(3) Junon

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(3) Junon ⚵
(3) Juno
Description de cette image, également commentée ci-après
images obtenues en 2003 par l'Observatoire du Mont Wilson, montrant un grand cratère
Caractéristiques orbitales
Époque (JJ 2454600,5)
Établi sur 7 357 observ. couvrant 79242 jours (U = 0)
Demi-grand axe (a) 399,48 × 106 km[1]
(2,670 4 ua)
Périhélie (q) 296,88 × 106 km[1]
(1,979 2 ua)
Aphélie (Q) 502,08 × 106 km[1]
(3,356 2 ua)
Excentricité (e) 0,256 8[1]
Période de révolution (Prév) 1 593,926 j[1]
(4,36 a)
Vitesse orbitale moyenne (vorb) 17,93 km/s
Inclinaison (i) 12,963°[1]
Longitude du nœud ascendant (Ω) 170,047°[1]
Argument du périhélie (ω) 247,917°[1]
Anomalie moyenne (M0) 211,64°[1]
Catégorie Astéroïde de la ceinture principale[1]
Satellite de Soleil
Caractéristiques physiques
Dimensions 234 ± 11 km
(290×240×190)[1],[2]
Masse (m) (2,82 ± 0,12) × 1019 kg[3]
Masse volumique (ρ) 3 900 kg/m3[4]
Gravité équatoriale à la surface (g) 0,12 m/s2[4]
Vitesse de libération (vlib) 0,18 km/s[4]
Période de rotation (Prot) 0,300 j[5]
Ascension droite du pôle nord (α) 7h12m[2],[6]
Déclinaison du pôle nord (δ) 50°[2],[6]
Inclinaison de l'axe 51°[réf. nécessaire]
Classification spectrale S[1]
Magnitude absolue (H) 5,33[1]
Albédo (A) 0,238 3[1]
Température (T) 163 K
Max : 301 K[7]

Découverte
Date [1]
Découvert par Karl L. Harding[1]
Nommé d'après Junon
Désignation A804 RA

(3) Junon (désignation internationale (3) Juno, du latin Iuno) est l'un des principaux astéroïdes de la ceinture principale et le deuxième plus massif de sa classe spectrale S. À sa découverte le par l'astronome Karl Ludwig Harding, il devint la troisième planète mineure connue après Cérès et Pallas. Il tire son nom de Junon, la femme de Jupiter dans la mythologie romaine.

Observations[modifier | modifier le code]

Découverte et classification[modifier | modifier le code]

Junon est découvert par l'astronome allemand Karl Ludwig Harding à l'observatoire de Lilienthal le alors qu'il est assistant de Johann Hieronymus Schröter[8],[1]. L'astéroïde est d'abord considéré comme planète à l'instar de (1) Cérès et (2) Pallas et se voit assigner un symbole. Avant les années 1850, le diamètre de Junon est estimé à 2 290 km, un ordre de grandeur supérieur à la valeur actuellement acceptée de 234 km. Après 1850, il est considéré comme « planète mineure » ou « astéroïde »[9]. La première vingtaine d'astéroïdes découverts se sont vus attribuer un symbole afin de faciliter leur notation abrégée, celui de Junon était ⚵.

Principales observations scientifiques[modifier | modifier le code]

Junon est le premier astéroïde pour lequel une occultation a été observée : celle de l'étoile SAO 112328 le . Plusieurs occultations ont ensuite été étudiées et ont permis de déterminer les dimensions de l'astéroïde[10].

James Hamilton rapporte une légère modification de l'orbite vers 1839, probablement due au passage à proximité d'un astéroïde non identifié. L'hypothèse d'un impact par un petit corps est peu probable[11]. Des images de Junon obtenues récemment par le télescope Hooker de l'observatoire du Mont Wilson, en optique adaptative, montrent une tache noire qui pourrait être un cratère d'impact récent ou une couche d'éjectas de 100 km de diamètre ou plus. Les courbes de lumière visible et infrarouge précédemment observées, principalement liées à la non-uniformité de l'albédo de la surface, sont compatibles avec ces observations[12],[13].

Sa masse a été estimée à partir des perturbations qu'il exerce sur l'orbite de Mars en mesurant le signal radio des missions spatiales martiennes[14].

Des observations spectroscopiques ont permis d'étudier la composition de la surface de Junon, qui contient, à l'instar des chondrites, des silicates ferreux comme l'olivine et le pyroxène[15].

Observation amateur[modifier | modifier le code]

Avec une magnitude de 7,5 lors des oppositions favorables, Junon est alors plus brillant que la planète Neptune ou la lune de Saturne, Titan[réf. nécessaire]. Toutefois, en raison de l'excentricité de son orbite, sa magnitude à l'opposition varie entre 7,5 et 10,2 entre 2005 et 2019 (voir tableau ci-dessous).

Oppositions de Junon de 2005 à 2019[16].
Date
(UTC)
Distance[17]
(ua)
Diamètre
apparent ()
Magnitude
(mag)
Constellation
1,06 0,303 7,55 Orion
2,13 0,151 9,70 Lion
2,28 0,141 10,05 Ophiuchus
1,19 0,267 7,63 Poissons
1,78 0,181 8,85 Lion
2,38 0,136 10,17 Serpent
1,68 0,190 8,97 Verseau
1,34 0,241 8,16 Hydre
2,31 0,140 10,02 Vierge
2,08 0,154 9,75 Écu de Sobieski
1,03 0,310 7,47 Éridan

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Propriétés orbitales[modifier | modifier le code]

Position de Junon (haut : centre du rectangle ; bas : centre du cercle) et de la famille Juno hypothétique dans les diagrammes inclinaison-semi-grand axe et inclinaison-excentricité.

Junon orbite autour du Soleil en 4,36 années avec un demi-grand axe de 2,76 unités astronomiques et une excentricité de 0,26[1]. En raison de son excentricité élevée, supérieure à celle de Pluton, il s'approche davantage du Soleil que Vesta au périhélie et s'en éloigne plus que Cérès à l'aphélie. Il fallut attendre 50 ans pour que l'un découvrît un astéroïde d'excentricité supérieure (33) Polymnie. L'inclinaison de Junon est de 12,9°, il peut donc se retrouver en dehors du Zodiaque.

V. Zappalà a émis l'hypothèse selon laquelle Junon est à l'origine d'une famille d'astéroïdes, par éjection de fragments lors d'impacts. La famille Junon, hypothétique, serait composée, outre Junon lui-même, d'astéroïdes de petite taille — le plus gros candidat, (32326) 2000 QO62, mesurant environ 6 km. Lors de l'étude, la plupart des candidats partageaient des éléments orbitaux similaires :

Orbite de Junon (ligne pointillée bleue) comparée à celles de la Terre (petite ellipse rouge), de Mars (ellipse rouge moyenne) et de Jupiter (grande ellipse rouge). Trois angles de vue sont donnés. Gauche : 90°, l'orbite terrestre est vue du dessus; milieu : 30°, l'orbite terrestre est vue de biais; droite : 0°, l'orbite terrestre est vue par la tranche.

Orientation[modifier | modifier le code]

L'astéroïde effectue une rotation en 0,300 jours (7 h 12 min), le pôle nord pointant vers le point de la voûte céleste de coordonnées écliptiques λ = 103 ± 10° (longitude) et β = +27 ± 10° (latitude)[2], soit une ascension droite de 7h12m et une déclinaison de 50°. L'inclinaison de l'axe d'environ 50°.[réf. nécessaire]

Propriétés physiques[modifier | modifier le code]

Avec un diamètre moyen de 234 ± 11 km[1], Junon est du 8e au 19e plus gros astéroïde de la ceinture principale en raison de l'incertitude sur les tailles des petits corps du système solaire[19]. Sa courbe de lumière permet de mesurer ses dimensions triaxiales de 290, 240 et 190 km[2]. Sa masse a été estimée à (2,82 ± 0,12) × 1019 kg grâce à son influence sur l'orbite de Mars[14],[3].

Junon partage avec d'autres astéroïdes de classe spectrale S (notamment Hébé, Iris et Parthénope) la présence d'un mélange d'olivine et d'orthopyroxène pauvre en calcium (silicates ferreux) que l'on retrouve dans les météorites chondritiques. Parmi les astéroïdes de classe S, il est le candidat plus probable pour être à l'origine des chondrites, par éjection lors d'impacts[15]. La température maximale mesurée sur la surface exposée au soleil est de 293 K (). Au périhélie la température devrait donc atteindre 301 K (28°C)[7].

Dans la culture[modifier | modifier le code]

Astrologie[modifier | modifier le code]

Junon fait partie des quatre planètes mineures à être prises en compte dans l'astrologie occidentale. Junon étant la femme de Jupiter dans la mythologie gréco-romaine, son influence sur le mariage est mise en avant. Elle est associée à la compatibilité, la sensibilité aux désirs intimes d'autrui, la réaction à la frustration, à la créativité artistique, à la famille et au clan[20],[21].

Dans les œuvres de fiction[modifier | modifier le code]

Dans la série télévisée d'anime Mobile Suit Gundam (1979) de Yoshiyuku Tomino, Junon est placé au point de Lagrange L3 du système Terre-Lune, et renommé Luna 2, afin de servir de gisement de matières premières pour la construction de colonies spatiales. Il devient ensuite une base militaire de la Fédération Terrienne[22].

Le roman de science-fiction Éon (1985) de Greg Bear relate l'arrivée dans le système solaire d'un astéroïde identique à Junon, Thistledown, qui est creux et habité de villes construites par des humains.[réf. nécessaire]


Galeries[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s (en) Caractéristiques et simulation d'orbite de 3 dans la JPL Small-Body Database.
  2. a b c d et e (en) M. Kaasalainen, J. Torppa, J. Piironen, « Models of Twenty Asteroids from Photometric Data », Icarus, vol. 159, no 2,‎ , p. 369–395 [lire en ligne] Note : les dimensions sont déduites et arrondies à 10 km près à partir du diamètre moyen et des rapports a/b et b/c
  3. a et b (en) Elena V. Pitjeva, « High-Precision Ephemerides of Planets—EPM and Determination of Some Astronomical Constants », Solar System Research, vol. 39, no 3,‎ , p. 176 (DOI 10.1007/s11208-005-0033-2)
  4. a b et c Déduit des paramètres mesurés
  5. (en) A. W. Harris, B. D. Warner, P. Pravec (dir.), Asteroid Lightcurve Derived Data V9.0, NASA Planetary Data System, 2007 [« catalogue »
  6. a et b L'ascension droite et la déclinaison sont déduites du système de coordonnées écliptiques (λ, β).
  7. a et b (en) Lucy F. Lim, Timothy H. McConnochie, James F. Bell, Thomas L. Hayward, « Thermal infrared (8-13 µm) spectra of 29 asteroids: the Cornell Mid-Infrared Asteroid Spectroscopy (MIDAS) Survey », Icarus, vol. 173, no 2,‎ , p. 385-408 (DOI 10.1016/j.icarus.2004.08.005, résumé)
  8. « Karl Ludwig Harding » dans l'Encyclopædia Britannica 2007
  9. (en) James L. Hamilton, « When did asteroids become minor planets », sur United States Naval Observatory
  10. (en) R. L. Millis, L. H. Wasserman, E. Bowell, O. G. Franz, N. M. White, G. W. Lockwood, R. Nye, R. Bertram, A. Klemola, E. Dunham, D. Morrison, « The diameter of Juno from its occultation of AG+0°1022 », The Astronomical Journal, vol. 86,‎ , p. 306-313 (DOI 10.1086/112889, résumé)
  11. (en) James L. Hamilton, « US Naval Observatory Ephemerides of the Largest Asteroids », The Astronomical Journal, vol. 117,‎ , p. 1077-1086 (DOI 10.1086/300728) [lire en ligne]
  12. (en) Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, « Asteroid Juno Has A Bite Out Of It », (consulté le )
  13. (en) Sallie Baliunas, Robert Donahue, Michael R. Rampino, Micheal J. Gaffey, J. Christopher Shelton, Subhanjov Mohanty, « Multispectral analysis of asteroid 3 Juno taken with the 100-inch telescope at Mount Wilson Observatory », Icarus, vol. 163, no 1,‎ , p. 135-141 (DOI 10.1016/S0019-1035(03)00049-6)[lire en ligne]
  14. a et b (en) Elena V. Pitjeva, « Estimations of masses of the largest asteroids and the main asteroid belt from ranging to planets, Mars orbiters and landers », dans 35th COSPAR Scientific Assembly. Held 18 - 25 July 2004, in Paris, France, (lire en ligne), p. 2014.
  15. a et b (en) Michel J. Gaffey, Thomas H. Burbine, Jennifer L. Piatek, Kevin L. Reed, Damon A. Chaky, Jeffrey F. Bell, R. H. Brown, « Mineralogical variations within the S-type asteroid class », Icarus, vol. 106, no 2,‎ , p. 573 (DOI 10.1006/icar.1993.1194, résumé)
  16. (en) Éphémerides de (3) Juno, système HORIZONS du Jet Propulsion Laboratory [interface web [[interface telnet]. Note : les dates d'opposition correspondent au maximum local d'élongation pour des éphémérides calculées sur des intervalles de six heures. Les paramètres correspondants, à l'exception de la distance, sont tabulés dans ces éphémérides.
  17. Estimée, à confirmer à l'aide des éphémérides
  18. (en) V. Zappalà, Ph. Bendjoya, A. Cellino, P. Farinella, C. Froeschlé, « Asteroid Families: Search of a 12,487-Asteroid Sample Using Two Different Clustering Techniques », Icarus, vol. 116, no 2,‎ , p. 291-314 (DOI 10.1006/icar.1995.1127, résumé)
  19. (en) Classement par taille du [JPL Small-Body Database Search Engine ssd.jpl.nasa.gov, en plaçant Junon dans une fourchette de 214 à 254 km en raison des incertitudes sur les tailles des astéroïdes.
  20. Gyan Surya, Astrology 101 : Beginner's Guide to Reading Your Chart, Trafford Publishing, , 106 p. (ISBN 1-4120-1463-8, lire en ligne)
  21. Gail Fairfield, Choice Centered Astrology : The Basics, Weiser, , 353 p. (ISBN 1-57863-017-7, lire en ligne)
  22. (en) « Mobile Suit Gundam: High Frontier — Life In The Universal Century », sur Dyar Straights

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]