Constance de Jésus

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Marie-Geneviève Meunier, en religion sœur Constance de Jésus ( - ), est la plus jeune des carmélites de Compiègne guillotinées durant la Grande Terreur. Elle était alors encore novice au carmel.

Sœur Constance de Jésus
Image illustrative de l’article Constance de Jésus
Exécution des Carmélites, vitrail de l'église Notre Dame du Mont-Carmel de Quidenham (Angleterre)
Bienheureuse
Naissance
Saint Denis (Seine-Saint-Denis)
Décès (à 29 ans) 
barrière de Vincennes (Paris)
Nom de naissance Marie-Geneviève Meunier
Nationalité Drapeau de la France Française
Ordre religieux Ordre des Moniales déchaussées de la bienheureuse Vierge Marie du Mont-Carmel (d)
Béatification
par le pape Pie X
Vénéré par Église catholique romaine, Ordre du Carmel
Fête 17 juillet

Au moment d'être exécutée la première, elle entonne le « Laudate Dominum » et donne l'exemple aux autres carmélites qui la suivent en continuant le chant.

Béatifiée le par le pape Pie X, elle est fêtée le 17 juillet[1] avec l'ensemble des carmélites martyres de Compiègne.

Biographie

Enfance et entrée au Carmel

Marie-Geneviève Meunier est née le à Saint Denis (Seine-Saint-Denis).

Elle entre au Carmel le [A 1]

La Révolution

Lorsque la Révolution française éclate en 1789, elle est la plus jeune[2] du Carmel de Compiègne (elle est alors âgée de 24 ans) qui compte vingt-et-une religieuses. Elle n'a pas encore prononcé ses vœux d'engagement.

En décembre 1789, sœur Constance de Jésus alors novice au Carmel se trouve interdite par la loi du de suspension des vœux dans les monastères[3] de prononcer ses vœux. Elle reste donc novice, accompagnant fidèlement ses sœurs carmélites.

À cause du décret du qui supprime les ordres religieux, chaque carmélite est invitée à déclarer si son intention est de sortir de son monastère. Toutes affirment « vouloir vivre et mourir dans cette sainte maison ». Constance décide de rester, alors qu'elle n'a pas prononcé ses vœux, et que le but de cette loi était justement de « libérer » les religieuses enfermées contre leur volonté dans les couvents[A 2]

Les carmélites de Compiègne

Sœur Constance restant avec les autres religieuses, pour la vie de la communauté et leur arrestation, se reporter à l'article sur les Carmélites de Compiègne.

La première exécutée

Plaque en mémoire des 16 carmélites de Compiègne au cimetière de Picpus

Les seize religieuses, conduites par leur supérieure, Mère Thérèse de Saint-Augustin, quittent la prison vers 18h et prennent le chemin de la guillotine en chantant des cantiques tout au long du parcours (Miserere, le Salve Regina). Vêtues de leurs manteaux blancs de religieuses, elles descendent des charrettes, puis se mettent à genoux et entonnent le Te Deum, prononcent le renouvellement de leurs vœux et chantent le Veni Creator[4].

À 20 h, les assistants du bourreau, Charles-Henri Sanson, viennent chercher en premier sœur Constance de Jésus, qui est aussi la plus jeune. Sœur Constance fait une génuflexion devant la mère supérieure pour lui demander la permission de mourir. En montant les marches de l'échafaud, elle entonne le « Laudate Dominum »[5],[A 3](psaume chanté lors des fondations des Carmels, avec la symbolique de fonder au Ciel une nouvelle communauté).

Les quinze autres carmélites sont exécutées ensuite, continuant à chanter à la suite de sœur Constance. Les chants des religieuses, durant leur parcours jusqu'à la guillotine, puis gravissant l'échafaud, impressionnèrent fortement la foule qui assistait en silence au transfert des religieuses et à leur exécution[6]. « On ne saurait croire l'impression de respect que commandait le dévouement de ces généreuses victimes ; toutes soupiraient après le moment de leur sacrifice, toutes s'exhortaient a rester fermes et généreuses dans le dernier combat... ; elles avaient l'air d'aller à leurs noces »(Témoignage d'un employé de la prison)[7].

Les corps et les têtes de sœur Constance et des autres carmélites sont jetés de nuit dans l'une des deux fosses communes du cimetière de Picpus[8]. Ils se trouvent encore dans le jardin des religieuses.

Du témoignage à l'œuvre

C'est sur le témoignage de sœur Marie de l’Incarnation que s'appuya Gertrud von Le Fort, pour écrire un roman qui exprimait sa peur dans une Allemagne en voie de nazification et qui s'intitula La dernière à l'échafaud. Dans son récit, si le personnage de Blanche de la Force s'inspire en partie de sœur Constance de Jésus (Blanche est une jeune novice comme Constance), son auteur dira que la petite Blanche « n'a au sens historique jamais vécu mais elle reçut le souffle de son être tremblant exclusivement de ma propre intériorité et ne peut, en aucun cas, être détachée de cette origine qui lui est propre »[A 4]

Après la guerre, le père Bruckberger et Philippe Agostini demandèrent à Georges Bernanos d'écrire le scénario et les dialogues du film qu'ils voulaient tirer de ce livre. Le résultat ne leur plut pas mais devint une pièce qui connut rapidement un grand succès et entra tout aussi rapidement au répertoire de la Comédie-Française.

Francis Poulenc en composa un opéra en 1958 ; le film sortit en 1960, mettant en scène Madeleine Renault, Alida Valli, Jeanne Moreau, Judith Magre et Georges Wilson.

Pierre Cardinal en réalisa un téléfilm en 1983 mettant en scène Suzanne Flon, Madeleine Robinson, Nicole Courcel, Anne Caudry et Marie Christine Rousseau.

Voir aussi

Notes et références

  1. Biographie sur le site Nominis
  2. Histoire du martyre communautaire sur le site de l’Association des Amis des Bienheureuses Carmélites de Compiègne
  3. Chronologie Carmélites de Compiègne sur le site carmel.asso.fr
  4. c'est l'hymne chanté pour les cérémonies de renouvellement des vœux dans les monastères
  5. Les paroles sont (la) Laudate Dominum, omnes gentes soit Louez le Seigneur, toutes les nations
  6. Carmélites de Compiègne - Qui sont-elles ? sur le site lecarmel.org
  7. Les carmélites de Compiègne sur le site histoire de Compiègne
  8. Stéphane-Marie Morgain, L'Amour sera toujours vainqueur : les carmélites martyres de Compiègne, pensées et témoignages, éd. du Carmel, 2000, p. 14-24.

Bulletin B34 Les carmélites de Compiègne, 1995 de la Société historique de Compiègne disponible sur leur site Numéro d'ouvrage B34

  1. Document B34-23, page 149
  2. Document B34-19, page 78-79. Les études ont montré que plus de 90% des religieuses françaises choisiront de rester dans leurs couvents malgré les difficultés
  3. Document B34-19 Page P92
  4. Document B34-26 Le merveilleux destin du Carmel martyrisé dans la littérature (page 226), citant Gertrud von Le Fort Aufzeichnungen und Erinnerungen "Benziger Verlag, Einsiedeln" Zurich, Cologne, 1951, p. 93-94

Page web Les 16 bienheureuses carmélites de Compiègne sur le site missel.free.fr