Rossberg (chaume saint Dié)

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Le Rossberg
Vue depuis le sommet.
Vue depuis le sommet.
Géographie
Altitude 1 130 m[1]
Massif Vosges
Coordonnées 48° 10′ 39″ nord, 7° 05′ 01″ est[1]
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Grand Est
Collectivité territoriale
Département
Collectivité européenne d'Alsace

Vosges
Ascension
Voie la plus facile Sente forestière le long des anciennes bornes frontières
Géologie
Roches Granites
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Le Rossberg
Géolocalisation sur la carte : Haut-Rhin
(Voir situation sur carte : Haut-Rhin)
Le Rossberg
Géolocalisation sur la carte : Vosges
(Voir situation sur carte : Vosges)
Le Rossberg

Le Rossberg est un sommet aux formes aplanies sur la ligne de crête vosgienne, culminant à 1 130 m d'altitude au nord du col du Bonhomme.

Toponymie[modifier | modifier le code]

Sa première mention remonte à 1291[2].

Champ de Rosperg (1504), Chaume de Rosperg (1594), Rossepercq, Chaume du pré de Rosperg (1628), Rospergue (1700)[3].

Géographie[modifier | modifier le code]

Situation[modifier | modifier le code]

Bornes frontières.

Dénudé en chaume il y a moins de deux siècles, il est aujourd'hui recouvert d'un manteau forestier, la hêtraie-sapinière[4].

Sa partie lorraine occidentale, la plus vaste, appartient essentiellement à la commune de La Croix-aux-Mines, une fraction méridionale sous l'ancien nom désuet de Gazon Cadar est rattaché au territoire communal de Fraize. Sa frange orientale, alsacienne, est sur le canton de Lapoutroie, territoire communal du Bonhomme.

Topographie[modifier | modifier le code]

Ce replat granitique faiblement érodé, sur lequel se trouvent encore des amas gréseux[5], est le plus haut sommet sur la ligne de crête principale des Vosges au nord du col du Bonhomme, les Petit et Grand Brézouard, ainsi que le Hirzberg, au-delà du col des Bagenelles, étant placés sur une ligne de crête secondaire.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le Rossberg était une vaste chaume sur le versant lorrain ; le versant granitique alsacien, en pente raide au-dessus du cours de la Béhine, était forestier[6].

Il est l'une des cinq pelouses louées par les habitants du val d'Orbey au ban de Fraize, relevant de la juridiction des Ribeaupierre au début du XIIIe siècle et des Château-Bréhain à la fin du XVIe siècle[7].

Il fait également partie des trois grands pâturages au nord du col du Bonhomme[3], à savoir :

  • le prey de Rosperg ;
  • Barbelimprey (espace herbeux groupant le pré du Bois aux Vieux Gazons sur les cartes actuelles) ;
  • le Prey de Raves (au niveau du col du Pré de Raves et en aval dans la haute vallée du ruisseau homonyme).
Haute vallée de Scarupt.

Même après son partage sous la Restauration entre les communes vosgiennes sus-citées, l'activité pastorale est restée. En 1910, sur la commune de Fraize, en contrebas du gazon Cadar où existe encore une marcairie-métairie du Rossberg au milieu d'une petite chaume, la haute vallée des Ponséz ou du Scarupt est jalonnée de fermes et de chaumes aujourd'hui disparues :

  • la ferme de la Capitaine à 150 mètres de la métairie du Rossberg ;
  • le Rond-Chaxel avec sa ferme, un finage isolé surplombant la vallée du Scarupt à 2 km sur le versant au soleil ;
  • la chaume des Caluches, sur le versant au soleil entre le Rond-Chaxel et la métairie du Rossberg. Il correspond approximativement aujourd'hui au canton forestier de Chalnavée ;
  • la ferme du Bouxerand sur le chemin du Tracé qui longe le revers de Scarupt jusqu'au Fer-à-Cheval, à la limite entre Fraize et Plainfaing à la partie terminale du massif du Hangochet ;
  • le Pré Jallé qui en fond de vallée s'étendait jusqu'en contrebas du Rond-Chaxel, déjà enclavé par la forêt de l'adroit.
Vue sur l'Alsace et la Forêt-Noire.

Toutefois, le sommet est déjà très boisé, d'où l'installation d'un observatoire-mirador en 1896 à proximité du point culminant, reconstruit par nécessité à environ 12 mètres de hauteur en 1907[8]. Une immense part du panorama lorrain, en particulier les sommets jouxtant la vallée de la Meurthe, peut être contemplée. Il était même possible de reconnaître, en direction nord-ouest selon Jean Cordier, à l'œil nu des maisons de la ville de Saint-Dié-des-Vosges[8]. Les principaux contreforts de la chaîne des Vosges, du Donon au Hohneck, sont alors aussi visibles depuis ce mirador.

Le côté alsacien s'ouvre toujours au regard plus facilement :

  • au nord-est apparaît le Haut-Koenigsbourg ;
  • à l'est le Bressoir ou Brézouard de couleur brunâtre et les autres sommets bleutés de sa crête, au sud-est ;
  • au sud-est, la tête des Faux, les Immerlins, le Violu, le cirque du lac Blanc et la vallée montagneuse de la Weiss.

Plus loin, au-delà des monts d'Aubure, se distinguent la plaine alsacienne, le Rhin et la Forêt-Noire.

Il fut également le théâtre de violents combats durant la Première Guerre mondiale[9].

Légende[modifier | modifier le code]

Le Rossberg, relief dominant le col du Bonhomme et offrant une remarquable vue sur l'ensemble du bassin de Saint-Dié, est une étape surplombant le « vieux chemin saint Dié ». Du col du Bonhomme, ce chemin mérovingien rejoignait le haut versant au soleil de la vallée de Scarupt jusqu'au col de la Séboue, avant de se diriger vers la tête de la Behouille.

Fontaine saint Dié.

Le bonhomme Déodatus, alias saint Dié, après avoir marché sans discontinuer depuis Hunawihr, parvient assoiffé et exténué à 100 mètres du sommet de la chaume. Il plante son bâton et une source jaillit de la pointe qui est, disent les conteurs, à l'origine de la fontaine saint Dié[10]. Il s'y repose, s'endort mais se réveille perdu dans un profond brouillard né des effets de la source devenue surpuissante. Il prie le Seigneur lumineux de le faire sortir des limbes épaisses de plus en plus froides. Il essaie de partir mais, perplexe, le saint homme est contraint de revenir sur ces pas près d'un bloc de grès massif pour ne pas s'égarer[11]. La faim le tenaille. Mais sa prière ardente a été entendue : deux corbeaux lui apportent une saine nourriture. Les aliments, vite avalés, réchauffent le saint frigorifié. Restauré, l'esprit clair, il lance sa hache-marteau qui fend le météore jusqu'au pied septentrional du Kemberg, sous les rochers de la Côte saint Martin où il fonde son premier monastère[12].

Activités[modifier | modifier le code]

Certains gazons ou chaumes aplanies étaient le lieu idéal de course à pied ou à cheval. Le toponyme Rossberg, dont la racine indo-européenne ross est relative à la course, peut s'expliquer aussi comme la montagne de la course solaire. Les observatoires y semblent communs depuis l'Antiquité.

Depuis l'entre-deux-guerres, un circuit de ski nordique s'étend sur 16 km, et propose aux fondeurs vosgiens des dénivelés entre 903 et 1 110 m d'altitude[13]. Le départ est situé traditionnellement au col des Bagenelles[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. Jean-Baptiste Ortlieb, « Du paysage à l’environnement : le massif du Rossberg aux périodes médiévale et moderne », Revue d’Alsace, no 145,‎ , p. 109–134 (ISSN 0181-0448, DOI 10.4000/alsace.4137, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b Société d'archéologie lorraine et du Musée historique lorrain et Societe d'archeologie lorraine et du Musee historique lorrain, Mémoires, (lire en ligne), p. 282
  4. Adolphe Joanne, Itinéraire général de la France: les Vosges, Hachette, (lire en ligne)
  5. « Gérardmer - Carte géologique de la France » [PDF]
  6. Encyclopédie de l'Alsace, Editions Publitotal, (lire en ligne)
  7. Philippe Jéhin, Troupeaux et pâturages dans le Val d'Orbey du XVIe au XVIIIe siècle, Bulletin de la Société d'histoire du Val d'Orbey-canton de Lapoutroie, (lire en ligne), p. 12-22
  8. a et b « FRAIZE est en première ligne ! Les touristes et curieux se font conduire au Rossberg pour observer l'Alsace depuis le haut du mirador. » [PDF], sur lacostelle (consulté le )
  9. Lise Pommois, Des Vosges à Colmar: Le val d'Orbey dans la tourmente : hiver 1944-1945, FeniXX, (ISBN 978-2-307-30853-9, lire en ligne)
  10. Joseph Valentin, « La Capitaine et la Fontaine St-Dié. » [PDF],
  11. Il s'agit de reliques de la couverture gréseuse de ce plateau, complétée de gros blocs erratiques. Il en reste aujourd'hui le rocher Saint-Dié près de la fontaine homonyme. Cette couverture géologique annonce tel un fatum le bassin permien de Saint-Dié caractérisé par des hauteurs gréseuses, au pied desquelles le bonhomme Déodat termine ses jours.
  12. Albert Ohl des Marais, Saint-Dié de jadis à nos jours, FeniXX, (ISBN 978-2-307-32722-6, lire en ligne)
  13. Le Haut-Rhin: R-Z, Editions Alsatia, (ISBN 978-2-7032-0165-6, lire en ligne), p. 1232
  14. « La station des Bagenelles | Massif des Vosges », sur www.massif-des-vosges.fr, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Cordier, Un coin des Vosges, Fraize et ses environs, Librairie Adolphe Weick, , 132 p. (ISBN 9782877605441). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article