Albert Lévy (magistrat)

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Albert Lévy
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Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (72 ans)
Nationalité
Activité

Albert Lévy, magistrat français, né le [1], termine sa carrière de magistrat de l'ordre judiciaire en tant que [2] vice-président chargé des fonctions de juge d'instruction près la juridiction interrégionale spécialisée [3] de Lyon (jusqu'au 30 juin 2017). Auparavant, il avait été substitut du procureur de la République au tribunal de grande instance de Toulon, où il fut chargé de la lutte contre l'affairisme toulonnais. Sa carrière aura été limitée et sans atteindre des fonctions importantes, au sein de la Magistrature

Depuis 2019, il est membre et milite pour le parti de gauche de L'Union populaire où il a été sur une liste Europe Écologie Les Verts aux législatives[pas clair]. Il possède aussi un compte Twitter où il est très actif[pas clair].

Débuts dans la magistrature[modifier | modifier le code]

Après avoir obtenu une maîtrise en droit et le certificat d'aptitude à la profession d'avocat (il fut avocat à Marseille), Albert Lévy intègre la magistrature et est nommé substitut du procureur de la République au Tribunal de grande instance de Dunkerque le .

Affairisme toulonnais[modifier | modifier le code]

Albert Lévy est ensuite nommé à Toulon en 1991. Son travail sur le grand banditisme l'oriente parfois vers la mairie de Toulon et le conseil général du Var. En dépit de ses efforts, des dizaines d'affaires s'évanouissent et s'évaporent en non-lieux. « Ouvertement engagé à gauche », Albert Lévy fait l'objet de mises en cause ordurières répétées[4],[5]. En 1995, Jean-Marie Le Chevallier (FN) est élu à la mairie de Toulon. La chancellerie est alertée mais le garde des Sceaux Jacques Toubon fait la sourde oreille. Le procureur de la République de Toulon reste muet, tout comme le préfet du Var Jean-Charles Marchiani.

En 1998, la tension est à son comble et le procès des assassins de la député FN Yann Piat doit s'ouvrir. Le substitut Albert Lévy ne croit pas à la thèse officielle d'un vulgaire règlement de comptes de truands et le fait savoir à plusieurs reprises[6].

Affaire des fuites[modifier | modifier le code]

Le , des extraits de procès-verbal sont publiés dans l'hebdomadaire VSD. Un homme d'affaires toulonnais, Sauveur Catalano, y prétendait qu'une filiale de Vivendi aurait versé un pot-de-vin à la mairie toulonnaise (alors tenue par le FN) pour obtenir le marché des cantines scolaires.

En 1998, Albert Lévy est poursuivi pour violation du secret professionnel[7] alors qu'il est substitut du procureur de la République de Toulon. Albert Lévy est soupçonné d'avoir remis au journaliste Claude Ardid le procès-verbal de l'audition de l'homme d'affaires Sauveur Catalano, témoin-clef du scandale de détournement de fonds aux cantines scolaires de Toulon.

Dans cet article, la municipalité FN était accusée d'avoir bénéficié de malversations par une entreprise candidate à l'attribution du marché des cantines scolaires de la ville. Le nom d'Albert Lévy commence à circuler. Il compterait parmi ses amis Robert Gaïa, député socialiste et Claude Ardid, coauteur d'un ouvrage sur l'affaire Yann Piat accréditant la thèse d'un assassinat politique et contenant des pièces d'instruction[8].

Albert Lévy nie les faits et estime avoir été victime d'antisémitisme et de manœuvres politiques. Il dit avoir été victime de rétorsion à cause des procédures qu'il avait engagées au parquet de Toulon contre le maire FN de l'époque, Jean-Marie Le Chevallier, et son épouse.

Instruction et procès[modifier | modifier le code]

Une instruction est menée à Paris par Marie-Paule Moracchini. Elle conduit fin 1998 à des écoutes téléphoniques, une perquisition au domicile d'Albert Lévy, à son placement en garde à vue et sous contrôle judiciaire avec obligation de soins psychologiques, une mesure annulée ensuite en appel. Placé sur écoutes téléphoniques, surveillé, filmé à son insu, Albert Lévy ne donnera aucun indice permettant aux enquêteurs d'accréditer ces soupçons. Ce n'est que sur la base d'un aveu de Claude Ardid, sans doute négocié par les enquêteurs[réf. nécessaire], qu'il sera finalement mis en cause.

Par deux fois, la chambre d'accusation de la cour d'appel de Paris désavoue la juge Moracchini, estimant que son enquête n'avait pas été conduite de manière régulière.

En janvier 2000, malgré deux annulations de procédure prononcées par la chambre d'accusation de la cour d'appel de Paris, la juge d'instruction Marie-Paule Moracchini signe une nouvelle mise en examen d'Albert Lévy pour « violation du secret de l'instruction ».

Pour le Syndicat de la magistrature, cette procédure relève « d'un acharnement étranger à tout esprit de justice et d'une pure logique de règlement de comptes ».

Albert Lévy comparait en septembre 2006 devant le tribunal correctionnel de Paris (17e chambre correctionnelle). Une amende de 3 000 euros est requise le par le procureur François Cordier, qui a également requis une amende de 2 000 euros contre le journaliste Claude Ardid. Le , le tribunal correctionnel de Paris relaxe Albert Lévy ainsi que le journaliste Claude Ardid[9].

Le calembour antisémite de l'APM[modifier | modifier le code]

Albert Lévy fut l'objet d'un calembour antisémite (« Tant va Lévy au four qu'à la fin il se brûle ») dans le journal de l'Association professionnelle des magistrats (APM) par un de ses dirigeants, Alain Terrail. Ce dernier fut condamné pour injure publique à caractère racial, et mis à la retraite d'office[10] par le Conseil supérieur de la magistrature.

Suite de la carrière[modifier | modifier le code]

Le , Albert Lévy prend ses fonctions comme substitut à Lyon. L'éventuel avancement professionnel auquel il pourrait prétendre est bloqué par sa mise en examen… jusqu'à décision la définitive sur le fond.

Projet d'enlèvement[modifier | modifier le code]

Le , Le Figaro révèle que des salafistes de l'association dissoute Forsane Alizza projetaient d'enlever Albert Lévy. Un différend personnel pourrait également être à l'origine du choix des islamistes. Le magistrat est placé sous protection policière et les salafistes arrêtés[5].

Engagement politique[modifier | modifier le code]

En 2007, Albert Lévy se met en disponibilité afin de participer aux législatives dans la liste des Verts[5].

Il est en 72e place sur la liste La France insoumise aux élections européennes de 2024 en France.

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Albert Lévy sur le catalogue de la BNF.
  2. Arrêté du 13 février 2017 portant admission à la retraite et maintien en fonction (magistrature) (lire en ligne)
  3. « Les juridictions interrégionales spécialisées », sur justice.gouv.fr, (consulté le )
  4. Stéphane Durand-Souffland, « Albert Lévy, le juge menacé par Forsane Alizza », sur Le Figaro, (consulté le )
  5. a b et c Lucie Soullier, « Qui est le magistrat que Forsane Alizza voulait enlever? », sur L'Express, (consulté le )
  6. Alain Léauthier, « Le procès de l'affaire Yann Piat. Règlements de comptes au tribunal. Les carences de l'enquête ont de nouveau été relevées hier. », Libération, (consulté le )
  7. « JUSTICE : Albert Lévy renvoyé devant le tribunal correctionnel, pour « violation du secret professionnel ». », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le )
  8. Fabrice Tassel, « Le substitut Lévy a subi une enquête zélée. L'instruction a déployé d'étonnants moyens contre quelques gêneurs varois. En vain. », sur Libération, (consulté le )
  9. « Secret de l'instruction : Albert Levy relaxé », sur L'Obs, (consulté le )
  10. Émilie Rive, « Le magistrat Alain Terrail, condamné pour injures racistes - L'Humanité », sur L'Humanité, (consulté le )