Louis Lapicque

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Louis Lapicque
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Charles Lapicque (neveu)
Georges Lapicque (petit-neveu)
Aline Lapicque (nièce)
Paule Lapicque (d) (nièce)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Louis Édouard Lapicque, né le à Épinal (Vosges) et mort le à Paris 5e[1], est un médecin, physiologiste et anthropologue français.

Chercheur éclectique et aux approches scientifiques originales, on lui doit le concept de chronaxie en électrophysiologie, paramètre de l'excitabilité nerveuse[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Fils d'un vétérinaire, Louis Lapicque suit sa scolarité au collège d'Épinal où il participe en 1884 à la création du premier club de football des Vosges. Après son baccalauréat, il étudie la médecine à Paris et obtient en plus de son doctorat en médecine, un doctorat ès sciences.

Début de carrière[modifier | modifier le code]

Le laboratoire du docteur Louis Lapicque à la Sorbonne.

Dès 1892, il voyage en Extrême-Orient où il mène des études sur la morphologie humaine. Grâce à ses deux doctorats, il obtient un poste de maître de conférence à la faculté des Sciences de Paris en 1899 avant d'être nommé professeur titulaire de la chaire de Physiologie générale. Étant membre de l'Académie de médecine et de l'Académie des sciences, il entreprend, dès 1903, des travaux sur l'excitabilité nerveuse humaine par le courant électrique et il contribue au développement de la neurologie.

Il publie un article très influent en neurosciences computationnelles et théoriques[3], en introduisant le modèle « intègre et tire » (integrate and fire), toujours très utilisé à l'heure actuelle[4].

Vie sociale et militantismes[modifier | modifier le code]

Il épouse Marcelle de Heredia, devenue Marcelle Lapicque (1873-1960), neurophysiologiste également, fille de Severiano de Heredia, député républicain de la Seine en 1881 et ministre des Travaux publics en 1887. Leur neveu et fils adoptif Charles Lapicque (1898-1988) devint un peintre reconnu après des études scientifiques.

Républicain et franc-maçon initié en 1902 au sein de la loge Les Étudiants[5], il milite pour les idées socialistes, la laïcité, les libertés de culte et de pensée et les droits de la femme. Il se présente en 1906 dans la circonscription de Remiremont contre le nationaliste Maurice Flayelle n'obtenant que 11,21 % des voix[6]. Altruiste, il demande à servir comme médecin militaire durant la Première Guerre mondiale en 1914-1915. Il devient ensuite médecin-chef au 53e régiment d'infanterie. Il n'oublie pas sa région natale et participe avec Maurice Pottecher, Eugène Gley et Jules Méline à l'Association vosgienne de Paris. Il est également l'initiateur du journal l'Ouvrier vosgien.

En 1932, il est élu membre de l'Académie allemande des sciences Leopoldina[7].

photographgie en couleurs d'un paysage côtier
vue de Sorbonne-Plage depuis le sud : la villa Roc'ar Hart de Lapicque est l'une de celles situées immédiatement en bordure de la plage.

Louis Lapicque est avec Charles Seignobos à l'origine de la communauté scientifique de l'Arcouest, surnommée Sorbonne-Plage, à Ploubazlanec où il a fait construire en 1895 une villa baptisée Roc'ar Hart (roc aux lièvres) et où il a commencé à recevoir ses amis et collègues[8],[9].

Seconde Guerre mondiale et dernières années[modifier | modifier le code]

Chapelle de Hérédia où il repose.

Franc-maçon initié en 1902, il fait partie durant la Seconde Guerre mondiale des fondateurs en 1941 du Comité d'action maçonnique, groupe de résistance composante du réseau Patriam Recuperare. L'activité du comité permet la réactivation ou la création de 211 loges clandestines réparties dans 60 départements[10]

Il repose dans la chapelle de sa belle-famille au cimetière des Batignolles.

Hommages[modifier | modifier le code]

Un lycée et une rue (le quai Louis Lapicque)[11] portent son nom à Épinal.

Publications[modifier | modifier le code]

Monographies[modifier | modifier le code]

  • Dosage du fer dans les recherches physiologiques (1895).
  • Observations et expériences sur les mutations organiques du fer chez les vertébrés (1897).
  • Le Sud de l'Inde, le pays et les habitants, la religion (1904).
  • Sur la grandeur des temps à considérer pour les phénomènes d'excitation, comparaison de la grenouille à quelques invertébrés marins (1905).
  • Altération des fibres nerveuses myéliniques sous l'action des anesthésiques et de divers poisons nerveux (1922).
  • La Chronaxie en théorie et dans la pratique médicale (1925).
  • L'Excitabilité en fonction du temps. La chronaxie, sa signification et sa mesure (1926).
  • Les Echanges de liquide. Première partie : Circulation. Deuxième partie : Données de chimie physique. Troisième partie : Echanges cellulaires (1926).
  • Le Système nerveux et l'activité psychologique (1931).
  • Les Poisons (1933).
  • Quelques problèmes généraux relatifs au fonctionnement du système nerveux (1935).
  • Le Mécanisme physique et le mécanisme chimique de la transmission nerveuse (1936).
  • Physiologie générale du système nerveux (1937).
  • L'excitabilité itérative (1937).
  • La chronaxie et ses applications physiologiques (1938).
  • La Machine nerveuse, Flammarion, Bibliothèque de philosophie scientifique (1943).
  • Aiguillage de l'influx dans les centres nerveux (1944).
  • L'Isochronisme neuromusculaire et l'Excitabilité rythmogène (1947).

Articles[modifier | modifier le code]

  • Sur le temps de réaction suivant les races ou les conditions sociales, Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, tome 132, fascicule 24, 1901.
  • Recherches quantitatives sur l'excitation électrique des nerfs traitée comme une polarisation[12], in: J. Physiol. Pathol. Gen., 9:620-635, 1907.
  • La Conscience, fonction cellulaire, in Revue des Deux Mondes, 1952. (lire en ligne)

Préfaces[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Base Léonore
  2. « The Louis Lapicque Papers », dans les Archives of the P.I. Nixon Medical Historical Library houses (San Antonio).
  3. Louis Lapicque, « Recherches quantitatives sur l'excitation électrique des nerfs traitée comme une polarisation », Journal de physiologie et de pathologie générale, vol. 9,‎ , p. 620-635 (ISSN 0368-3834 et 2437-363X, lire sur Wikisource, lire en ligne)Voir et modifier les données sur Wikidata
  4. Voir la traduction en anglais de cet article à l'occasion du centenaire de sa parution : Brunel N., Van Rossum M.C., « Lapicque's 1907 paper: from frogs to integrate-and-fire », Biol. Cybern., vol. 97,‎ , p. 337-339 (PMID 17968583).
  5. André Combes, La Franc-maçonnerie sous l'occupation : Persécution et Résistance (1939-1945), Paris, Éditions du Rocher, coll. « Franc-maçonnerie » (réimpr. 2005) (1re éd. 2001), couv. ill., 421, 24 cm (ISBN 978-2268074627 et 2-268-04112-3, OCLC 422242486, SUDOC 060767421, présentation en ligne, lire en ligne), p. 186 (consulté le 29 juillet 2018)
  6. Dir. Jean El Gammal, François Roth et Jean-Claude Delbreil, Dictionnaire des Parlementaires lorrains de la Troisième République, Metz, Serpenoise, (ISBN 2-87692-620-2, OCLC 85885906, lire en ligne)
  7. (en) List of members : Louis Édouard Lapicque, publié sur le site de l'académie Léopoldine (consulté le 8 octobre 2018)
  8. « La pointe de l'Arcouest ou Sorbonne-Plage », Le Télégramme,‎ (lire en ligne)
  9. Marion Grenes, « À Ploubazlanec, la fabuleuse épopée de Sorbonne-Plage », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  10. André Combes, La Franc-maçonnerie sous l'occupation : Persécution et *Résistance (1939-1945), Paris, Éditions du Rocher, coll. « Franc-maçonnerie », (réimpr. 2005) (1re éd. 2001), couv. ill., 421, 24 cm (ISBN 978-2-268-07462-7), p. 187-188.
  11. Jean Bossu, Chronique des rues d'Épinal, tome I, Épinal, 1976, pp.  152-155.
  12. Disponible au téléchargement, sur le site snv.jussieu.fr.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • John Farquhar Fulton, « Louis Lapicque, 1866-1952 », Journal of Neurophysiology, Vol. 16, no. 2, , pp. 97-100 (en ligne).
  • Edgar Douglas Adrian, « Prof. L. Lapicque », Nature, 171(4343), 153, .
  • Henri Piéron, « L'œuvre de Louis Lapicque », Les Cahiers rationalistes, no 131, , p. 3-16.
  • Larry Abbott, « Lapicque’s introduction of the integrate-and-fire model neuron (1907) », Brain Research Bulletin, Vol. 50, nos 5-6, 1999, pp. 303–304 (en ligne).
  • Paul Chauchard, « À propos du cinquantenaire de la chronaxie : l'importance de l'œuvre de Louis Lapicque en neurophysiologie », Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, Tome 13, n°3, 1960, pp. 247-258 (en ligne).
  • Jean-Gaël Barbara, « Les heures sombres de la neurophysiologie à Paris (1909-1939) », in Lettre des Neurosciences, 2005, 29, 4 p. (en ligne).
  • Nicolas Brunel et Mark Van Rossum, « Lapicque's 1907 paper: from frogs to integrate-and-fire », Biol. Cybern., 97, 2007 pp.337-339.
  • Stéphane Charpier, « Louis Lapicque (1866-1952) : un siècle d’excitabilité intrinsèque », Revue neurologique, Vol. 164, n°HS1, , p. 53-66.
  • Jean-Gaël Barbara, Claude Debru, « Edgar Douglas Adrian et la neurophysiologie en France autour de la Seconde Guerre mondiale », in Échanges entre savants français et britanniques depuis le XVIIe siècle, Robert Fox et Bernard Joly éd. (en ligne).
  • Notice sur les titres et les travaux scientifiques de Louis Lapicque, Paris, Impr. de la Cour d'Appel, 1908, Texte intégral.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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