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Annie Pétain

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Annie Pétain
Annie Pétain au début des années 1940.
Annie Pétain au début des années 1940.
Épouse du chef de l'État français
 – 
(4 ans, 1 mois et 9 jours)
Biographie
Nom de naissance Alphonsine Berthe Eugénie Hardon[1]
Date de naissance
Lieu de naissance Courquetaine (Seine-et-Marne)
Date de décès (à 84 ans)
Lieu de décès Paris (7e arrondissement)
Nationalité Française
Conjoint François de Hérain
(1903-1914)
Philippe Pétain
(1920-1951)
Enfants Pierre de Hérain

Annie Pétain[note 1], née Alphonsine Berthe Eugénie Hardon le à Courquetaine (Seine-et-Marne), morte le à Paris (7e arrondissement), est l'épouse de Philippe Pétain de 1920 à 1951, date du décès de ce dernier. De toutes les femmes que Pétain a connues dans sa vie sentimentale, Annie Pétain est la seule qu'il a épousée.

Détestant son prénom d'usage, Eugénie, elle se fait surnommer « Ninie »[2] par ses amis et « Annie » par ses interlocuteurs[3].

Alphonsine Berthe Eugénie Hardon[1] naît le à Courquetaine, en Seine-et-Marne[1]. Elle est la fille d'Alphonse Hardon (Paris, ), ingénieur des Arts et Manufactures, chevalier de la Légion d'honneur[4], maire de Courquetaine et conseiller général de la Seine-et-Marne pour le canton de Tournan-en-Brie, et de Berthe Marest. En 1902, elle est adoptée par sa marraine Eugénie Steinmetz, veuve Stohrer, épouse Hardon[5]. Elle rencontre Philippe Pétain pour la première fois en 1881, à Menton. Il a alors vingt-cinq ans, elle quatre[6],[7],[8].

Un premier mariage arrangé et un fils

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En 1901, à 24 ans, elle retrouve Philippe Pétain, alors commandant, qui la demande en mariage[7],[8]. Mais sa famille refuse de donner la main de leur fille à ce prétendant agnostique[7],[8].

Le , elle accepte d'épouser François Dehérain (1877-1962)[9], un interne des hôpitaux, ancien président des Bâtiments Demaintrois à Montreuil, dans le Pas-de-Calais, fils de Pierre-Paul Dehérain[10]. Le couple a un fils[9], Pierre[3], connu sous son nom d'artiste Pierre de Hérain. Le , après plusieurs semaines de séparation, le divorce est prononcé entre les deux époux[1]. Abandonnant la médecine, ce mari eut une carrière artistique (il fut artiste peintre[9], sculpteur et graveur) sous le nom de François de Hérain[11],[9],[12]. François se remaria en 1918 avec Jenny Philippoteaux, fille d’Auguste Philippoteaux, maire de Sedan.

Le second mariage

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Diplôme de l’Empire d’Annam de Madame la maréchale Pétain. Diplôme attribué par l'empereur d’Annam mentionnant la remise d’une plaque d’honneur en or de première classe, dite Kim Boy, fait à Hué le 6 juillet 1935. Diplôme dans son tube d’origine portant une étiquette du gouverneur général de l’Indochine.

Elle devient ensuite la maîtresse de Philippe Pétain[13], avant que celui-ci ne parte pour la guerre. C'est avec elle que Pétain se trouvait lorsque son aide-de-camp Serrigny le cherchait pour lui annoncer sa nouvelle nomination sur le front de Verdun[9] le [14]. Cependant, son autre grand amour qui dure plus de vingt ans est Jacqueline de Coniac (1878-1952), dite Mella, veuve du commandant Hubert de Castex, tué à la tête d'un bataillon de chasseurs alpins de la division bleue le 23 octobre 1917 lors de la victoire de la Malmaison. Jacqueline de Coniac est présentée peu après la guerre au maréchal, qui demande sa main durant l'été 1920[15]. Mais Annie refuse de céder sa place : au cours d'une scène que raconte Pétain à Serrigny, elle braque un revolver sur le général et le menace : « Ce sera moi ou une balle dans la peau. »[16]

Il accepte finalement d'épouser civilement Annie à la mairie du 7e arrondissement de Paris, le [1],[9],[7], lors d'une cérémonie très discrète[17]. Le général Fayolle est le témoin du marié[1]. Ce mariage est diversement apprécié par la famille et certains amis de Pétain[1]. La nullité du mariage religieux de 1903 d'Annie Hardon est ensuite reconnue[9], par décision du tribunal de l’officialité de Paris le , puis de l'officialité de Versailles le suivant[18],[19],[20]. Une vingtaine d'années après, le couple se marie religieusement, le , pendant l'Occupation[9], la situation matrimoniale du maréchal entraînant des dissensions au sein de l'Église française[21] pour laquelle Pétain fait figure d'homme providentiel[22] et qui ne cesse de faire des déclarations en faveur du régime[22], déclarations dont la propagande officielle ne manque pas de se servir[22]. Pétain étant désireux d'échapper au devoir de la confession, ce mariage est fait par procuration[6],[21]. Cette dernière cérémonie est également tenue secrète — elle a lieu dans la chapelle privée de l’archevêque de Paris, Mgr Suhard[21] — mais le pape Pie XII en est informé car il s'est inquiété de la situation matrimoniale du chef de l'État français[23]. Selon l'historien W. D. Halls, les péripéties conjugales du maréchal montrent que celui-ci n'était pas très croyant[23].

La femme fidèle

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Elle accompagne son mari à Sigmaringen lorsqu'il est emmené en Allemagne, le [24]. Celui-ci ayant décidé, dès son départ de Vichy, de cesser ses fonctions, et donc de ne plus prendre de décision pour protester contre cette mesure d'exil, elle assure un rôle d'intermédiaire, à l'occasion d'un différend entre le maréchal et la Commission gouvernementale de Sigmaringen, concernant l'utilisation du drapeau français en territoire allemand, sans son consentement[25].

Lors du retour en France de Pétain, le , le commissaire de la République de Dijon, venu en Suisse notifier le mandat d'amener dressé contre le maréchal, l'interroge sur l'endroit où elle désire se rendre. Elle indique : « Je ne souhaite pas me séparer du Maréchal ». « Telle est aussi l'intention du gouvernement […] », répond le représentant de l'État[26]. Lors du voyage en train vers Paris, à l'occasion d'un arrêt à Pontarlier, des manifestations d'hostilité ont lieu, elle demande l'intervention du service d'ordre : « Est-ce ici […] qu'on doit nous assassiner ? ». Arrivés au fort de Montrouge[27], ils sont installés dans la même pièce[26].

Annie Pétain assiste au procès de son mari (23 juillet-15 août 1945). Jacques Isorni, un des avocats du maréchal, fait un discours qui émeut l'assistance[28] (le procureur général Mornet va même jusqu'à l'étreindre[28] et le maréchal l’embrasser[29],[28]). Annie Pétain confie alors à l'avocat : « Je ne l'ai jamais vu aussi bouleversé. Il vous considère comme un fils »[28],[29].

Pendant la peine à perpétuité et l'incarcération de son mari au fort du Portalet puis à L'Île-d'Yeu (en Vendée), elle reste proche de lui[9], bénéficie d’un droit de visite quotidien[12] et lui envoie, lorsqu'elle est en déplacement, un courrier régulier, lui témoignant de son soutien fidèle : « Tant d'amis se précipitent pour avoir de tes nouvelles — on s'occupe tant de toi de tous côtés en France et à l'étranger. Ta lettre si belle a produit une impression extraordinaire. Tes anciens soldats disent « Ah ! c'est bien lui — il est toujours le même » » (lettre de Paris, le )[30]. Le directeur de la prison la surnomme « la garce » ou « la reine mère »[31].

Pour l'historien Jean-Yves Le Naour, Mme Pétain est « une vieille femme acariâtre et prétentieuse qui a pris des habitudes de grandeur au bon temps de Vichy »[32]. Après avoir rappelé que les nostalgiques du pétainisme ont voulu faire d'elle « une icône de douceur et de dévouement », il confirme en citant deux témoignages. Pour Joseph Simon, qui dirige l'équipe des gardiens du maréchal, elle a « la méchanceté dans la peau ». Il écrit même dans son journal intime en  : « Quelle garce ! Avec quel plaisir je lui botterais les fesses ». Même le curé de Port-Joinville juge que « Mme Pétain n'est pas sociable. Grossière et mal embouchée, elle scandalise tout le monde »[33] .

Pétain meurt en 1951 et elle revient à Paris. En 1957, elle demande en vain au président de la République René Coty de transférer les cendres du défunt à l'ossuaire de Douaumont. Jacques Isorni fait par la suite en son nom la même requête à Charles de Gaulle, avec le même résultat[12].

Tombe de la famille Hardon au cimetière du Montparnasse.
Inscription « La maréchale Pétain née Eugénie Hardon » sur la tombe de la famille Hardon.

Le , Annie Pétain meurt à l'âge de 84 ans à Paris (7e arrondissement[34]). Elle est enterrée au cimetière du Montparnasse, division 29, après des obsèques célébrées en l'église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou, en présence notamment du maréchal Juin, du général Weygand, du général Héring, de l'amiral Decoux, et de l'amiral Auphan[35],[36].

Filmographie

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« Eugénie Pétain » est incarnée par l’actrice Antoinette Moya dans le film Pétain, réalisé par Jean Marbœuf en 1993.

Notes et références

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  1. Également nommée Eugénie Hardon dans les ouvrages historiques.

Références

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  1. a b c d e f et g Herbert R. Lottman (trad. Béatrice Vierne), Pétain, Éditions du Seuil, Paris, 1984, 732 p. (ISBN 2-02-006763-3 et 978-2020067638), p. 120-122 : « […] Pétain épousait Alphonsine Berthe Eugénie Hardon […] ».
  2. Louis-Dominique Girard, Mazinghem – Ou la vie secrète de Philippe Pétain, 1856-1951, éd. Girard, 1971, 503 p., p. 192.
  3. a et b « Vente du vendredi 7 novembre 2008 - Autographes – Lot no 426 », sur le site galileoauction.com, consulté le 5 juin 2009.
  4. « Cote LH/1266/43 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  5. « Tombes et sépultures dans les cimetières et autres lieux – Pétain, Annie (1877 - 30 janvier 1962) - Cimetière du Montparnasse, 29e division (Paris) », tombes-sepultures.com.
  6. a et b Jacques Isorni, Philippe Pétain, La Table ronde, , 560 p., p.215.
  7. a b c et d Robert Aron, Pétain : sa carrière, son procè, Paris, Librairie Académique Perrin, coll. « Grands dossiers de l'histoire contemporaine », 1962-1964, p.27.
  8. a b et c (en) [PDF] The Making of a Soldier, 1856–1914, p. 12, sur le site potomacbooksinc.com, consulté le 17 novembre 2009.
  9. a b c d e f g h et i Ferro 1987, p. 655-657.
  10. Alain Garric, « François Dehérain », sur gw.geneanet.org, GeneaNet (consulté le ).
  11. Who's who in France : Qui était qui : dictionnaire biographique des Français disparus ayant marqué le XXe siècle, 2e édition 2005 (ISBN 2-85784-044-6) : sub verbo HERAIN Jean.
  12. a b et c « Mort de Mme Philippe Pétain », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  13. François Brigneau, Philippe Pétain, vol. 1, no 3 de Mes derniers cahiers, Publications FB, 1991, 80 p., p. 19.
  14. Ferro 1987, p. 724.
  15. « En mars 1939, le maréchal Pétain a passé une semaine “incognito” à Vire », sur lamanchelibre.fr,
  16. Marc Ferro (avec la participation de Serge de Sampigny), Pétain en vérité, Paris, Tallandier, , 303 p. (ISBN 979-10-210-0130-5, BNF 43680883), p. 9-10.
  17. Henri Amouroux, Pétain avant Vichy – La Guerre et l'amour, éd. Fayard, Paris, 1967, 312 p..
  18. Dominique Rossignol, Histoire de la propagande en France de 1940 à 1944 : l'utopie Pétain, Presses universitaires de France, 1991, 351 p. (ISBN 2130434746).
  19. Arnaud Chaffanjon, Les Grands maîtres et les grands chanceliers de la Légion d'honneur : de Napoléon Ier à François Mitterrand, Éditions Christian, 1983, 271 p. (ISBN 2864960125), p. 63.
  20. Pierre Bourget, Un certain Philippe Pétain, éd. Casterman, 1966, 317 p., p. 111.
  21. a b et c Jean-Louis Clément, Les évêques au temps de Vichy – Loyalisme sans inféodation – Les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944, éd. Beauchesne, Paris, 1999, 279 p. (ISBN 2701013550 et 9782701013558) [lire en ligne], p. 155-156.
  22. a b et c Jacques Duquesne, Les Catholiques français sous l'Occupation, Éditions du Seuil, coll. « Points histoire », Paris, 1996 (ISBN 2-246116023), p. 48-51.
  23. a et b (en) W. D. Halls, Politics, Society and Christianity in Vichy France, éd. Berg, Oxford/ Providence (USA), 1995, 419 p., p. 53-54 [lire en ligne].
  24. Aron 1962-1964, p. 45.
  25. Aron 1962-1964, p. 45.
    « Lorsque le 1er octobre 1944, le drapeau français, à son insu, est hissé sur le château à côté des armes des Hohenzollern, sa réaction sera double. D’une part, il adresse à l'ambassadeur Otto Abetz une lettre de protestation : « J'apprends que le pavillon français vient d’être hissé sur le château qui m’a été désigné comme résidence forcée, lequel jouirait au surplus, du privilège de l’extraterritorialité. Ces mesures donnent à ma présence ici une apparence de consentement qui est absolument contraire à mon sentiment et contre lequel je m’élève avec énergie […] »
    D’autre part, il laisse la Maréchale prévenir l’amiral Bléhaut : celui-ci, avec des officiers, monte sur le toit, décroche le drapeau tricolore, qui sera dorénavant caché au fond d’un poêle. »
  26. a et b Aron 1962-1964, p. 49.
  27. « Fort de Montrouge – Plan de demi-ensemble du maréchal Pétain montant dans un fourgon pénitentiaire pour se rendre au Palais de justice, avril-juillet 1945 », Archives nationales, sur le site archivesdefrance.culture.gouv.fr, consulté le 21 novembre 2009.
  28. a b c et d Nathalie Roze, « Maître Isorni… », sur le site histoire-en-questions.fr.
  29. a et b Aron 1962-1964, p. 61.
  30. « Lot 336 : Annie Pétain (1877-1962). L.A.S. Annie, Paris 12 mai 1948 », sur le site alde.auction.fr.
  31. Paris Match, no 3 232 du 27 avril au 2 mai 2011, p. 140.
  32. Jean-Yves Le Naour, On a volé le Maréchal !, Larousse, coll. « L'Histoire comme un roman », (ISBN 978-2-03-584838-3, BNF 42015761), p.5.
  33. Le Naour 2009, p. 34 et 39.
  34. Lieu de décès indiqué dans L’Intermédiaire des chercheurs et curieux (ICC), année 2002, colonne 846.
  35. « Pétain, Henri Philippe », sur voila.fr.
  36. Rivarol, 8 février 1962.

Sources primaires imprimées

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  • Jacques Isorni, Correspondance de l'île d'Yeu (lettres de Jacques Isorni et de la Maréchale Pétain présentées et annotées par Jacques Isorni), Paris, Flammarion, 1966.

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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