Fernande d'Erlincourt

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Fernande d'Erlincourt
Biographie
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Nom de naissance
Sidonie-Gabrielle PoiretVoir et modifier les données sur Wikidata
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Mouvement

Sidonie Poiret, connue sous le nom de scène de Fernande d'Erlincourt, née à Reims le et morte après 1919, est une artiste lyrique ou comédienne française, surtout connue en tant que militante anarchiste puis en tant que philanthrope.

Biographie[modifier | modifier le code]

Née le au no 22 de la rue de Venise à Reims, Sidonie-Gabrielle Poiret est la fille de Victoire-Amanda Doutté (née vers 1831) et de Jean-Antoine-Gustave Poiret, employé[1], né en 1834 dans une famille de tisserands de Saint-Paul-aux-Bois[2].

Sidonie a dix ans quand son père est condamné pour avoir participé à la Commune. Tout d'abord élevée par sa grand-mère paternelle en Normandie, Sidonie rejoint vers 1882 son père[3], qui vit au no 103 de la rue du Temple à Paris et qui gagne sa vie comme comptable à la miroiterie Baulard (Remlinger et Vinet successeurs), au no 4 rue des Archives.

Passionnée par le théâtre, Sidonie suit des cours de musique et de déclamation[4] puis adopte le nom de scène « Fernande d'Erlincourt ».

Ce pseudonyme est dû au nom de plume de son père. En effet, Gustave Poiret rédige des articles politiques sous le nom de Poiret-Derlincourt (du nom de jeune fille de sa mère)[2] ou sous le pseudonyme de « Sigus » dans un journal d'extrême gauche fondé en 1881, La République sociale[5]. Il en est l'administrateur, tandis que le jeune Michel Morphy en est le rédacteur en chef et que le vieux révolutionnaire Jules Raynaud (1807-1882), également communard, en est le gérant[6].

Au contact de ce milieu d'extrême gauche, Fernande s'engage en politique et participe à des réunions socialistes[7]. En 1883, elle fréquente des anarchistes tels que Louise Michel, Émile Digeon[8] et Olivier Souêtre, qui écrit pour elle un chant révolutionnaire, La Marianne de 1883, sur une musique de Léon Trafiers[9].

Fernande (à gauche) lors de la bagarre de la salle Rivoli.

Lors des manifestations anarchistes du , Fernande accompagne Digeon en tête d'un cortège qui tente de rejoindre l'hôtel de ville depuis la place de la Bastille. Dispersés par un peloton de gardes à cheval, les manifestants se rendent à la salle Rivoli, où a lieu un meeting de maçons et tailleurs de pierre présidé par le conseiller municipal Yves Guyot. Les ouvriers ayant refusé de suivre les anarchistes, une bagarre éclate. Guyot est pris à partie et violemment molesté par les intrus[10], sous les encouragements de Fernande, qui aurait réclamé qu'on mette la tête du conseiller municipal en haut d'une pique[3]. Arrêtée et incarcérée pendant quinze jours à Saint-Lazare, Fernande est libérée après une ordonnance de non-lieu[11].

Louise Michel et Fernande (caricature d'Alfred Le Petit, 1883).

Remarquée pour sa grande beauté, souvent opposée à la laideur de Louise Michel[12], Fernande d'Erlincourt acquiert ainsi une certaine notoriété. Alphonse Karr la considère comme une imitatrice de Théroigne de Méricourt[13], tandis que Charles Laurent écrit avec amusement : « L'anarchie a son Infante : Louise Michel peut se reposer en paix »[14].

Grâce à cette célébrité momentanée, Fernande est embauchée au théâtre des Bouffes-du-Nord[15], alors dirigé par le communard Maxime Lisbonne. Sept ans plus tard, Lisbonne la fait jouer sur les planches du théâtre Beaumarchais[16]. En 1894, sous le nom de plume « comtesse Éliane », elle écrit les paroles de La Fille de Tabarin, une scène tragi-comique composée par Émile André[17], qu'elle interprète en au Trianon-Concert[18].

Après être passée par le boulangisme[3] (elle a notamment déclamé des strophes lors d'un grand banquet boulangiste en )[19], Fernande d'Erlincourt délaisse la politique au profit d’œuvres philanthropiques.

En 1895, elle fonde « La Maison du soldat » (51, rue d'Hauteville)[20], qui a pour but d'aider les anciens soldats sans ressources et, en cas de guerre, d'organiser un service d'ambulance. Accusée d'avoir détourné les fonds de l’œuvre, elle est poursuivie pour abus de confiance et escroquerie. Défendue par Émile de Saint-Auban, elle est condamnée à un mois de prison avec sursis et 2 000 francs d'amende le [21]. Le ministère public ayant fait appel, la peine de prison est élevée à six mois sans sursis au début du mois d'[22].

En , à la requête du ministère de la Guerre, la justice ordonne son expulsion de l'ancien carmel de la rue Denfert-Rochereau, où elle avait installé l’œuvre du « Foyer du soldat »[23].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Archives départementales de la Marne, état civil de Reims, registre des naissances de 1861, acte no 679 (vue 174 sur 475).
  2. a et b Archives départementales de l'Aisne, état civil de Saint-Paul-aux-Bois, registre des naissances de 1834, acte no 56 (vue 28 sur 258).
  3. a b et c Davranche (cf. Liens externes).
  4. Le Monde illustré, 14 avril 1883, p. 237.
  5. L'Intransigeant, 19 décembre 1881, p. 3.
  6. L'Intransigeant, 21 octobre 1881, p. 2.
  7. La Justice, 27 novembre 1882, p. 2.
  8. L'Intransigeant, 2 mars 1883, p. 4.
  9. Le Figaro, supplément littéraire du 17 octobre 1885, p. 2.
  10. Le Moniteur universel, 12 mars 1883, p. 1-2
  11. Le Petit Parisien, 27 mars 1883, p. 2.
  12. L'Avenir de la Mayenne, 18 avril 1883, p. 4.
  13. Le Moniteur universel, 6 avril 1883, p. 1
  14. Paris, 14 mars 1883, p. 1.
  15. La Gazette de France, 29 mars 1883, p. 4.
  16. Le Constitutionnel, 11 mars 1890, p. 3.
  17. Le Journal, 23 octobre 1894, p. 4.
  18. La Libre Parole, 19 avril 1895, p. 4.
  19. La Presse, 29 janvier 1890, p. 2.
  20. Office central des œuvres de bienfaisance, Paris charitable et bienfaisant, Paris, Plon, 1912, p. 675.
  21. Le Figaro, 25 janvier 1916, p. 3.
  22. L'Écho de Paris, 3 avril 1917, p. 2.
  23. La Lanterne, 20 novembre 1919, p. 4.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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