Edy Legrand

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Édouard Léon Louis Warschawsky dit Edy-Legrand, né à Bordeaux le et mort à Bonnieux le 2 septembre1970, est un illustrateur et peintre français.

La première partie de sa carrière se déroule dans l'illustration publicitaire et littéraire. Plus tard, son œuvre a consacré sa réputation de peintre.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est né à Bordeaux de mère française et de père juif russe. En 1919, ce jeune peintre réalise le premier livre pour enfants de la NRF, Macao et Cosmage ou l'expérience du bonheur[1]. Les compositions en sont coloriées en style Art déco à la main par Jean Saudé[2]. Cet album aux dimensions exceptionnelles est salué depuis les années 1980 comme un des jalons de l'histoire de l'album illustré pour enfants[3]. L'album a été réédité en 2000 et 2020.

Il expose dès le début des années 1920 au Salon d'automne dont il est sociétaire, au Salon des indépendants et à la Société des artistes décorateurs ainsi qu'une exposition remarquée à la Galerie Weill de mars 1922 à avril 1923[4].

Il participé à la première exposition universelle d'œuvres gravées de l'Art Institute of Chicago en 1932 où il représente la France. Exposé avec Picasso, Matisse et Derain, il a été le seul à recevoir la mention honorable.

Par la suite, il s'installe à Rabat, au Maroc. Il y vit environ vingt ans où il est très lié à Jacques Majorelle.

« Au Maroc, Edy-Legrand est fasciné par les éléments de vie qu'il découvre dans le mouvement incessant des foules et dans la mise en vibration de la couleur par les jeux de la lumière sur les costumes et le décor. Le spectacle est si totalement pictural qu'il se plaint, dans un premier temps, d'être obligé de lutter contre la tentation de reproduire fidèlement la réalité extérieure [...]. Plus il peint, plus il affirme nettement son indépendance vis-à-vis du spectacle de la nature. Ce qu'il aime par-dessus tout, c'est recréer le frémissement de la matière par les infinies combinaisons des masses colorées »

— Claude Leclanche-Boulé, Edy-Legrand, voyage au Maroc, itinéraire d'un peintre, 1993

Il a été marié[5] à la chorégraphe Myriam Edy-Legrand, née le 4 juin 1926.

Au soir de sa vie, Edy Legrand s'installe à « l'Ilet », près de Bonnieux, dans le Luberon. « À cette maison, évoque sa biographe Cécile Ritzenthaler[6], est accolée une vaste carrière de pierre, sorte de cathédrale transformée en atelier ». C'est dans ce paysage grandiose du Luberon auquel il se lie (« autant qu'aux vastes étendues du Maroc » écrit Cécile Ritzenthaler) qu'il peint ses dernières toiles et reçoit un cercle d'habitués, parmi lesquels Félix Vercel venant y choisir les tableaux à accrocher dans sa galerie de New York. Mort en 1970, Edy Legrand repose là, dans cette ancienne carrière qui fut son dernier atelier.

Livres illustrés[modifier | modifier le code]

Quelques œuvres[modifier | modifier le code]

  • La Eikka, l'heure du thé, huile sur papier, 97 × 129 cm. Paris, Vente Artcurial le 09/06/2011.
  • Musiciennes dans le jardin du Caïd à Telouet, huile sur toile, 97 × 130 cm.
  • Femme en bleu, huile sur isorel, 130 × 100 cm.
  • Ahouache à Animiter, huile sur panneau, 97 × 130 cm.
  • Guedra à Goulimine, huile sur toile, 100 × 129,5 cm.
  • Paysage du Lubéron, huile sur toile, 54 × 65 cm.

Expositions[modifier | modifier le code]

Expositions personnelles[modifier | modifier le code]

  • Edy Legrand - Deux cents œuvres : peintures, pastels, dessins - Maroc, Espagne, France, Galerie Jean Charpentier, Paris, 1936[9].
  • Edy Legrand - Peintures, Galerie Vendôme , Paris, novembre-décembre 1975[10].
  • Vingt ans de Maroc par Edy Legrand, Galerie Antinea, Paris, juillet 1985[11].

Expositions collectives[modifier | modifier le code]

Réception critique[modifier | modifier le code]

  • « Edy Legrand a gravé pour Siegfried et le Limousin quelques cuivres d'un art extrêmement fin, d'un métier excellent, admirablement adaptés au texte de Jean Giraudoux, et qui placent ce bon et probe artiste au premier rang des nouveaux illustrateurs. » - Raymond Geiger, 1929[7]
  • « Edy Legrand publie aux éditions du Capitole de bien jolis cuivres pour le Jaco et Lori de Jacques Bainville. On connaît le roman : Edy Legrand l'a illustré d'une façon fort spirituelle. L'eau-forte et le burin n'ont pas de secret pour lui : il rend les jeux de la lumière avec une diabolique virtuosité où l'art ne perd pas ses droits. Voilà encore une illustration toute à l'honneur de ce bel artiste. » - Raymond Geiger, 1930[8]
  • « Ce Bordelais est un analyste doublé d'un metteur en scène. En 1933, il découvre le Maroc où il retourne chaque année pendant vingt ans : il y retrouve "l'homme de toujours" (il y compose 300 illustrations pour une Bible qui paraît en 1950), et sa sincérité éclate dans ses toiles et pastels aux rythmes nerveux, fourmillants et rapides, riches de couleurs vives et de sensualité. » - Gérald Schurr[11]

Marché de l'art[modifier | modifier le code]

L'une de ses huiles, L'Ahouache (98 cm × 128 cm) a été vendue plus de deux cent mille euros en 2008 chez Christie's.[réf. nécessaire]

Musées[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Alain Tirefort, « Un album pour enfants, Macao et Cosmage ou l’expérience du bonheur », Images et Mémoire, vol. 51,‎ hiver 2016-2017, p. 5 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Olivier Piffault (dir.), Babar, Harry Potter & Cie : livres d'enfants d'hier et d'aujourd'hui, Paris, Bibliothèque nationale de France, , 580 p. (ISBN 978-2-7177-2422-6), p. 239.
    Exposition, Paris, Bibliothèque nationale de France, site François Mitterrand, du 14 octobre 2008 au 11 avril 2009.
  3. « Un bel anéantissement du bonheur », sur Épicurien mais curieux, (consulté le ).
  4. René Édouard-Joseph, Dictionnaire biographique des artistes contemporains, tome 1, A-E, Art & Édition, 1930, p. 457
  5. BNF, catalogue général, http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb15033546w/PUBLIC
  6. Cécile Ritzenthaler: Edy Legrand, ACR Edition, voir pages 322 à 329.
  7. a et b Raymond Geiger, « Bibliophilie », L'Amour de l'art, n°2, février 1929, pp. 72-73.
  8. a et b Raymond Geiger, « Bibliophilie - Edy Legrand », L'Amour de l'art, n°1, janvier 1930, p. 78.
  9. Magdeleine A-Dayot, « Les expositions », L'Art et les artistes, tome XXXI, 1936, p. 358.
  10. Journal de l'Amateur d'art, no 220, 25 novembre 1958, page 14.
  11. a et b Gérald Schurr, « Les expositions de l'été », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no 29, 19 juillet 1985.
  12. François Fosca, « Salon des Tuileries, 1928 », L'Amour de l'art, no 6, juin 1928.
  13. François Fosca, « Salon d'automne, 1927 », L'Amour de l'art, no 12, décembre 1927.
  14. François Fosca, « Salon d'automne, 1928 », L'Amour de l'art, no 12, décembre 1928.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Raymond Geiger, « Le Pentatoli d'Edy Legrand », L'Amour de l'art, no 4, avril 1929, pp. 133-137 (consulter en ligne).
  • Philippe Jullian, Les Orientalistes, Office du livre, Fribourg (Suisse), 1977.
  • Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999. Voir tome 5.
  • Marcus Osterwalder, Dictionnaire des illustrateurs, 1905-1965, Éditions Ides et Calendes, 2005.
  • Cécile Ritzenthaler, Edy Legrand (monographie, 336 pages, en collaboration avec Jean-Pierre Chalon), ACR Édition, Courbevoie, 2005.
  • « Edy-Legrand », Les peintres bordelais (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]