sciences[12].

En 2017, l'association supprime de son site des entretiens accordés par le ministre de l'éducation nationale Jean-Michel Blanquer[7],[13].

Elle milite contre la circulaire Blanquer de 2021 visant à favoriser l’intégration des personnes trans à l’école[14], mais sa contestation avec l’association Juristes pour l'enfance est rejetée par le Conseil d'État en décembre 2023[15].

Fin , SOS Éducation distribue un document de 8 pages, intitulé « Non à l’idéologie transgenre à l’école »[16], dans des boites aux lettres de Villeneuve-d'Ascq[16]. La presse dénonce un « tract alarmiste »,[17] « ouvertement transphobe »[16],[17], qui « cumule les fausses informations »[17] . L'association fait usage de son droit de réponse : selon elle, il s'agit de « courriers personnalisés » qui n'ont « rien de transphobe » et relatent des informations « parfaitement sourcées »[17],[18].

Dans le cadre de l'élaboration du programme scolaire autour de la vie affective et sexuelle lancé par Pap Ndiaye en 2023, l'association publie un rapport attaquant l'initiative[19].

Critiques[modifier | modifier le code]

SOS Éducation et d'autres associations (Institut pour la justice, Sauvegarde Retraites, Contribuables associés, Santé Nature Innovation, etc.) sont associées au nom de famille Laarman. François Laarman est décrit comme « entrepreneur associatif », et fonde Contribuables associés qui s'associe à l'IFRAP, un lobby libéral ; il aide également son neveu Vincent Laarman à lancer SOS Éducation, également animée par sa nièce Isabelle Laarman[20]. D'autres associations sont également fondées dans son sillage : l'Institut pour la justice, Créer son école (pour les écoles hors contrat), ou encore Sauvegarde retraites[21].

Selon leurs détracteurs, le point commun de ces associations est de défendre « une cause populaire dans l'opinion » et de l'utiliser pour « collecter des dons et constituer des bases des données ». Les fonds collectés par publipostage serviraient à rémunérer une série de prestataires au titre de la communication, du marketing ou encore de la gestion de fichiers. Les associations et entreprises de la nébuleuse Laarman, notamment dans la santé dite « naturelle »[22], sont animées par des membres de cette famille, éventuellement sous pseudonymes, qui contrôlent également les prestataires qu'ils rémunèrent, dont les sociétés Score marketing, France adresse, et Top data[23]. Les associations Laarman étant établies en Suisse, c'est le droit de ce pays qui s'applique au traitement des données, moins protecteur que le droit français.

SOS Éducation, qui refuse de publier ses comptes, et dont les statuts sont « fermés », reconnait avoir acheté des adresses sur un site spécialisé[24].

Le , un dirigeant de l'association comparaît, accusé d'avoir usurpé l'identité d'Emmanuel Macron dans des courriels envoyés en masse[25]. En octobre, elle fait l’objet de critiques de la part de parents d’élèves, dont les enfants lycéens avaient reçu par la poste un « référendum » dénonçant le « pédagogisme » des « syndicats jusqu’au-boutistes » qui « gangrènent l’Éducation nationale », et réclamant « de vrais cours de morale, de civisme et de politesse ». L'organisation reconnait une erreur et indique ne pas envoyer ses courriers aux mineurs[21].

En 2022, SOS Éducation est dans le viseur de Bercy qui réclame à son encontre une amende de plus de 1,5 million d'euros[26].

En , des manifestants empêchent la tenue d'une conférence à Pacé de Sophie Audugé, porte parole de l'association[27].

Rapport critique de la Cour des Comptes[modifier | modifier le code]

Le , la Cour des comptes publie un rapport critique qui la conduit à attester de la non-conformité des dépenses engagées par l’association au cours des exercices 2013 à 2018 aux objectifs poursuivis par l’appel public à la générosité[28].

La Cour pointe une gestion défaillante de l'association, un soutien à la campagne présidentielle de François Fillon en 2017 à hauteur de 90 000 euros, un net manque de transparence et de rigueur financière.

Les campagnes de pétitions de l'association seraient ainsi massivement mises en œuvre non pour atteindre leurs destinataires, mais d'abord pour alimenter de manière permanente les ressources financières de l'association.

Celle-ci doit, en 2020, 1,5 million d'euros à l'État, car elle a continué à délivrer des reçus fiscaux sans autorisation depuis 2007, « trompant de ce fait la confiance des donateurs qui en assurent la quasi-totalité des ressources ».

La Cour des comptes critique également une gouvernance opaque, un usage contestable des fichiers et données personnelles des donateurs, et de possibles conflits d'intérêts[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Véronique Soulé, « SOS Education en croisade pour le retour à l'école d'antan », Libération, .
  2. a et b Emmanuelle Davidenkoff et Airelle Niepce, « SOS Education, attention danger », Libération, .
  3. Nadia Sweeny, « Pratiques financières douteuses, dirigeants proches des droites extrêmes : enquête sur la Fondation pour l’école », sur Basta !, (consulté le ).
  4. Sylvain Mouillard et Quentin Girard, « “Zizi sexuel” : SOS Éducation joue les verges effarouchées », Libération, .
  5. a b et c Benoît Collombat, « Les étranges pratiques de SOS Éducation pour récolter des dons épinglées par la Cour des comptes », sur radiofrance.fr, France Inter, (consulté le ).
  6. Anne-Sophie Mercier, « Jean-Michel Blanquer. Le score enseignant. », Le Canard enchaîné,‎ .
  7. a et b Julien Rebucci, « En cachette, la sulfureuse association SOS Education efface tous ses liens avec le nouveau ministre de l'Education nationale », Les Inrockuptibles, (consulté le ).
  8. Luc Cédelle, « Le marketing de SOS-Education pour imposer le b.a.-ba », Le Monde, (consulté le ).
  9. « Une pétition contre "l'autoritarisme" de Robien », Le Nouvel Observateur, .
  10. Anne Mascret, « SOS-Éducation relaxée dans l'affaire de diffamation portée par Bordas et Nathan », dépêche no 329236 Accès limité, sur aefinfo.fr, AEF info, (consulté le ).
  11. Clément Solym, « Les pires livres scolaires : Nathan et Bordas déboutés », sur ActuaLitté, .
  12. Didier Arnaud, « Le «Zizi sexuel» leur reste en travers de la gorge », Libération, .
  13. Ixchel Delaporte, « Ils n'ont pas honte ! Blanquer, un ministre de la vieille école », L'Humanité, (version du sur Internet Archive).
  14. Arnaud Aubry, « Mineurs trans à l'école : premier anniversaire de la circulaire Blanquer », La Vie, (consulté le ).
  15. Agence France-Presse, « Le Conseil d’État valide une circulaire sur la transidentité à l’école », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. a b et c Mikaël Libert, « Nord : Un tract évoque les trans comme « une armée de fanatiques » dont l’idéologie menace l’école », 20 Minutes, (consulté le ).
  17. a b c et d Noelle Hamez, « LGBTQIA+ : la justice saisie après la découverte de tracts transphobes dans les boîtes aux lettres de Villeneuve-d'Ascq », sur francetvinfo.fr, France 3 Hauts-de-France, (consulté le ).
  18. « La bave du crapaud n’atteint pas… », sur SOS Éducation, (consulté le ).
  19. Sylvie Lecherbonnier, « Education à la sexualité : l’école sous pression d’associations de la droite conservatrice et d’extrême droite », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  20. Thibaut Schepman, « Vaccins, abeilles, vin bio : les machines à pétitions attaquent la planète », sur L'Obs, (consulté le ).
  21. a et b Damien Leloup, Mattea Battaglia et Samuel Laurent, « De SOS Education à la « santé naturelle », voyage dans la galaxie conservatrice des Laarman », Le Monde, (consulté le ).
  22. « De SOS Éducation au business de la santé naturelle : les étranges méthodes de Vincent Laarman », Secrets d'info, sur radiofrance.fr, France Inter, (consulté le ).
  23. « Pétitions et vente de données : la vigilance est de mise ! », Nexus, (consulté le ).
  24. Soulé 2006 : « Nous avons besoin d'adresses de femmes de 60 ans et plus, grands-mères, ayant au moins deux petits-enfants toujours scolarisés et donatrices à une cause enfant ».
  25. Valentin Cebron, « Usurper l’identité de Macron, la mauvaise blague qui mène au tribunal », Le Monde, (consulté le ).
  26. Paul Sugy, « Liberté scolaire : comment Bercy veut en découdre avec «SOS Éducation» », Le Figaro, (consulté le ).
  27. Pascale Le Guillou, « « Les profs ne veulent pas de toi » : Une conférence sur la sexualité empêchée à l’ouest de Rennes », Ouest France,‎ (lire en ligne)
  28. « Association SOS Éducation », sur Cour des comptes (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]