Erta Ale

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Erta Ale
Vue aérienne du sommet de l'Erta Ale avec la caldeira contenant les deux cratères fumants.
Vue aérienne du sommet de l'Erta Ale avec la caldeira contenant les deux cratères fumants.
Géographie
Altitude 613 m
Massif Vallée du Grand Rift
Coordonnées 13° 36′ 05″ nord, 40° 39′ 40″ est
Administration
Pays Drapeau de l'Éthiopie Éthiopie
Région Afar
Zone Zone 2
Ascension
Première 1873 par Johann Maria Hildebrandt
Géologie
Roches Basalte, picrobasalte, andésite basaltique, andésite
Type Volcan de rift
Morphologie Volcan bouclier
Activité En éruption
Dernière éruption depuis la mi 1967 (56 ans)
Code GVP 221080
Observatoire Non
Géolocalisation sur la carte : Éthiopie
(Voir situation sur carte : Éthiopie)
Erta Ale

L’Erta Ale est un volcan bouclier d'Éthiopie situé dans le nord de la vallée du Grand Rift, plus précisément dans la dépression de l'Afar. Erta Ale signifie « montagne fumante » en afar.

L'Erta Ale est un volcan bouclier basaltique isolé et le volcan le plus actif d'Éthiopie. Ce large édifice de 50 km de large s'élève à plus de 600 m au-dessus de la dépression stérile de Danakil, qui se trouve elle-même jusqu'à 155 m sous le niveau de la mer.

Géographie[modifier | modifier le code]

Localisation et topographie[modifier | modifier le code]

L'Erta Ale, bien que peu élevé (613 mètres d'altitude), est très étendu : trente kilomètres de diamètre. Il fait partie d'un système volcanique, la chaîne de l'Erta Ale (en) qui correspond à une dorsale océanique en début de formation. Cette chaîne comprend du nord au sud le Gada Ale, l'Alu-Dala Filla, le Borale Ale, l'Erta Ale, l'Hayli Gub (en) et l'Ale Bagu qui s'étire sur 95 kilomètres de long et 42 kilomètres de large. Il se trouve aussi au sud de Dallol et à 790 kilomètres au nord d'Addis-Abeba.

L'Erta Ale possède à son sommet une caldeira de 1 600 mètres de long sur 700 mètres de large orientée nord-sud. Dans la caldeira se trouvent deux cratères d'effondrement (en) en forme de puits circulaires et aux parois verticales. Selon l'activité volcanique, des lacs de lave se logent dans ces cratères et disparaissent ou débordent temporairement.

Les Afars ne l'approchent pas, puisque son accès serait barré par des esprits gardiens de troupeaux l'entourant avec des chevaux volants[1].

Géologie[modifier | modifier le code]

Laves cordées du plancher de la caldeira, aspect typique des coulées pāhoehoe.

La dépression de l'Afar où se situe le volcan constitue une branche du rift continental qui parcourt l'Afrique orientale du Nord au Sud et qui pourrait, si son évolution continue, donner à terme une mer à trois branches, séparant l'Arabie, la plaque africaine, et une plaque somalienne insulaire à l'est[4].

La lave émise par l'Erta Ale est basaltique, faiblement gazéifiée et sa plus haute température mesurée s'élevait à 1 217 °C.

Le flux de chaleur mesuré est de 30 kW·m-2.

Le lac d'Erta Ale montre parfois une intense activité, bouillonnant à une température qui peut dépasser mille degrés (bouillonnement par dégazage du magma basaltique). Les images de ce lac sont souvent utilisées pour illustrer le refroidissement et la formation de la première croûte terrestre : la surface de lave est organisée en une multitude de cellules convectives par lesquelles la plus grande partie de la chaleur est évacuée par un réseau de fractures incandescentes qui correspondent à des remontées de lave (fontaines de lave, bouffées de gaz volcaniques). La contraction thermique associée au refroidissement de la lave en surface forme des fractures de forme polygonale (en) qui fragmentent la croûte de basalte en dalles de quelques mètres carrés. Les images sont également utilisées pour illustrer la tectonique des plaques : le mouvement permanent de la lave est dû à un régime de convection dans le magma sous-jacent, et permet d'observer en quelque sorte des zones d'accrétion et de subduction miniatures telle que dans les dorsales et les fosses de subduction[5].

Histoire[modifier | modifier le code]

Situé dans une région désertique et peu facile d'accès, l'Erta Ale n'est étudié des volcanologues que depuis la fin des années 1960 et le début des années 1970, mais il a été observé pour la première fois par Antoine d'Abbadie en 1841[6] et a été gravi en 1873 par Hildebrandt[7].

En 1968, une première expédition franco-italienne de volcanologues parvint au sommet de l'Erta Ale. Haroun Tazieff et Giorgio Marinelli observent alors deux lacs de lave : dans le cratère Nord un lac de cent mètres de diamètre et très actif et dans le cratère central un lac de 65 mètres de diamètre et moins actif, les deux étant situés à une profondeur de 165 mètres. Vraisemblablement actifs depuis au moins 1906, le niveau des lacs n'a cessé de remonter : en 1971, ils n'étaient qu'à une dizaine de mètres du bord des cratères et avaient à peu près le même diamètre et en 1972, ils ont débordé en noyant le plancher de la caldeira sous des coulées de lave. La situation durera jusqu'en 1974. De 1968 à 1973, Tazieff mène cinq autres expéditions sur le volcan où il procède à des séries de mesures sur la lave en fusion, grâce à un treuil qui permet de descendre sur la terrasse éruptive située sous les crêtes[8].

Le lac de lave de l'Erta Ale en 2001.

Aucune autre observation n'a été effectuée jusqu'en hormis quelques survols aériens et des observations satellites. Un éboulement des parois du cratère nord avait enfoui le lac de lave sous une masse de débris. Le niveau du lac central, dont les dimensions étaient de 40 à 70 mètres, était redescendu à cent mètres.

En 2001, la guerre avec l’Érythrée se termine et des équipes de scientifiques peuvent faire des mesures. Le lac mesure alors 80 par 100 mètres, se loge à une profondeur de 80 mètres et émet régulièrement des fontaines de lave de cinq à dix mètres de haut. Depuis cette date, le volcan est régulièrement visité. L’observation du lac de lave montre de fréquents changements de niveaux et d’activité.

Après une période de 20 mois où le lac s'est solidifié (2004), l'éruption est repartie. Le lac de lave du cratère sud-est est de nouveau présent. Son niveau varie d'un mois à l'autre. Lorsqu'il s'abaisse, il laisse des terrasses de basalte figé. Elles seront recouvertes quelques mois plus tard lorsque le lac remonte.

Début 2019, la lave est descendue à un niveau d'environ cent mètres en dessous de la caldeira, et elle est le plus souvent masquée par une abondante fumée blanche émise par le cratère.

En 2019 et 2020, de nombreuses phases d'anomalies thermiques ont été détectées[9].

Tourisme[modifier | modifier le code]

El Dom : camp de base pour l'ascension du volcan Erta Ale.

Depuis 2000 et la fin de la guerre entre l'Érythrée et l'Éthiopie, des agences spécialisées dans le tourisme scientifique (en) et d'aventure organisent des voyages à la découverte du volcan. Les touristes, escortés par des gardes locaux armés (en raison de l'instabilité de la région mal contrôlée par l'État[10]) parviennent en 4×4 jusqu'au village de Dodom situé à une dizaine de kilomètres du volcan. Un convoi de chameaux transportant matelas et sacs de couchage, permet d'atteindre un autre camp de base à 300 m du cratère. Les agences de voyage omettent de prévenir les touristes que le cratère laisse souvent échapper des fumées intenses qui empêchent une bonne visibilité[11],[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. [vidéo] aventurevolcansvideos, Erta Ale, le volcan mythique - Sur les volcans du monde 07/10 sur YouTube, (consulté le )
  2. L'ouverture du rift de l'Afar est telle qu'il s'effondre toujours plus bas. Depuis le Miocène (23 Ma), ce fossé d'effondrement a été plusieurs fois envahi par des transgressions marines. Vers 4 Ma, des lacs d'eau douce sont apparus épisodiquement.
  3. Guy de Saint-Cyr, D'un volcan à l'autre. Les aventures d'un chasseur de lave, La Martinière, , p. 176.
  4. Bernard Roussel, Le Rift est-africain. Une singularité plurielle, IRD Éditions, 2013 [lire en ligne], p. 17.
  5. Xavier Van der Stappen, Æthiopia. Pays, histoire, populations, croyances, art & artisanat, Musée royal de l'Afrique centrale, , p. 26
  6. Antoine d'Abbadie, Géographie de l'Éthiopie: ce que j'ai entendu, faisant suite à ce que j'ai vu, Mesnil, , p. 25.
  7. (en) Frances M. Williams, Understanding Ethiopia. Geology and Scenery, Springer, , p. 256-257.
  8. Roger Cans, Tazieff, le joueur de feu, Sang de la terre, , p. 217-223.
  9. (en) « Erta Ale », sur volcano.si.edu, Global Volcanism Program, Smithsonian Institution (consulté le ).
  10. La région à cheval entre l'Éthiopie, l'Érythrée et Djibouti, est un refuge pour des bandes nomades qui se livrent à des trafics, et pour des mouvements rebelles comme le Front uni démocratique révolutionnaire afar.
  11. (en) Patricia Erfurt-Cooper, Volcanic Tourist Destinations, Springer, , p. 310-312.
  12. (en) [vidéo] tletter, Erta Ale Volcano (Ethiopia) sur YouTube, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Erta'Ale, la montagne qui fume, film de Jacques Durieux, CERIMES, Vanves, 2000, 52 minutes (VHS).
  • Erta'Ale, 1. La naissance d'un océan, film de Jacques Durieux, CERIMES, Vanves, 2001, 26 minutes (DVD).
  • Erta'Ale, 2. Le désert des Afars, film de Jacques Durieux, CERIMES, Vanves, 2001, 26 minutes (DVD).
  • Erta'Ale, 3. Un volcan à explorer, film de Jacques Durieux, CERIMES, Vanves, 2001, 26 minutes (DVD).
  • Erta'Ale, 4. Un volcan à étudier, film de Jacques Durieux, CERIMES, Vanves, 2001, 26 minutes (DVD).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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