Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 16 février 2022 à 17:16 et modifiée en dernier par Michel BUZE (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Emmanuel Macron en 2022.

« Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder » est une petite phrase prononcée par le président de la République française Emmanuel Macron le 4 janvier 2022.

Contexte

Emmanuel Macron, futur candidat probable à la présidentielle, répond pendant un peu plus de deux heures aux questions de sept lecteurs du Parisien-Aujourd'hui en France le dans la matinée depuis le jardin d'hiver de l'Élysée, en plein débat du passe vaccinal à l'Assemblée nationale[1].

Une des lectrices, Isabelle Berrier, employée de 54 ans d'une maison d'accueil pour personnes âgées dans le Vaucluse, fait cette remarque :

«  Ces gens-là qui ne sont pas vaccinés sont ceux qui occupent à 85 % les réanimations… Et, par contre, il y a des gens qui sont atteints de cancers dont on reporte les opérations, à qui on ne donne pas l’accès aux soins et qui sont vaccinés !  »

Voici la réponse intégrale du président de la République[2] :

«  C'est ça la stratégie. Ce que vous venez de dire, c’est le meilleur argument. En démocratie, le pire ennemi, c’est le mensonge et la bêtise. Nous mettons une pression sur les non-vaccinés en limitant pour eux, autant que possible, l’accès aux activités de la vie sociale. D’ailleurs, la quasi-totalité des gens, plus de 90 %, y ont adhéré. C’est une toute petite minorité qui est réfractaire. Celle-là, comment on la réduit ? On la réduit, pardon de le dire, comme ça, en l’emmerdant encore davantage. Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie. Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire : à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné… (…) L'immense faute morale des antivax : ils viennent saper ce qu'est la solidité d'une nation. Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n'est plus un citoyen.  »

Le 14 décembre sur TF1, Emmanuel Macron déclarait pourtant : « Dans certains de mes propos, j’ai blessé des gens. (…) On ne fait pas bouger les choses si on n’est pas pétri de respect pour les gens. »[3] :

Conséquences et réactions

Slogan lors d'une manifestation anti passe vaccinal à Belfort, le 22 janvier 2022.

Ces propos provoquent un chaos dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale et contraignent le président de séance à suspendre les travaux mercredi à minuit. Après une heure d’attente, on annonce la venue du Premier ministre Jean Castex à l’Assemblée. Mais, à 2 heures, la séance reprend sans le Premier ministre[4].

Le lendemain de ces propos, mercredi 5 janvier, invité des 4 Vérités de France 2, l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, déclare « le président s’exprime parfois de façon soutenue et parfois c’est de façon familière. Là il s’est exprimé de façon familière et je pense que tout le monde a compris ce qu’il voulait entendre »[5].

Jeudi 6 janvier, le Premier ministre Jean Castex, invité sur le plateau de RMC/BFM TV, revient sur les propos tenus par Emmanuel Macron dans Le Parisien, et déclare : « Nous devons faire peser la contrainte sur les non vaccinés, (…) on va continuer à faire peser (…) la pression » sur eux. « Le mot (emmerder) est dans la vie courante, c’est une formule qu’avait employée le président Pompidou (…) Le président de la République peut parfois dire tout haut ce que chacun pense tout bas »[6].

Samedi 8 janvier, plus de 100 000 manifestants défilent contre le projet de passe vaccinal. Une jauge nettement en hausse après les propos du chef de l’État assumant d’« emmerder » les non-vaccinés[7].

Mi-janvier 2022, plus de 600 acteurs de la culture dont Dominique A, Annie Duperey, Alain Damasio et Alexandre Jardin dénoncent la politique sanitaire, « outil puissant de division » dans la tribune « Nous ne sommes toujours pas dupes » sélectionnée par la rédaction de Mediapart[8], relayée par Actualitté[9], par Mr Mondialisation[10], L'Insatiable[11], Blast[12]etc. On peut y lire entre autres : « Ces stigmatisations atteignent un point culminant lorsque le Président de la République déclare : « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc on va continuer de le faire jusqu’au bout, c’est ça la stratégie ! » Il va même jusqu'à ajouter qu'un « irresponsable n’est plus un citoyen ». Il dresse ici un mur entre les Français, désigne des coupables, et appelle ni plus ni moins à la déchéance de citoyenneté pour ceux qu'il accuse de « saper la solidité d'une nation» et d'incarner « le mensonge et la bêtise, qui sont les pires ennemis en démocratie. »

Vendredi 11 février les Jeunes avec Macron (JAM) lancent une campagne d'affichage osée, avec un slogan volontairement frappant : « On a très envie de… vous ! », en référence à la formule du chef de l'État lors du débat sur le pass vaccinal, « très envie d'emmerder les non-vaccinés ». Elle a été placardée en 25 000 exemplaires sur l'ensemble du territoire après avoir été validée par l'Élysée. [13].

Réactions du côté de l'opposition

  • Jean-Luc Mélenchon, candidat LFI : « Les propos d'Emmanuel Macron sur les non vaccinés créent une crise parlementaire. On n'attend pas ça d'une parole officielle »[14].
  • Fabien Roussel, candidat PCF : « Propos indigne et irresponsable du Président de la République ! Quand on doit convaincre, rassembler, on n'insulte pas ! 7 millions de français vivent dans des déserts médicaux et sont éloignés des soins, comme du vaccin. Il les « emmerde » aussi ? ».
  • Yannick Jadot, candidat EÉLV :
    • « Il fait de la vaccination un référendum pour ou contre Macron. C'est une faute politique »[15].
    • « Les écologistes sont pour la vaccination. Les propos d'Emmanuel Macron utilisés envers les non-vaccinés confirment l'inutilité du passe vaccinal. Les Français doivent être traités en adultes, avec respect. Le harcèlement et le mépris sont indignes d’un Président de la République »[16].
  • Anne Hidalgo, candidate PS, réagit par un tweet ironique. Elle partage la dépêche AFP qui cite les propos d'Emmanuel Macron et se contente de commenter : « Réunir la France »[17]. Invitée de l'émission #VIPol sur France Info , Anne Hidalgo précise sa pensée : « Je suis très choquée par ce type de propos, un président de la République devrait toujours prendre un peu de hauteur. Il a beaucoup abîmé, et pas simplement sur ses propos-là, de façon régulière, la fonction présidentielle, poursuit-elle. Je crois que ce type de propos n'ajoute rien au débat. La forme me gêne beaucoup et puis le fond, parce que je pense qu'il faut réunir, rassembler les Française et les Français, continuer la pédagogie, ne pas stigmatiser telle ou telle catégorie de population ». À la question de savoir si « ce n'est pas un super emmerdement », elle répond : « Non, c'est de la clarté, il faut qu'on arrête de faire de la vie politique cet espace de buzz, de mauvais théâtre, de mauvaise comédie dont les Français se lassent. Qui paie le prix de cette lassitude ? C'est la démocratie », soulignant au passage que « ce qui emmerde véritablement tout le monde aujourd'hui, c'est que l'hôpital n'ait pas les moyens »[18].
  • Valérie Pécresse, candidate LR : « Je suis la seule à pouvoir mettre fin à ce quinquennat du mépris. J'ai été indignée par les propos du Président de la République. L'insulte n'est jamais la solution. Nous avons besoin de réparer le pays, de rassembler et d'aimer les Français, pas de les insulter »[19].
  • François Asselineau, candidat UPR : « L'incroyable déclaration de Macron justifie le lancement immédiat de sa destitution. Macron déclare qu'il est « décidé à emmerder les non-vaccinés jusqu'au bout ». Une telle guerre du chef de l'État contre des millions de Français est sans précédent ! »[20].
  • Marine Le Pen, candidate RN : « Cette vulgarité et cette violence du Président de la République prouvent qu'il ne s'est jamais considéré comme le président de tous les Français. C'est une faute politique mais aussi une faute morale lourde ! »[21].
  • Nicolas Dupont-Aignan, candidat DLF : « La folie du président éclate au grand jour. Tout ça n'a rien de sanitaire. Le seul objectif de #Macron est de désigner des boucs émissaires pour masquer l'échec de sa politique »[22].
  • Éric Zemmour, candidat REC : « Pendant 5 ans, Emmanuel Macron a soigneusement refusé d'« emmerder » les racailles, les gangs, les apprentis-djihadistes, les immigrés hors-la-loi, les antifas et les idéologues qui lavent les cerveaux de nos enfants. Lâche avec les forts, cruel avec les faibles »[23].

Autres réactions

  • Rémi Gaillard : « Bonjour Emmanuel Macron, Après avoir considéré que les non-vaccinés "n'étaient plus des citoyens" et assumé vouloir les "emmerder", vous appelez maintenant "au plus grand calme" en envoyant des blindés sur Paris. Pensez, en même temps, à envoyer des excuses. #convoipourlaliberté »[24].

Références

  1. « Europe, vaccination, présidentielle… Emmanuel Macron se livre à nos lecteurs. », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. « "Emmerder les non-vaccinés" : voici in extenso ce qu'a dit Emmanuel Macron dans le Parisien. », France Inter,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Covid. Emmanuel Macron, « irresponsable » en chef. », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Pass vaccinal : pourquoi les propos de Macron ont provoqué le chaos à l'Assemblée », Europe 1,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. « 4V : Emmanuel Macron : "Tout le monde a compris ce qu’il voulait entendre", estime Édouard Philippe », France Info (offre globale),‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Propos de Macron, masques pour les enseignants, passe sanitaire... ce qu’il faut retenir de l’interview de Castex », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. « Une campagne présidentielle sous l’influence du Covid-19 », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Nous ne sommes toujours pas dupes », sur Club de Mediapart, (consulté le ).
  9. « Plus de 600 acteurs de la culture dénoncent la politique sanitaire, “outil puissant de division” », sur Actualitté, (consulté le ).
  10. « La colère d’artistes et professionnels de la culture sur la dérive autoritaire en cours », sur mrmondialisation.org/, (consulté le ).
  11. « Nous ne sommes toujours pas dupes », sur linsatiable.org/, (consulté le ).
  12. « Nous ne sommes toujours pas dupes », sur blast-info.fr, (consulté le ).
  13. « « On a très envie de vous » : l’affiche décalée des Jeunes avec Macron », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon), « Les propos d'Emmanuel Macron sur les non vaccinés créent une crise parlementaire. On n'attend pas ça d'une parole officielle. », sur Twitter, (consulté le )
  15. Yannick Jadot (@yjadot), « Il fait de la vaccination un référendum pour ou contre Macron. C'est une faute politique. », sur Twitter, (consulté le )
  16. Yannick Jadot (@yjadot), « Les écologistes sont pour la vaccination. Les propos d'Emmanuel Macron utilisés envers les non-vaccinés confirment l'inutilité du passe vaccinal. Les Français doivent être traités en adultes, avec respect. Le harcèlement et le mépris sont indignes d’un Président de la République », sur Twitter, (consulté le )
  17. Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo), « Réunir la France », sur Twitter, (consulté le )
  18. Franceinfo
  19. Valérie Pécresse (@vpecresse), « Je suis la seule à pouvoir mettre fin à ce quinquennat du mépris. J'ai été indignée par les propos du Président de la République. L'insulte n'est jamais la solution. Nous avons besoin de réparer le pays, de rassembler et d'aimer les Français, pas de les insulter. », sur Twitter, (consulté le )
  20. François Asselineau (@UPR_Asselineau), « L'incroyable déclaration de Macron justifie le lancement immédiat de sa destitution. Macron déclare qu'il est «décidé à emmerder les non-vaccinés jusqu'au bout». Une telle guerre du chef de l'État contre des millions de Français est sans précédent ! », sur Twitter, (consulté le )
  21. Marine Le Pen (@MLP_officiel), « Cette vulgarité et cette violence du Président de la République prouvent qu'il ne s'est jamais considéré comme le président de tous les Français. C'est une faute politique mais aussi une faute morale lourde ! », sur Twitter, (consulté le )
  22. Nicolas Dupont-Aignan (@dupontaignan), « "Les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder. C'est ça la stratégie." La folie du président éclate au grand jour. Tout ça n'a rien de sanitaire. Le seul objectif de #Macron est de désigner des boucs émissaires pour masquer l'échec de sa politique. », sur Twitter, (consulté le )
  23. Eric Zemmour (@ZemmourEric), « Pendant 5 ans, Emmanuel Macron a soigneusement refusé d'« emmerder » les racailles, les gangs, les apprentis-djihadistes, les immigrés hors-la-loi, les antifas et les idéologues qui lavent les cerveaux de nos enfants. Lâche avec les forts, cruel avec les faibles. », sur Twitter, (consulté le )
  24. Rémi Gaillard (@nqtv), « Bonjour Emmanuel Macron, Après avoir considéré que les non-vaccinés "n'étaient plus des citoyens" et assumé vouloir les "emmerder", vous appelez maintenant "au plus grand calme" en envoyant des blindés sur Paris. Pensez, en même temps, à envoyer des excuses. #convoipourlaliberté. », sur Twitter, (consulté le )

Voir aussi