Léon Raffenel

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Léon Raffenel
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 58 ans)
Saint-VincentVoir et modifier les données sur Wikidata
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Léon Amédée François Raffenel (Saint-ServanSaint-Vincent) est un général français tué au début de la Première Guerre mondiale. C'est l'un des 42 généraux français morts au combat durant la Première Guerre mondiale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Né à Saint-Servan en Ille-et-Vilaine, il est le fils d'un sous-commissaire de la marine, Anne Jean-Baptiste Raffenel (1809-1858) et d'Hortense Marguerite Hoël[2].

Le , Léon Raffenel souscrit un engagement au 82e régiment d'infanterie (RI), au titre de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr. Après un an et quatre mois de vie en régiment, il intègre l’école le (promotion de Plewna)[3]. À la sortie d'école, en 1878, nanti du grade de sous-lieutenant, il reçoit une affectation au 1er régiment d'infanterie de marine (RIMa).

Alors qu’en métropole le pays se redresse de la défaite de 1870-71, il se lance outre-mer dans de nouvelles campagnes, destinées à lui assurer la domination d’un vaste empire colonial. Le jeune marsouin participe à cette épopée dès 1881. Du de cette année-là au , il effectue son premier séjour militaire hors de l’hexagone, en Martinique. Peu avant son retour en France, il est muté au 4e RIMa. Il est alors lieutenant, grade qu’il ne conserve qu’un peu plus de deux ans. Le , il devient capitaine. Il connaît alors pendant quelques années la monotone vie de garnison de métropole.

Le Tonkin et l'Indochine[modifier | modifier le code]

Les choses changent en , avec son affectation au 1er régiment de tirailleurs tonkinois. Il sert à présent dans le nord de l’Indochine, au Tonkin, où il participe à plusieurs expéditions. Le , la colonne qu’il dirige livre un violent combat à Muong-di. Le capitaine Raffenel s’y distingue par son énergie et la qualité de son commandement.

Après avoir retrouvé pendant un peu plus d’un an le 1er RIMa, il revient au Tonkin en 1890, avec le 2e régiment de tirailleurs tonkinois. Cette nouvelle campagne coïncide avec son accession au grade de chef de bataillon (). Pendant dix-huit mois, il ne cesse de combattre. Ainsi, le , il participe avec la colonne Pardes au combat de Ben-Chan. Du au suivant, il est lui-même à la tête d’une colonne, avec laquelle il se bat à Baïbang (le ), à Yen-Dong (le ), puis à Kher-Khong (le ). Le encore, il livre bataille à Caï-Tram avec la colonne Dominé. Au cours de ce second séjour en Indochine, il s’affirme comme un officier de qualité, rompu aux opérations les plus délicates. Après avoir servi au Régiment de Tirailleurs Annamites, il rentre en France en 1893.

Le commandant Raffenel semble alors promis à un brillant avenir. Ses états de service et son expérience acquise sur le terrain lui confèrent un grand prestige. Sa poitrine s’orne bien sûr de la médaille du Tonkin, mais aussi de l’insigne de chevalier de l’ordre du Dragon d'Annam (dont il est décoré en  ; il est fait officier en ) et surtout, de la croix de chevalier de la Légion d’honneur (par décret du ).

L'infanterie métropolitaine[modifier | modifier le code]

Il se marie à Saintes, le avec Fernande Marie Gabrielle Surraud (1864-1931)[4]. De cette union naissent deux fils, Robert Jacques Marie René (né le , « mort pour la France » le [5]) et Raoul Anne Marie André (né le , décédé ).

C’est dans ces circonstances qu’intervient un changement radical dans sa carrière. En 1894, alors qu’il sert au 5e RIMa, il sollicite son affectation dans l’infanterie métropolitaine. Ce n’est pas une procédure anodine puisqu’à l’époque l’armée de terre et l’armée coloniale dépendent de deux ministères différents (la Guerre pour la première et la Marine pour la seconde). Le , une décision présidentielle autorise la mutation entre les chefs de bataillon Raffenel et Lourdel-Hénault. Ce dernier appartenant au 136e RI, c’est à ce corps de troupe qu’est donc affecté Raffenel.

Pendant les cinq années suivantes, il mène une vie des plus monotones, commandant le bataillon du 136e détaché au fort de Querqueville. L’ancien colonial se fait administrateur. L’ancien homme de guerre devient un parfait officier de garnison. Isolé du reste du régiment, il semble se complaire dans cette vie retirée : en 1898, il refuse d’être relevé et conserve son poste en permutant avec le chef de bataillon chargé de le remplacer… Les notations de ses supérieurs ne cessent pourtant d’être élogieuses.

marque une nouvelle étape importante dans la carrière de Léon Raffenel. Ce mois-là, il quitte son détachement de Querqueville, est nommé lieutenant-colonel, est muté pour le 48e RI de ligne et commence un stage au 35e régiment d'artillerie, à Vannes. Ce stage dure un an. Pendant cette période, il partage le quotidien des artilleurs, participe à leurs exercices et manœuvres, apprend l’emploi du nouveau canon de 75 et se fait grandement apprécier du colonel commandant le régiment. C’est que l’artillerie semble intéresser Raffenel au plus haut point. Déjà, au 136e RI, il avait prononcé plusieurs conférences sur le sujet.

Revenu chez les fantassins en , il seconde le colonel du 48e RI (Guingamp) jusqu’en 1904. Il y recueille toujours les mêmes lauriers pour « ses qualités militaires : tact, fermeté, esprit de discipline, excellente manière de servir et dévouement à ses devoirs ». Le , il est nommé colonel et prend la tête du 27e régiment d'infanterie, à Dijon. Il reste à ce poste jusqu’en 1910. On lui confie le commandement de la 82e brigade (à Saint-Dié) en . En décembre suivant, il est nommé officier de la Légion d’honneur puis, le , il accède aux étoiles.

Désormais à la tête de l’une des troupes d’élite de l’armée française (la 82e Brigade est une brigade de chasseurs à pied), il poursuit sa carrière sans faute. Les rapports du général commandant la 41e division d'infanterie, dont il dépend, mettent l’accent sur ses qualités manœuvrières, sur son « jugement sûr », son « grand bon sens », son expérience, son sens de la discipline, etc. En toute logique, un tel soldat doit être appelé aux commandements les plus prestigieux. C’est ce qui arrive en . Quittant ses chasseurs, il devient le chef de l’une des plus remarquables divisions de l’armée française : la 3e division d'infanterie coloniale (DIC), à Brest. Après une parenthèse de vingt années, le général Raffenel fait son retour dans la Coloniale… Il est alors général de brigade.

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

La déclaration de guerre en décidera autrement. Parti de Brest à la mobilisation, il conduit sa division de Bar-le-Duc à la frontière belge. Le (à 58 ans), il est en tête du Corps Colonial et se retrouve assailli par des forces plus importantes autour du village de Rossignol. Dans le combat qui s'ensuit avec les éléments du 6e corps d'armée (de) allemand, une partie de la division française se retrouve encerclée. La 3e DIC est quasiment anéantie dans les bois entre Neufchâteau et Rossignol. Raffenel disparaît avec elle, et serait devenu fou[6]. Son corps est découvert au soir de la bataille par le capitaine Hartmann (du 3e RIC), quelques mètres au sud de la Semois, abandonné à Jamoigne, puis inhumé au cimetière militaire provisoire de Tintigny par les Allemands.

Reconnu « mort pour la France »[7].

Décorations[modifier | modifier le code]

Officier de la Légion d'honneur Officier de la Légion d'honneur (décret du )
Croix de guerre 1914-1918, palme de bronze Croix de guerre 1914-1918, palme de bronze (une citation à l'ordre de l'armée - à titre posthume)
Officier de l'Instruction publique Officier de l'Instruction publique
Médaille commémorative de l'expédition du Tonkin Médaille commémorative de l'expédition du Tonkin (1885)
Chevalier du Dragon d'Annam.

Postérité[modifier | modifier le code]

En 1919, la Königs-Kaserne de Montigny-lès-Metz est rebaptisée en l'honneur du général Raffenel.

Son nom est inscrit au monument des Généraux morts au Champ d'Honneur 1914-1918 de l'église Saint-Louis à l'Hôtel des Invalides de Paris[8].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « https://francearchives.fr/fr/file/ad46ac22be9df6a4d1dae40326de46d8a5cbd19d/FRSHD_PUB_00000355.pdf »
  2. Acte de naissance no 194/1856 de la commune de Saint-Servan.
  3. Jean Boÿ, « Historique de la 61e promotion de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (1876-1878), promotion de Plewna » [PDF], sur www.saint-cyr.org, Association des élèves et anciens élèves de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (Saint-Cyrienne), (consulté le ), p. 4 et 6.
  4. Acte de mariage no 21/1893 de la commune de Saintes.
  5. « Robert Jacques Marie René RAFFENEL », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
  6. « 22 août 1914 : le jour le plus meurtrier de l'histoire de France », France 24,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. « Léon Amédée François RAFFENEL Mort pour la France le 22-08-1914 (Saint-Vincent, Belgique) », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
  8. « Relevé du mémorial des généraux 1914-1918, Hôtel des Invalides. », sur www.memorialgenweb.org (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gérard Géhin et Jean-Pierre Lucas, Dictionnaire des généraux et amiraux français de la Grande guerre, 1914-1918, vol. L-Z, t. 2, Paris, Archives & culture, , 699 p. (ISBN 978-2-35077-070-3, BNF 41384629).
  • Jean-Michel Steg, Le jour le plus meurtrier de l'histoire de France : 22 août 1914, Paris, Fayard, , 252 p. (ISBN 978-2-213-67780-4, OCLC 869872626).

Liens externes[modifier | modifier le code]