Jim Clark (shérif)
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James Gardner Clark Jr. |
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Trafic de stupéfiants en bande organisée (d) () |
James Gardner Clark Jr. (1922-2007), plus communément connu sous le nom de Jim Clark, fut le shériff du comté de Dallas, en Alabama, célèbre pour sa défense de la ségrégation[1],[2],[3].
Biographie
Premières années
James Gardner Clark Jr. est né le comme l'un des deux enfants de James Gardner, agriculteur, et d'Ettie Lee Clark, femme au foyer, résidant tous deux à Elba (Alabama), dans le comté de Coffee[4],[5].
Inscrit à l'Université de l'Alabama, il abandonna ses études pour s’enrôler dans l'aviation, servant durant la campagne des îles Aléoutiennes en tant que mécanicien et tireur sur un bombardier B-52; il devint d'ailleurs membre de la American Legion.
Après la guerre, il reprit ses études puis devint éleveur de bétail dans le comté de Dallas. Il fut également un commissaire adjoint au Trésor de l'Alabama, chargé de percevoir les contributions[6].
Shériff de Dallas
Nomination et premières mesures
En 1955, à la mort du précédent titulaire, le gouverneur James Folsom, Sr., un ami d'enfance, le nomma shérif du comté de Dallas. Les premières années furent difficiles car il n'était pas né dans le comté, mais il réussit à gagner, peu à peu, le respect de la population blanche (qui était pratiquement la seule à pouvoir voter[Note 1]) et fut réélu deux fois[1].
Il prit en charge le groupe de volontaires ou posse, originellement créé après la guerre pour lutter contre le mouvement syndical et qui s'est étendu à la lutte contre les catastrophes naturelles. Il leur fournit des badges, des uniformes kaki, des casques de chantier, et leur fournit des armes telles que des fusils à pompe, des pistolets, des aiguillons électriques pour bétail et des manches de hache; certains d'entre eux sont montés. Les dernières années, ces 200 auxiliaires furent recrutés parmi les membres d'organisations telles que le Ku Klux Klan[7].
Il fut vice president de la National Sheriffs Association et président de l'Alabama Sheriffs Association[1].
Lutte contre le mouvement des droits civiques
Clark, comme la plupart des membres de l'establishment de l'Alabama, supportait la ségrégation et considérait le mouvement des droits civiques comme étant sous influence communiste[Note 2]; il mobilisa donc son posse contre ce mouvement, dans le comté de Dallas comme à l'extérieur: en 1961 il envoya ses hommes "accueillir" les freedom riders à Montgomery, l'année suivante il les fit quitter l'état pour aller à Oxford, au Mississippi, pour essayer d'empêcher l'inscription de James Meredith à Ole Miss, et l'année d'après, sur la demande de Bull Connor, il les envoya à Birmingham contre le mouvement local[7]. Il fut lui-même fréquemment observé portant un casque à la Patton ainsi qu'un badge "Never!" ("Jamais!")[9].
Dans le comté même, et particulièrement à Selma, il se fit remarquer pour sa brutalité envers les militants, bien que le maire Joseph Smitherman lui demanda de faire preuve de modération afin d'éviter une publicité négative nuisible à l'attraction d'industries à Selma : ainsi, en 1963, il entre de force avec ses hommes dans le Tabernacle Baptist Church, où devait se tenir les funérailles de Sam Boynton, opposé à la ségrégation, menaçant de photographier toute personne venant y assister, sachant que des inscriptions sur les listes électorales y avaient été prévues[2],[7],[10],[11],[12].
Le , il s'illustra en forçant plusieurs jeunes militants, qui s'étaient rassemblés devant le tribunal, à effectuer une marche forcée dans la campagne, ses hommes utilisant des aiguillons électriques sur les récalcitrants pour les forcer à bouger[13],[14],[15].
Il fit preuve de brutalité lors d'autres occasions: il renversa Annie Lee Cooper sur le sol avant de la battre avec sa matraque[16], arrêta brutalement Amelia Boynton Robinson et frappa avec sa matraque le pasteur C. T. Vivian, laissant son visage ensanglanté[9],[17],[18].
Sa violence fut un facteur important pour rendre le public plus sympathique envers les militants : Ralph Abernathy proposa sa nomination comme membre d'honneur de la Dallas County Voters League pour services rendus[Note 3]. Certains ségrégationnistes modérés manifestèrent une certaine opposition à la brutalité de Clark.
Il recevait 200 lettres par jour, qu'elles soient pour le soutenir (70 % du courrier) ou le critiquer. Disant avoir reçu des menaces, il fit vivre sa famille dans la prison cantonale[2],[9].
Il s'illustra particulièrement lors de la marche de Selma à Montgomery organisée par Martin Luther King: le il posta ses hommes sur le pont Edmund Pettus pour empêcher les 600 marcheurs de passer; aux côtés des agents de la Alabama Highway Patrol (surnommés les Alabama Troopers), ses hommes chargèrent brutalement sur les manifestants, causant 60 hospitalisations, bien que Clark ait nié qu'il y ait eu des blessés[19],[9],[20],[12]. Il fut entendu répondre, à quelqu'un s'inquiétant de l'état de santé d'Amelia Boynton, battue par la police, que "s'il y avait des morts, que les vautours les mangent"[21],[22]. Ces violences causèrent des critiques, y compris du gouverneur ségrégationniste George Wallace[23];
Sur cette période, il écrivit en 1966 le livre The Jim Clark Story: I Saw Selma Raped ("L'histoire de Jim Clark : j'ai vu Selma être violée"), dont il prétendra, plusieurs années plus tard, qu'il avait été écrit par un autre[9],[24],[25].
Élection de 1966
Le jour de la primaire démocrate, en , à la suite du Voting Rights Act de 1965, 70% des Noirs éligibles, soit 10 300, étaient inscrits sur les listes électorales; et à part quelques dissidents, les Free Voters, voulant créer leur propre parti, la majorité d'entre eux s'inscrivirent au parti démocrate afin de voter contre Clark et pour Wilson Baker, chef de la police de Selma, bien plus modéré. Baker gagna l'élection, bien que Clark ait contesté en justice la validité de la plupart des bulletins, et devint le candidat officiel démocrate pour le poste de shérif du comté[26],[27],[28],[29].
Clark décida alors de se présenter comme candidat sans étiquette, avec le soutien des blancs résidant dans les zones rurales du comté, mais perdit le grâce au vote des noirs[26].
Après son mandat
Après sa défaite, il devint vendeur de mobile homes[14]. Il fut également conférencier pour la John Birch Society[30] et fit plusieurs petits jobs[31].
En 1978, avec six autres personnes, il fut condamné, par un tribunal fédéral à Montgomery, à une peine de deux ans, dont il purgea neuf mois, pour association de malfaiteurs en vue d'importer de la marijuana depuis la Colombie[2].
Au cours d'une interview en 2006, il n'exprima aucun regret par rapport à ses actions et affirma qu'il referait ce qu'il avait fait, affirmant qu'il n'avait fait qu'appliquer la loi[9]; il répéta cette opinion à d'autres occasions, affirmant qu'il n'y avait aucune tension entre les races à Selma[32]:
« Basically, I'd do the same thing today if I had to do it all over again. »
« Dans les faits, je referais la même chose aujourd'hui si j'avais à recommencer de nouveau. »
Cependant, en 1994, lors de l'élection de Harris Huffman, premier shérif noir du comté de Dallas, il lui fit un appel téléphonique pour le féliciter pour la nouvelle ère qui venait de s'ouvrir[1],[33].
Décès
Le , il mourut à Elba, en maison de retraite, après plusieurs années à souffrir de problèmes cardiaques[33],[34].
Amelia Boynton Robinson assista à ses funérailles[35].
Vie privée
Marié avec Louise, il divorça en 1980. Ensemble, ils eurent cinq enfants[2].
Bibliographie
Articles connexes
Liens externes
- (en) Charles Kenneth Roberts, « James G. "Jim" Clark Jr. », sur Encyclopedia of Alabama, (consulté le )
Notes et références
Notes
- En 1961, sur les 15,000 afro-américains d'age électoral du comté, seuls 130 étaient inscrits sur les listes électorales[7].
- Bruce Hartford, militant pour les droits civiques, affirma que, lorsqu'il fut arrêté, il lui demanda pourquoi il le traitait de "communiste", question à laquelle Clark répondit qu'"un communiste, c'est un foutu youpin de New York qui veut que nos négros s'inscrivent sur les listes électorales!" (A communist is a damn New York kike that wants our nigrahs to register!)[8].
- Selon Wilson Baker, lorsque Clark apprit cette boutade, il s'écria que l'on ne le reprendrait pas de sitot à faire preuve de violence, avant de recommencer le lendemain de plus belle[12].
Références
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