Église Notre-Dame de Doulezon

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Église Notre-Dame
de Doulezon
Image illustrative de l’article Église Notre-Dame de Doulezon
Vue sud-ouest (juillet 2014)
Présentation
Culte Catholique
Dédicataire Notre-Dame
Type Église paroissiale
Rattachement Archidiocèse de Bordeaux
Début de la construction XIe, XIIe, XIIIe, XVIe siècles
Style dominant roman
Protection Logo monument historique Classé MH (2002)
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Nouvelle-Aquitaine
Département Gironde
Commune Doulezon
Coordonnées 44° 47′ 34″ nord, 0° 00′ 16″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Église Notre-Dame de Doulezon
Géolocalisation sur la carte : Gironde
(Voir situation sur carte : Gironde)
Église Notre-Dame de Doulezon
Géolocalisation sur la carte : Aquitaine
(Voir situation sur carte : Aquitaine)
Église Notre-Dame de Doulezon

L'église Notre-Dame est une église catholique située dans la commune de Doulezon, dans le département de la Gironde, en France[1]. Datant primitivement du XIe siècle, d'architecture romane, elle est classée au titre des monuments historiques.

Localisation[modifier | modifier le code]

L'église et son cimetière la ceignant se trouvent au cœur du village, à proximité de la place principale.

Historique[modifier | modifier le code]

L'édifice, construit au XIe siècle en style roman, a été agrandi et aménagé aux XIIe et XIIIe siècles et vu son chevet surélevé au XVIe siècle ; il présente une nef assez vaste précédant un chœur voûté en croisée d'ogives (comme une croisée de transept) dont le clocher rectangulaire qui le surmontait a été détruit vers 1700.
Les colonnes du portail ainsi que celles du chœur sont surmontées de chapiteaux[2] aux sculptures remarquables de même que les modillons[3] aux visages et faces d'animaux ou de monstres grimaçants soutenant les corniches extérieures, datés du XIIe siècle.

L'église a été classée au titre des monuments historiques en totalité par arrêté du [1].

Description de la décoration[modifier | modifier le code]

Le Portail

La porte est en plein cintre et se compose de trois arcades en retrait unies, retombant sur des colonnes cylindriques. L'ébrasement est profond et les voussures restent plates. Le tympan et les six tailloirs sont dépourvus d'ornement.

Chapiteau 1
Homme lissant sa barbe
Chapiteau 2
Pommes de pin
Chapiteau 3
Le soldat et le rêveur oisif
Ébrasement nord du portail

Ébrasement nord du portail

Chapiteau 1 : Homme lissant sa barbe

Un homme nu, assis, lisse sa barbe. Un autre homme, debout, lui jette un regard réprobateur accompagné d'un jeu de mains traduisant un rejet. Deux gros volatiles se dressent de chaque côté. Dans l'imagerie romane, l'homme nu assis est un symbole d'un vieux démon qu'il convient d'éviter.

Chapiteau 2 : Des pommes de pin

Chapiteau 3 : Le soldat et le rêveur oisif

Cette composition oppose deux hommes qui se tournent le dos : un soldat portant une lance et un homme assis qui tient entre ses mains une tige située devant lui, un symbole roman à connotation sexuelle. La moralité des deux scènes est que le bon chrétien sait tourner le dos à la luxure ; il est un homme d'action capable de porter la croix ou le fer, pour le bien de sa foi.

Chapiteau 2
Daniel priant entre quatre lions
Chapiteau 3
Lion bicorporé androcéphale
Ébrasement sud du portail

Ébrasement sud du portail

Chapiteau 1 : décor de feuilles lisses

Chapiteau 2 : Daniel entre quatre lions

La sculpture est érodée, mais on distingue un personnage qui se tient debout en oraison entre quatre fauves.

Chapiteau 3 : lion bicorporé et androcéphale

Sur les deux faces de la corbeille, deux fauves ont leurs corps unis au niveau d'une tête humaine souriante. Leurs queues sont rentrées et sexualisées, comme le lion solitaire. Le bicorporé est un emblème maléfique, celui de deux êtres emprisonnés dans une même passion, attachés aux plaisirs et exclus du salut. Dans la région de l'Entre-deux-Mers, il est un antagoniste habituel de Daniel entre les lions.

La nef
L'abside

À l'intérieur de l'église la nef et le chœur sont aniconiques.

La décoration figurée se trouve concentrée à l'entrée du transept et à celle du chœur.

Les six chapiteaux sont décrits ci-dessous.

Les chapiteaux côté nord évoquent des scènes profanes, ceux de côté sud relatent des histoires bibliques.

Lion solitaire

Chapiteau nord 3 : lion solitaire

Sur ce chapiteau se trouve un fauve encadré par des grappes ressemblant à de grosses framboises. Il tourne, vers les fidèles, sa tête monstrueuse qui montre les dents.Sa queue rentrée et sagittée fait saillie sur le flanc. La sexualisation de sa queue, au milieu de fruits paradisiaques, qui sont synonymes de plaisir, permet de supposer qu'il incarne la sensualité et le péché de chair.

L'homme et les lions rieurs

Chapiteau sud 3 : l'homme et les lions rieurs

Cette corbeille est chargée d'une harde de lions joyeux qui bousculent un homme qui fait mine de prier. Les trois plus proches ont tiré leurs langues sur l'homme et les trois autres sont hilares.Il semble que ce chapiteau soit une parodie burlesque de Daniel dans la Fosse aux lions.

Il n'était pas rare que la caricature un peu leste égaye la sévérité des églises romanes. Ici un des lions, en plus d'être hilare fait signe d'un digitus impudicus avec sa patte.

Les danseurs
Caladrius et un chien danseur

Chapiteau nord 2 : la danse

Sur la face tournée vers les fidèles, un couple se tient mutuellement par les épaules. Le cavalier tournoie avec vigueur ; sa jupe vole au-dessus des cuisses. Sur les autres faces, il y a deux chiens dressés sur leur arrière-train, dansent face à face en se léchant mutuellement le museau. Entre les deux paires de danseurs, se tient un gros oiseau qui détourne son regard du couple de danseurs humains. Cet oiseau, le caladrius, avait au Moyen Âge la réputation de prophétie : « Si la maladie de l'homme est mortelle, l'oiseau détourne ses yeux ». La maladie qui touche les danseurs est de nature morale, c'est le péché.

La danse profane est généralement symbole de luxure.

Ici, elle est associée avec une parodie, interprétée par des chiens domestiques, et une condamnation à la Mort éternelle, grâce au caladrius qui détourne sa tête.

La danse de Salomé

Chapiteau sud 2 : Salomé et la Décollation de Saint-Jean-Baptiste

À droite, le tétrarque Hérode est assis sur un trône. Au centre, la princesse Salomé danse. Elle est cambrée en arc de cercle et, détail acrobatique, un de ses pieds tient l'équilibre sur une courte échasse. À gauche, le bourreau apporte la tête de Jean sur un plateau. Derrière, le prophète décapité se tient toujours debout, les mains jointes en direction des cieux. On trouve la même représentation dans l'église Saint-Romain de Cessac, sans doute produit par le même atelier.

Encore une condamnation de la danse.

Discordia

Chapiteau nord 1 : discordia

Ce double chapiteau met en scène une vive mêlée de six lutteurs. Ils s'en prennent mutuellement à leurs barbes et à leurs cheveux. Le scénario sert, à la fois, à illustrer les méfaits de la violence et à rappeler que « Discordia » gâche l'existence des vivants et les mène directement en Enfer ; il se peut, du fait que les protagonistes sont tous barbus et identiquement vêtus, que la scène tourne en dérision les frères convers, une des cibles des censeurs du clergé.

Lamentation d'Adam et Ève

Chapiteau sud 1 : la lamentation d'Adam et Ève

Ce chapiteau est dégradé, mais il y a une scène identique à Saint-Vincent de Pertignas qui permet d'inférer qu'il représente Dieu le Père interdisant l'Arbre de vie à Adam et Ève après qu'ils eurent goûté le fruit de l'Arbre de la connaissance du bien et du mal.

À gauche, se dresse l'Arbre de vie qui porte des cônes tenant des framboises ou des pommes de pin. Il y a aussi un homme nu-pieds, en robe longue qui est tourné vers Adam et Ève. Il ne reste que le bas de la robe et les pieds. Le personnage d'Adam est intact. Il est voûté par le remords, vêtu d'une symbolique feuille de figuier et il tient avec tant de vigueur sa pomme d'Adam que sa langue sort entre ses lèvres (un détail que l'on trouve aussi à Église Saint-Christophe de Courpiac). Seuls, les pieds d'Ève subsistent avec la queue du serpent. L'Arbre du Bien et du Mal a été détruit, laissant seulement des fruits sphériques.

Les modillons

Les modillons soutiennent la corniche du chevet. Ils datent de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe.

Il y a cinq têtes humaines, cinq animaux fantastiques et trois avec des formes géométriques. Les modillons sur la façade ouest sont très dégradés.

Les mascarons

Les formes géométriques


Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Inscription de l'église Notre-Dame », notice no PA00083540, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Chapiteaux de l'église Notre-Dame de Doulezon sur Commons.
  3. Modillons de l'église Notre-Dame de Doulezon sur Commons.
  4. Christian Bougoux, L'imagerie romane de l'Entre-deux-Mers : l'iconographie raisonnée de tous les édifices romans de l'Entre-deux-Mers, Bordeaux, Bellus éd., , 828 p. (ISBN 978-2-9503805-4-9 (édité erroné))