Dranem

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Dranem
Dranem, affiche de 1895.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Armand MénardVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
DranemVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoint
Suzette O'Nil (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Genre artistique
Comique troupier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions

Charles Armand Ménard dit Dranem (anacyclique), né le rue du Château-Landon dans le 10e arrondissement de Paris, ville où il est mort le dans la clinique de l'Alma dans le 7e arrondissement[1], est un chanteur et fantaisiste français[2].

Son répertoire de chansons à l'humour incongru, et souvent scabreux, a fait de lui une des vedettes les plus populaires du café-concert.

Biographie

Des débuts difficiles

Fils d'un artisan-joaillier, il est très tôt attiré par le café-concert. En , il se lance sur les planches d'une société d'amateurs de son quartier, « La Verrerie ». Après son service militaire, il devient commis chez un marchand de bretelles, puis vendeur d'instruments orthopédiques. Le soir, il va écouter les vedettes du caf'conc' : Mayol, Kam-Hill, Ouvrard, Libert, Polin, tout en continuant de se produire à La Verrerie. Il décide de se trouver un nom de scène et inverse le sien : Ménard devient Dranem.

Henri Moreau, un auteur dramatique client du kiosque à journaux que tient la mère de Ménard, le recommande au directeur de la Gaîté Montparnasse. L'audition est un échec. Dranem tente sa chance de caf' conc' en caf' conc'. Partout il est refusé.

Le , il est engagé à l'Electric-Concert du Champ de Mars comme comique troupier « genre Polin ». Il ne convainc guère et son cachet est réduit deux jours après. Néanmoins, le directeur de La Gaîté Montparnasse retourne l'écouter, trouve qu'il progresse et l'engage dans un autre établissement qu'il dirige : « Le Concert Parisien ».

Le succès

Dranem en 1908.

Un jour de 1896, au Carreau du Temple, il s'achète une petite veste étriquée, un pantalon trop large et trop court, jaune rayé de vert, d'énormes godasses sans lacets et un petit chapeau bizarre. Le soir même, il abandonne son costume de comique troupier et revêt cet étrange accoutrement. Les joues et le nez maquillés de rouge, il entre en scène en courant, comme poursuivi. Il s'arrête devant le trou du souffleur et chante les yeux fermés, qu'il n'ouvre que pour simuler la frayeur de débiter pareilles incongruités. C'est un triomphe. Le genre Dranem est né.

En 1900, il se produit à l'Eldorado, le temple du café-concert. Il y restera plus de vingt ans.

Au lendemain de leur création, tout Paris reprend ses « scies » : Le fils d'un gniaf, J'ai deux quetschiers dans mon jardin, Les P'tits Pois, Pétronille, tu sens la menthe, Le trou de mon quai, Les fruits cuits… Il excelle aussi dans le monologue comique.

Dranem enchaîne tournée sur tournée, en province et à l'étranger. Partout c'est le délire.

En 1905 il enregistre douze phonoscènes réalisées par Alice Guy.

Il fut un des membres fondateurs de l'APGA (association phonique des grands artistes) en 1906.

Les intellectuels ne boudent pas ce favori du public populaire : en 1910, l'exigeant metteur en scène Antoine lui fait jouer Le Médecin malgré lui, de Molière, à l'Odéon. La critique est dithyrambique.

En 1911, il fonde la maison de retraite de Ris Orangis par la création d'une fondation pour les anciens du spectacle dans le château de Ris ; elle est inaugurée par le président Armand Fallières.

Pendant la Première Guerre mondiale, il chante dans les hôpitaux et fait ses adieux au tour de chant à l'Eldorado le .

Il se tourne d'abord vers le théâtre, puis vers l'opérette. Il partage l'affiche avec Maurice Chevalier dans Là-Haut et brille dans de nombreuses comédies musicales écrites par Albert Willemetz.

Dranem fait aussi beaucoup de radio. Dans une de ses émissions, en chef de cuisine, il aura pour marmitons les duettistes Charles et Johnny.

En 1891, il avait épousé Mademoiselle Isambert, laquelle après une union de vingt-deux ans demanda et obtint la séparation de corps et fit condamner son époux au versement d'une pension de 500 francs par mois[3].

En 1923, il rencontre sa seconde épouse Suzette O'Nil qui restera à ses côtés jusqu'à sa mort. Cette même année, il est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur.

En 1924, il publie un roman, Une riche nature.

Il meurt le , à l'âge de 66 ans, en pleine gloire alors qu'il vient d'être fait officier de la Légion d'honneur. Ultimes volontés : « J'ai toujours fait rigoler mes amis pendant ma vie, je ne veux pas les attrister pendant mes funérailles ». Défense donc de lui rendre visite sur son lit de mort et de suivre ses funérailles.

À sa demande, il est enterré dans le parc de Ris Orangis avec son épouse.

Quelques chansons

  • Les Petits Pois (son plus grand succès - 25 000 exemplaires vendus en 1904)
  • Mon cœur est un compartiment dans l'opérette PLM (1925)
  • Le Trou de mon quai (1928)
  • La Bourra[4] : idylle auvergnate (1910)
  • La Cacahuetera (parodie de La Violetera)
  • Pétronille, tu sens la menthe
  • La Vigne aux moineaux
  • V'l'à l'rétameur !
  • La Jambe en bois
  • On ne me comprend pas
  • Le Plombier rigolo
  • Raymonde
  • J'en suis un
  • La Chanson du doge
  • Henri, pourquoi n'aimes-tu pas les femmes (1929)

Sa discographie est abondante, il enregistre chez APGA, Pathé Frères et aussi chez Gramophone. On compte ainsi 94 chansons (soit 47 disques 78 tours) dans le catalogue Pathé 1926. Certains de ses disques Pathé sont des enregistrements effectués chez AGPA entre 1906 et 1909.

Les phonoscènes

  • (no 157) Allumeur Marche (paroles de R. Champigny et Louis Bénech, musique de Désiré Berniaux, ca1907)[5]
  • (no 158) Le trou de mon quai
  • (no 159) Valsons
  • (no 160) V'la retameur
  • (no 161) Les p'tits pois
  • (no 162) L'enfant du cordonnier
  • (no 163) Être légume
  • (no 164) Le cucurbitacée
  • (no 165) Le boléro cosmopolite
  • (no 166) Bonsoir, M'sieurs, dames
  • (no 167) Le Vrai Jiu-jitsu (paroles de Paul Briollet et Géo Fabri, musique de Charles d'Orvict, 1905)[6]
  • (no 168) Five O'Clock Tea

Les opérettes

Filmographie

Anecdotes

  • Dranem avait baptisé son petit chapeau de scène du nom de Poupoute.
  • Parmi les admirateurs de Dranem, citons Maurice Chevalier, Jacques Fabbri, Paul Léautaud, André Breton, Raymond Queneau[9], ou Boris Vian. Et il est fort probable que Bourvil, Boby Lapointe et Coluche se soient inspirés de son répertoire et de son personnage.
  • Le critique Francisque Sarcey le considérait comme un « idiot de génie ».
  • Au plus fort de son succès, Dranem sera beaucoup copié : ses imitateurs s'appellent Bertin, Tinmar, Darier, Bastian ou même Dalila Rives, surnommée « le Dranem féminin ».
  • Maurice Chevalier débuta au music-hall en imitant Ouvrard père et Dranem[10].
  • Dranem fut si populaire qu'on fera même des bonbonnières ou des statuettes-souvenirs en régule à son effigie.
  • « Comment Dranem peut-il avoir le toupet de débiter devant un public hilare les inepties de son répertoire ? La bêtise volontaire poussée à ce point confine au génie. » Boris Vian
  • Dranem est le premier à chanter à la radio une chanson publicitaire pour les Galeries Barbès : La chanson du bonhomme Ambois. Et dans les années 1950, les Galeries Barbès ont continué à en faire leur refrain publicitaire dans leur émission sur Radio Luxembourg, mais sans les paroles de Dranem.

Iconographie

Notes et références

  1. Archives de Paris 7e, acte de décès no 1328, année 1935 (page 14/21)
  2. « Deux sous de fleurs - "C'est les femmes" (R. Benatzky) Dranem », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  3. Journal L'Heure, 16 octobre 1916, page 2
  4. « La bourra : chansonnette comique, idylle auvergnate », sur Bibliothèques spécialisées de la Ville de Paris (consulté le )
  5. Cf. medihal-00577251.
  6. Datation Martin Pénet, p. 1002.
  7. Comoedia du 17 septembre 1931
  8. Journal des Débats, 14 juin 1934, p.4
  9. Voir le texte de Raymond Queneau sur le revers de la pochette du disque 45 tours "Jacques Fabbri chante Raymond Queneau" (Vogue EPL 7340, 1957) : "C'est chez André Breton que j'ai appris à aimer Dranem... aussi est-ce un bien grand compliment que je fais à Jacques Fabbri de retrouver et de rénover un style, celui même que j'ai essayé d'imiter dans "La pendule" et "Maigrir"" - texte cité en note dans Boris Vian, Œuvres complètes, tome XII, Paris, Fayard, 2001, 578 p. (ISBN 2-213-60240-9), p. 45.
  10. [1], sur dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net

Liens externes

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