Nancy Wake

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Nancy Wake
Nancy Wake en 1945
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Nancy Grace Augusta WakeVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Souris blanche, The White Mouse, Lucienne Suzanne Carlier, Hélène, Witch, AndréeVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Formation
North Sydney Technical High School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Journaliste, agent du SOE, partisane, espionneVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Parti politique
Arme
Grade militaire
Conflit
Distinctions

Nancy Wake (née à Wellington le et morte à Kingston upon Thames le ) est une journaliste australienne engagée dans la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale.

D'abord active dans le réseau Pat O'Leary, elle est ensuite recrutée par le Special Operations Executive. Surnommée « la Souris blanche », elle est également connue, par ses mariages, sous les noms de Nancy Fiocca et Nancy Forward.

Résistante la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale, son histoire a inspiré plusieurs films et séries.

Identités[modifier | modifier le code]

  • État civil : Nancy Grace Augusta Wake ; épouse Fiocca puis Forward.
  • Comme agent du réseau d’évasion Pat O'Leary (1940-1943) : Souris blanche (surnom donné par les Allemands)
  • Comme agent du SOE, section F (1944) :
    • Nom de terrain (field name) : « Hélène »
    • Nom de code opérationnel : WITCH (en français « SORCIÈRE »)
    • Identité de couverture : Lucienne Suzanne Carlier, Française, née le à Bergues (Nord), domiciliée à Rieux[1].

Parcours militaire : 1) FANY ; 2) SOE, section F : grade : Ensign

    • Autre pseudonyme : Andrée[2]

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

De nationalité australienne, Nancy Grace Augusta Wake naît le à Wellington, en Nouvelle-Zélande[3]. Ses parents sont Charles Augustus Wake et Rosieur Ella Wake. Elle est la cadette de leurs 6 enfants[4].

Sa famille s'installe en Australie lorsqu’elle n'a que deux ans. Elle passe son enfance à Sydney[5].

Après ses études, elle parcourt le monde : elle part à Vancouver, puis à New York, avant de débarquer à Liverpool.[réf. nécessaire]

Elle s'inscrit à Londres dans l'école de journalisme Queen's College for Journalism dont elle sort diplômée au début de l'hiver 1934 où elle apprend notamment le Pitman shorthand qui lui permet de décrocher un travail au sein du groupe de presse Hearst[6].

Elle devient ensuite correspondante de presse à Paris où elle s'installe[7].

En , son journal l'envoie à Vienne puis Berlin en où elle décroche l’interview d’Adolf Hitler qui vient d'accéder au pouvoir[4]. Lors de son voyage, elle assiste à des scènes antisémites, qui sont à l'origine de son engagement. « Elle avait vu des juifs enchaînés à une roue, fouettés par des soldats. “Lorsque nous avons quitté la ville, ils nous ont pris nos photos. C'était ma première expérience avec Hitler” », racontait-elle[8].

Lors d'un voyage à Marseille en 1936, elle rencontre l'industriel français Henri Fiocca[4]. Au début de l'année 1939, Henri la demande en mariage et elle accepte[3]. Durant l'été, elle passe ses vacances avec lui à Cannes. Ayant renoncé à son appartement de Paris pour aller dans le Midi, elle loue une maison dans une station thermale en Angleterre pour y passer quelque temps avant de faire sa vie en France. Elle est à Londres lorsque survient la déclaration de guerre (le ). Dès le lendemain, elle décide de retourner en France, dans le Midi. Le , elle épouse Henri Fiocca à l'hôtel du Louvre à Marseille.

Seconde Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Henri Fiocca est mobilisé et Nancy Wake s'engage comme ambulancière[3]. À propos de son engagement, elle déclarera : « Je déteste la guerre mais je ne vois pas pourquoi les femmes se contenteraient de tricoter des bonnets à leurs maris après leur avoir dit au revoir »[3].

Réseau Pat O'Leary[modifier | modifier le code]

Depuis Marseille, le duo recueille des pilotes anglais abattus en France au cours de leurs missions, les soignent et les exfiltrent pour qu’ils puissent reprendre le combat[3].

Nancy Wake rejoint la Résistance intérieure française dans le réseau d’évasion Pat O'Leary, et assure la fonction de courrier auprès d'Ian Garrow et d'Albert Guérisse. Quand Ian Garrow est arrêté en octobre 1941, puis condamné à dix ans de détention, elle aide à son évasion de la prison de Mauzac (Dordogne), qui réussit le 8 décembre 1942[9]. C’est dans cette période que la Gestapo, qui la recherche sans connaître son identité, la surnomme la « Souris blanche ». Albert Guérisse (alias Pat O'Leary) est arrêté le 2 mars 1943. Nancy Wake est arrêtée à son tour. Après avoir été torturée puis libérée (les Allemands n'ayant pas réussi à établir sa vraie identité), elle quitte la France pour l'Angleterre, via les Pyrénées, l'Espagne (Besalú, puis Madrid), puis Gibraltar et l'Écosse[10].

Son époux Henri Fiocca, resté en France, meurt en détention le après avoir été capturé et torturé par la Gestapo[11].

En 1944, devenue agent secret du Special Operations Executive, Nancy Wake suit l'entraînement, puis est envoyée en mission en France[4].

Avec le SOE[modifier | modifier le code]

Wake se voit confier la mission d'être le courrier du réseau Freelance de John Hind Farmer[12] « Hubert », en Auvergne, pour aider la Résistance à préparer le soulèvement armé qui doit coïncider avec le débarquement en Normandie. Au printemps 1944, Nancy Wake est parachutée en Auvergne. Elle rejoint les maquis pour mettre en place et organiser la livraison des armes et de l'équipement nécessaires aux résistants qui s'y trouvent[13],[14].

Le groupe de Nancy a perdu leur radio lors d'un raid des troupes allemandes. Elle parcourt alors plusieurs centaines de kilomètres à bicyclette et/ou à pied (la distance et le mode de déplacement varie selon les sources) pour aller chercher un autre opérateur de radio[3],[10].

En , elle dirige l’attaque du local de la Gestapo de Montluçon, tuant elle-même une sentinelle allemande[13]. À la fin de l’été 1944, elle rentre en Angleterre.

Après la guerre[modifier | modifier le code]

Nancy Wake reçoit plusieurs médailles, dont la Croix de chevalier de la Légion d'honneur et la Croix de guerre avec 3 citations, devenant la femme la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale[15],[3].

Elle retourne en Australie en 1948[16].

En 1957, elle épouse John Forward. Elle repart en Australie dans les années 1960 jusqu’en 2006[17],[4]. À la mort de son mari, elle retourne au Royaume-Uni[16].

Mort[modifier | modifier le code]

Elle meurt à Londres le [18],[19]. Le , conformément à ses volontés, ses cendres sont dispersées à Verneix (Allier)[20], près de Montluçon, dans le secteur où elle a effectué sa mission en 1944[21],[3].

Publication[modifier | modifier le code]

Nancy Wake a publié le récit de son action dans l’ouvrage suivant :

  • (en) The White Mouse, Nancy Forward, Australie, 1985
    • Traduction française : La Gestapo m’appelait la souris blanche - Une Australienne au secours de la France, traduit et adapté de l’anglais par Anne et Alain Malraux, postface de Catherine McLean, éditions du Félin, Paris, 2001, (ISBN 2-86645-402-2) ; en Félin poche, collection Résistance, Liberté-Mémoire, Paris, 2004.

Reconnaissance[modifier | modifier le code]

Médailles obtenues par Nancy Wake.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Nancy Wake est la résistante la plus décorée de la Seconde Guerre mondiale[22].

Ruban Origine Intitulé Date Commentaires et références
Ribbon of the AC Australie Compagnon de l'Ordre d'Australie Citation : « The award recognises the significant contribution and commitment of Nancy Wake, stemming from her outstanding actions in wartime, in encouraging community appreciation and understanding of the past sacrifices made by Australian men and women in times of conflict, and to a lasting legacy of peace »[23].
Ribbon of the GM Royaume-Uni Médaille de George FANY : opérations spéciales en France [24],[25],[26]
Ribbon of the 1939-1945 Star Commonwealth 1939-45 Star [27]
Ribbon of the France & Germany Star Commonwealth France and Germany Star [28]
Ribbon of the Defence Medal Royaume-Uni Defence Medal 1939-45 [28]
Ribbon of the War Medal Royaume-Uni War Medal 1939-1945 [28]
Ribbon of the Legion of Honor – Chevalier France Chevalier de la Légion d'honneur 1970 [29]
Ribbon of the Legion of Honor – Officier France Officier de la Légion d'honneur 1988 [29]
Ruban de la croix de guerre France Croix de Guerre 1939-1945 avec deux palmes et une étoile d’argent [29],[30]
Ribbon of the PMOF États-Unis Médaille de la Liberté avec une palme de bronze. (987 avec palmes de bronze ont été attribuées durant la Seconde Guerre mondiale) [31],[32]
Ruban de la Médaille de la Résistance France Médaille de la Résistance par décret du sous le nom de Fiocca Nancy Grace Augusta[33],[34].
Nouvelle-Zélande RSA Badge in Gold (« Badge en or ») Attribué par la Royal New Zealand Returned and Services’ Association[35]


Monument[modifier | modifier le code]

  • À Verneix, une plaque rend hommage à la mémoire de Nancy Wake (agent Hélène-WITCH). Elle est apposée sur un rocher, devant la mairie[36].

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

Astéroïde[modifier | modifier le code]

L'astéroïde (17038) Wake est nommé en son honneur[37].

Fictions[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Russel Braddon, Nancy Wake, Cassell, 1956
  • (en) Peter Fitzsimons, Nancy Wake: A Biography of Our Greatest War Heroine, Sydney, Harper Collins, 2001, (ISBN 0732269199)
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d’Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty’s Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
    Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France.

Documentaires[modifier | modifier le code]

  • (en) Nancy Wake Codename: The White Mouse (1987) réalisé par Neil Brown, The White Mouse Film Productions[40]
  • (en) Lady Spy - Nancy Wake (2006), épisode de la série documentaire Kiwis at War, réalisé par John Hagen, The Gibson Group[41]
  • (en) Nancy Wake, the White Mouse (2014), réalisé par Mike Smith, The Gibson Group[42],[43].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « The White Mouse; our most decorated female », sur www.diggerhistory.info (consulté le )
  2. « Je devais être Hélène à Londres, Andrée à Paris, et j'avais encore au moins trois noms en cas d’urgence. » [Source : Nancy Wake, p. 115.]
  3. a b c d e f g et h « Marseille : découvrez le portrait de Nancy Wake, résistante la plus décorée de la seconde guerre mondiale », sur France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur (consulté le )
  4. a b c d et e « Femmes combattantes #1 : Nancy Wake, la souris blanche et la Gestapo - Déjà-vu », sur blog.francetvinfo.fr, (consulté le )
  5. « Nancy Wake, l'Australienne francophile », sur La Guerre Tombée du Ciel (consulté le )
  6. « Meet Nancy Wake, the Most Incredible Woman You’ve Never Heard Of »
  7. « Nancy Wake, une résistante au service de la France - Épisode 1 », sur France Inter, (consulté le )
  8. Ftouh Souhail, « Disparition de Nancy Wake, une héroïne de la résistance contre les nazis. » Accès libre, sur Identité juive, (consulté le )
  9. (en) Paul Vitello, « Nancy Wake, Proud Spy and Nazi Foe, Dies at 98 » Accès libre, sur NY Times, (consulté le )
  10. a et b (en) David Stafford, « Nancy Wake obituary », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne Accès libre, consulté le )
  11. « Femmes combattantes #1 : Nancy Wake, de la souris blanche à la Gestapo », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  12. « L'ex-agent anglais John Hind Farmer, soutien de la Résistance en Auvergne en 1944, s'est éteint » Accès libre, sur www.lamontagne.fr, (consulté le )
  13. a et b Thomas Wieder, « Nancy Wake », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  14. (en) Adam Berstein, « Nancy Wake, ‘White Mouse’ of World War II, dies at 98 », Washington Post,‎ (lire en ligne Accès libre)
  15. Julien Arbois, Histoires insolites de la Seconde Guerre mondiale, City éditions, 2014, p. 176
  16. a et b (en) « - Vrroom », sur vrroom.naa.gov.au, (consulté le )
  17. Pendant quelques années, elle habite seule un petit appartement à Port Macquarie (Australie). « Je me sens assez seule ici et si je pouvais vivre mes dernières années à Londres ou à Paris, je serais auprès de mes anciens amis », a-t-elle confessé. « D’autant plus qu’en France, lorsque je porte la rosette, cela veut dire quelque chose : les gendarmes me saluent. En Australie, je n’ai jamais reçu le moindre remerciement. »
  18. Constance Jamet, « L'une des résistantes les plus décorées s'est éteinte » Accès libre, sur Le Figaro, (consulté le )
  19. (en) ABC, « War heroine Nancy Wake dies », Australian Broadcasting Corporation,‎ (lire en ligne)
  20. a et b (en) Conal Urquhart, « Ashes of Charlotte Gray heroine scattered in France », sur theguardian.com, (consulté le ).
  21. « Nancy Wake », sur verneix.fr, (consulté le )
  22. Camille Bosshardt, « Marseille : découvrez le portrait de Nancy Wake, résistante la plus décorée de la seconde guerre mondiale », sur France info, (consulté le )
  23. (en) « WAKE, Nancy: Companion of the Order of Australia », Search Australian Honours, Commonwealth of Australia, (consulté le )
  24. (en) « WAKE, Nancy: George Medal », Search Australian Honours, Commonwealth of Australia, (consulté le )
  25. Supplement to the London Gazette, 17 July 1945, p. 3676
  26. (en) « George Medal : Ensign N G A Wake, First Aid Nursing Yeomanry (Special Operations Executive) », sur AWM Collection, Australian War Memorial (consulté le )
  27. (en) « 1939-45 Star : Ensign N G A Wake, First Aid Nursing Yeomanry (Special Operations Executive) », sur AWM Collection, Australian War Memorial (consulté le )
  28. a b et c (en) « France and Germany Star : Ensign N G A Wake, First Aid Nursing Yeomanry (Special Operations Executive) », sur AWM Collection, Australian War Memorial (consulté le )
  29. a b et c (en) « French Officer of the Legion of Honour : Ensign N G A Wake, First Aid Nursing Yeomanry (Special Operations Executive) », sur AWM Collection, Australian War Memorial (consulté le )
  30. (en) « French Croix de Guerre : Ensign N G A Wake, First Aid Nursing Yeomanry (Special Operations Executive) », sur AWM Collection, Australian War Memorial (consulté le )
  31. (en) « United States Medal of Freedom : Ensign N G A Wake, First Aid Nursing Yeomanry (Special Operations Executive) », sur AWM Collection, Australian War Memorial (consulté le )
  32. OMSA Info on Medal of Freedom
  33. (en) « French Medaille de la Resistance : Ensign N G A Wake, First Aid Nursing Yeomanry (Special Operations Executive) », sur AWM Collection, Australian War Memorial (consulté le )
  34. « - Mémoire des hommes » (consulté le )
  35. (en) « RSA honours heroine of guerrilla war with Nazis », sur nzherald.co.nz, (consulté le ).
  36. « Stèle de Nancy Wake », sur VERNEIX (Allier) (consulté le )
  37. « IAU Minor Planet Center », sur minorplanetcenter.net (consulté le )
  38. « Nancy Wake », sur imdb.com (consulté le )
  39. « Toujours Prêtes ! – Julien Hervieux et Virginie Augustin - la chronique BD », sur Avoir Alire - aVoir-aLire.com (consulté le )
  40. (en) « Nancy Wake Codename: The White Mouse (1987) », sur imdb.com (consulté le ).
  41. (en) « Lady Spy - Nancy Wake (2006) », sur imdb.com (consulté le ).
  42. (en) « Nancy Wake, the White Mouse (2014) », sur imdb.com (consulté le ).
  43. « Lipstick Espionage: The Heroism Of Nancy Wake | Enemy Of The Reich | Timeline » (consulté le )