Pouvoir au peuple

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Pouvoir au peuple !
Image illustrative de l’article Pouvoir au peuple
Logotype officiel.
Présentation
Porte-parole Viola Carofalo
Fondation
Siège Via Matteo Renato Imbriani,
218 – 80136, Naples
Slogan « Potere al Popolo! (en) »
Positionnement Gauche[1],[2],[3],[4] à extrême gauche[5],[6],[7]
Idéologie Communisme[2]
Socialisme démocratique[2]
Populisme de gauche[8]
Socialisme libertaire[2]
Affiliation européenne GUE/NGL et L'autre Europe avec Tsipras (2017-2018)
Couleurs Carmin
Site web poterealpopolo.org

Pouvoir au peuple (en italien : Potere al popolo), abrégé en PaP, est une alliance électorale née le et qui réunit de nombreux partis politiques, associations et centres sociaux italiens de gauche antilibérale en vue des élections générales italiennes de 2018. La porte-parole est Viola Carofalo[9]. L'objectif de la coalition est « de créer une véritable démocratie, à travers des pratiques quotidiennes, l'autogouvernance des expériences, la socialisation de la connaissance et de la participation populaire[10] ».

Histoire[modifier | modifier le code]

Viola Carofalo, porte-parole.

Naissance du mouvement[modifier | modifier le code]

L'alliance a été proposée par le centre social napolitain Ex OPG « Je so' pazzo »[11] (que l'on peut traduire littéralement par Je suis fou). La proposition a été ensuite soutenue par d'autres centres sociaux du pays, associations, mouvements et partis politiques.

L'idée de bâtir un parti ou une liste unitaire est née lors du « Je so' pazzo Festival – 2016 »[12], qui avait pour slogan : « Construisons le Pouvoir du Peuple », qui s'est tenu à Naples du 9 au . Ce projet faisait suite à une première tentative de reconstitution d'un espace politique à la gauche du Parti démocrate autour de la structure Gauche italienne, fondée en . Cependant les scissions, refondations, regroupements successifs qui ont émaillé cette initiative politique (qui aboutira finalement à la création de l'alliance Libres et égaux) et l'implication de figures ressenties comme appartenant au centre-gauche ont poussé les forces les plus radicales à chercher une autre issue qui a abouti à Pouvoir au peuple[13].

Viola Carofalo explique ainsi ce projet[14] : « Nous souhaitions avoir notre propre représentation lors des prochaines élections, au vu d’une part du déplacement à droite de l’ensemble du champ politique et, d’autre part, de l’absence d’une véritable alternative de gauche ». L'idée était donc d'offrir un débouché politique à la gauche radicale et mouvementiste, telle que les centres sociaux, les Chambres populaires du travail (« Camere Popolari del Lavoro »), aux Réseaux de solidarité populaire (« Reti di Solidarietà Popolari ») et comme ça[14].

Le une assemblée nationale a rassemblé plus de 800 personnes au Teatro Italia à Rome afin de bâtir les bases de ce mouvement. Elle a été suivie par plus de 150 assemblées régionales qui ont donné corps petit à petit à l'alliance électorale et ont permis de sélectionner les candidats aux élections générales[14].

Le l'alliance a été inaugurée avec le soutien officiel du Parti de la refondation communiste (PRC)[15] et du Parti communiste italien (PCI). En même temps, Viola Carofalo, une universitaire napolitaine spécialisée en philosophie et activiste de longue date d'Ex OPG et du PRC, a été choisie comme porte-parole. Le Carofalo est devenue aussi le leader politique de l'alliance[16].

Élections générales italiennes de 2018[modifier | modifier le code]

Programme électoral[modifier | modifier le code]

Le programme électoral de Pouvoir au peuple en vue des élections générales italiennes de 2018 met d'abord l'accent sur la reconquête des droits des travailleurs : lutte contre Jobs Act, qui aurait précarisé leurs conditions de travail, pour l’abolition de la réforme Fornero qui a augmenté l’âge de la retraite et de la Buona Scuola qui accentue les dispositifs d'alternance dans les cursus scolaires[14] et réduction du temps de travail à 32 heures par semaine sans perte de salaire[17].

Puis il insiste sur la nécessité d'une politique de redistribution qui remettrait en cause les exonérations fiscales réalisées sous les gouvernements précédents (plus de 40 milliards au cours des trois dernières années) pour en tirer les fonds nécessaires à un fort réinvestissement dans les services publics[14].

De plus, l'alliance veut accaparer le thème de l'immigration en affirmant l’idée d’une citoyenneté universelle en assouplissant les règles d'accueil des migrants, instaurer le droit du sol, briser le lien entre le travail et le droit de séjour et revoir la gestion des « Centres d’accueil extraordinaires » (« Centri di accoglienza straordinaria », CAS)[14].

Enfin, Potere al Popolo annonce qu'il faut rompre avec les traités européens, en particulier avec le « fiscal compact », qui contraint les Pays européens à l’équilibre budgétaire, qui les oblige à respecter un certain rapport entre déficit et PIB ou encore à coordonner l’émission de la dette publique avec le Conseil de l’Europe[14]. Ce qui place cette alliance du côté de l'euroscepticisme.

Déroulement de la campagne[modifier | modifier le code]

La campagne des élections générales italiennes de 2018 se déroule dans une ambiance de forte montée des idées xénophobes et l'affirmation d'organisations fascistes comme Casapound et Forza Nuova[17].

Le à l'appel des centres sociaux, d'associations antifascistes, d'ONG, de syndicats mais aussi de quelques formations politiques de gauche dont Pouvoir au peuple[18], contre mots d’ordre des directions du Parti démocrate, de la CGIL et même de l’ANPI (Association nationale des partisans), entre 10 000 et 30 000 personnes défilent pacifiquement pour protester contre la fusillade raciste de Macerata[14].

Le une manifestation antifasciste et antiraciste rassemble pacifiquement 100 000 personnes selon les organisateurs, rassemblant les différents secteurs de la gauche : le syndicat CGIL, l’association de résistants ANPI, l’organisation antifasciste ARCI, l’association antimafia Libera, ainsi que les alliances Libres et égaux et Pouvoir au peuple[19].

Relation avec les autres organisations de gauche[modifier | modifier le code]

Pouvoir au peuple refuse toute alliance avec la principale alliance électorale qui se positionne programmatiquement à gauche du Parti démocrate, Libres et égaux, au motif que les figures de proue de cet ensemble politique ne se sont pas opposés à la politique du gouvernement Renzi durant la mandature, comme Pietro Grasso, voire ont soutenu les projets que Pouvoir au peuple considère comme anti-sociaux : la libéralisation des horaires de travail, le Fiscal Compact, la réforme des retraites et le Jobs Act, comme l'ont fait Massimo D'Alema et Pier Luigi Bersani[14].

Élections européennes de 2019[modifier | modifier le code]

Après avoir voté en interne sa participation aux élections en , Pouvoir au peuple renonce en , étant dans l’incapacité de s’allier ou de recueillir les signatures nécessaires.

Composition[modifier | modifier le code]

PaP est soutenu par l'Ex OPG « Je so' pazzo », ainsi que par les partis politiques suivants[20],[21],[22],[23] :

Membres actuels
Partis Principale idéologie Chef Période
Réseau des communistes (RdC) Communisme Luciano Vasapollo Depuis le
Mouvement radical socialiste (italien : Movimento RadicalSocialista, MRS) Socialisme libertaire Katia Bellillo Depuis le
Renaissance socialiste (italien : Rinascita Socialista, RS) Socialisme démocratique Franco Bartolomei Depuis le
Démocratie Athée (DA) Socialisme libertaire Carla Corsetti Depuis le
Anciens membres
Partis Principale idéologie Chef Période
Gauche anticapitaliste (SAC) Communisme Franco Turigliatto (it) -
Parti de la refondation communiste (PRC) Communisme Maurizio Acerbo -
Parti du Sud - Méridionalistes Progressistes (PdS-MP) Autonomie du Mezzogiorno Natale Cuccurese -
Parti communiste italien (PCI) Communisme Mauro Alboresi -

En outre, PaP est soutenu par une union syndicale (USB, Unione Sindacale di Base (it))[24], des mouvements, associations et centres sociaux, dont le collectif « Clash City Workers », le Mouvement Pirate Révolutionnaire, le NO TAV (mouvement d'opposition à la ligne ferroviaire Lyon-Turin), le NO TAP (mouvement d'opposition au gazoduc transadriatique), le No Muos (qui s'oppose à l'installation d'un terminal d'interconnexions des forces armées des États-Unis en Sicile)[14].

Sources d'inspiration[modifier | modifier le code]

PaP s'inspire notamment de Momentum, l'organisation qui soutient Jeremy Corbyn au Royaume-Uni, des réseaux de mutualisme en Grèce, de la Candidatura d’unitat popular (CUP) en Catalogne[14] et de La France insoumise, dont le leader Jean-Luc Mélenchon a parlé « d'une aventure commune pour la construction d'une alternative populaire en Europe »[25].

Le mutualisme, tout particulièrement semble constituer le socle idéologique de Pouvoir au peuple comme l'expliquait dans un entretien sa porte-parole Viola Carofalo : « Si l’État n’est pas en mesure de résoudre nos problèmes, parce qu’il est l’otage d’une minorité et structurellement pensé pour défendre les intérêts de celle-ci, nous commençons à agir tout de suite avec une méthode d’intervention qui part des besoins du peuple et qui, avec le peuple, développe la conscience et la participation »[14].

Représentation[modifier | modifier le code]

Parlement européen[modifier | modifier le code]

Une députée européenne, Eleonora Forenza, représente cette alliance mais au titre du Parti de la refondation communiste. Elle a été élue en 2014 sur la liste de L'Autre Europe avec Tsipras.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Gaël De Santis, « Italie. Ils veulent redonner le pouvoir au peuple »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), L'Humanité, (consulté le ).
  2. a b c et d (it) « Manifesto Potere al Popolo », sur poterealpopolo.org, (consulté le ).
  3. Ylenia Gostoli, « Power to the People: Left-wing party challenges 'racist logic' », sur aljazeera.com, (consulté le ).
  4. James Politi, « Italians protest against resurgence of racism », Financial Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Frederika Randall, « 'Shoot the Beasts on Sight': The Far Right and Italy's Elections », The Nation,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Steve Scherer, « Italian far-left protesters scuffle with police as election tensions rise », sur reuters.com, (consulté le ).
  7. « And Now? Power To The People! »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur jesopazzo.org, (consulté le ).
  8. (it) Roberto Di Caro et Francesca Sironi, « Potere al popolo, la via di sinistra al populismo: ecco come il movimento vuole crescere », L'Espresso,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (it) « In risposta a luciana castellina », sur poterealpopolo.org (consulté le ).
  10. (it) « Manifesto Potere al Popolo », sur Potere al Popolo, poterealpopolo.org (consulté le ).
  11. (en-US) « From Naples to London, Italians are organising to rebuild their country’s left », Political Critique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. (it) Super User, « Da Settembre a per sempre... costruiamo il Potere Popolare! »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur jesopazzo.org (consulté le ).
  13. Mathieu Dargel, « Potere Al Popolo », (consulté le ).
  14. a b c d e f g h i j k et l Stéfanie Prezioso, « Potere al Popolo : un nouvel espoir de la gauche anti capitaliste en Italie », sur ensemble-fdg.org, (consulté le ).
  15. (it) « Potere al popolo, Acerbo: «Ieri è nata l’unica vera lista di sinistra: potere al popolo!» », sur Rifondazione Comunista (consulté le ).
  16. (it) Andrea Carugati, Ilario Lombardo, « Politica », sur LaStampa.it, (consulté le ).
  17. a et b Marco Cesario, « Potere al Popolo, ou l'optimisme de la volonté », (consulté le ).
  18. « Italie: des milliers de manifestants antifascistes à Macerata », sur boursorama.com, (consulté le ).
  19. « À Rome, manifestation pacifique contre le racisme et le fascisme », sur courrierinternational.com, (consulté le ).
  20. (it) « Sottoscrizioni manifesto singoli - Potere al Popolo! », sur poterealpopolo.org (consulté le ).
  21. (it) Max, « Hasta siempre Comandante! Intervista a Luciano Vasapollo della Rete dei Comunisti (versioni in italiano e spagnolo) », sur retedeicomunisti.org (consulté le ).
  22. (it) « La galassia a sinistra del Pd di Renzi », sur Lettera43, (consulté le ).
  23. (it) « Corporativismo, repressione di Stato e polizia », sur Risorgimento Socialista, risorgimentosocialista, (consulté le ).
  24. Marco Cesario, « Potere al Popolo: la nouvelle gauche en Italie qui renaît des cendres de Gramsci », (consulté le ).
  25. (en) « How Corbyn has inspired young Italians to launch their own Momentum », sur The Independent, (consulté le ).

Lien externe[modifier | modifier le code]