Utilisateur:Leonard Fibonacci/Nisibe

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Nusaybin
Nisibe
Leonard Fibonacci/Nisibe
Ruine de l'église Saint-Jacob à Nusaybin.
Administration
Pays Drapeau de la Turquie Turquie
Région Région de l'Anatolie du sud-est
Province Mardin
District Nusaybin
Préfet Mustafa Temel Koçaklar
2000
Indicatif téléphonique international +(90)
Plaque minéralogique 47
Démographie
Population 92 323 hab.
Géographie
Coordonnées 37° 04′ 00″ nord, 41° 13′ 00″ est
Altitude 472 m
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Turquie
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Nusaybin
Géolocalisation sur la carte : région de l'Anatolie du Sud-Est
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Nusaybin
Géolocalisation sur la carte : province de Mardin
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Nusaybin
Liens
Site de la mairie http://www.nusaybin.bel.tr
Site du district Gokkan - BDP)
Site de la province http://www.mardin.gov.tr

Nisibe ou Nusaybin (Nisibis ou encore Nizibis, en kurde Nisêbîn, en syriaque ܨܘܒܐ, Ṣôbâ) est une ville du sud-est de la Turquie située dans la province de Mardin, à la frontière turco-syrienne jouxtant Qamishli. En fonction des auteurs, la ville et sa région, font partie soit de la Haute-Mésopotamie, soit du Sud de l'Anatolie, sur le territoire de l'Osroène où de l'ancienne Commagène. Elle fut un haut-lieu de l'histoire du christianisme de langue syriaque. Nisibe est aussi connue comme l'ancienne Antioche de Mygdonie. La ville fut d'une grande importance religieuse et à partir de la délocalisation de la célèbre école d'Edesse elle devint en 489 un centre universitaire.

Histoire[modifier | modifier le code]

La plus ancienne mention de la ville de Nisibe remonte au Xe siècle av. J.-C., lorsqu'elle est conquise en 901 av.J.C., par les troupes Assyriennes de l'Empereur Adad-nerari II (ou Adad-nirari ou Adad-Nerari ou Adad-nārārī, 912-891). C'était alors un royaume Araméen.

En 852 av.J.C elle est annexée à l'Empire Assyrien et elle apparaît dans les listes Assyriennes comme le siège d'un Gouverneur provincial nommé Shamash-Abua. De la moitié du IXe siècle, jusqu'à 612 av.J.C elle est la capitale d'une province Assyriennes.

Dès 608 elle passe sous annexion des Néo-Babyloniens (609-539), puis tombe aux mains des Perses Achéménides (549-331), et le restae jusqu'à sa prise, en 332, par Alexandre le Grand (336-323).

Antioche de Mygdonie sous les Séleucides[modifier | modifier le code]

Plusieurs auteurs dont Strabon (Géographe Grec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C) et Flavius Josèphe témoignent que cette région est appelée la Mygdonie (en Grec : Μυγδονία, en Latin : Mydonia). Sous l'Empire Séleucides (305-64 av.J.C), qui suivit, Nisibe fut appelée Antioche de Mygdonie (En Grec : 'Aντιόχεια de Μυγδονίας). Elle fut mentionnée sous ce nom par Polybe (Général, homme d'État et historien Grec, v.205-126 av.J.C) dans sa description de la marche du Roi Antiochos III (223-187) contre le Général Molon et son frère Alexandre (Polybe, V, 51). Plutarque (Philosophe, biographe et moraliste Grec, 46-v.125) suggéra que la ville fut peuplée par des descendants Spartiates ?.

Vassale de l'Arménie et des Parthes[modifier | modifier le code]

Nisibe repris son nom à partir de 141 av.J.C. lorsque l'Arménie d'Artavazde Ier (ou Artavasdes ou Artavaside ou Artuasdes, 160-149 ou 160-123) prit possession de l'Adiabène[1] (Royaume de Mésopotamie dont les deux villes principales étaient Nisibe et Arbèles, aujourd'hui Erbil en Irak).

Dans cette période l'Adiabène est parfois vassale de l'Empire parthe et parfois de l'Arménie. Les Parthes ont dépossédé les Séleucides de leurs territoires d'abord en Iran et par la suite en Mésopotamie. Les Arsacides, la dynastie parthe régnante, laissaient une grande liberté à leurs feudataires. Ainsi le satrape d'Adiabène était généralement autorisé à s'appeler lui-même roi et était reconnu comme tel par ses contemporains. Il n'a pas exercé le privilège de frapper sa propre monnaie, alors que certains de ses pairs ont laissé beaucoup de preuves d'activité numismatique[2] (monnaies en bronze de Natounia datant de la fin du Ier siècle av. J.-C., A propos d'un atelier monétaire d'Adiabène : Natounia ).

En 85 av. J.-C., Tigrane II d'Arménie rejette la vassalité de l'Arménie envers les Parthes, il récupère des territoires qu'il avait dû leur céder[3] et impose sa suzeraineté sur plusieurs territoires parthes, dont l'Adiabène, l'Osroène (pays d'Édesse) et Nisibe, la Gordyène[N 1] et l'Atropatène, l'Arzanène (pays d'Ardzène, vers le haut du Tigre) et la Mygdonie (ou pays de Nisibe)[4]. « Les dynastes ou rois de ces provinces conservent leur couronne, mais comme vassaux du nouveau “Grand Roi”[4]». Tigrane prend en effet le titre de « roi des rois », réservé aux souverains parthes[5]. Mais en 65 av. J.-C., Pompée envahit l'Arménie qui devient alors un protectorat romain[6]. Les Parthes en profitent pour se jeter sur l'Arménie[6]. D'une traite, ils pénètrent jusque sous les murs d'Artaxata, mais s'ils doivent ensuite se replier, ils récupèrent la souveraineté sur plusieurs territoires dont l'Adiabène et la Corduène[6],[N 2]. Par la suite les Romains interviennent pour chasser les Parthes de Corduène[6], montrant ainsi qu'ils prennent au sérieux la protection de Tigrane le Grand devenu leur roi client[7] (accords d'Artaxata). Toutefois, les Parthes s'en emparent à nouveau deux ans après.

Importante communauté juive[modifier | modifier le code]

La première preuve d'une colonie juive dans la ville est racontée par Flavius Josèphe dans les Antiquités judaïques. Il dit qu'à Nisibe et à Nehardea, les Juifs de Babylonie consacraient leurs demi-shekels, leurs vœux et leurs dons au Temple de Jérusalem ; ils ont voyagé de Nisibis à la ville sainte[8]. La communauté semble avoir été bien fondée car elle a également absorbé les Juifs de Séleucie et de Ctésipon qui ont fui la vengeance de leurs voisins à la suite des actes d'Anilaeus et d'Asinaeus[8]. (voir * Nehardea ).

Selon Josèphe, « Nehardea et Nisibis, »[9], « étaient les trésoreries des Juifs d'Orient, où les taxes du Temple étaient entreposées jusqu'aux jours dits pour les envoyer à Jérusalem. » Nehardea était également la ville natale de Hanilaï et Hassinaï[10], deux frères qui, au premier tiers du Ier siècle, fondèrent brièvement un royaume brigand sur l'Euphrate, qui causa une réaction locale violemment anti-juive après leur mort[11],[12].

Au Ier siècle[modifier | modifier le code]

Selon Moïse de Khorène, Nisibe est la capitale du roi d'Osroène Abgar V, jusqu'à ce qu'il l'abandonne en transférant ses archives et tous ses Dieux dans la ville d'Édesse dont il fait sa nouvelle capitale. Lors du règne du roi parthe Artaban II (12 - 36-38) Nisibe et la Mygdonie environnante sont données au roi d'Adiabène Izatès II qui, par son autorité, lui a permis de retrouver son trône, alors que sa noblesse avait mis en place un autre roi pour le remplacer[13],[14]. À l'époque, le territoire de Nisibe est habité par un grand nombre de Juifs. Avant la destruction du [[Temple de Jérusalem]) (70), Nisibe est la ville de Juda ben Bathyra I (ou Judah Bathyra ou Beseira) qui y fonde une Yechivah (ou Yeshivah, centre d'étude de la Torah et du Talmud dans le Judaïsme). Elle demeure un territoire de l'Adiabène, même lorsque celle-ci redevient vassale de l'Arménie (36), ou sous le règne de Monobaze II (v. 55 - v. 70).

La ville est connue pour avoir été un centre de la Torah au cours du deuxième siècle, lorsque Judah ben Bathyra II a attiré des étudiants d'aussi loin que la Palestine[8]. Au cours du troisième siècle, à la suite de l'influence croissante des chrétiens, dépassant celle de leurs voisins juifs, les relations de Nisibis avec la Palestine et ses érudits se refroidirent[8]. (À noter que dans un document de 989, un Netira b. Tobiah ha-Kohen, de Nisibis, est mentionné comme habitant de la ville de Damietta en Égypte[8].)

Comme beaucoup d'autres villes elle fut un lieu où s'affrontèrent les luttes de pouvoir entre Romains et Parthes et elle fut souvent prise et reprise. Notamment une fois par Lucius Licinius Lucullus (115-57, homme d'État et Général Romain) après un long siège (Dion Cassius, XXXV, 6,7), puis à nouveau, en 115, par l'Empereur Romain Trajan (98-117), pour lequel il gagna le nom de Parthicus. Puis perdue et retrouvée contre les Juifs lors de la Guerre de Kitos (ou révolte des exilés, en Hébreu : מרד הגלויות Mered hagalouyot ou מרד התפוצות Mered hatfoutzot) qui fut une insurrection quasi-générale et simultanée des Juifs contre les Romains. Enfin elle fut reperdue au profit des Parthes en 194.

Elle resta leur possession jusqu'à sa récupération par l'Empereur Romain Septime Sévère (193-211) à la fin du IIe siècle qui en fit son quartier général et y rétablit une colonie. À partir de cette époque, compte tenu de son emplacement idéal et de son importance économique et militaire, elle fut constamment disputée entre les Romains et les Perses Sassanides (224-651) et la ville changea à plusieurs reprises de propriétaire. La dernière bataille entre Rome et les Parthes eut lieu dans les environs de la ville en 217. Ces derniers furent remplacés comme puissance dominante de la région par la dynastie Sassanide. Leur Roi Châhpûhr I (ou Šāpūr ou Šābuhr ou Shapur ou Sapor, 241-272) conquis Nisibe, mais en fut chassé en 260 par les Romains.

  • (fr:wiki).

En 298 un accord de paix y est conclu entre l'Empire romain et les Sassanides à la suite de la victoire l'année précédente de Galère sur le « Grand Roi » Narseh.

La ville fut le siège de l'École théologique de Nisibe, une des grandes écoles théologiques des premiers siècles du christianisme, en prenant la suite de l'école d'Édesse (dite aussi école des Perses) après la fermeture de celle-ci en 489.

En 530, Nisibe est le théâtre d'une bataille pendant la guerre d’Ibérie opposant l’empire byzantin sous le commandement du général Bélisaire, aux Sassanides de Kavadh Ier. Kavadh Ier, avec l’aide des Lakhmides, battit les forces de Bélisaire, résultant en une victoire sassanide après la défaite de la bataille de Dara.

La proche région est connue au VIIe siècle, avant la conquête musulmane, en syriaque comme Beth Arabâyâ, et en persan Arvastân.

Nom syriaque de Nisibe[modifier | modifier le code]

Selon Alain Desreumaux, le nom syriaque de Nisibe est Soba[15].

Sabéens des marais[modifier | modifier le code]

Selon A. Vincent « les auteurs arabes du Xe siècle connaissent la secte et la mentionnent sous le nom de moughtasilas ou sabéens des marais chaldéens. (A. Vincent, art. Sabéens dans Dictionnaire de théologie catholique, T. XIV I, Paris, 1939, col. 436) » De plus le mot sabéen en arabe sert aussi à désigner les pseudo-Sabéens ou Sabéens d'Harran. On peut conclure que chez des auteurs comme Averroës les termes Chaldéen et Sabéens sont quasiment synonimes.

Les sabéens des marais ou Subba` des marais sont aussi appelés moughtasilas chez les auteurs arabes. Il existe aussi l'appellation "sabéens des marais chaldéens" qui sert à désigner les sabéens ou pseudo-sabéens de Harran. Al Nadin dit que le chef des "sabéens des marais" était El Chsai, c'est-à-dire que leur fondateur était Elkasaï.

Origine des pseudo-Sabéens d'Harran[modifier | modifier le code]

Ernest Renan dans sa Vie de Jésus introduit l'hypothèse d'une influence éloignée de l'Inde. Des moines bouddhistes seraient parvenus jusqu'à Babylone et en Syrie. Boudasp (Boudasap de Tabarî, Yuzasaph de la tombe de Srinagar, josaphat de Barlam et Josapha, Bodhisattva), le fondateur du sabisme, serait réputé originaire de l'Inde.

Dans son Précis de la géographie universelle (Paris 1847), Malte-Brun précise que le sabéisme tient un rang plus élevé que le polythéisme et consiste dans l’adoration des corps célestes, du Soleil, de la Lune et des étoiles, soit séparément, soit tous ensemble. Et Malte Brun d'ajouter : « Ce système très ancien, répandu sur toute l’étendue du globe, même au Pérou, s’est mêlé avec toutes les autres religions; mais il n’existe plus sans mélange que chez quelques tribus isolées. Son nom vient des Sabéens ou Sabiens, ancien peuple de l’Arabie. » Certains estiment que cette religion aurait fait des emprunts au platonisme qu'elle aurait transmis à l'Islam[16]. Sarakhsi écrivit un ouvrage sur eux[17].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Article Nisibe - Zeugma, sur http://antikforever.com.
  2. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Iranica Adiabene
  3. (en) N. Garsoian, « Tigran II », dans Encyclopædia Iranica (lire en ligne).
  4. a et b René Grousset, Histoire de l'Arménie, Payot, 1984 (ISBN 978-2-228-13570-2), p.  87.
  5. Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007, p. 121.
  6. a b c et d Encyclopædia Iranica, Article Arménia and Iran ii. The Pre-Islamic Period, par M. L. Chaumont.
  7. René Grousset, op. cit., p. 99.
  8. a b c d et e Encyclopaedia Judaica, Article Nisibis.
  9. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII. IX, § 1.<
  10. Encyclopaedia Judaica, Article Nehardea.
  11. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XVIII. IX.
  12. (en) Adrian David Hugh Bivar, « The political history of Iran under the Arsacids », dans Ehsan Yarshater (dir.), The Cambridge History of Iran : The Seleucid, Parthian and Sasanid Periods, vol. 3, (ISBN 9780521200929), p. 69-73
  13. (en) Richard Gottheil "Jewish Encyclopedia: article Adiabene"
  14. (en) Richard Gottheil et Isaac Broydé, « Izates » (d'Adiabène), sur Jewish Encyclopedia.
  15. Desreumaux 1993, p. 76, note no 76.
  16. Laboratoire d’Études sur les Monothéismes UMR 8584
  17. Les livres hermétiques


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