Aller au contenu

Billard A 80 D

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Billard A 80 D2)
A 80 D, A 80 D1, A 80 D2, A 80 D3, A 80 D4, R 210
Description de cette image, également commentée ci-après
Autorail des Compagnie de chemins de fer départementaux (CFD), en 1960.
Identification
Type autorail
Motorisation Diesel
Composition Monocaisse
Constructeur(s) Établissements Billard (Tours)
Nombre 5 préservés
Service commercial Depuis 1936
Caractéristiques techniques
Disposition des essieux B'2'
Écartement métrique (1 000 mm)
Moteurs de traction 1 moteur Diesel CLM 85 LC 3 (à l'origine)
Puissance continue 59 kW
Tare 9.5 t
Vitesse maximale 75 km/h

Les Billard A 80 D ses variantes D1, D2, D3 et D4 ainsi que le R 210 sont un modèle d'autorail et remorque à écartement métrique, construit par les Établissements Billard à Tours à partir de .

Histoire[modifier | modifier le code]

Genèse[modifier | modifier le code]

Cette machine est mise à l'étude sur la demande de la Compagnie de chemins de fer départementaux (CFD) qui recherchait, pour ses petites lignes, une automotrice économique de faible capacité[1]. La commande est passée, pour deux exemplaires, le . L'A 80 D no 1024 est livrée le au CFD des Charentes, qui lui attribue le no 315 et l'A 80 D no 1023 est livrée le au CFD d'Indre-et-Loire sud, qui lui attribue le no 513[2].

Modèles[modifier | modifier le code]

  • Autorails (tous à motorisation diesel) :
    • A 80 D, caisse large ;
    • A 80 D1, caisse étroite ;
    • A 80 D2, caisse étroite ;
    • A 80 D3, caisse large ;
    • A 80 D4, caisse étroite ;
  • Remorques :
    • R 210, remorque conçue sur base d'une caisse d'autorail A 80[3].

A 80 D[modifier | modifier le code]

L'un des premiers autorails, lors de sa présentation à la presse le .

Les CFD prennent livraison en et de sept autorails A 80 D dont les 31 et 32 en et les 311 à 315 en et , ces autorails sont complétés par la livraison de trois remorques R 210[4].

A 80 D1[modifier | modifier le code]

Autorail X1 des Tramways de la Corrèze (TC).

Les CFD prennent livraison en de douze autorails numérotés 601 à 612 pour les affecter au réseau de la Dordogne, en , l'autorail 606 est démotorisé et transformé en remorque et renuméroté Ra606[4].

En ou , la Compagnie générale de voies ferrées d'intérêt local (CGVFIL) acquiert les autorails 608 et 610 que la remorque Ra606, tout ce matériel est affecté au réseau du Pas-de-Calais[5]. À la fermeture du réseau, les deux autorails et la remorque sont vendus en aux Tramways de la Corrèze (TC) où les autorails prennent les n°X1 et X2[6],[7],[8].

Entre et , le PO-Corrèze rachète les neufs autres autorails 601-605, 607, 609 et 611-612, sept sont mis en service sous les numéros X245 à X251 sur le réseau du POC tandis que les 603 et 604 servent pour pièces[4].

A 80 D2[modifier | modifier le code]

Le réseau des Tramways de la Vendée (TV) alors géré par la Compagnie de chemins de fer départementaux (CFD) prend livraison en de quatre autorails A 80 D2, numérotées 701 à 704, leur livrée est bleue et grise[4].

En , la Compagnie générale de voies ferrées d'intérêt local (CGVFIL) rachète l'autorail n°704, en conservant son numéro, la compagnie l'utilise sur son réseau du Pas-de-Calais jusqu'en ou , il est alors muté sur la ligne d'Estrées-Saint-Denis à Crèvecœur-le-Grand, il y poursuit sa carrière jusqu'à la fermeture de la ligne en où il est ferraillé[note 1],[9],[10].

Les autres autorails sont ferraillés en [4].

A 80 D3[modifier | modifier le code]

Les CFD prennent livraison en d'un autorail A 80 D3 numéroté 316 et l'affecte sur son réseau des Charentes et Deux-Sèvres[4].

A 80 D4[modifier | modifier le code]

Les anciens autorails 514 et 515 à Rotterdam.

En et , les CFD prennent livraison de deux autorails A 80 D4 numérotés 514 et 515 qui sont affectés au réseau d'Indre-et-Loire[4].

En , ils sont vendus à la Rotterdamsche tramweg maatschappij (RTM) qui les met à l'écartement de 1 067 mm. La 515 est renumérotée AR2002BD, surnommée Stern (« sterninae ») tandis que la 514 renumérotée BPD2012 est transformée en remorque. Elles sont utilisées sur la ligne Blaaksedijk - Strijen (nl) jusqu'à sa fermeture le après quoi elles sont mises hors service[11].

R 210[modifier | modifier le code]

Compagnie de chemins de fer départementaux[modifier | modifier le code]

Les CFD prennent livraison en et de sept autorails A 80 D, ces autorails sont complétés par la livraison de trois remorques R 210 numérotées 1 à 3 en [4].

Tramways d'Ille-et-Vilaine[modifier | modifier le code]

En , les TIV prennent livraison de trois remorques R 210 numérotées R20 à R22[4]. En ou , la Compagnie générale de voies ferrées d'intérêt local (CGVFIL) les rachète en plus de deux autorails A 150 D6 et les affecte à son réseau du Pas-de-Calais[5]. À la fermeture du réseau, ils sont vendus en avec les deux A 150 D6 à la Société auxiliaire pour les chemins de fer secondaires (SACFS) pour le réseau du Tarn[6],[7].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Le type A 80 D désigne une « automotrice » (terme d'époque) monocaisse, bidirectionnelle, qui comporte deux bogies (un moteur et un porteur) dont la suspension, « triple originale et brevetée », est conçue pour permettre un maximum de confort et une circulation à vitesse élevée, du fait également d'un centre de gravité particulièrement bas. Ces caractéristiques constituent une amélioration sensible par rapport aux autorails précédents (Billard A 50 D, De Dion-Bouton, Tartary). L'autorail A 80 D a une capacité de 32 places assises (hors strapontins)[1].

La motorisation des deux premières unités est constituée par un moteur CLM, type 85 LC 3, un deux temps de 80 chevaux à 1 500 tr/min. Le moteur d'origine se révélant peu fiable en service, il est remplacé par un moteur Diesel, quatre temps, Berliet ou Willème, légèrement plus puissant (90 ou 100 chevaux). Cette modification sera d'abord effectuée lors de retour pour révision et entretien, puis de construction à partir de 1940. Le moteur est associé à une boîte de vitesses mécanique Minerva à cinq rapports[12].

Il existe deux types de caisses, suivant les gabarits des réseaux : le premier, celui à caisse large (A80D et A80D3), avec une largeur 2,40 m et une longueur 10,53 m, utilisé notamment sur les réseaux de la Compagnie de chemins de fer départementaux CFD, des Charentes, Yonne, Chemins de fer de la Corse et d'Indre-et-Loire sud ; et le second, celui à caisse étroite (A 80 D1, 2 et 4) avec une largeur 2,20 m et une longueur 11,43 m, utilisé sur les CFD Dordogne, Indre-et-Loire, Vendée, Seine-et-Marne, sur les chemins de fer du Tarn et en Corrèze[12].

Une remorque a également été conçue sur base de l'A 80 D, il s'agit de la R 210[13].

Modèle A 80 D[14] A 80 D1[15] A 80 D4[16]
Conduite bidirectionnelle bidirectionnelle bidirectionnelle
Longueur hors caisse / hors tout [mm] 10 530 / 11 366 11 430 / 12 310
Largeur hors caisse / hors tout [mm] 2 400 / ? 2 200 / ? 2 200 / ?
Entraxes bogies [mm] 7 450 8 330 8 330
Places assises fixes (strapontins) 28 (4) 27 (0)
Plans [14] [15] [16],[17]

Matériel préservé[modifier | modifier le code]

A 80 D[modifier | modifier le code]

Cinq exemplaires à caisse large ont été préservés :

Le A 80 D, no 1005 Billard, no 313 CFD Charentes, a été commandé le et livré le à Saint-Jean-d'Angély, il est autorisé à être mis en service le même jour. Son moteur d'origine, CLM 85 LC3 (85 chevaux), est remplacé par un Willème 100 chevaux. À la fermeture du CFD Charentes, il est envoyé au CFD Vivarais le sur lequel il circule jusqu'à sa fermeture en 1968. Conservé pour une utilisation de loisir touristiques par la Compagnie des chemins de fer régionaux (CFR), il est, en 1993, repris par les Voies ferrées du Velay (VFV) qui l'utilise et procède à une grande restauration, avec retour à sa livrée CFD Charentes, en 2001. Depuis, le réseau a été renommé Velay Express et l'autorail fait partie des machines utilisées pour le service touristique[18] ;

Le A 80 D, no 1006 Billard, no 314 CFD Charentes, a été commandé le et livré le à Saint-Jean-d'Angély, il est autorisé à être mis en service le . Son moteur d'origine, CLM 85 LC3 (85 chevaux), est remplacé par un Willème 100 chevaux. À la fermeture du CFD Charentes, il est envoyé au CFD Vivarais le puis sur le CFD Lozère de 1954 à 1961, il est de nouveau sur le CFD Vivarais de 1961 à 1967 et retourne sur le CFD Vivarais en 1968 quelque mois avant la fermeture de ce dernier. Il est récupéré et conservé, dès 1969, par le Chemin de fer du Vivarais pour son activité de chemin de fer touristique. Propriété du SNC Chemin de fer du Vivarais[19] ;

Le A 80 D, no 1005 Billard, no 315 CFD Charentes, a été commandé le et livré le , il est autorisé à être mis en service le . Son moteur d'origine, CLM 85 LC3 (85 chevaux), est remplacé par un Willème 100 chevaux. À la fermeture du CFD Charentes, il est envoyé au CFD Vivarais le sur lequel il circule jusqu'à sa fermeture en 1968. Conservé pour une utilisation de loisir touristiques par la Compagnie des chemins de fer régionaux (CFR), il est, en 1993, repris par les Voies ferrées du Velay (VFV).

Devenu une épave longtemps à l'abandon et vandalisée, il est confié en 2016, pour trente cinq ans, au Musée des tramways à vapeur et des chemins de fer secondaires français (MTVS) afin qu'il soit totalement remis en état. Il est transporté sur une remorque routière jusqu'à l'atelier du MTVS à Crèvecœur-le-Grand[20]. Le chantier de démontage débute le . Protégée de la corrosion l'ensemble des éléments présents sur le châssis ont été démontés et classés pour permettre le remontage à l'issue de la première phase de cette restauration[21] ;

Le A 80 D3, no 1023 Billard, no 513 Indre-et-Loire, a été commandé le et livré le . Son moteur d'origine, est un BCLM 85 LC3. Il a 608 074 km, au compteur, lorsqu'il est vendu au CFD Réseau de Saône-et-Loire.
Il a 768 369 km lorsqu'il est repris par la Société Auxiliaire pour les Chemins de Fer Secondaires (SACFS), pour circuler sur le réseau des Chemins de fer départementaux du Tarn dont elle reprend l'exploitation. Arrivé à Castres en février 1954, il circule jusqu'au , puis il rejoint Bordeaux pour entrer en chantier, chez Cardede, avant d'être expédié en Corse, en 1966, où la SACFS vient de reprendre l'exploitation du réseau.
Il est attaché au service messagerie puis à celui du matériel en 1974. Il est en mauvais état avec un moteur qui n'est pas complet[22]. C'est au cours des années 90, qu'il est mis hors service.
En 2007, il est légèrement modifié pour être intégré dans un décor du film L'Homme de Londres puis il est garé au dépôt de Bastia.
En 2018, il est déplacé pour être installé « à l'air libre à Lumio devant l'hangar du petit musée des CFC »[23].

A 80 D3[modifier | modifier le code]

Le A 80 D3, no 1025 Billard, no 316 CFD Charentes, a été commandé le et livré le , il est autorisé à être mis en service le .
Son moteur d'origine, est un Berliet MDB 3R. À la fermeture du CFD Charentes, il est envoyé au CFD Vivarais le .
Le moteur d'origine est remplacé par un Willème 100 chevaux en 1953.
Il est récupéré et conservé, en 1969, par le Chemin de fer du Vivarais pour son activité de chemin de fer touristique. Propriété du SNC Chemin de fer du Vivarais, il est en état de marche et régulièrement utilisé[24].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. 1955 dans Henri Domengie et José Banaudo (1955) et 1953 dans Claude Wagner (2013).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Broncard 2007, p. 73.
  2. Broncard 2007, p. 100.
  3. M. LE SAULNIER, « Les différentes remarques concernant la sortie d'usine des autorails et des remorques », sur le site des CFD.
  4. a b c d e f g h et i « Les « Billards » du succès : les autorails Mougel en H0m », Loco Revue, no 433,‎ , p. 959-968 (lire en ligne)
  5. a et b « Rolling stock », p. 269 dans (en) Martin Farebrother et Joan Farebrother, Tortillards of Artois : The metre gauge railways and tramways of the western Pas-de-Calais, The Oakwood Press, , 336 p. (ISBN 9780853616795)
  6. a et b « Disposal of assets », p. 283-285, dans Farebrother 2006
  7. a et b « Appendix One Motive power rolling stock summary », p. 322-325, dans Farebrother 2006
  8. « Le matériel roulant des tramways de la Corrèze », sur La Corrèze.
  9. Henri Domengie et José Banaudo, Les petits trains de jadis, t. IV : Nord de la France, Breil-sur-Roya, les Éd. du Cabri, , 251 p. (ISBN 2-908816-29-6), p. 58
  10. « Les autorails du réseau de Saint-Just-en-Chaussée », p. 216-219 dans Claude Wagner, Voies métriques en Picardie, LR Presse, (ISBN 9782903651749)
  11. A Dijkers, De rijtuigen van de Nederlandse paarden-, stoom- en motortramwegen., Leiden, NVBS, (ISBN 9080888516)
  12. a et b Broncard 2007, p. 75 et 100.
  13. Broncard 2007, p. 73 et 103.
  14. a et b J-P Soudet, Plan de l'automotrice type A 80 D (échelle 1/60e)
  15. a et b Vincent Lepaix, Diagramme des automotrices A 80 D1 série 601 à 613, livrées au réseau CFD de la Dordogne en 1938
  16. a et b RTM, N.V. Rotterdamsche Tramweg M Motorrutuig AR 2002 BD "Stern" (plan de l'autorail AR2002BD après sa modification par la RTM)
  17. (sans titre), plan de l'automotrice 515 et la 514 transformée en remorque telles que modifiées par la RTM
  18. « VM CFD Charentes autorail Billard 313 – VFV », sur patrimoine-ferroviaire.fr, (consulté le ).
  19. « VM CFD Charentes autorail Billard 314 – CFV », sur patrimoine-ferroviaire.fr, (consulté le ).
  20. « VM CFD Charentes autorail Billard 315 – MTVS », sur patrimoine-ferroviaire.fr, (consulté le ).
  21. MTVS, « MTVS - Restauration de l'autorail Billard A-80-D n°315 », sur helloasso.com (consulté le ).
  22. « VM CFD Indre-et-Loire Sud autorail Billard 513 – CFC », sur patrimoine-ferroviaire.fr, (consulté le ).
  23. Bernard Vieu, « Descriptif sommaire », sur autorail-carde-cfc., (consulté le ).
  24. « VM CFD Charentes autorail Billard 316 – CFV », sur patrimoine-ferroviaire.fr, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Yves Broncard, Autorails de France, t. IV : Les autorails légers des années 1930 - Les autorails légers des années 1940 - Billard, Paris, Les Éditions La Vie du rail, , 279 p. (ISBN 978-2915034684), chap. III (« Billard : Société anonyme des anciens établissements Billard & Cie »), p. 59-104. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Liens externes[modifier | modifier le code]