Pierre Nkurunziza

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Pierre Nkurunziza
Illustration.
Pierre Nkurunziza en 2014.
Fonctions
Président de la République du Burundi
En fonction depuis le
(18 ans, 8 mois et 17 jours)
Élection
(par l'Assemblée nationale)
Réélection 28 juin 2010
(au suffrage universel)
21 juillet 2015
Vice-président Frédéric Ngenzebuhoro
Martin Nduwimana
Alice Nzomukunda
Marina Barampama
Gabriel Ntisezerana
Yves Sahinguvu
Thérence Sinunguruza
Bernard Busokoza
Prosper Bazombanza
Gervais Rufyikiri
Gaston Sindimwo
Joseph Butore
Prédécesseur Domitien Ndayizeye
Biographie
Nom de naissance Pierre Nkurunziza
Date de naissance (59 ans)
Lieu de naissance Ngozi
Nationalité burundaise
Parti politique CNDD-FDD
Conjoint Denise Bucumi
Profession Enseignant
Religion Chrétien évangélique

Pierre Nkurunziza
Présidents de la République du Burundi

Pierre Nkurunziza, né le 18 décembre 1964 à Ngozi[1], est un homme d'État burundais. Ancien ministre de la bonne gouvernance et de l’inspection générale de l’État du gouvernement de transition du président Domitien Ndayizeye, il est élu comme nouveau président de la République le 19 août 2005 et réélu en juin 2010 et juillet 2015. Nkurunziza est membre du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD).

Jeunesse

Denise Bucumi Nkurunziza

Son père est hutu et sa mère tutsie[2].

Son père, Eustache Ngabisha, est commissaire d'arrondissement de la province de Ngozi où la famille s'est établie. En 1965, il est élu au parlement du royaume du Burundi dirigé par le roi Mwambutsa IV Bangiricenge. Il est tué en 1972, au moment des massacres qui font près de 100 000 morts en quelques semaines[3]. Pierre n'a que 8 ans et grandit dans un quartier mixte où les deux communautés n'étaient pas encore séparées par les massacres des années 1990. Sportif, il est surnommé Black Panther en raison de son intérêt pour les mouvements d'émancipation des Noirs américains. Ne pouvant devenir officier, il devient en 1991 professeur de gymnastique à l'université.

Rébellion

En 1995, recherché par des tueurs, il rejoint la rébellion des Forces pour la défense de la démocratie (FDD), créée deux ans plus tôt après l'assassinat de Melchior Ndadaye le 21 octobre 1993, le premier président hutu du pays. Après quelques mois de guérilla, il est grièvement blessé mais en réchappe. Il est très croyant depuis lors et son épouse est en relation avec des églises évangéliques américaines et australiennes qui soutiennent financièrement sa cause.

Nkurunziza est condamné à mort en 1996 (1997[4] ou 1998)[5] par la justice burundaise pour sa responsabilité dans la pose de mines anti-char ayant fait des dizaines de morts dans la capitale Bujumbura en 1995.

À la suite des accords d'Arusha et de l'accord de cessez-le-feu de 2003, Nkurunziza est provisoirement amnistié[1],[6].

Il s'élève dans la hiérarchie et avec le soutien d'Hussein Radjabu, prend la tête des FDD en 2001.

Nkurunziza fait partie des signataires, avec le président Pierre Buyoya, de l'accord de paix d'Arusha marquant la fin de la guerre civile burundaise en 2000. Le 16 novembre 2003, les FDD signent un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement de Domitien Ndayizeye. Les FDD se transforment alors en parti politique : le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD).

Président de la République (depuis 2005)

Le CNDD-FDD remportent les élections législatives du 4 juillet 2005. Lors des élections présidentielle du 19 août 2005, L'Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès élisent Nkurunziza président pour un mandat de 5 ans rééligible une seule fois, Il prête serment le 26 août. 162 parlementaires votent pour Nkurunziza, 9 contre et 2 s'abstiennent[7]. Ce scrutin constituait l'étape finale du processus de paix.

Un congrès extraordinaire du Conseil national pour la défense de la démocratie/forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD) désigne le 24 avril 2010, Nkurunziza comme candidat du CNDD-FDD pour briguer un second mandat à la tête du pays à l'élection présidentielle du 28 juin 2010.

L'opposition burundaise refuse de participer à l'élection présidentielle du 28 juin 2010 et dénonce des fraudes lors des élections municipales de mai (le CNDD-FDD a remporté les municipales avec 64 % des voix et le déroulement de l'élection est jugé correct en regard des standards internationaux par les observateurs de l'Union européenne[8],[9]). La campagne est émaillée d'incidents, plusieurs membres de l'opposition sont arrêtés[10]. Pierre Nkurunziza a été réélu président en 2010 avec plus de 91 % des voix, étant le seul candidat de l'élection. Les candidats de l’opposition s’étaient retirés pour protester contre les irrégularités du scrutin.

Crise politique

En 2015, Pierre Nkurunziza décide de briguer un troisième mandat à la présidence de la République, ce qui est contraire à l'article 96 de la constitution du Burundi, promulguée en mars 2005[11]. Sa candidature est néanmoins validée par une décision controversée de la Cour constitutionnelle[12].

Le 25 avril 2015, il s'impose comme candidat à l'élection présidentielle du 26 juin 2015 du Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), provocant une scission du parti, des heurts et les protestations de l'opposition[13].

Le 13 mai 2015, Pierre Nkurunziza, en déplacement pour un sommet à Dar es Salam sur la situation de crise de son pays, est victime d'une tentative de coup d'État de la part du général Godefroid Niyombare qui annonce depuis une radio privée que le président est destitué de ses fonctions et le gouvernement limogé[14],[15]. Le 15 mai, après de violents combats dans le centre ville de Bujumbura, le chef des putschistes annonce leur reddition et la présidence annonce le retour imminent du président Nkurunziza[16]. Les jours qui suivent voient une répression sanglante de l'opposition de la part du président qui a fait des centaines morts et plus de 240 000 réfugiés à l'extérieur du pays [17],[18]. Après plusieurs reports, l'élection présidentielle, jugée illégale et truquée par tous les observateurs de la politique burundaise, se tient finalement le 21 juillet ; le 24 juillet la commission électorale nationale indépendante proclame Nkurunziza vainqueur avec 69,41 % des suffrages[19].

En mai 2015, le site Africa Confidential rapporte que Nkurunziza dit être préoccupé par son club de football, a des difficultés de concentration pendant de longues périodes et croit qu'il a été choisi par Dieu pour gouverner le Burundi[20].

Le 30 octobre 2015, le président américain Barack Obama exprime sa volonté de susprendre le Burundi du programme AGOA en raison de plusieurs faits qui, selon lui, empêcheraient le peuple burundais de s'exprimer et qui ont « maintenu le président Nkurunziza au pouvoir »[21]. En novembre 2016, Pierre Nkurunziza félicite Donald Trump suite à la victoire inattendue de celui-ci face à Hillary Clinton à l'élection présidentielle américaine de 2016, estimant que cette victoire était « la victoire de tous les Américains »[22].

Le , un avant-projet de révision de la constitution du Burundi est annoncé[23]. Le projet final est annoncé le . Il prévoit la création d'un poste de Premier ministre, le passage d'un mandat de cinq ans à un mandat de sept ans et le passage du seuil d'adoption des lois des deux tiers à la majorité absolue. Le nombre de mandats consécutifs qu'un président peut effectuer est toujours de deux, mais du fait de la modification de la constitution, Nkurunziza pourra effectuer deux nouveaux mandats consécutifs de sept ans au terme de son troisième mandat de cinq ans. Cela lui offre la possibilité de rester au pouvoir jusqu'en 2034. Les quotats ethniques issus de l'accord d'Arusha sont aussi modifiés[24],[25]. De fait, l'accord d'Arusha est abrogé[26].

Le 5 mars 2018, Pierre Nkurunziza fait arrêter deux hommes ayant participé à l'organisation d'un match de football entre une équipe locale à Kiremba et celle de Nkurunziza au motif qu'ils n'avaient pas indiqué les consignes interdisant les membres de l'équipe locale à tacler le président[27],[28].

En mars 2018, Nkurunziza est nommé « guide suprême éternel » du CNDD-FDD[29].

En janvier 2018, lors de la campagne électorale pour le référendum, le pouvoir burundais fait arrêter des opposants[30]. Le référendum constitutionnel a lieu le 17 mai 2018. Au terme d'une campagne où les opposants sont traqués, menacés, arrêtés voire tués et certains médias fermés, les modifications constitutionnelles sont approuvées à 73,3 % avec une participation de 96 %. L'opposition conteste la véracité des résultats[31],[25],[32]. Le 7 juin 2018, il annonce qu'il ne brigue pas de quatrième mandat, et qu'il soutiendrait en 2020 le futur président élu. Certains journalistes soupçonnent Nkurunziza de vouloir rétablir la monarchie (la constitution permet de rétablir la monarchie après un référendum) et de devenir roi[33]. Il réitère son annonce en décembre 2018, affirmant que sa décision est définitive, et qu'elle ne changera pas, même si ses partisans lui demanderaient de le faire[34].

Le , le CNDD-FDD, réuni en congrès, choisit Évariste Ndayishimiye comme candidat à l'élection présidentielle de 2020 pour succéder à Nkurunziza[35].

Distinctions

Notes et références

  1. a et b Pierre Nkurunziza, un prof de sport et ex-chef rebelle à la tête du Burundi, BBCAfrique, 19 août 2005
  2. Qui est Pierre Nkurunziza?, BBC, 22 juillet 2015.
  3. Jean-Philippe Rémy, « Le Burundi, au bord du chaos », Le Monde,
  4. Ocha (Burundi)
  5. Amnesty International mène une campagne en faveur des condamnés à mort impliqués dans la pose des mines à Bujumbura.
  6. Burundi-Présidentielle 2005: La candidature de Monsieur Pierre Nkurunziza est bel et bien recevable malgré sa condamnation dans l’affaire des mines en Mairie de Bujumbura, abarundi.org
  7. Nkurunziza est le seul candidat mais a besoin de 151 votes pour pouvoir prendre ses fonctions.
  8. (en) Friday's Election in Precarious Burundi, FiveThirtyEight, 21 juillet 2010.
  9. (en) Burundi's ruling party wins district elections, Reuters, 28 mai 2010
  10. (fr) Élection présidentielle sous haute tension ce lundi au Burundi, Radio France internationale, 28 juin 2010.
  11. « LOI N°1/ 010 DU 18 MARS 2005 PORTANT PROMULGATION DE LA CONSTITUTION DE LA REPUBLIQUE DU BURUNDI » [archive du ], sur http://justice.gov.bi, (consulté le )
  12. « Burundi : le risque de contagion régionale existe. », sur lemonde.fr, (consulté le )
  13. Burundi : Pierre Nkurunziza candidat à un 3e mandat, heurts à Bujumbura, 26 avril 2015
  14. « Putsh au Burundi: le général estime que la candidature de Nkurunziza s'est faite "au mépris" des Burundais », La Libre Belgique,
  15. Trésor Kibangula, « À Dar es-Salaam, les chefs d’État de l’Afrique de l’Est condamnent le coup d’État au Burundi », Jeune Afrique,
  16. Burundi : le chef des putschistes annonce leur reddition, Le Figaro, 15 mai 2015
  17. Mélanie Gouby, « Au Burundi, le régime resserre sa poigne », Le Figaro, samedi 23 / dimanche 24 mai 2015.
  18. Nations Unies-DPI/NMD, « Centre d'actualités de l'ONU - A Bujumbura, Ban Ki-moon salue la décision du Président burundais de relâcher 1.200 détenus », sur Centre d'actualités de l'ONU (consulté le )
  19. Burundi : Nkurunziza déclaré vainqueur à la présidentielle Euronews, 24 juillet 2015.
  20. (en) « The military moves against Nkurunziza's third-term bid », sur www.africa-confidential.com (consulté le )
  21. « Burundi : Barack Obama, son message à Pierre Nkurunziza », sur afrique-sur7;fr,
  22. « Trump: entre incrédulité et espoir, l'Afrique partagée », sur information.tv5monde.com,
  23. « Burundi: la commission de révision de la Constitution est en place - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
  24. « Burundi: un projet de révision en profondeur de la Constitution adopté - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
  25. a et b (en) « Burundi backs new constitution extending presidential term limits », Al Jazeera,
  26. « Burundi: le projet de nouvelle Constitution, coup de grâce à l'accord d'Arusha - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
  27. « Burundi: le match de foot de lèse-majesté, ou quand Nkurunziza se fait tacler - RFI », RFI Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  28. « Au Burundi, on ne tacle pas le président Pierre Nkurunziza - France 24 », France 24,‎ (lire en ligne, consulté le )
  29. « Nkurunziza nommé guide suprême éternel », BBC News,
  30. « Burundi: des opposants au référendum constitutionnel arrêtés - RFI », sur RFI Afrique (consulté le )
  31. « Burundi: un référendum qui devrait donner les pleins pouvoirs à Nkurunziza - RFI », RFI Afrique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. (en) Desire Nimubona, « Burundi Voters Back Extending Presidential Terms in Referendum », Bloomberg,
  33. Jean-Philippe Rémy, « Au Burundi, Pierre Nkurunziza renonce à la présidence à vie… pas à la monarchie », sur Le Monde.fr (consulté le )
  34. « Burundi : la décision du président Nkurunziza de ne pas briguer un autre mandat en 2020 est "irréversible" » (consulté le )
  35. « Burundi : Évariste Ndayishimiye désigné candidat à la présidentielle par le CNDD-FDD », AFP et Jeune Afrique,
  36. République du Burundi, « Le grade de docteur honoris causa à S.E. Pierre Nkurunziza », sur http://www.burundi-gov.bi, (consulté le )

Articles connexes

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