Konglish

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Le konglish (en coréen : 콩글리시; [kʰoŋ.ɡɯl.li.ɕi]), plus formellement- coréen de style anglais (en coréen : 한국어식 영어; [han.ɡu.ɡʌ.ɕik̚ jʌŋ.ʌ]) est un style d'anglais utilisé par les locuteurs coréens[1].

Le konglish a des emprunts lexicaux à l'anglais qui ont été intégrés au coréen et sont utilisés d'une manière pas facilement compréhensibles pour les anglophones[2],[3]. Un exemple courant est le terme coréen "téléphone à main" pour l'anglais "téléphone mobile."[4] Le konglish fait aussi des emprunts direct de l'anglais mais qui sont des erreurs de traduction ou de pseudo-mots anglais inventés au Japon, qui sont passés dans l'usage en coréen.

L'utilisation du konglish est très répandu en Corée du Sud, conséquence de l'influence culturelle américaine, mais il n'est pas familier pour les Nord-Coréens[5].

Exemples[modifier | modifier le code]

Cette liste de termes en konglish contient des termes peu facilement compréhensibles pour un anglophone natif, semblables aux termes wasei-eigo dans la langue japonaise. De nombreux mots en konglish  ont été inventés par les Coréens au travers des abréviations ou combinaisons non-standard de mots anglais ou en appliquant un nouveau sens ou un nouvel usage à un mot usuel anglais.

Via le japanglish[modifier | modifier le code]

Un grand nombre d'emprunts lexicaux sont passés dans la langue coréenne via le Japon, spécialement durant l'époque d'occupation par les Japonais, à une période où l'enseignement et l'expression en coréen étaient interdites[6], de nombreux mots en konglish sont donc des emprunts, et donc similaires, au Wasei-eigo utilisé au Japon.

Un exemple simple serait de savoir comment la signification du mot anglais cunning ("ruse") change dans une phrase en konglish. En Corée du Sud, keonning signifie "tricherie", transformation du mot en  Japanglish kanningu (カンニング), qui signifie également "tricherie"[7]. Les mots en  konglish peuvent avoir ou pas une signification semblable au mot original lorsqu'ils sont utilisés, et un nom de marque connu peut souvent remplacer un mot général. Un exemple de ceci est le mot "trench-coat" Un trench-coat est tout simplement un sur-manteau, mais en Corée-du-Sud, les générations plus âgées pour faire référence à des trench-coats utilisent le mot babari ("Burberry") ou babarikoteu ("Burberry coat" ) qui provient du japonais bābarikōto (qui signifie une "gabardine imperméable").

Des mots qui sont à tort considérés comme des Konglish[modifier | modifier le code]

Certains mots d'origine étrangère tels que areubaiteu (아르바이트, [a.ɾɯ.ba.i.tʰɯ], "à temps partiel"), un emprunt lexical  à  l'allemand Arbeit (prononcé en allemand : [ˈar.baɪ̯t][ˈar.baɪ̯t], "travail"), sont parfois à tort considérés comme du konglish et sont corrigés dans une forme "exacte" d'emprunt lexical à l'anglais telles que pateutaim (파트타임, [pʰa.tʰɯ.tʰa.im]).

La critique[modifier | modifier le code]

L'utilisation abusive ou la corruption de la langue anglaise par les Coréens apprenant l'anglais comme langue étrangère ont également été considérée comme du konglish[10],[11],[12]. Utiliser des mots anglais dans la conversation quotidienne, dans la publicité et dans les divertissement est considéré comme la mode et cool.[réf. nécessaire] Toutefois, cela peut souvent conduire à des malentendus, en raison des problèmes de prononciation, de grammaire ou de vocabulaire[13]. L'utilisation moderne du konglish a déjà créé un clivage linguistique entre la Corée- du-Nord et la Corée-du-Sud. Des transfuges nord-coréens peuvent avoir des difficultés à s'intégrer dans la société sud-coréenne, car une grande partie du konglish utilisée n'est pas utilisé en Corée du Nord. Cela peut conduire à des confusions, malentendus et à un retard dans l'intégration dans la société. Ce n'est pas la seule cause de la frontière linguistique entre les deux nations, car certains mots coréens sont également utilisés de manière différente entre les deux pays[14]. Les problèmes liés au konglish entre le Nord et le Sud existent également entre les régions métropolitaines et les régions rurales[15]. Ahn Jung-hyo, un traducteur coréen-anglais qui est l'auteur d'Un Faux dictionnaire anglais, a été remarqué pour avoir dit que l'utilisation inappropriée du konglish dans d'autres pays est susceptible de faire honte à la Corée[16]. Cependant, John Huer, un chroniqueur pour le Korea Times, a noté l'usage du konglish dans l'une de ses "10 Plus belles choses sur la Corée". Il a estimé que c'était à la fois inventif et intelligent[17]. Après cet article,  Huer critiqua cependant les Coréens pour leur mauvais anglais et une mauvaise utilisation des emprunts lexicaux[18]. L'usage moderne du konglish pourrait même être considéré comme de l'art, mais il y a une différence entre une utilisation culturelle d'un mot comme "Fighting !" ("Combat !"), et les mauvaises grammaire et vocabulaire vus en Corée sur les panneaux, les paquets et à la télé. Sebastian Harrisan a suggéré qu'appeler du konglish ces sortes de choses masque le problème de l'enseignement de l'anglais en Corée[19]. Le gouvernement coréen a été critiqué par des groupes de citoyens pour son utilisation du konglish dans des slogans et pour trop mettre l'accent sur l'enseignement de l'anglais. Ils estiment que se focaliser sur l'anglais créera des dommages à la langue coréenne et ne profitera pas à la compétitivité internationale du pays[20]. En revanche, Jasper Kim, professeur de droit à l'Université féminine d'Ewha, a écrit que le konglish est nécessaire dans un contexte global et que le strict respect des règles grammaticales ne devrait pas l'emporter sur le fait de faire passer le message[21].

La propagation du konglish dans la langue coréenne a été citée comme une raison de l'exposition des Coréens à des locuteurs de langue maternelle anglaise, en particulier au cours de leur temps d'éducation. Les Coréens instruisant d'autres Coréens peuvent conduire à cimenter des erreurs dans la langue[22]. La mauvaise planification dans le système éducatif peut entraîner que des enseignants coréens non  qualifiés soient choisis pour enseigner l'anglais avec peu ou pas de temps pour se préparer. Ces enseignants finissent par utiliser le konglish en salle de classe[23]. Même les enseignants préparés peuvent se retrouver à utiliser des documents pédagogiques officiels qui contiennent de nombreuses erreurs et du konglish[24]. Cela peut créer un sentiment de passivité envers l'apprentissage d'un anglais structurellement et techniquement correct. Les élèves regardent les enseignants comme des  exemples, et si les enseignants font des erreurs, celles-ci sont transmises aux élèves[25]. La question du mauvais konglish a été soulevée dans le cadre de l'activité touristique. Il y a une préoccupation que le mauvais anglais employé sur des panneaux, des brochures, des sites web ou dans d'autres médias pourraient pousser les touristes à choisir une autre destination[26],[27]. C'est une préoccupation non seulement pour des sites touristiques de moindre importance ou éloignés, mais même aussi sur de grands sites internationaux comme l'aéroport d'Incheon. Lorsque l'aéroport a été ouvert, plus de 49 panneaux ont été trouvés, écrits avec des erreurs en anglais. En plus de tenir à l'écart des touristes, l'usage du konglish peut conduire à la rupture de contrats commerciaux. Des malentendus peuvent amener une entreprise étrangère partenaire à perdre confiance dans une société coréenne[28]. En 2010, un sondage a montré que 44% des autorités locales de Corée du Sud ont utilisé une phrase anglaise dans leur slogan marketing[29].  comme par exemple :  Lucky  Dongjak, Dynamic Busan, Yes Gumi, Colorful Daegu, Ulsan for You, Happy Suwon, New Start! Yesan, Super Pyeongtaek, Hi-Touch Gongju, Nice Jecheon et Just Sangju.

Noms d'immeubles[modifier | modifier le code]

Une tendance commune en Corée-du-Sud, qui n'est pas du konglish puisque les mots ne sont pas utilisés dans la conversation courante, mais quelque chose de semblable avec la désignation d'immeubles d'habitation à Séoul. Il existe de nombreux appartements en Corée-du-Sud, qui mélangent des mots d'anglais pour en faire leur nom, les constructeurs croient que ces combinaisons anglophones vont "améliorer leur image de marque de luxe"[30]. Quelques exemples d'appartements portant un nom créé avec une association de mots anglais: Luxtige Blesstige, Tristige" et "Forestige, XI. Ces mots sont une combinaison de luxury, de bless (bénir), de prestige, de trinity (trinité), forest (forêt), d'extra et d'intelligence.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Hyejeong Ahn, Attitudes to World Englishes : Implications for Teaching English in South Korea, Taylor & Francis, , 30–33 p. (ISBN 978-1-315-39429-9 et 1-315-39429-4, lire en ligne)
  2. (en-US) Margaret Rhodes, « The Rise of Konglish, the Korean-English Hybrid That’s Both Beautiful and Perilous », WIRED,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Glenn Hadikin, Korean English : A corpus-driven study of a new English, John Benjamins Publishing Company, , 8–12 p. (ISBN 978-90-272-6994-2 et 90-272-6994-7, lire en ligne)
  4. (en) Gee-hyun Suk, « ‘Konglish’ floods into apartment brand names », The Korea Herald,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. Hyung-Jin Kim, Associated Press, « After 70 years of division, North and South Koreans losing shared language », The Globe and Mail,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Jonathan Hopfner, Moon Living Abroad in South Korea, Berkeley, CA, Moon Publications, , 25 p. (ISBN 978-1-59880-250-4, lire en ligne)
  7. Sean Smith, « Time to clean up cunning Konglish », The Korea Herald,
  8. Pyon, Elizabeth (June 25, 2002) [Letters to the Editor] Konglish: It's not that bad. THE KOREA HERALD, Retrieved from www.lexisnexis.com/hottopics/lnacademic
  9. « Not Konglish (Part 2). Korea Times », The Korea Times,
  10. Jeremy Garlick, « Konglish inquiry traces evidence back to poor textbooks », JoongAng Daily, (consulté le )
  11. « Konglish Special News Section », Korea Times (consulté le ) This section has photos and short descriptions which highlight Konglish use around Korea. These are often all vocabulary/grammar errors.
  12. Park Soo-mee, « One word at a time », JoongAng Daily, (consulté le )
  13. sujiney AT joongang.co.kr, « It’s just not cool to mangle the King’s English », JoongAng Daily, (consulté le )
  14. Lee Eun-joo, « A wordy problem faces the Koreas », JoongAng Daily, (consulté le )
  15. Rick Ruffin, « [VIEWPOINT]Divided by a common language », JoongAng Daily, (consulté le )
  16. Kim Hyo-jin, « English? Konglish? Purists concede to 'fighting' cheer », JoongAng Daily, (consulté le )
  17. John Huer, « Secret Pact With Lower Class », Korea Times, (consulté le )
  18. John Huer, « Is English in Korea Only for Koreans? », Korea Times, (consulté le )
  19. Sebastian Harrisan, « The State of the Art », Korea Times, (consulté le )
  20. Kim Rahn, « Groups Call for Scrapping of `English-Worshipping' », Korea Times, (version du sur Internet Archive)
  21. Jasper Kim, « [New Perspective]Konglish as a second language? », Korea Herald, (consulté le )
  22. Tory S. Thorkelson, « Future of English Language Teaching », Korea Times, (consulté le )
  23. Cho Ji-hyun, « Korea's 'English' classrooms: Held hostage by Konglish? », Korea Herald, (consulté le )
  24. Andrew Finch, « [A READER'S VIEW]High stakes in English tests », Korea Herald, (consulté le )
  25. David Cohen, « 'Konglish' replaces good English », Guardian, (consulté le )
  26. David A. Mason, « Recommendations for Upgrading Tourism », Korea Times, (consulté le )
  27. Matt Doyon, « How Can Korea Attract Tourists? », Korea Times, (consulté le )
  28. « The Competitive Power of English » [archive du ], Chosun Ilbo (consulté le )
  29. Lee Tae-hoon, « English logos popular, but often humorous », Korea Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  30. « 'Konglish' floods into apartment brand names », The Korea Herald,

Liens externes[modifier | modifier le code]