Alexeï Leonov

Alexeï Arkhipovitch Leonov | |
![]() Alexei Leonov en 1974. | |
Nationalité | ![]() ![]() |
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Sélection | 1er groupe militaire (TsPK-1) |
Naissance | Listvianka, RSFS de Russie ![]() |
Occupation précédente | Pilote de chasse |
Grade | Major-général dans l'Armée de l'air soviétique |
Durée cumulée des missions | 7 j 33 h 8 s |
Mission(s) | Voskhod 2 ASTP |
Insigne(s) | ![]() |
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Alexeï Arkhipovitch Leonov (en russe : Алексе́й Архи́пович Лео́нов), né le à Listvianka (oblast de Kemerovo), est un cosmonaute soviétique[1]. Il est le premier homme à réaliser une sortie extravéhiculaire dans l'espace dans le cadre de la mission Voskhod 2, le [2].
En 1975, pour sa deuxième mission, commandant la mission Soyouz 19, il participe à la mission Apollo-Soyouz, première coopération spatiale entre les États-Unis et l'Union soviétique, marquant un réchauffement des relations entre les deux pays pendant la guerre froide.
Sommaire
Voskhod 2[modifier | modifier le code]
Leonov est pilote de l'armée de l'Union soviétique lorsqu'il est sélectionné en 1960 pour devenir cosmonaute. Après un entrainement intensif de 18 mois destiné à l'habituer à l'apesanteur, il est désigné pour participer avec Pavel Beliaïev (commandant) à la mission Voskhod 2 dont l'objectif est de réaliser la première sortie extravéhiculaire dans l'espace.
La sortie dans l'espace[modifier | modifier le code]
Le , environ une heure et demie après que le vaisseau a été placé en orbite de 173x498 km, Léonov pénètre dans le sas gonflable Volga de Voskhod 2 pour commencer sa sortie dans l'espace. L'écoutille interne est refermée par Beliaïev. Celui-ci déclenche la dépressurisation du sas puis l'ouverture de l'écoutille externe. Leonov émerge prudemment du sas relié à la capsule spatiale par un filin de 4,5 mètres. Après s'être complètement extrait du sas, il est ébloui par le Soleil. Il signale qu'il parvient néanmoins à discerner les montagnes du Caucase que le vaisseau survole. Il enlève le capuchon de l'optique de la caméra fixée à l'extérieur sur le sas qui filme l'événement. Il tente d'effectuer des photos avec son propre appareil photo attaché à sa combinaison spatiale mais ne parvient pas à appuyer sur le déclencheur[3].
Alexeï Leonov raconte :
« Je m’avançais vers l’inconnu et personne au monde ne pouvait me dire ce que j’allais y rencontrer. Je n’avais pas de mode d’emploi. C’était la première fois. Mais je savais que cela devait être fait [...]. Je grimpais hors de l’écoutille sans me presser et m’en extirpais délicatement. Je m’éloignais peu à peu du vaisseau [...]. C’est surtout le silence qui me frappa le plus. C’était un silence impressionnant, comme je n’en ai jamais rencontré sur Terre, si lourd et si profond que je commençais à entendre le bruit de mon propre corps [...]. Il y avait plus d’étoiles dans le ciel que je ne m’y étais attendu. Le ciel était d’un noir profond, mais en même temps, il brillait de la lueur du Soleil… La Terre paraissait petite, bleue, claire, si attendrissante, si esseulée. C’était notre demeure, et il fallait que je la défende comme une sainte relique. Elle était absolument ronde. Je crois que je n’ai jamais su ce que signifiait “rond” avant d’avoir vu la Terre depuis l’espace. »
Après une dizaine de minutes à flotter dans l'espace, Leonov entame les manœuvres pour réintégrer le vaisseau spatial. Il est prévu qu'il rentre les pieds devant pour pouvoir se réinstaller dans son siège, sans avoir à effectuer une culbute dans le sas car le diamètre de celui-ci ne le permet théoriquement pas. Mais il se rend alors compte que, dans le vide, la combinaison s'est tellement dilatée que ses pieds et ses mains ne sont plus positionnés dans les gants et les bottes, comme s'il avait rétréci. Il doit faire tomber la pression dans son scaphandre à 0,27 atmosphère grâce à une valve pour retrouver un peu de maniabilité et, contrairement à ce qui était prévu, il s'introduit à grand peine dans le sas la tête la première. Une fois dans le sas, il effectue avec difficulté un retournement pour être positionné les pieds devant. Leonov est exténué, son pouls est monté à 143 battements par minute et sa température corporelle à 38 degrés Celsius. En nage, il ouvre son casque immédiatement après avoir déclenché la fermeture de l'écoutille externe et pressurisé le sas en violation de ses instructions. Il réintègre la cabine, puis l'équipage de Voskhod 2 entame la suite du programme de la mission. La marche de Leonov dans l'espace a duré 12 minutes et 9 secondes tandis que l'écoutille externe est restée ouverte en tout 23 minutes[3].
Le sas de Voskhod 2 et une combinaison Berkut.
La suite de la mission[modifier | modifier le code]
La mission rencontra d'autres problèmes par la suite. L'écoutille s'étant mal refermée, de l'air de la cabine fuyait lentement. Lors de la 17e orbite prévue pour la rentrée atmosphérique du vaisseau, la mise à feu des rétrofusées ne se déclencha pas, car le système d'orientation automatique du vaisseau n'avait pas fonctionné. Les deux cosmonautes durent utiliser un système manuel, imprécis, qui les fit atterrir à 386 kilomètres du site prévu, dans une zone inhospitalière de Sibérie, au milieu d'une forêt dense. Les deux hommes passèrent deux nuits sur place avant de pouvoir être rapatriés.
Toutes ces péripéties non prévues de la sortie extravéhiculaire et de la mission furent tues par les autorités soviétiques après l'annonce du succès de la mission. Elles ne seront dévoilées que bien plus tard lors de la libéralisation du régime. Le 3 juin de la même année, l'Américain Edward White réalisera la première sortie américaine dans l'espace, d'une durée de 20 minutes.
Le programme lunaire[modifier | modifier le code]
À la fin des années 1960, Alexeï Leonov participe ensuite au programme lunaire soviétique N1. Longtemps resté secret, ce programme N1 fut l'équivalent soviétique du programme Apollo : il prévoyait en effet de faire se poser un cosmonaute vers la fin des années 1960. A la tête du groupe des cosmonautes affectés à cette mission, Leonov s'est entraîné au pilotage du LOK, un Soyouz modifié pour la circonstance, et du LK, destiné à se poser. La fusée N1 (de la classe de la Saturne V américaine) devait propulser le train spatial vers la Lune. Leonov était pressenti pour être le premier Soviétique à poser le pied sur le sol lunaire[4] mais les essais de la fusée furent tous des échecs et le programme fut interrompu en novembre 1972, après l'explosion de la 4e et dernière fusée, alors que Leonov s'entraînait déjà à voler sur la station Saliout.
Soyouz 11[modifier | modifier le code]
En 1971, Leonov est prévu pour commander la mission Soyouz 11, en direction de la toute première station orbitale, Saliout 1, mais quatre jours avant le lancement, des tests médicaux laissent supposer qu'un membre de l'équipage, Koubassov, peut présenter des symptômes de tuberculose, ce qui entraîne alors le remplacement de tout l'équipage (Leonov, Koubassov et Kolodine) par l'équipage de réserve, composé de (Dobrovolski, Volkov et Patsaïev). Le vol est un succès mais se termine tragiquement par la mort des cosmonautes, asphyxiés par une fuite d'oxygène lors du retour sur Terre, le 29 juin.
Apollo-Soyouz[modifier | modifier le code]

En 1975, Leonov va jouer à nouveau un rôle décisif dans l'histoire du vol spatial puisqu'il est désigné commandant de Soyouz 19 en vue de la toute première jonction avec un vaisseau américain, après plus de dix ans de compétition dans l'espace et surtout trente années de guerre froide.
Accompagné de Valeri Koubassov Leonov pilote le Soyouz auquel vient s'arrimer le vaisseau américain Apollo, grâce à un système d'arrimage universel mis au point en collaboration par les deux pays. Les deux « cosmonautes » et les trois « astronautes » passent plusieurs heures ensemble avant la séparation et le retour sur terre. La poignée de main de Leonov et de Stafford, le commandant d'Apollo, est entrée dans les livres d'histoire.
Autres activités[modifier | modifier le code]
Général de l'Armée de l'Air (à la retraite) et héros de l'Union soviétique, Leonov est aussi un artiste peintre à l'origine de plusieurs œuvres souvent en rapport avec sa passion comme Près de la Lune. Il participe à de nombreux colloques et conférences, la dernière le à l'Euro Space Center à Redu (Belgique)[5].
Honneurs et récompenses[modifier | modifier le code]
L'astéroïde (9533) Aleksejleonov a été baptisé en son honneur. Un cratère lunaire porte également son nom.
Dans la fiction[modifier | modifier le code]
Dans le livre de Arthur C. Clarke, 2010 : Odyssée deux, d'où est tiré le film de Peter Hyams 2010 : L'Année du premier contact, le vaisseau spatial soviétique est nommé le Alexei-Leonov. Il devait s'appeler le Guerman Titov mais « il y en a qui tombent en disgrâce » dixit l'ambassadeur soviétique dans le film, référence au fort caractère connu de Guerman Titov.
Il est le personnage principal du film russe The Spacewalker (Время Первых, Vremya Pervyh, « Le temps des pionniers ») réalisé par Dmitri Kisseliov, sorti le 6 avril 2017.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Citoyen soviétique de nationalité russe, selon sa fiche biographique sur le site www.warheroes.ru.
- https://www.letemps.ch/sciences/alexei-leonov-lhomme-marcha-vide.
- Asif A. Siddiqi, p. 455-456.
- http://celestiasws.free.fr/pages/N1-Lune.html.
- eurospacecenter.be
Sources[modifier | modifier le code]
- (en) Asif A. Siddiqi (NASA), Challenge To Apollo: The Soviet Union and The Space Race, 1945-1974, University Press of Florida, , 512 p. (ISBN 978-0813026282, lire en ligne)Historique du programme spatial soviétique jusqu'à la fin du programme lunaire habité soviétique (1974) (NASA SP-2000-4408)
Annexes[modifier | modifier le code]
Liens internes[modifier | modifier le code]
- Apollo-Soyouz
- Programme lunaire habité soviétique
- Programme Voskhod
- Sortie extravéhiculaire (ou « EVA »)
Autres spacewalkers
- Edward White, premier Américain, et deuxième homme, à avoir réalisé une EVA (juin 1965)
- Alfred Worden, premier spacewalker translunaire (août 1971)
- Bruce McCandless II, premier homme à avoir réalisé une EVA libre (février 1984)
Liens externes[modifier | modifier le code]
- Notices d'autorité :
- Fichier d’autorité international virtuel
- International Standard Name Identifier
- Bibliothèque nationale de France (données)
- Système universitaire de documentation
- Bibliothèque du Congrès
- Gemeinsame Normdatei
- Bibliothèque nationale de la Diète
- Bibliothèque royale des Pays-Bas
- Bibliothèque universitaire de Pologne
- Bibliothèque nationale tchèque
- WorldCat
- Ressource relative aux beaux-arts : Union List of Artist Names
- (ru) Biographie d'Alexeï Arkhipovitch Leonov, Héros de l'Union soviétique
- (ru) Biographie d'Alexeï Arkhipovitch Leonov, cosmonaute soviétique
- (en) Vidéo de la première « marche dans l'espace » - Site de la NASA [vidéo]
- (fr) Alexeï Leonov. Le piéton de l'espace - Films de la Castagne, Les Docs de Nord, Screen-film, France-Russie. Réalisateur Vladimir Kozlov, 2011
- Cosmonaute soviétique
- Cosmonaute russe
- Exploration de l'espace en 1965
- Héros de l'Union soviétique
- Récipiendaire de l'ordre du Mérite pour la Patrie
- Récipiendaire de l'ordre de Lénine
- Récipiendaire de l'ordre de l'Étoile rouge
- Récipiendaire de l'ordre du Service pour la Patrie dans les Forces armées
- Pilote-cosmonaute de l'Union soviétique
- Récipiendaire du prix d'État de l'URSS
- Lauréat du prix du Komsomol
- Membre du Parti communiste de l'Union soviétique
- Naissance en mai 1934
- Naissance en RSFS de Russie
- Naissance dans l'oblast de Kemerovo
- Cosmonaute ayant effectué une sortie extravéhiculaire