Les 17 Roses de Guillena

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Les 17 Roses de Guillena (en espagnol :« Las 17 Rosas de Guillena ») sont des femmes républicaines de la ville andalouse de Guillena, près de Séville, âgées de 24 à 70 ans, humiliées et torturées, puis fusillées par les franquistes pendant la guerre d'Espagne en novembre 1937.

Histoire et contexte[modifier | modifier le code]

En septembre 1936, les troupes phalangistes entrent dans la ville de Guillena, dont les combattants républicains sont partis se battre sur le front de la guerre[1]. Les miliciens arrêtent à leur arrivée 19 femmes républicaines, dites « femmes de rouges», car certaines sont des épouses ou des compagnes de militants communistes et de membres de la CNT[2]. D'autres femmes sont emprisonnées pour être des militantes antifascistes et des femmes libres engagées pour leurs idées, sur dénonciation du curé du village selon certaines sources[3].

Humiliations, tortures et fusillade[modifier | modifier le code]

Les nationalistes veulent faire un exemple, encouragés par la haine des femmes de la part du général Gonzalo Queipo de Llano[4], responsable franquiste qui a pris la région de Séville.

Le 12 octobre 1937, les miliciens organisent une humiliation publique devant les habitants. Ils forcent les prisonnières à boire de l'huile de ricin, les tondent et les font défiler dans les rues de Guillena, puis les obligent à assister à la messe[5]. Ils les poussent ensuite dans un camion jusqu'à la localité voisine de Gerena[6]. Elles y restent détenues dans une grande violence et sont méthodiquement torturées. Leurs cris sont entendus par les habitants[7]. Malgré les sévices, aucune ne révèle les lieux où sont allés combattre les soldats républicains du village[8].

Entre le 6 et le 8 novembre 1937, 17 de ces femmes sont fusillées par les phalangistes et la garde civile devant les murs du cimetière de Guillena[9]. Leurs corps sont jetés dans une fosse commune[10] tandis que les registres d'état-civil de la mairie sont modifiés avec la mention « disparue »[11].

Les 17 Roses[modifier | modifier le code]

  • Eulogia Alanis García, dite « la Cunera » («la Nounou») ;
  • Ana María Fernández Ventura, née en 1898, mère célibataire de deux enfants, originaire de Portugalete[12] ;
  • Antonia Ferrer Moreno, originaire de Ronda[13] ;
  • Granada Garzón de la Hera, dite « la Gitana » (« la Gitane »), 41 ans, dénoncée par le curé du village pour ne pas s'être mariée à l'église. Son mari et son fils de 19 ans sont également assassinés[14] ;
  • Granada Hidalgo Garzón, 70 ans, veuve, arrêtée pour être une lectrice de la presse républicaine[15] ;
  • Natividad León Hidalgo, 52 ans, mariée et mère de deux enfants ;
  • Rosario León Hidalgo, 41 ans, mariée et mère de trois enfants ;
  • Manuela Liánez González, 46 ans, mère de deux filles[16] ;
  • Trinidad López Cabeza, 50 ans, adhérente du Parti communiste[17] ;
  • Ramona Manchón Merino, 44 ans, épouse d'Antonio Palacios García, lui aussi assassiné. Mère de quatre enfants[18] ;
  • Manuela Méndez Jiménez, 24 ans, enceinte de 7 mois[19] et mère de deux fils de trois et cinq ans ;
  • Ramona Navarro Ibáñez, 24 ans, mariée et mère de deux filles ;
  • Dolores Palacios García, 46 ans, mariée et mère de neuf enfants ;
  • Josefa Peinado López, 55 ans, mariée et mère de deux enfants ;
  • Tomasa Peinado López, 61 ans, mariée et mère de cinq enfants[20] ;
  • Ramona Puntas Lorenzo, 52 ans, mère d'un enfant, son mari est également assassiné ;
  • Manuela Sánchez Gandullo, 57 ans, épouse d'un membre de l'Union Républicaine, mère de trois enfants.

Postérité[modifier | modifier le code]

  • Le processus de récupération historique actuellement en cours en Espagne a mis en lumière les cas d'humiliations et de fusillades de femmes pendant la guerre civile[21].
  • En 2010, la fosse commune où les corps de ces femmes ont été ensevelis a été localisée et mise à jour, leurs restes présentant des traces de « violence extrême »[22].
  • Le 15 décembre 2012, une cérémonie officielle de transfert de leurs dépouilles a lieu dans le cimetière de Guillena, présidée par le président du Parlement Manuel Gracia, dans un panthéon construit pour elles[23].
  • En 2017, les 17 Roses reçoivent à titre posthume la médaille d'or de la Députation de Séville[24].
  • Une place de Séville porte leur nom[25].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (ca) Daniel Bonaventura, « Les 17 roses de guillena », sur Diari de Girona, (consulté le )
  2. (es) « 17 rosas marchitas por la represión », sur elcorreoweb.es (consulté le )
  3. (es) « Premis Liberpress | 2011 17 Rosas de Guillena » (consulté le )
  4. (es) « Las '17 rosas de Guillena': torturadas y fusiladas por ser familiares de republicanos », El Plural, (consulté le )
  5. « Les 17 roses de Guillena ont enfin refleuri. », sur L'Humanité
  6. (es) Natalia Junquera, Valientes. El relato de las víctimas del franquismo y de los que les sobrevivieron, Penguin Random House Grupo Editorial España, (ISBN 978-84-03-01188-5, lire en ligne)
  7. « Episode 8 : Je lutterai pour la justice (Séville / Oslo) », sur Radio France (consulté le )
  8. (es) Manuel Planelles, « 17 rosas vuelven a casa con dignidad », El País,‎ (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consulté le )
  9. (es) Carles McCragh, El hombre que amaneció italiano, Ediciones Antígona, (ISBN 978-84-92531-61-5, lire en ligne)
  10. (es) lavozdelsur.es, « La matanza de las 17 rosas de Guillena, más de 80 años sin justicia », lavozdelsur.es, (consulté le )
  11. (es) « En busca de Justicia para las 17 rosas de Guillena », sur ElHuffPost,
  12. (es) « Monografías Históricas de Portugalete », monografiashistoricasdeportugalete.blogspot.com (consulté le )
  13. « Antonia Ferrer Moreno | Todos los Nombres », todoslosnombres.org (consulté le )
  14. « Ana Granada Garzón de la Hera | Todos los Nombres », todoslosnombres.org (consulté le )
  15. (es) Unidad Editorial Internet, « Un hijo de las '17 rosas': '¡Ay, que no me quiero morir sin enterrar a mi madre!' », www.elmundo.es (consulté le )
  16. « Manuela Liáñez González | Todos los Nombres », todoslosnombres.org (consulté le )
  17. « Trinidad López Cabeza | Todos los Nombres », todoslosnombres.org (consulté le )
  18. « ARMH "19 Mujeres" de Guillena (Sevilla): LAS 17 ROSAS », ARMH "19 Mujeres" de Guillena (Sevilla) (consulté le )
  19. (es) EFE, « Una de las "17 rosas" de Guillena fusiladas estaba embarazada », sur RTVE.es, (consulté le )
  20. « Tomasa Peinado López | Todos los Nombres », todoslosnombres.org (consulté le )
  21. « Les 17 roses andalouses et les 13 roses rouges - Filae.com », sur www.filae.com
  22. « Las 17 rosas de Guillena », sur historiamujeres.es
  23. (en) « ARMH "19 Mujeres" de Guillena (Sevilla) », armh19mujeres.blogspot.com (consulté le )
  24. «  LAS ‘17 ROSAS DE GUILLENA’ RECIBEN LA MEDALLA DE ORO DE LA PROVINCIA DE SEVILLA  – Ayuntamiento de Guillena », w2.guillena.org (consulté le )
  25. « Gta. de las 17 Rosas de Guillena · 41019 Sevilla, España », Gta. de las 17 Rosas de Guillena · 41019 Sevilla, España (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]