Génération Snowflake
Le vocable de génération Snowflake (« flocon de neige » en anglais) est utilisé au Royaume-Uni et aux États-Unis pour critiquer les adolescents et jeunes adultes, à savoir les générations dites Y et Z, en insistant sur leurs prétendues fragilité émotionnelle et incapacité à supporter l'expression d'opinions contraires aux leurs[1].
Il s'agit d'un terme péjoratif, voire insultant[1]. Son usage s'est développé à partir de 2016, notamment sous la plume de polémistes de droite[1].
Origine
Le concept vient de l'ouvrage de 2016 I find that offensive ! de Claire Fox, une ancienne militante communiste britannique. L'expression proviendrait d’une réplique du roman puis du film Fight Club, où l’un des personnages dit : « Tu n'es pas spécial. Tu n’es pas un flocon de neige splendide et unique. Tu es fait de la même matière organique et pourrissante que chacun d’entre nous. »[2],[3].
Le même année, le mot est salué par le Collins English Dictionnary comme un des dix ayant marqué 2016[1]. Il reflète une opposition prisée par les médias anglophones entre la génération du baby-boom et leurs cadets[1].
Fondements
Ce comportement allégué serait imputable à l'hyperprotection dont auraient bénéficié les jeunes adultes concernés pendant leur enfance, maintenus par leurs parents et le corps enseignant à l'abri de toute critique. En renforçant leur estime de soi, c'est aussi leur narcissisme qu'on a développé, ainsi que la conviction qu'autrui aurait des devoirs envers eux[2].
Incapable d'affronter une contradiction dans leur vision du monde qu'ils tiennent pour la seule valide, les membres de ces générations exigeraient de ne pas avoir à subir de confrontation à d'autres idées. Ils auraient ainsi développé la cancel culture[3]. Dans les universités américaines puis britanniques ils réclameraient par exemple la mise en place d'espaces sécurisés réservés à des groupes spécifiques (les safe spaces)[3],[1] et des messages d'avertissements pour les protéger de contenus potentiellement choquants dans leurs lectures (trigger warnings)[1].
Politisation
À la suite du résultat du référendum en faveur du Brexit au Royaume-Uni et de l'élection de Donald Trump comme 45e président des États-Unis, l'expression « génération snowflake » a souvent été raccourcie pour devenir simplement « snowflake » et est devenue une insulte politisée. Un article de novembre 2016 du Guardian commente : « Jusqu'à très récemment, qualifier quelqu'un de "snowflake" aurait impliqué le mot "génération" »[4].
En 2017, une agence de marketing américaine a créé un « snowflake test »[5] destiné à être utilisé dans son processus d'embauche pour « écarter les candidats trop sensibles, libéraux et trop facilement offensés ». De nombreuses questions ont été conçues pour évaluer la position d'un candidat sur l'Amérique, la police et les armes à feu[6]. Le psychologue et universitaire de la Manchester Business School de l'université de Manchester Cary Cooper suggère qu'il s'agit d'une mauvaise stratégie pour attirer de jeunes travailleurs talentueux[7].
Notes et références
- « Comment « flocon de neige » est devenu une insulte pour toute une génération », sur Konbini, (consulté le )
- Brice Couturier, « Les campus américains et la génération « flocons de neige » », sur France Culture, (consulté le )
- Brice Couturier, « La liberté de dire aux gens ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre », sur France Culture, (consulté le )
- (en) « ‘Poor little snowflake’ – the defining insult of 2016 », sur the Guardian, (consulté le )
- (en-US) « The Original CEO Snowflake Test: Are You A Snowflake? », sur www.goforquiz.com, (consulté le )
- (en) « CEO uses 'snowflake' test when hiring to avoid 'whiny millennials' », sur The Independent, (consulté le )
- (en) Cary Cooper, « The legitimate concerns of ‘snowflake’ workers », sur www.bbc.com (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Claire Fox, I Find That Offensive !, Londres, Biteback, , 128 p. (ISBN 978-1-849-54981-3) .