Cartel de Medellín
Cartel de Medellín | |
Date de fondation | 1976 |
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Fondé par | Pablo Escobar, Jorge Luis Ochoa Vásquez, Griselda Blanco, George Jung, Carlos Lehder et José Gonzalo Rodríguez Gacha |
Lieu | Medellín, Colombie |
Territoire | Colombie, États-Unis, Europe, Mexique. |
Années actives | 1976-1993 |
Activités criminelles |
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Alliés | Cartel de Guadalajara, La Corporación, Cartel du Golfe, Mafia russe,Mafia italienne, Cartel de Juarez, Cartel de Tijuana, |
Rivaux | Cartel de Cali, Los Pepes |
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Le cartel de Medellín est une organisation criminelle colombienne spécialisée dans le trafic de cocaïne entre l'Amérique du Sud et les États-Unis, développé à partir de la ville de Medellín, et dont la principale période d'activité se situe dans les années 1980. Le cartel opéra entre 1970 et 1980 en Bolivie, Colombie, au Honduras, au Pérou, aux États-Unis mais aussi au Canada et en Europe. Il fut fondé par Griselda Blanco, José Gonzalo Rodríguez Gacha, Pablo Escobar, Gustavo Gaviria, les frères Ochoa (Fabio, Jorge Luis et Juan David (en)) et Carlos Lehder.
À son apogée, le cartel de Medellín exportait plusieurs tonnes de cocaïne chaque semaine, générant au moins 420 millions de dollars par semaine et environ 25 milliards par an. Le cartel contrôlait alors 90 % du marché aux États-Unis et 80 % du marché européen de la cocaïne. Le terme « cartel de Medellín » a été créé en 1986 par deux journalistes du Miami Herald.
Historique
Le cartel de Medellín fut fondé par un parrain d'origine basque nommé Fabio Ochoa. Les principaux membres étaient José Gonzalo Rodríguez Gacha, Pablo Escobar, les frères Ochoa (Fabio, Jorge Luis et Juan David (en)), Carlos Lehder. Le cartel était constitué de plusieurs branches, notamment par les hommes chargés de la protection des stupéfiants ainsi que par des commis pour la commercialisation de la cocaïne.
Le cartel de Medellín était le plus grand réseau de narcotrafiquants du monde, soupçonné d'avoir commandité et exécuté des milliers d'assassinats de juges, politiciens, journalistes, policiers, militaires et autres. On a évalué que ce cartel fournissait de 70 à 80 % de la production mondiale de cocaïne pendant les années 1980. Le chiffre d'affaires du cartel se comptait en milliards de dollars (près de 25 milliards de dollars en 1981), le cartel aidait la population dite prolétaire des villes et des bidonvilles de Medellín.
Le nom de cartel lui a été donné car il se fonde sur le même schéma que les cartels d'entreprises : les différents chefs d'entreprises partagent les ressources comme les routes, mais gèrent de manière séparée leurs bénéfices. Il reçut le nom de la ville de Medellín où se situaient les principales opérations du cartel et qui était le lieu d'origine des responsables.
Le cartel de Medellín a été désintégré avec la mort de Pablo Escobar, celle de José Gonzalo Rodríguez Gacha, ainsi que de la plupart de leurs hommes de main, abattus par les forces de police, ou emprisonnés à perpétuité… Très peu d'entre eux sont encore en vie.
Histoire
Naissance et développement (1976-1984)
Histoire et organisation
L’origine du cartel date de l’année 1976 quand des petits groupes de trafiquants de drogues s'unirent, donnant naissance au cartel de Medellín. Ils décidèrent de s’associer afin de créer une entreprise illégale qui se développa de manière importante tant au niveau économique que militaire du fait des bénéfices dus au trafic de drogue. Les chefs visibles étaient Pablo Escobar (« El Padrino »), originaire de Rionegro, et Gonzalo Rodríguez Gacha (« El Mexicano »), originaire de Pacho Cundinamarca, chef militaire et trafiquant. Les associés étaient les frères Fabio, Jorge Luis et Juan David Ochoa, originaires de Medellín. Carlos Lehder, Germano-Colombien parlant couramment anglais, avait accès aux États-Unis grâce à son ami George Jung qui était un vétéran du trafic de marijuana. Il y avait aussi Griselda Blanco, la mentor de Pablo Escobar.
Au second rang il y avait Gustavo Gaviria et Roberto Escobar, respectivement cousin et frère de Pablo Escobar ; ils s’occupaient spécialement de la gestion de la comptabilité[1]. Il y avait aussi un grand nombre de jeunes recrutés à différentes fins, et qui commençaient à être connus par leurs différents surnoms (John Jairo Arias Tascón (es) alias Pinina, Jhon Jairo Velásquez alias Popeye, Mario Alberto Castaño Molina alias El Chopo, Dandeny Muñoz Mosquera alias La Quica, Branches Muñoz Mosquera alias Tayson, Carlos Mario Alzate Urquijo alias El Arete, El negro Pabón, HH, L’ange…). À la fin des années 1980, le cartel avait plus de 2 000 hommes uniquement dans l’organisation militaire.
Fonctionnement du trafic de drogue
Les trafiquants de drogues importaient au début des années 1970 de la coca du Pérou, et de Bolivie[2], et la transformaient en cocaïne, dans la forêt du Sud de la Colombie. La production était réalisée dans la jungle au sud de la Colombie et était transportée grâce à des pistes clandestines vers des zones d’embarquement dans d’autres zones du pays.
La nouveauté de cette organisation de trafic de drogue a été d'utiliser les moyens aériens afin d'acheminer la cocaïne aux États-Unis en y développant un marché de la drogue. De la jungle colombienne, la cocaïne était transportée par des petits avions qui volaient à très basse altitude au-dessus de la mer, jusqu’aux côtes des Bermudes, des Bahamas et de Floride. Le pilote associé de Pablo Escobar, Carlos Lehder alias « El Mágico », a même acheté une île située au large de la Floride[2], sur laquelle il a fait construire une piste d'atterrissage où transitaient tous les avions qui déchargeaient et faisaient escale entre la Colombie et les États-Unis. Une fois arrivée, la cargaison était déchargée et grâce aux associés qui achetaient la drogue, des millions de dollars étaient ramenés au pays.
Corruption
À son apogée le cartel de Medellín menaçait la souveraineté et l’intégrité du gouvernement de la Colombie. La faiblesse du gouvernement à l'époque permettait au cartel de s'imposer comme tel. Dans les quartiers de Medellín, où la pauvreté et la misère frappaient, il n'était pas rare que des organisations tentent de contrôler ou de partager le pouvoir. Toutefois, dans le cas du cartel de Medellín, les trafiquants s'imposaient en tentant de contrôler la région[3]. Mélangeant la menace aux pots de vin, les trafiquants offraient aux autorités policières et gouvernementales des sommes comparables à des multinationales rendant difficile le refus, puisqu’un refus marquait sa fin. Exerçant ainsi un certain contrôle sur les représentants gouvernementaux et exécutifs, il devenait plus facile pour le cartel de prospérer[4].
Maire de Medellín entre 1980 à 1982, Álvaro Uribe (président de la Colombie entre 2002 et 2010) accorda près de 200 licences de vol à des avions et hélicoptères appartenant (sous des noms d’emprunt) à Carlos Lehder, Pablo Escobar, Fabio Ochoa et autres « narcos » du Cartel. Le fait fut alors dénoncé par le Conseil national des stupéfiants[5]. Les campagnes électorales d'Álvaro Uribe et de plusieurs autres politiciens de la région de Medellín reçoivent des financements du cartel[6].
Carrière politique de Pablo Escobar
Pablo Escobar décide de développer une nouvelle face de sa carrière, il devient délégué suppléant élu en 1982 à la chambre des représentants sous les couleurs du Parti libéral. Grand mécène, il dépense des millions dans les bidonvilles, construisant même un quartier entier sur l'emplacement d'une décharge publique, le Barrio Pablo Escobar[7]. Ainsi durant cette période, Escobar se sert de sa fortune gagnée dans le trafic de drogue afin de redorer son image. Cependant très vite le gouvernement commence à critiquer cette vision, le ministre de la Justice commence à engager des poursuites, ainsi que le président du gouvernement. Ainsi, le climat change entre le cartel de Medellín et le gouvernement.
En 1984, l'élection de Pablo Escobar est invalidée et le cartel de Medellín commence une campagne profondément violente contre le gouvernement qui continuera jusqu'à la fin et la mort des principaux acteurs du cartel.
Développement de la phase extrêmement violente (1984-1989)
Début de l'opposition à Pablo Escobar
L'arrivée à la chambre des représentants de Pablo Escobar, conduit le ministre de la Justice à critiquer ouvertement Pablo Escobar et à l'accuser des nombreux crimes et délits qu'il avait commis. Cette accusation publique conduira à rendre publics les différents crimes et délits de Pablo Escobar, renversant l'image publique du chef du cartel de Medellín. Cette opposition du gouvernement conduira à sa radiation de la Chambre des députés et à la confiscation de ses biens. À partir de ce moment, Pablo Escobar conduit alors une guerre totale contre le gouvernement et tous ses opposants.
Guerre contre le cartel de Cali
Dans le milieu des années 1980 se développa un affrontement entre les narco-trafiquants du cartel de Medellín et du cartel de Cali. L'origine de l'affrontement entre les deux cartels est encore inconnue mais il semble qu'il soit dû au contrôle du trafic de drogue aux États-Unis. Les principales manifestations de cette guerre furent des assassinats ciblés commis à Cali, Medellín, New York ainsi que d'autres villes. Des attentats visèrent les installations d'une chaîne de pharmacie légale « Drogas la Rebaja », appartenant au cartel de Cali ; une voiture piégée explosa le dans la propriété Monaco de Pablo Escobar à Medellín. Ce fut enfin la participation financière du cartel de Cali à la lutte du groupe illégal « Los Pepes » dans les années 1992 et 1993.
Narco-terrorisme
Dans la deuxième moitié des années 1980 se développe un affrontement armé contre le cartel de Cali. En plus du trafic de drogue, le cartel de Medellín, principalement Pablo Escobar et José Gonzalo Rodríguez Gacha (les frères Ochoa n'ayant jamais été accusés d'actes de terrorisme) participèrent aux activités délictueuses des deux groupes « Muerte a Secuestradores » (« MAS »)[8] et « Los Extraditables »[9]. Ces actes consistaient en des assassinats et des actes de terrorisme contre des civils et contre le gouvernement colombien.
Le groupe MAS était un groupe paramilitaire créé au début des années 1980 par le cartel de Medellín en représailles à l’enlèvement de l'une des sœurs des frères Ochoa et d'autres proches des chefs narcotrafiquants par le groupe Movimiento 19 de Abril (M-19, groupe de guérilla nationaliste de gauche hostile au trafic de drogue)[10]. Après plusieurs attaques mutuelles et d'après plusieurs témoignages de ses membres, une trêve s'engagea entre le M-19 et Pablo Escobar, le MAS arrêta ses actions. Les paramilitaires assassinaient aussi des syndicalistes, journalistes et militants communistes ou libéraux de gauche, supposés sympathisants des groupes de guérilla (FARC, ELN, EPL, M-19).
La cartel de Medellín assassine le , Guillermo Cano Isaza, journaliste d'El Espectador, qui s'opposait à l'influence des cartels dans la politique nationale. Il fut assassiné sur les ordres de Pablo Escobar[11]. Ce même journal qui s'opposait au cartel fut victime d'une voiture piégée le . L'argent amassé par Pablo Escobar fait de lui l'une des personnes les plus riches de la planète selon le magazine Forbes qui le classe en 1989 au septième rang des personnes les plus riches au monde[12].
Le , le cartel de Medellín assassine le candidat à l'élection présidentielle du Parti libéral colombien, Luis Carlos Galán, opposant déclaré au cartel de Medellín et favorable à un traité avec les États-Unis permettant l'extradition des trafiquants de drogue aux États-Unis. Le groupe Los Extraditables (personnes susceptibles d'être extradées) fut créé afin de s'opposer à la politique d'extradition des trafiquants de drogue aux États-Unis par le gouvernement colombien. Ils commencèrent alors un certain nombre d'actes terroristes comme des assassinats de politiques, juges, militaires, et explosions de voitures piégées. Leur devise était « Nous préférons une tombe en Colombie qu'une prison aux États-Unis ». Le , le cartel tente d'assassiner César Gaviria, successeur de Luis Carlos Galán, candidat à la présidentielle colombienne en faisant exploser le vol 203 d'Avianca, faisant 107 morts. César Gaviria n'avait cependant pas embarqué dans l'avion[13], et fut élu président de Colombie en 1990. La mort de deux Américains dans l'avion contribua à renforcer les moyens donnés par les États-Unis, afin de lutter contre le cartel de Medellín et Pablo Escobar.
Fin (1989-1993)
José Gonzalo Rodríguez Gacha, aussi connu sous le nom de El Mexicano[14], devint célèbre pour ses faits de violences dans l'exploitation de l'émeraude. En plus de la violence liée aux drogues, il a toujours entretenu des liens avec des paramilitaires pour combattre les FARC et l'Union patriotique (parti politique de gauche décimé par les narcotrafiquants). À la mort de celui-ci en 1989, Pablo Escobar avait cumulé tellement d'ennemis que se créa le groupe de Los Pepes (acronyme de Perseguidos Por Pablo Escobar[15]), qui s'allièrent à Fidel Castaño, Carlos Castaño et des futurs commandants des groupes d'Autodéfenses unies de Colombie qui s'attaquèrent tant légalement, qu'illégalement au cartel de Medellín, appuyés par le gouvernement colombien.
Le cartel de Medellín disparaît au cours de l'année 1993 après la mort ou l'emprisonnement de ses chefs.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Guy Gugliotta et Jeff Leen, Les Rois de la cocaïne : l'histoire secrète du cartel de Medellín, Éd. Presses de la Cité, coll. Documents, 1989, 357 p. (ISBN 2-258-03020-X). Trad. par Pascal Martin et Octave Lepourpre.
- Don Winslow, La Griffe du chien, Éd. Fayard, coll. Fayard noir, 2005, 765 p. (ISBN 978-2213628097). Trad. par Freddy Michalski.
- Astrid Legarda Martínez, El verdadero Pablo Escobar: Sangre, traicion y muerte, Ediciones Dipon/Ediciones Gato Azul, 2005 (ISBN 978-9589760475).
Liens externes
- Journal télévisé du (archive de l'INA) qui relate la fin de Pablo Escobar.
- U.S. Intelligence listed colombian president Uribe among "important colombian narco-traffickers" in 1991.
- Doc de choc sur Pablo Escobar sur Dailymotion.
Notes et références
- « Roberto Escobar – Ma famille d’abord »,
- Texte de l'université de Sherbrooke sur la naissance du cartel de Medellín.
- « International organized crime: EBSCOhost », sur web.b.ebscohost.com (consulté le ).
- « Sponsor Content: Cocainenomics » (consulté le ).
- Maurice Lemoine, « La Colombie aux temps du choléra », sur Mémoire des luttes,
- (en) « "Narcopols": Medellín Cartel “Financed” Senate Campaign of Former President Álvaro Uribe », sur National Security Archive,
- Film en ligne concernant le Barrio Pablo Escobar.
- Traduction en français : « Mort aux ravisseurs ».
- Traduction possible en français : « les extradictionnables ».
- Traduction en français : Mouvement du 19 avril.
- (en) « Prestigious but failing Colombian paper ceases daily editions », The Miami Herald, .
- Article sur la mort de Pablo Escobar de l'université de Usher Brooke.
- (en) « Drug cartel tied to crash of Colombia jet, 107 dead », Chicago Sun-Times, , p. 2.
- Traduction en français : le Mexicain.
- Traduction en français : « Persécutées Par Pablo Escobar ».