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Albert Abrahan Hazan
Nom de naissance Albert Abrahan Hazan
Naissance
XX, Algérie
Décès
Jérusalem, Israël
Nationalité Française
Pays de résidence France, Israël
Diplôme
Activité principale
Autres activités


Albert Abrahan Hazan (hébreu : יהודא ליאון אשכנזי Yehouda Lion Ashkenazi), plus connu en France sous le totem de Manitou, est un rabbin franco-israélien du XXe siècle (1922-1996).

Après une enfance algérienne interrompue par la Seconde Guerre mondiale, il participe à la renaissance du judaïsme français d'après-guerre, combinant sa formation kabbalistique aux enseignements du philosophe Jacob Gordin pour faire redécouvrir la pensée juive à une génération qui en fait, avec André Neher et Emmanuel Levinas, l’un de ses maitres à penser. À la suite de la guerre des Six Jours, il émigre en Israël et devient l’un des plus importants porte-paroles du sionisme religieux en France.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

L’Algérie[modifier | modifier le code]

Fils du dernier grand-rabbin d’Algérie, Léon Ashkenazi nait à Oran dans une famille de huit enfants. Tant son père que sa mère descendent de kabbalistes renommés.

Baignant dans une atmosphère multiculturelle, il se définit alors comme « Français d’Algérie de religion juive », priant en hébreu, fredonnant en arabe, parlant en français. Il étudie la tradition juive auprès de son père, de son grand-père maternel et de leurs disciples tout en suivant une scolarité laïque à l’École française. L’antisémitisme le touche peu : ses contacts avec les chrétiens sont infréquents et l’antisémitisme de l’islam ne s’exprime que dans la sphère religieuse ; les Juifs vivent dans des quartiers particuliers mais non séparés, comme au Maroc ou en Tunisie. Opposé à l’assimilation religieuse, il se considère cependant comme indubitablement Français, membre à part entière de la nation française.

Il intègre en 1940 les Éclaireurs israélites de France, alors que ce mouvement entre en résistance contre l’Allemagne nazie. Les « Français d’Algérie de religion juive » deviennent des « Juifs indigènes algériens » et le demeurent jusqu’à l’arrivée du général de Gaulle, alors que l’Afrique française a déjà été libérée. Le jeune Léon, qui a par ailleurs vu son nom en bonne place sur une liste d’otages, découvre alors une « faille dans [sa] relation à l’identité française ». Sa condition juive le privant d’intégrer l’armée régulière, il s’engage dans la Légion étrangère en 1943 en tant qu'aumônier militaire pour se retrouver interné au camp de Bedeau de 1943 à 1944, en raison de cette même origine. Il fait ensuite la guerre dans la Coloniale, un corps de métier de l’infanterie française. Parti avec l’Armée d'Afrique, il est blessé à Strasbourg quelques semaines avant la victoire et c’est en convalescence qu’il assiste à la fête pour l’Armistice sur la Canebière.

Le contingent de permissionnaires dont il fait partie retourne en Algérie mais il est dérouté sur Constantine parce qu’au même moment éclatent les premières révoltes nationales arabes.

La France[modifier | modifier le code]

Rapidement contraint de quitter l’Algérie, Léon Ashkenazi débarque en France, ayant toutefois mesuré la fragilité de sa relation « naturelle » à celle-ci. En même temps, il a pris conscience de la dimension « nationale » du judaïsme à travers le caractère irréversible de la destruction des communautés d’Europe.

Il répond donc à l’appel de Robert Gamzon (Castor), dont il a reçu une circulaire sur le front d'Alsace en 1944, pour relever les EIF et fonder l’école des cadres Gilbert Bloch d'Orsay, afin de reconstituer la communauté juive et ses cadres. Il y rencontre sa future épouse, Esther (Bambi), rescapée de la Shoah, et Jacob Gordin, son « premier maitre de la tradition ashkénaze », dont il recueille l’enseignement. C’est à la demande de ce dernier que le jeune rabbin demeure à l'École d'Orsay pour enseigner le judaïsme, tandis que Robert Gamzon et d’autres choisissent d’émigrer en Israël en 1949.

Devenu directeur de l'école, commissaire général des EEIF (de 1954 à 1955) et président de l'UEJF, Léon Ashkenazi obtient une licence en philosophie ainsi qu’un diplôme de l'École d'ethnologie et d'anthropologie du Musée de l'Homme. Il entreprend de raviver le judaïsme des jeunes générations, « affadi par deux siècles de Haskalah », critiquant à la fois l'immobilisme de la communauté orthodoxe, le réformisme du Consistoire d’alors, et le rationalisme universitaire qui, « confondant érudition et sagesse, ne sait plus croire aux choses dont il parle ». Activement engagé dans la restauration du dialogue judéo-chrétien, il dénonce l’aberration théologique que constitue à ses yeux le judéo-christianisme, affirmant que le judaïsme n’a pas à justifier l'honorabilité de sa tradition ni à la mesurer à l’aune des valeurs des philosophies et civilisations qui n'ont cessé de la juger. Il enseigne aussi le caractère positif d’une identité nationale juive qui transcende les nombreuses cultures juives de la diaspora et les unit bien plus efficacement que ne l’aurait fait un simple ciment « religieux ».

Pensant trouver la réalisation concrète de ces idées en Israël où il organise des voyages pour les élèves de l'École d'Orsay et pour les cercles universitaires, il envisage de s’y établir mais remet la chose à plus tard car son père, souffrant, a besoin de lui pour organiser le rapatriement de sa communauté en France. Celui-ci met du temps à s'organiser, pendant lequel Manitou s'investit totalement dans l'aspect éducatif. Bien que ne remplissant pas de fonction de « ministre officiant », il se considère comme « un rabbin qui enseigne aux universitaires ».

En 1957, il présente au Séminaire de l'Union mondiale des Étudiants juifs un rapport intitulé « l'héritage du judaïsme et l'université ». Il dénonce l'inadéquation et l'inaptitude tant des universités que des yeshivot à assurer un enseignement à la fois moderne et enraciné dans le judaïsme. Il n'aura donc de cesse d'y remédier, en donnant de nombreuses conférences aux quatre coins de la francophonie, en fondant de nombreux centres d'étude, dont le Centre universitaire d'études juives.

3e période : Israël[modifier | modifier le code]

Il monte en Israël en 1968, peu après la guerre des Six Jours, et étudie auprès du Rav Zvi Yehouda Kook et du Rav Shlomo Binyamin Ashlag. Là aussi, il fonde un réseau d'enseignement du judaïsme, l'Institut Maayanot et le Centre Yaïr, centre d'études juives et israéliennes, principalement fréquenté par les francophones d'Israël.
Il participe également à de nombreux comités, gouvernementaux ou autres, pour l'éducation et les relations à la Diaspora juive. Il participe au rapprochement de l'État d'Israël avec le Cameroun et, à travers lui, avec le continent africain.
Prônant un sionisme religieux, il ne cesse de s'impliquer dans le dialogue inter-religieux, avec le christianisme comme l'islam, mais rencontre aussi le Dalaï-lama.

Connu en France et auprès du public francophone israélien, il est par contre méconnu ailleurs jusqu'à son décès à Jérusalem en 1996. Ses écrits sont alors diffusés par ses (nombreux) élèves, notamment le Rav Shlomo Aviner, et connaissent un regain d'intérêt.

Enseignements[modifier | modifier le code]

Les engendrements (toladot)[modifier | modifier le code]

La signification morale du monothéisme[modifier | modifier le code]

L'identité juive[modifier | modifier le code]

Élèves[modifier | modifier le code]

Anecdotes[modifier | modifier le code]

Le président camerounais Paul Biya a longtemps été sous l'influence de Manitou et l'aurait persuadé qu'il resterait au pouvoir tant qu'il ne voterait pas contre Israel aux Nations unies[1].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Manitou fut surtout un maître de la parole. il a toutefois rédigé quelques livres, dont :

  • La parole et L'écrit. Penser la tradition juive aujourd'hui. (2 tomes), Recueil d'articles publiés par Manitou, rassemblés par Marcel Goldman, éd. Albin Michel,(2000) (ISBN 2226108440), (2005) (ISBN 2226154337)
  • Un Hébreu d'origine juive, Hommage au rav Yéhouda Léon Askénazi, MANITOU, Textes réunis par Michel Koginsky, éditions Omaya
  • Ki Mitsion
    • Tome 1 - Notes sur la Paracha
    • Tome 2 - Moadim
  • Leçons de Torah, 2007, Ed.: Albin Michel, Coll.: Spiritualités vivantes, (ISBN 2226178260)
  • Ouvrages en préparation :
    • Pirqé Avot, suivi de "L'étude"
    • Le vocabulaire de la Qabbala : introduction.
    • La prière.


Six livres ont été publiés en hébreu.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Rav Zécharia Zermati, Une Kabbale de vérité: Le Rav Yéhouda Askénazi (Manitou), Editions du Centre Torannique Torat Emet d'Arnona, Jérusalem.
  • Michel Kojinski, Un hébreu d'origine juive. Hommage au Rav Yéhouda Léon Askénazi. Manitou, Editions Ormaya, 1998.*
  • Georgy Hansel, La vie du Rav Léon Yéhouda Askénazi vue par un de ses élèves.
  • L.G. Benguigui "Un lieu où reconstruire: l'ecole Gilbert Bloch 1946-1970" Éditions Elkana, 2010

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Antoine Glaser, AfricaFrance, Éditions Fayard, 2014, p. 127.