Ilia Ponomarev

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Ilia Ponomarev
Illustration.
Ilia Ponomarev en 2021.
Fonctions
Député de la Douma d'État

(8 ans, 10 mois et 3 jours)
Élection
Réélection
Président Boris Gryzlov
Sergueï Narychkine
Groupe politique Parti communiste de la fédération de Russie
Biographie
Date de naissance (48 ans)
Lieu de naissance Moscou
Nationalité Russe
Ukrainienne
Parti politique PCRF (2002-2007)
PC (2007-2013)
Alliance des Verts

Ilia Vladimirovich Ponomarev, en russe : Илья Владимирович Пономарёв (Ilya Vladimirovitch Ponomariov), né le à Moscou, est un homme politique russe, membre du Parti communiste de la fédération de Russie, de Russie juste puis de l'Alliance des Verts. Il est député à la Douma de 2007 à 2016[1].

Il est le seul membre de la Douma à voter contre l'annexion de la Crimée en 2014[2], et le seul à ne pas voter pour l'« interdiction législative de la propagande homosexuelle en Russie » en 2013.

À partir de 2016, il se réfugie à Kiev, en Ukraine[3].

Situation personnelle[modifier | modifier le code]

Ilya Ponomarev a obtenu une licence en physique à l'Université d'État de Moscou puis un master en administration publique à l'université sociale d'État de Russie. De 2002 à 2007, il a été responsable de l'information pour le Parti communiste russe[4].

Carrière[modifier | modifier le code]

Idéologie[modifier | modifier le code]

Les opinions politiques de Ponomarev sont considérées comme de la « gauche peu orthodoxe » : une position libertaire progressiste. Certaines personnes le décrivent comme « néo-communiste », et les critiques à l'intérieur du Parti communiste de Russie l'ont identifié comme « néotrotskyste ». Les objectifs politiques de Ponomarev étaient les suivants :

  • l'égalité d'accès à l'éducation, pour créer des chances égales pour tous ;
  • un gouvernement non restrictif qui serait progressivement remplacé par la démocratie directe ;
  • la promotion de l'entrepreneuriat social et commercial et de l'innovation pour transformer la société ;
  • voyage sans visa et abolition des frontières nationales ;
  • la protection des libertés individuelles pour les groupes minoritaires, y compris des droits et des protections accrus pour les femmes et les personnes LGBT[5].

Sur le plan international, Ponomarev a préconisé une « Union du Nord » plus large entre les nations d'Europe, des Amériques et de l'ex-URSS, mais critique vivement le modèle américain de mondialisation illustré par le FMI, l'OMC et les structures du G8. Il décrit ses propositions comme un « mondialisme social »[6], et critique le nationalisme et le cléricalisme[7]. Il a également critiqué le processus de privatisation en Russie et a blâmé ses architectes néolibéraux pour l'échec à établir une véritable démocratie en Russie.

L'incident Leonid Razvozjaïev[modifier | modifier le code]

En , la chaîne d'informations pro-gouvernementale NTV diffuse un documentaire dans lequel l'assistant de Ponomarev, Leonid Razvozjaïev (en), est accusé d'avoir arrangé une rencontre entre un ex-leader de l'opposition, Sergueï Oudaltsov du Front de gauche, et Guivi Targamadze, dans le but de renverser le Président Vladimir Poutine[8]. Un porte-parole des enquêteurs russes affirme que le gouvernement considérait des charges de terrorisme contre Oudaltsov[8] et Razvozjaïev, Oudaltsov ainsi que Constantin Lebedev, un assistant d'Oudaltsov, sont accusés de « comploter des émeutes de masse »[9]. Razvozjaïev s'envole vers Kiev, en Ukraine, où il demande l'asile auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, mais il disparaît après avoir quitté le bureau[8]. Il refait surface à Moscou trois jours plus tard, où le site web Life News le filme quittant un tribunal de Moscou, clamant qu'il avait été enlevé et torturé[8],[10]. Un porte-parole du Comité d'enquête de la fédération de Russie affirme que Razvozjaïev n'a pas été enlevé, mais s'est rendu librement et volontairement pour confesser sa conspiration avec Oudaltsov et Lebedev[8].

Vladimir Bourmatov, un parlementaire de Russie unie, demande à Ponomarev de démissionner de son mandat à la Douma en raison de son association avec Razvozjaïev[11].

En , Oudaltsov et Razvozjaïev sont condamnés à 4 ans et demi de camp.

Activités d'opposition en exil[modifier | modifier le code]

Après qu'un ancien parlementaire russe, Denis Voronenkov, a été assassiné à Kiev le 23 mars 2017, M. Ponomarev a été protégé par les services de sécurité ukrainiens[12].

Début 2022, M. Ponomarev a lancé une chaîne de télévision en russe appelée "Matin de février" (en russe : Утра Февраля)[13] et un fil d'actualité sur l'application Telegramn appelé "Rospartisan" (en russe : Роспартизан)[14]. The Guardian indique que ces plateformes relaient des activités anti-gouvernementales en Russie, telles que des attaques contre des centres de recrutement militaires.

M. Ponomarev et ses médias ont attiré l’attention des médias occidentaux après l'attentat à la voiture piégée contre Daria Dougina. À cette occasion, il a lu en personne une déclaration revendiquant l'attentat au nom d'un groupe s'appelant l'Armée nationale républicaine (en russe : Национальная республиканская армия (НРА)). Il a aussi utilisé ses médias, Matin de février et Rospartisan, pour publier le manifeste de l'Armée nationale républicaine, dont le but est de renverser Vladimir Poutine. La déclaration appelle à la mutinerie dans l'armée russe, l'adoption du drapeau blanc-bleu-blanc et la fin d'une guerre "fratricide entre peuples slaves"[15].

La presse internationale, notamment le Guardian[16] et Associated Press, n'a pas confirmé la responsabilité de l'Armée nationale républicaine dans l'attentat contre Daria Dougina. Le 22 août 2022, l'agence de presse officielle russe TASS[17] a déclaré que l'assassin était un citoyen ukrainien, citant les services de sécurité fédéraux.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Veronika Dorman, « Kiev : un ex-député russe abattu en plein jour », sur Libération, (consulté le ).
  2. (en) « Russian deputy isolated after opposing Crimea annexation », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) Mark Urban, « The heavy losses of an elite Russian regiment in Ukraine », sur bbc.com, .
  4. « Defeat Could Widen Split in Communist Party, THE MOSCOW TIMES - The Moscow Times (Russia) | HighBeam Research », sur web.archive.org, (consulté le )
  5. « Ilya Ponomarev and Karin Clement: What is modern left in Russia », sur Polit.ru (consulté le )
  6. Vasily Koltashov, « Two years of movement »
  7. « Kiev checkpoint for Russian left » [archive du ], sur Ilya Ponomarev's blog (consulté le )
  8. a b c d et e David M. Herzenhorn, « Opposition Figure Wanted in Russia Says He Was Kidnapped and Tortured », The New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  9. « Russia must investigate claims Leonid Razvozzhayev was abducted and tortured » [archive du ], Amnesty International, (consulté le )
  10. (ru) « ru:Леонид Развозжаев признался в организации беспорядков на митинге 6 мая на Болотной площади в Москве » [archive du ], Lifenews.ru,‎ (consulté le )
  11. Brian Whitmore, « The Seizure Of Leonid Razvozzhayev » [archive du ], Radio Free Europe/Radio Liberty, (consulté le )
  12. (en) « Denis Voronenkov: ex-Russian MP who fled to Ukraine killed in Kiev », sur the Guardian, (consulté le )
  13. « Утро Февраля - YouTube », sur www.youtube.com (consulté le )
  14. (en-US) « Former Russian politician seeks to get Russians real news from Ukraine » (consulté le )
  15. (en) « Russian-language Ukrainian TV channel aims to topple Putin », sur the Guardian, (consulté le )
  16. (en) « Ukraine braces for intensified attacks after Moscow car bomb killing », sur the Guardian, (consulté le )
  17. « FSB solves Darya Dugina’s murder, masterminded by Ukrainian secret services », sur tass.com (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]