Jean Bagot

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Jean Bagot
Biographie
Naissance
Décès
(à 73 ans)
Paris (royaume de France)
Nationalité
Activité
enseignant
théologien
Autres informations
Ordre religieux

Jean Bagot, né le à Rennes, mort le à Paris, est un jésuite français. Théologien, il est l'auteur de quelques écrits polémiques. Il fonde la société des Bons Amis, perçue comme le germe du séminaire des Missions étrangères. Il est censeur des livres et théologien du général des jésuites, puis recteur du collège de Clermont, confesseur du jeune Louis XIV, et enfin supérieur de la maison professe de Paris.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il naît le à Rennes[1],[2]. En 1609, il est admis au noviciat de la Compagnie de Jésus. Son père l'en retire de force. Il y retourne en 1610[1] ou 1611[3].

Enseignant et théologien[modifier | modifier le code]

Il est professeur dans divers collèges : à Rennes (professeur de physique vers 1622), à La Flèche (dans les années 1630[4]), à Paris[5]. Il enseigne la grammaire pendant trois ans, la philosophie pendant cinq ans, la théologie pendant treize ans. Il devient censeur des livres et théologien du général des jésuites, à Rome[1]. De retour à Paris, il gouverne le collège de Clermont[3]. Pour ces différents épisodes de sa vie, les biographes ne donnent pas de dates.

En 1644, il publie Institutio theologica de vera religione, première partie de son Apologeticus fidei[6],[7]. En 1645, il publie la seconde partie, Demonstratio dogmatum christianorum, sur le sacrement de pénitence[8].

En 1649, paraît la Lettre d'un abbé à un évêque, sur la conformité de saint Augustin avec le concile de Trente, que certains attribuent à l'abbé Claude de Sainte-Marthe[9], d'autres à l'abbé janséniste Amable de Bourzeis[10]. En 1650, Bagot répond à ce livre et attaque la doctrine des augustiniens dans son Avis aux catholiques[8].

La société des Bons Amis[modifier | modifier le code]

Lorsqu'il est professeur à La Flèche[3], Bagot créé la société des Bons Amis[4]. À Paris, elle s'assemble rue de la Harpe. Ses douze membres[3] forment une « petite troupe de vertueux amis[11] » qui partagent leur temps entre l'étude, les exercices de piété, l'instruction des enfants abandonnés et les visites aux malades[4]. Ils savent être à la fois « et philosophes et chrétiens[11] ».

En , la société des Bons Amis et son directeur spirituel, le père Bagot, reçoivent la visite d'Alexandre de Rhodes, expulsé de Cochinchine. Celui-ci cherche des missionnaires français pour contrecarrer en Asie du Sud-Est le Padroado dont se cuirasse encore le commerce portugais, lié aux jésuites[12],[13]. La société des Bons Amis ne compte pour le moment que trois prêtres : François de Montmorency-Laval, François Pallu et Bernard Gontier. Les autres membres ne sont que clercs ou laïques. « Mais ces hommes cachés, dit Antoine Sérieys, inconnus, ensevelis dans leur retraite, devenus missionnaires, et plusieurs d'entre eux évêques, firent retentir la Parole de Vie jusqu'aux extrémités de l'Asie et de l'Amérique, et le bruit en fut bientôt répandu par toute la Terre[14]. » François de Montmorency-Laval va devenir vicaire apostolique de Nouvelle-France, puis le premier évêque du diocèse de Québec[15]. François Pallu va participer à la fondation des Missions étrangères en devenant vicaire apostolique du Tonkin et administrateur des provinces chinoises limitrophes[12].

« Un nombre considérable d'évêques de la Chine, de la Cochinchine, du Tonkin et du Canada », dit Pierre Collet, ont été formés par le père Bagot « aux plus hautes vertus[16] ». Pour Antoine Sérieys, la société des Bons Amis est « le berceau d'une des plus considérables missions que Dieu ait données à son Église[14]. » Henry-Marie Boudon (ancien élève de Bagot) voit lui aussi dans la société des Bons Amis « le germe du séminaire des Missions étrangères[17] », séminaire qui ne verra le jour qu'en 1663[18].

Confesseur du jeune roi[modifier | modifier le code]

En 1653, Bagot publie Libertatis et gratiæ defensio[8]. En décembre, il est nommé confesseur du jeune Louis XIV[19]. Il n'en est guère heureux : « Si l'on vous fait entrer à la cour par la porte, dit-il, sauvez-vous par les fenêtres. Car l'air de la cour, qui est empoisonné pour tout le monde, l'est encore plus pour un religieux[11]. » En [19], « malgré les instances réitérées du cardinal Mazarin[20] », il se démet de sa fonction de confesseur[21].

Controverse sur la liberté des fidèles[modifier | modifier le code]

En 1653, paraît un opuscule intitulé L'Obligation des fidèles de se confesser à leur curé. Il est attribué à Jean Rousse, curé de Saint-Roch[22], ou à Nicolas Mazure, curé janséniste de Saint-Paul[23]. En 1655, Bagot riposte dans Défense du droit épiscopal et de la liberté des fidèles[24]. Une controverse éclate. Parmi les adversaires de Bagot, on trouve l'archevêque de Toulouse Pierre de Marca[8], acteur pourtant de la lutte contre le jansénisme[25]. L'ouvrage de Bagot est déféré en Sorbonne. Certaines propositions sont censurées. Bagot défend sa doctrine devant la faculté. La censure est levée[8].

Dernières années[modifier | modifier le code]

Le père Bagot consacre ses dernières années à la congrégation de la Vierge bénie[8]. Il devient supérieur de la maison professe de Paris[6]. Il meurt à Paris le [1], à 73 ans.

Publications[modifier | modifier le code]

  • 1644. Institutio theologica de vera religione, première partie de l'Apologeticus fidei[6],[7].
  • 1645. Demonstratio dogmatum christianorum, seconde partie de l'Apologeticus fidei[8].
  • 1650. Advis aux catholiques, pour juger de la bonne doctrine, sur la matiere de la grace. Et servir de response à la premiere partie de la Lettre d'un abbé à un evesque, Paris[26].
  • 1653. Libertatis et gratiæ defensio[8].
  • 1655. Défense du droit épiscopal et de la liberté des fidèles[24].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Carlos Sommervogel, « Bagot, Jean », Bibliothèque de la Compagnie de Jésus ; Bruxelles, Schepens ; Paris, Picard ; 1890, t. I, col. 774.
  2. Selon l'abbé Tresvaux, les biographes ne s'accordent ni sur la date ni sur le lieu de naissance : certains donnent 1580, d'autres 1590 ; certains donnent Rennes, d'autres Saint-Brieuc. François Marie Tresvaux du Favral, « Le P. Jean Bagot, de la Compagnie de Jésus », dans Guy Alexis Lobineau, Les Vies des saints de Bretagne et des personnes d'une éminente piété, sur books.google.fr, Paris, Méquignon, 1837, t. IV, p. 344 (consulté le ).
  3. a b c et d François Marie Tresvaux du Favral, op. cit., p. 345.
  4. a b et c Jean Petit, « Qui était saint François de Laval », sur prytanee-national-militaire.fr, (consulté le ).
  5. « Autres professeurs remarquables », dans L'Écho des colonnes, sur amelycor.fr, no 33, septembre 2009, p. 12 (consulté le 16 septembre 2018).
  6. a b et c Augustin De Backer, « Bagot, Jean », Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus, sur books.google.fr, Liège, Paris, 1869, t. I, col. 367 (consulté le ).
  7. a et b Notice FRBNF30046604, sur catalogue.bnf.fr (consulté le ).
  8. a b c d e f g et h (en) George Edward Kelly, « Bagot, Jean », dans Catholic Encyclopedia, sur archive.org, New York, Appleton, 1907, t. II, p. 203 (consulté le ).
  9. Claude de Sainte-Marthe (1620-1690) sera confesseur de Port-Royal de 1656 à 1661, puis de 1669 à 1679. Raymond Picard, dans Racine, Abrégé de l'histoire de Port-Royal, dans Œuvres complètes, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », Paris, Gallimard, 1966, t. II, p. 111, note 1.
  10. Antoine-Alexandre Barbier et Carlos Sommervogel l'attribuent à l'abbé Claude de Sainte-Marthe. Selon le Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, elle serait plutôt due à l'abbé janséniste Amable de Bourzeis. Notice bibliographique FRBNF35944116, sur catalogue.bnf.fr (consulté le 20 septembre 2018).
  11. a b et c Pierre Collet, La Vie de M. Henri-Marie Boudon, grand archidiacre d'Évreux, sur archive.org, Paris, Hérissant, 1762, p. 43 (consulté le ).
  12. a et b « Historique des MEP », sur animation.mepasie.org (consulté le ).
  13. Voyages et missions du père Alexandre de Rhodes, sur archive.org, Paris, Julien, Lanier, 1854, p. 435 et 436 (consulté le ).
  14. a et b Antoine Sérieys, Histoire de l'établissement du christianisme dans les Indes orientales, sur archive.org, Paris, Devaux, 1803, t. I, p. 16.
  15. « Un visionnaire », sur francoisdelaval.com, (consulté le ).
  16. Pierre Collet, op. cit., p. 45.
  17. Auguste Carayon (en), préface des Voyages et missions du père Alexandre de Rhodes, op. cit., p. iii.
  18. « Séminaire des Missions étrangères de Paris », sur data.bnf.fr, (consulté le ).
  19. a et b Sylvio Hermann De Franceschi, « Autorités doctorale et théologique dans la polémique antijanséniste : la stature auctoriale du P. Annat », sur academia.edu, dans coll., Chroniques de Port-Royal, no 66, 2016, p. 241 (consulté le ).
  20. Antoine Sérieys, op. cit., p. 14.
  21. François Marie Tresvaux du Favral, op. cit., p. 346.
  22. Carlos Sommervogel, op. cit., col. 775.
  23. Nicolas Mazure, L'Obligation des fideles de se confesser à leur curé ; pour respondre aux reflexions des reguliers sur le chapitre 21 du concile general de Latran IV, Paris, 1653. Notice bibliographique FRBNF33513771, sur catalogue.bnf.fr (consulté le ).
  24. a et b Jean Bagot, Défense du droit épiscopal et de la liberté des fidèles touchant les messes et les confessions d'obligation, contre l'escrit d'un certain docteur anonyme…, Paris, Cramoisy, 1655. Notice bibliographique FRBNF31751507, sur catalogue.bnf.fr (consulté le ).
  25. Pierre de Marca est le principal rédacteur du premier formulaire destiné à combattre le jansénisme. Racine, op. cit., p. 99, 119 et 124.
  26. Notice bibliographique FRBNF35943989, sur catalogue.bnf.fr (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]