Robert Boutruche

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Robert Boutruche
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Fonctions
Directeur d'études
École pratique des hautes études
à partir de
Professeur des universités
-
Maître de conférences
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Robert Odile Hyacinthe Joseph BoutrucheVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Roger BervilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Université de Paris (-)
École pratique des hautes études (à partir de )
Université de Strasbourg (d) (-)
Collège-lycée Jacques-Decour (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Grade militaire
Sous-lieutenant (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Maître
Distinctions

Robert Boutruche est un historien médiéviste français, né le [1] à Chailland (département de la Mayenne) et mort le à Bourg-la-Reine[2]. Il est connu pour ses travaux sur les structures rurales et la féodalité.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Robert Odile Hyacinthe Joseph Boutruche est né le à Chailland dans le département de la Mayenne et mort le . Son père, Joseph, né en 1879 à Laval, était horloger dans cette commune où il demeurait avec son épouse Marie Cordon[3], route de la Baconnière.

Études[modifier | modifier le code]

Faculté des Lettres, Rennes.

Le jeune Robert Boutruche étudie à la faculté des Lettres de l'université de Rennes où il obtient sa licence d'histoire en 1924 et son diplôme d'études supérieures l'année suivante. En 1928, il est reçu au concours de l'agrégation d'histoire, après avoir accompli une année de service militaire[4].

Parcours militaire[modifier | modifier le code]

Rendu à la vie civile, Robert Boutruche est officier d'administration de réserve dans le service de Santé, avec le grade de sous-lieutenant en 1928[5]. En 1932, il est mentionné comme lieutenant[6]. En , il est mobilisé et le reste jusqu'en . Il gagne ensuite Clermont-Ferrand où s'est repliée l'université de Strasbourg[7].

Vie privée[modifier | modifier le code]

À Bordeaux, Robert Boutruche nommé professeur de lycée en 1929, habite au no 147-bis de la rue François-de-Sourdis[8].

La même année, il épouse une camarade d'étude, Renée Godard, d'une « famille d'instituteurs républicains laïques »[4]. Ils ont une fille, prénommée Monique, née le . Mais la jeune mère est emportée par le cancer en [4].

L'historien se remarie en , avec Marie-Thérèse Wetterwald, professeur de lycée[4] qui avait été une ancienne étudiante de Marc Bloch à Strasbourg. Ils auront trois filles : Françoise (1941), Annik (1943) et Marie-Claude (1944).

À l'automne 1940, Robert Boutruche gagne Clermont-Ferrand où s'est repliée l'université de Strasbourg depuis . Il échappe à la rafle du 25 novembre 1943 organisée par les Allemands pour frapper la résistance qui se développait à l'université[9] et se réfugie[4] dans le Livradois.

Après sa nomination à la Sorbonne en 1959, Robert Boutruche habite à Fontenay-aux-Roses, au no 63 de la rue Marx-Dormoy[10]. En 1972, et jusqu'en 1975, il réside à Bourg-la-Reine au no 2 de la rue des Plantes[11]. Il est inhumé au cimetière de Bourg-la-Reine (dans la division 22).

Au début des années 1960, l'universitaire parisien passait ses vacances aux Houches, dans la vallée de Chamonix, la même localité que l'historien Jean Delumeau[12].

Carrière universitaire[modifier | modifier le code]

Professeur de lycée[modifier | modifier le code]

Lycée Montaigne à Bordeaux.

Robert Boutruche a d'abord été professeur délégué, en 1926, au collège de Vitré (Ille-et-Vilaine)[13]. Agrégé, et libéré des obligations militaires, il est affecté à l'automne 1928 au lycée de Brest pour un an.

Nommé ensuite au lycée de Bordeaux en 1929, le jeune professeur agrégé est chargé de la classe préparatoire à l'École coloniale. Cette circonstance le conduit à des recherches sur l'histoire coloniale à partir des fonds archives disponibles à Bordeaux. C'est ainsi qu'il publie l'article : « Existe-t-il une continuité dans la politique coloniale de la France ? », en 1935 ; et une contribution à un ouvrage collectif : « Bordeaux et le commerce des Antilles françaises au XVIIIe siècle », en 1935.

Robert Boutruche rencontre l'éminent historien Marc Bloch[14] pour la première fois en 1934[15]. Mais il s'est adressé à lui dès 1930 pour une aide à orienter ses recherches. Marc Bloch lui recommande « une étude d'histoire rurale et agraire, à la fois économique et juridique, et surtout en mettant l'accent sur la structure sociale »[16]. Il lui conseille également d'acquérir une « éducation de médiéviste », d'apprendre la langue allemande « absolument nécessaire » et de parfaire sa culture générale.

Cette tâche ne lui laissait pas le temps qu'il aurait voulu pour se consacrer à sa thèse. Marc Bloch en témoigne dans une lettre à Lucien Febvre : « Il a beaucoup de peine à travailler, naturellement, avec ses heures de classe »[17].

Robert Boutruche est nommé professeur au lycée Rollin à Paris en 1935. L'année suivante, il obtient, enfin et grâce à Lucien Febvre, une bourse qui lui permet de faire des recherches en Angleterre (où il s'est déjà rendu en 1933)[4].

Universitaire à Strasbourg[modifier | modifier le code]

Marc Bloch (1886-1944).

Robert Boutruche échappe à l'enseignement secondaire en 1937, par son élection en tant que maître de conférences, chargé des sciences auxiliaires de l'histoire, à l'université de Strasbourg[18].

Il devient professeur titulaire d'histoire médiévale à l'université de Strasbourg en 1947, où il prend la succession du médiéviste Charles-Edmond Perrin.

Thèse, sous les conseils (mais pas la direction formelle) de Marc Bloch, soutenue en avec un jury présidé par Louis Halphen (publiée en 1947).

Directeur d'études à l'École pratique des Hautes études (1954)[19].

Professeur à la Sorbonne[modifier | modifier le code]

En 1959, Robert Boutruche, est nommé professeur titulaire de la chaire d'histoire économique du Moyen Âge à la Sorbonne, jusqu'en 1973. Directeur d'études à la IVe section de l'École pratique des Hautes études, en 1966.

Directeur de thèses[modifier | modifier le code]

Salle Louis Liard, soutenance de thèses.

Robert Boutruche a été le directeur de quatre thèses menées à terme :

  • 1969 : La condition économique de la noblesse du Cotentin à la fin du Moyen Age, Max Campserveux (mémoire de l'École des hautes études)[20].
  • 1972 : Chartres et ses campagnes (XIe – XIIIe siècles), André Chédeville.

Responsabilités éditoriales[modifier | modifier le code]

Robert Boutruche fonde, avec son collègue Paul Lemerle (byzantiniste), la collection "Nouvelle Clio" aux P.U.F.[21] au début des années 1960. Les deux directeurs annoncent 45 volumes. Les premiers ouvrages marquent l'édition universitaire par la notoriété scientifique de leurs auteurs : Jacques Godechot, Frédéric Mauro, Jean-Baptiste Duroselle, Claude Fohlen, Jean Delumeau.

Le premier titre est dû à Jacques Godechot : Les révolutions (1770-1799), paru en 1963. La formule est caractérisée par la présentation d'une bibliographie "pratique, indicatrice, suggestive", par un "état des connaissances et une section "problèmes et directions de recherche"[22].

Publications[modifier | modifier le code]

  • "Existe-t-il une continuité dans la politique coloniale de la France du XIe au XXe siècle ?", Revue historique, tome CLXXII, 1933
  • "Bordeaux et le commerce des Antilles françaises au XVIIIe siècle", extrait de Nos Antilles, Édition : Orléans, G. Luzeray, 1935 (en ligne).
  • "Bordelais, Bazadais, Agenais, Bas-Quercy", Revue historique, 1936.
  • "Les Courants de peuplement dans l'Entre-Deux-Mers, étude sur le brassage de la population rurale, XIe – XXe siècles", Annales d'histoire économique et sociale, no 31, , et no 32, .
  • "Aux origines d'une crise nobiliaire" [en Bordelais], Annales d'histoire sociale, 1939 (source).
  • Une société provinciale en lutte contre le régime féodal. L'alleu en Bordelais et en Bazadais du XIe au XVIIIe siècle, Rodez, Impr. de P. Carrère, 1943.
  • Pour comprendre l'Alsace, terre de contrastes avec Marcel Simon, Strasbourg, imprimerie des Dernières nouvelles, 1945.
  • Alsace, avec Marcel Simon, Strasbourg, Imp. des Dernières nouvelles, 1945.
  • La crise d'une société, seigneurs et paysans du Bordelais pendant la guerre de Cent-ans, thèse, éd. les Belles lettres, 1947.[compte-rendu bibliographique de Georges Duby] ; [compte-rendu bibliographique de Pierre-François Fournier]
  • Une société provinciale en lutte contre le régime féodal, l'alleu en Bordelais et en Bazadais du XIe au XVIIIe siècle, thèse complémentaire, Rodez, impr. de P. Carrère, 1947.
  • La crise d'une société. Seigneurs et paysans du Bordelais pendant la Guerre de cent ans, Paris, éd. Les Belles lettres, 1963 (nouveau tirage de la thèse).
  • Bordeaux de 1453 à 1715 sous la direction de Robert Boutruche avec la collaboration de Jacques Bernard, Louis Desgraves, Françoise Giteau, Francis Loirette et Paul Roudié ; 1966 ; 562 p. ; 12 cartes et plans ; 22 pl. ; Tome IV d'Histoire de Bordeaux en 8 volumes ; publiée sous la direction de Charles Higounet ; édité par Fédération historique du Sud-Ouest [compte-rendu bibliographique]
  • Seigneurie et féodalité 1. Le premier âge des liens d'homme à homme, Paris, Aubier, 1959 ; 2e éd., Paris, Montaigne, 1968.
  • Seigneurie et féodalité 2. L'Apogée, XIe – XIIIe siècles, Paris, Aubier-Montaigne, 1970.
  • Disponible dans Persée (en ligne) : 34 contributions de 1933 à 1975 (liste).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Traductions[modifier | modifier le code]

Nombreuses traductions en langue espagnole.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Récompenses[modifier | modifier le code]

  • 1947 : prix Saintour, de l'Académie des inscriptions et belles-lettres pour l'ouvrage Une société provinciale en lutte contre le régime féodal. L'alleu en Bordelais et en Bazadais, du XIe au XVIIIe siècle[23].
  • 1948 : prix Gobert, de l'Académie des inscriptions et belles-lettres pour l'ouvrage La crise d'une société. Seigneurs et paysans du Bordelais pendant la guerre de Cent ans (second prix)[24].

Décoration[modifier | modifier le code]

Hommage[modifier | modifier le code]

  • Une salle de lecture de la Sorbonne porte le nom de Robert Boutruche

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Documents divers disponibles sur isamveri.org, université Saint-Joseph de Beyrouth, à propos du père Maurcie Bouyges.
  2. Relevé des fichiers de l'Insee
  3. Hyacinthe Marie Alexandrine Cordon est née le 1er juin 1882, à Chailland. Elle épouse Joseph Boutruche, le 6 janvier 1902, dans la même commune. Elle meurt, d'une "longue et douloureuse maladie", le 8 décembre 1957 à Sainte-Suzanne (Mayenne). Joseph meurt le 22 août 1952 à Ernée (Mayenne).
  4. a b c d e et f "Marc Bloch et ses élèves : lettres à Robert Boutruche", établies par Étienne Bloch, présentées par Bertrand Müller, Cahiers Marc Bloch, 4/1996, p. 25-98.
  5. Journal officiel de la République française (J.O.R.F.), 20 mai 1928, p. 5658.
  6. Journal officiel de la République française, 6 avril 1932, p. 3683. En 1935, il est affecté à la 18e Région militaire, J.O.R.F. du 5 janvier 1935, p. 164.
  7. Marc Bloch, Lucien Febvre. Correspondance, établie, présentée et annotée par Bertrand Müller, III, 2003, note 1, p. 92.
  8. Archives historiques de département de la Gironde, tome 58, 1929-1932, p. 5.
  9. "La rafle de l'université de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand (1943)".
  10. Annuaire téléphonique de l'École pratique des hautes études, IVe section, sciences historiques et philologiques, année 1966-1967.
  11. Annuaire 1975/1976 de l'École pratique des hautes études, 1976.
  12. "L'itinéraire d'un historien" récit autobiographique par Jean Delumeau à l'occasion de la remise du titre de docteur honoris causa par l'université de Bucarest, en 2011.
  13. Revue historique, tome CCII, 1949, p. 269.
  14. Il a publié Les Rois thaumaturges en 1924 et fondé, avec Lucien Febvre la revue des Annales d'histoire économique et sociale en 1929.
  15. Cf. Olivier Dumoulin, Marc Bloch, 2000, p. 192
  16. Marc Bloch, Lucien Febvre. Correspondance, établie, présentée et annotée par Bertrand Müller, II, introduction, 2003, p. XLVII.
  17. Marc Bloch, Lucien Febvre. Correspondance, établie, présentée et annotée par Bertrand Müller, II, lettre du vendredi 11 mai 1934, p. 90.
  18. Marc Bloch avait quitté cette université l'année précédente (1936), pour la Sorbonne.
  19. Robert Boutruche, « Histoire du Moyen Âge », Annuaires de l'École pratique des hautes études, vol. 85, no 1,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. Compte rendu de publication par Gérard Giordanengo, Bibliothèque de l'École des Chartes, 1985, vol. 143, n° 1, p. 214-215.
  21. Les Presses universitaires de France avaient créé la collection "Clio" dans les années 1930 dont s'inspirent Boutruche et Lemerle.
  22. "La «Nouvelle Clio»", Vincent Gérard, Revue française de science politique, 1966, vol. 16, n° 3, p. 621-624.
  23. Séance du 2 mai 1947 de l'Académie des inscriptions et Belles-Lettres
  24. Séance publique annuelle de l'Académie des inscriptions et Belles-lettres, 19 novembre 1948.

Liens externes[modifier | modifier le code]