Édouard Ducret
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Marie Édouard Augustin Ducret, né en 1854 et mort à Paris le , est un journaliste et romancier français de la fin du XIXe siècle.
Biographie
Journaliste républicain de tendance nationaliste, Édouard Ducret débute dans les années 1870 et collabore à de nombreux périodiques, tels que La Bibliographie contemporaine, revue pour laquelle il signe des critiques littéraires en 1873, le Paris-Journal, Le Matin ou encore La Lanterne, journal auquel il fournit un feuilleton (Le Baiser funeste) en 1883-84.
En 1882, il tente de fonder son propre journal, La République illustrée, mais la compagnie qu'il a créée fait faillite moins de deux ans plus tard[1]. L'année suivante, il publie Paris-Canaille - Mœurs contemporaines, chez Henry Oriol, éphémère éditeur qui a repris un temps la librairie de Maurice Lachâtre.
En 1886, il écrit un roman à clef, Chignon d'Or, qui égratigne sous de faux noms plusieurs personnalités politiques et lui vaut les éloges d'Émile Zola[2].
En 1887, alors secrétaire de rédaction à La Lanterne, il rejoint le mouvement boulangiste réunissant, autour du général Boulanger, les opposants au gouvernement républicain modéré incarné par Jules Ferry. Lors de l'agitation qui suit la tentative d'assassinat commise contre ce dernier par Aubertin, les articles acerbes de La Lanterne sont accusés d'avoir encouragé le geste du criminel, ce qui entraîne une vive altercation entre Ducret et Valentin Simond, de L'Écho de Paris, mais le duel est finalement évité[3]. À la même époque, il collabore à La Petite République française de l'ancien préfet de police Andrieux[4] et à La Presse, journal boulangiste dont il assure la direction en en l'absence de Laguerre[5]).
Polémiste, il entraîne de vives controverses qui terminent quelquefois par un duel au pistolet, comme en contre son confrère de La Lanterne Victor Flachon[6].
Malgré l'échec du boulangisme, Ducret reste fidèle au programme du parti, qu'il résume en trois points (« l'alliance russe », « la réconciliation des Français dans l'oubli des querelles religieuses » et « la lutte sans merci contre le parlementarisme »[7]) qui constituent la ligne éditoriale des feuilles boulangistes qu'il est amené à diriger, Le Petit National (journal auparavant de tendance radicale) puis La Cocarde.
En 1891, Ducret se brouille avec André Castelin, rédacteur en chef et précédent directeur de La Cocarde, qui l'accuse d'être un agent du ministre de l'Intérieur, Ernest Constans[8]. L'affaire se termine par un duel[8] et par le départ de Castelin, laissant Ducret cumuler la direction et la rédaction du quotidien nationaliste. C'est à ce double titre qu'il publie, à l'automne 1892, une série d'articles qui contribuent à la révélation du scandale de Panama. Sur la base de renseignements que lui auraient fournis le courtier Arton, rencontré durant un voyage au Havre, l'ancien administrateur de la Compagnie du canal, Cottu, et Andrieux[9], il affirme que l'ancien président du conseil Charles Floquet aurait reçu (pour son gouvernement, et non pour lui-même) 300.000 francs de la compagnie[10]. À propos de la mort subite du baron de Reinach, Ducret n'hésite pas à émettre l'hypothèse d'un assassinat. Russophile et anglophobe, Ducret critique la complaisance du gouvernement à l'égard de la politique anglaise en Égypte et attaque l'agence anglaise Dalziel, qu'il accuse, lors de « l'affaire Dalziel », de vendre des dépêches destinées à nuire à l'alliance franco-russe au profit du Royaume-Uni[11].
Poursuivant l'année suivante (1893) une campagne de presse qui a explicitement pour but de venger le boulangisme, il accuse Georges Clemenceau de s'être « vendu » au gouvernement britannique. Cette nouvelle révélation, portée à la tribune de la Chambre par Lucien Millevoye, est fondée sur des documents diplomatiques qui auraient été dérobés à l'ambassade du Royaume-Uni. Il s'avère cependant que ces papiers ont été forgés par un escroc récidiviste, Louis-Alfred Véron, dit « Norton ». Ducret, défendu lors de son procès en cour d'assises par Edgar Demange, est ainsi condamné à un an de prison pour usage de faux. Incarcéré à Sainte-Pélagie, il y rédige un essai dans lequel il se disculpe en prétendant être tombé dans un piège tendu par un « agent international » (au service des gouvernements britannique et français).
La situation de Ducret rend la publication de La Cocarde de plus en plus difficile. Après quelques mois, il doit finalement abandonner ce journal, dont Maurice Barrès reprend la direction.
À la fin de sa vie, Ducret est nommé chef des informations à La Libre Parole par son ami Édouard Drumont. Ducret ne semble pas avoir été pour autant un antisémite convaincu[12] et reste peu de temps à La Libre Parole, qu'il quitte après l'échec d'un « canard » sur un prétendu retour du choléra en France[13].
Le , il meurt en son domicile du 62 de la rue de Clichy. Son service funèbre est célébré le à la Trinité[14].
Publications
- Paris-Canaille - Mœurs contemporaines, Paris, Henry Oriol, 1883, puis Dentu, 1888.
- Amoureuse, Paris, Paul Ollendorff, 1885.
- Chignon d'Or - Mœurs parisiennes, Paris, Paul Ollendorff, 1886.
- Comment se fait la politique - Les dessous de l'affaire Norton, Paris, Chamuel, 1894.
- Les Vendeuses d'amour, Paris, Flammarion, 1897.
- Le Calvaire d'une vierge, Paris, Flammarion, 1898.
Notes et références
- Journal des sociétés civiles et commerciales, Paris, Larose, novembre 1882, p. 17 et juin 1884, p. 97.
- « Librairie », Journal des débats, 4 juillet 1886.
- « Tentative d'assassinat contre M. Jules Ferry », Journal des débats, 11 décembre 1887.
- Comment se fait la politique ..., p. 34.
- Comment se fait la politique ..., p. 29-30.
- « Nouvelles diverses », Journal des débats, 3 mars 1889.
- Comment se fait la politique ..., p. 2.
- Comment se fait la politique ..., p. 10.
- Sources indiquées par Ducret lui-même (Comment se fait la politique ..., p. 4-46) pour disculper Ernest Constans.
- Comment se fait la politique ..., p. 4-46.
- Comment se fait la politique ..., p. 67-79.
- « J'avais eu quelques relations cordiales avec M. le marquis de Morès pendant le Boulangisme, puis nous avions été en complet désaccord sur la question antisémitique » (Comment se fait la politique ..., p. 115).
- Raphaël Viau, Vingt ans d'antisémitisme 1889-1909, Paris, Eugène Fasquelle, 1910, p. 356-357.
- Le Temps, 16 avril 1900.