Gilbert Getten

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Gilbert Getten
Fonctions
Député français

(5 mois et 16 jours)
Élection 2 juin 1946
Circonscription Haute-Garonne
Législature IIe constituante
Groupe politique MRP
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Soustons (Landes)
Date de décès (à 42 ans)
Lieu de décès 8e arrondissement de Paris
Nationalité Française

Gilbert Getten, né le à Soustons (Landes) et mort le à Paris (Seine), est un homme politique français et un résistant.

Biographie[modifier | modifier le code]

Lucien Gilbert Getten vit à Bayonne dans les années 1920[1]. Rédacteur à L'Express du Midi, il est élu membre en 1927 de l'Association régionaliste du Béarn. Membre de son comité littéraire, c'est alors un poète régionaliste[2],[3].

Il passe les épreuves écrites pour être élève officier de réserve en 1927[4]. Il épouse en juillet 1929 Marguerite Riveilh ; il est alors sous-lieutenant au 14e régiment de tirailleurs sénégalais, en garnison à Mont-de-Marsan[5]. Il est lieutenant de réserve en 1930[6].

Il gagne les Vosges dans les années 1930, où il est avoué à Neufchâteau à partir de [7].

Il publie en 1934 un recueil de poésies, La Lyre ardente, dédié à Claude Farrère et préfacé par François Duhourcau. Une revue artistique le présente comme un ancien officier d'infanterie coloniale qui a quitté l'armée[8]. Lauréat du Prix Antony-Valabrègue en 1936 décerné par l’Académie française, il collabore à des revues littéraires[9]. Il adhère en 1934 à l'Académie des lettres pyrénéennes, du Béarn[10], avec laquelle il était en relation dans les années 1920[11].

C'est également un militant politique. Il milite à Bayonne vers 1925 à l'Action française, avant la condamnation pontificale de ce mouvement royaliste et nationaliste[12]. Dans les Vosges, c'est un militant républicain national durant les années 1930, actif dans le Nord-Ouest de ce département. Il fonde en 1933 un comité des républicains nationaux à Liffol-le-Grand, où il est élu conseiller municipal en 1935[13], puis un groupe d'action républicaine et nationale en juillet-août 1935 dans l'arrondissement de Neufchâteau, en relation avec le Centre de propagande des républicains nationaux[14]. Il collabore au périodique de droite local La Plaine des Vosges[15] et soutient la campagne électorale de Marcel Boucher en 1936 contre le Front populaire[16]. Il est ensuite le principal animateur du Rassemblement national lorrain dans l'arrondissement de Neufchâteau jusqu'en 1938 au moins. Il organise avec Marcel Boucher un banquet à Rouceux[17] en , pour écouter des parlementaires comme Jean Chiappe, Philippe Henriot, Jean-Louis Tixier-Vignancour, venus dénoncer la politique du Front populaire, et des militants nancéiens du RNL. Il organise une nouvelle réunion en juillet, avec le député de Nancy François Valentin et des dirigeants du RNL. Il assiste à une réunion du RNL à Nancy et participe au congrès de cette organisation en [18].

Il milite aussi pour développer le culte de Jeanne d'Arc. Il fonde en 1933 à Domrémy la Société des Amis du berceau de Jeanne d'Arc, dont il est le secrétaire général[19]. Elle est présidée à l'origine par le maréchal Hubert Lyautey puis par l'Académicien Louis Madelin. Il appuie de 1937 à 1939 l'action du député Marcel Boucher, organisateur de cérémonies de masse à Domrémy en l'honneur de Jeanne d'Arc et président des Compagnons de Jeanne d'Arc[20].

Mobilisé en 1939 comme capitaine d'un régiment de marche d'infanterie coloniale, il est blessé en 1940, ce qui lui vaut en 1946 la croix de chevalier de la Légion d'honneur[21]. Commandant de réserve, il entre ensuite dans l'organisation clandestine du contre-espionnage de l'armée. Il s'occupe de l'antenne de Bordeaux du poste TR clandestin de Toulouse jusqu'en 1942 puis il dirige à Paris le sous-réseau Gédéon, rattaché en 1943 au TR jeune, sous les ordres de Paul Paillole. Ses pseudonymes de résistant sont « capitaine Christian » ou « Germont ». Il contribue notamment à l'évasion de l'épouse de Jean de Lattre de Tassigny et de son fils [22],[23],[24],[25],[26].

Chef adjoint du cabinet d'Edmond Michelet, ministre des armées[27], qu'il a connu sous l'Occupation[28], il est élu en député de la seconde Assemblée constituante, en Haute-Garonne, sur une liste du Mouvement républicain populaire (MRP) (seul élu de la liste)[29]. Il est membre de la commission de défense nationale. Il démissionne du MRP en octobre, à la veille du référendum constitutionnel français d'octobre 1946, regrettant notamment que la presse de ce parti ait publié « des attaques inadmissibles contre le Premier résistant de France » (de Gaulle) et appelant à voter non à ce référendum[30]. Le président du groupe MRP fait savoir dans une lettre publiée par la presse qu'il doute de la solidité de ses convictions à propos du référendum, soulignant que la fédération de la Haute-Garonne du MRP avait décidé de ne pas soutenir sa candidature aux prochaines élections avant sa démission[31]. En novembre de la même année, Getten conduit une liste républicaine indépendante d'union gaulliste qui n'obtient que 16 000 voix environ (5,1 % des inscrits)[32],[33],[34].

En 1947, il devient administrateur et président-directeur général d'une petite société de distribution de films, la Distribution parisienne de films[35]. Il participe activement à ce titre à la sortie du film Le Mariage de Ramuntcho, premier film français commercial en couleur, qui évoque le pays basque[36].

Il serait mort en décembre 1947 d'une crise cardiaque[37], jeune encore, à 42 ans.

Une rue porte son nom à Toulouse.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Gilbert Getten, La Lyre ardente, Paris, Éditions Excelsior, 1934, 104 p.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, 11 mai 1937 (Lire en ligne)
  2. Le Patriote des Pyrénées, 22 juin 1927, Ibid., 4 juillet 1929
  3. L'Indépendant des Basses-Pyrénées, 20 avril 1927
  4. Journal officiel, 2 septembre 1927
  5. La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, 22 juillet 1929
  6. Journal officiel, 7 décembre 1930
  7. Le Télégramme des Vosges, 5 décembre 1933.
  8. Arts-sciences-lettres : revue illustrée : organe officiel de l'Union internationale des arts décoratifs, juin 1934 (Il aurait quitté l'armée après la guerre alors qu'il né en 1905).
  9. La Plaine des Vosges, 26 juillet 1936, Le Télégramme des Vosges, 29 juillet 1936, Notice de l'Académie française
  10. Les Nouvelles littéraires, 29 septembre 1934
  11. La Pensée française, novembre 1927.
  12. L'Action française, 14 août 1925, Ibid., 30 juin 1926, Ibid., 8 juillet 1926 (cite un de ses articles au Progrès de Biarritz)
  13. Élu au 2e tour : L'Est républicain, 16 mai 1935, p. 6, Le Télégramme des Vosges, 16 mai 1935.
  14. L'action principale de ce comité constitué de quelques militants et des élus locaux de droite est un meeting de Philippe Henriot en février 1936 à Vittel, Le Télégramme des Vosges, 27 octobre 1934, Le Télégramme des Vosges, 22 février 1935Le Télégramme des Vosges, 11 octobre 1935
  15. Le périodique, imprimé à Mirecourt et financé en partie par Jean Bouloumié, est dirigé par Pierre Géhin, ancien combattant, cadre de la section de Mirecourt de la Légion vosgienne, candidat « d'union nationale et d'action économique » aux cantonales en 1934 contre le maire de gauche de Mirecourt.
  16. Le Télégramme des Vosges, 1er mai 1936
  17. Petit village proche de Neufchâteau. Le banquet devait se tenir à Neufchâteau mais le maire de cette commune l'a interdit.
  18. Jean-François Colas, Les droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux, thèse de doctorat, Université de Paris X-Nanterre, 2002, t. I, p. 68-69, 221, 223, L'Est républicain, 25 janvier 1937, "Le banquet du Rassemblement national à Neufchâteau", p. 2 (Lire en ligne sur https://kiosque.limedia.fr)), L'Express de l'Est, 25 janvier 1937 (en présence du député vosgien Louis Gaillemin, du sénateur des Vosges Adrien Richard, d'élus locaux comme Jean Bouloumié), de l'industriel Georges Laederich, L'Action française, 29 janvier 1937, "Le rassemblement de Neufchâteau", L'Action française, 26 juillet 1937, "Maurras acclamé en Lorraine", Le Télégramme des Vosges, 22 juillet 1937, Ibid., 10 mars 1937. Le banquet de Rouceux aurait attiré 3 000 personnes selon la presse, 1 880 selon le sous-préfet, venues des Vosges, de Haute-Marne et de Meurthe-et-Moselle. La réunion de juillet n'a attiré que 180 personnes.
  19. Membres du conseil d'administration : Jean Bouloumié, de la Société générale des Eaux de Vittel, Henri Hocloux, avoué honoraire, Marcel Grosdidier de Matons, professeur agrégé au lycée de Metz, Charles Brossard, architecte des Monuments historiques, le président du syndicat d’initiatives de Domrémy, le maire de Domrémy, l’homme de lettres Émile Hinzelin, Pierre Marot, archiviste de Meurthe-et-Moselle et directeur du Pays lorrain, André Philippe, archiviste des Vosges, conservateur du musée départemental et de la Maison de Jeanne d’Arc, le chanoine Ritz, directeur du quotidien messin Le Lorrain, le baron Jacques Riston président du syndicat d'initiatives de Nancy, Louis Noirtin, membre de la commission de surveillance de la Maison de Jeanne d'Arc, conseiller général de Neufchâteau depuis 1934. Son comité d'honneur comprend le président de la République, l'ambassadeur d'Angleterre, le prince de Beauvau-Craon, le général de Castelnau, le maréchal Pétain, le général Maxime Weygand, Claude Farrère, Georges Goyau, Gabriel Hanotaux, Louis Bertrand, François Duhourcau : Le Télégramme des Vosges, 1er juillet 1934, Une causerie des Amis du berceau de Jeanne d'Arc, Ibid., 12 août 1934, La Plaine des Vosges, 6 septembre 1936, L'Est républicain, 6 juillet 1936, "Les amis du berceau de Jeanne d'Arc", p. 5 Le Pays lorrain, janvier 1934, L'Est républicain, 9 janvier 1936, p. 6.
  20. La Croix, 11 mai 1937.
  21. Journal officiel, 21 mai 1946 (le décret d'avril 1946 annule et remplace un décret antérieur de juin 1945 le nommant chevalier de la Légion d'honneur sous le pseudonyme de « Germond »).
  22. Robert Garric, Un destin héroïque: Bernard de Lattre, Plon, 1952, p. 63
  23. Les travaux ruraux. Le réseau des fleurs (publié par l'Amicale des anciens des services spéciaux de la défense nationale)
  24. Alain Guérin, Chronique de la Résistance, Place des éditeurs, 2010
  25. Paul Paillole, Fighting the Nazis: French Military Intelligence and counterintelligence, 1935-1945, Enigma, 2003, p. 316,445, Paul Paillole, Services spéciaux, 1935-1945, Robert Laffont, 1975
  26. museedelaresistanceenligne, fiche biographique
  27. Le Monde, 12 octobre 1946
  28. Alain Guérin, Chronique de la Résistance, op. cit.
  29. À Toulouse : le magazine d'informations de la ville de Toulouse, 1946, L'Aube, 22 mai 1946
  30. L'Aurore, 11 octobre 1946 ; A Paris, la campagne a pris beaucoup moins d'ampleur qu'en mai dernier, Le Monde, 12 octobre 1946 (« On précise au centre du M. R. P. que, lors de son congrès de dimanche dernier, la fédération du M. R. P. de la Haute-Garonne n'avait pas renouvelé sa confiance à M. Getten, et qu'elle avait décidé de choisir une autre tête de liste pour les prochaines élections »), L'Année politique, économique et sociale en France, Moniteur, 1946, p. 246, Émile François Callot, Le Mouvement républicain populaire: origine, structure, doctrine, programme et action politique, M. Rivière, 1978, p. 188, France forum, "Regards sur le MRP", 1997, p. 13.
  31. L'Aube, 12 octobre 1946
  32. Jean-Paul Buffelan, Le Complot du 13 mai 1958 dans le sud-ouest, R. Pichon, 1966, p. 5
  33. A Toulouse, 1946.
  34. Combat, 26 octobre 1946
  35. La Loi, 16 août 1947 (Le siège social de cette société anonyme, 65, rue Galilée à Paris, est aussi celui de son domicile). Le capital de la société anonyme n'est que de 600 000 francs, il est prévu de le faire passer à 3 millions de francs en décembre 1947 : La Loi, 6 décembre 1947, p. 328. L'entreprise lui survit. Elle a été fondée vers 1936 (La Critique cinématographique, 25 juillet 1936, p. 10) et dirigée par Paul Ambiehl, démissionnaire en 1945 (La Loi, 12 janvier 1946), vétéran parisien de la distribution de films.
  36. « Deuils », La Cinématographie française, no 1242,‎ , p. 20 (lire en ligne, consulté le ).
  37. Robert Lageat (ami de Getten ; cet ancien catcheur a assuré sa sécurité après 1945), Des Halles au Balajo, Paris, Les éditions de Paris, 1993.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]