Bataille de Vesoul

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Libération de Vesoul

Informations générales
Date 12 septembre 1944
Lieu Vesoul
Issue Victoire française
Réoccupation allemande suivie d'une évacuation

Seconde Guerre mondiale

La Bataille de Vesoul aussi appelée Libération de Vesoul intervient le dans la préfecture haut-saônoise, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La ville est libérée par la 3e division d'infanterie US.

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Vesoul est prise par la Wehrmacht le 16 juin 1940 et se retrouve en zone interdite, comme une majeure partie de la Franche-Comté. La ligne de démarcation n'est localisée qu'à 75 kilomètres au sud de Vesoul, à la frontière des départements du Jura et du Doubs[1]. Les Allemands mobilisent alors plusieurs bâtiments et lieux dans la ville en y implantant notamment un camp de prisonniers : le Frontstalag 141, installé dans les casernes du 11e chasseur à cheval. Ce camp était dédié aux indigènes coloniaux de l'armée française et pouvait totaliser jusqu'à 5 000 prisonniers[2]. La Kommandantur est placée dans la villa Louise (aujourd'hui renommée villa Armand-Schiber), imposant bâtiment situé avenue Aristide-Briand[3], non loin de l'hôpital Paul-Morel.

Au début de la guerre, les premiers mouvements de résistance à Vesoul apparaissent. En 1943, un véritable état-major est constitué avec pour chef de file Yves Barbier, responsable départemental du mouvement Défense de la France. Dans ses actions de résistance, il nomme un responsable des affaires civiles, le maire de Vesoul René Hologne, un responsable des affaires militaires, Paul Guépratte, inspecteur à la SNCF et un adjoint, Gaston Girard, inspecteur des contributions indirectes[4]. La plupart d'entre eux mourreront en déportation.

Les troupes américaines libérèrent, le 8 septembre 1944, la ville de Besançon à 50 kilomètres au sud puis se dirigèrent vers Vesoul. Ils eurent toutefois des difficultés à traverser la rivière de l'Ognon, les allemands ayant détruits les ponts du le secteur de Pesmes et de Marnay. Avant la libération, Vesoul est tenue par la 189e et la 716e division d’infanterie allemande qui totalisent à eux deux d'une quinzaine de canons.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Les Américains débarquent à Vesoul en début de journée du 12 septembre. Les armements allemands sont alors petit à petit éliminés : des canons situés dans le quartier du Transmarchement et des Rêpes sont détruits. Quelques combats ont lieu à La Motte et au carrefour du Transmarchement ; on y retrouva par la suite de nombreux corps de soldats américains et allemands[5]. Vers 16h30, la ville est totalement libérée des armées allemandes.

Par la suite, les libérateurs, à bord de nombreux véhicules et tanks notamment, traversent le centre-ville en remontant la rue Paul-Morel et en passant devant l'hôtel de ville de Vesoul, sous l'acclamation des habitants. De précieux clichés photographiques sont pris par René Larcher, responsable d'un cabinet de photographie localisé devant la mairie et qui est en compagnie de son fils Michel Larcher sont pris à cet instant. D'autres clichés ont également été pris par Fernand Lecomte[5].

Sur ordre du comité départemental de Libération, Paul Heymes, le maire de Vesoul en poste, est arrêté à la Libération mais relâché le 17 septembre sans poursuite[6]. Des habitants de la ville brulèrent dans la rue le drapeau d'Hitler tandis que d'autres brandirent le drapeau américain depuis les fenêtres de leurs habitations. Les troupes américaines se dirigèrent ensuite vers d'autres localités du département et libérèrent Luxeuil-les-Bains et Lure le 16 septembre. La libération de l'ensemble du département de la Haute-Saône s'est faite sur une période totale de 83 jours.

Conséquences[modifier | modifier le code]

Le jour de la libération de la ville, le boulevard du maréchal Pétain, axe de circulation principal traversant le sud de Vesoul, est renommé boulevard Charles de Gaulle : des habitants de la ville arrachèrent alors les plaques de rue du boulevard afin de laisser place à son nouveau nom. Auparavant appelée boulevard de Besançon, cette voie avait été choisie lors d'une réunion du conseil municipal de Vesoul le pour porter le nom de Pétain. Pendant la guerre, Vesoul a été par ailleurs la première ville du département à donner le nom de maréchal Pétain à l'une de ses voies[7],[5]. Bien qu'ayant visité plusieurs villes franc-comtoises suite après la Libération, le général de Gaulles ne vint que pour la première fois à Vesoul le 27 janvier 1950[8].

Postérité[modifier | modifier le code]

Une stèle rendant hommage aux soldats américains de la 36e division tombés lors pendant les combats a été inaugurée le 12 septembre 2014 pour le 70e anniversaire de la libération de la ville, en présence notamment du maire de Vesoul Alain Chrétien, du député européen Arnaud Danjean et de la famille d'un des soldats américains morts, Victor Casaretti[9],[10]

Chaque année, la commune commémore la libération de Vesoul, en général sur la place des Allées, à proximité du monument aux morts, et le plus souvent assistée par le maire de Vesoul voire d'autres personnalités locales[11],[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « La ligne de démarcation », sur civs.gouv.fr (consulté le ).
  2. Belkacem Recham, Les musulmans algériens dans l'armée française (1919-1945), L'Harmattan, , 209 p. (ISBN 2-296-32528-9, lire en ligne)
  3. « Armand Schiber, l’histoire d’un Résistant sortie de l’ombre », sur estrepublicain.fr (consulté le ).
  4. François Marcot, La Résistance et les Français : lutte armée et maquis : colloque international de Besançon 15-17 juin, Volume 617, Paris, Presses universitaires de Franche-Comté, , 549 p. (ISBN 2-251-60617-3, lire en ligne), p. 280
  5. a b et c « Photos. Le 12 septembre 1944, Vesoul était libérée », sur estrepublicain.fr (consulté le ).
  6. Jean-Claude Grandhay, La Haute-Saône dans la Deuxième guerre mondiale : Sous le signe de la francisque 1940-1944, t. 3, , 271 p. (ISBN 2402096470)
  7. Jean-Claude Grandhay, La Haute-Saône dans la Deuxième guerre mondiale : Sous le signe de la francisque 1940-1944, t. 3, , 271 p. (ISBN 2402096470), L'affaire du Boulevard maréchal Pétain à Vesoul
  8. « Un buste en hommage au général de Gaulle inauguré le 18 juin prochain à Vesoul », sur estrepublicain.fr (consulté le ).
  9. « Libération de Vesoul : C'était le 12 septembre 1944 », sur dailymotion.com (consulté le ).
  10. Inscription sur la stèle :

    « A la mémoire des soldats américains de la 36e INF DIV

    SGT Arthur BAIRD Co H 2nd/143rd RGT
    PFC Edward KEARNS Co H 2nd/143rd RGT
    PVT Dominic RUSSO Co H 2nd/143rd RGT
    PVT Roy SANDERS Co H 2nd/143rd RGT
    PFC Barney WILKERSON Co F 2nd/143rd RGT
    PFC John NORRIS Co F 2nd/143rd RGT
    SSGT Weldon DOSSER Co A 1st/141st RGT
    PFC Arnold TYRA Co A 1st/141st RGT
    SGT Lyle KAUFMAN Co H 2nd/143rd RGT
    CPL Victor CASARETTI Co H 2nd/143rd RGT

    Et leurs freres d'armes tombés au champ d'honneur pour la liberation de la ville de Vesoul le 12 septembre 1944

    "LEST WE FORGET" "N'OUBLIONS PAS" »
  11. « Libération : « La mémoire des habitants me touche » », sur estrepublicain.fr (consulté le ).
  12. « Le 12 septembre 1944 à 16h, Vesoul était libérée », sur lapressedevesoul.com (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean Rauzier, De la Libération de Vesoul à la victoire : journal d'un adolescent, 26 août 1944-9 mai 1945, , 213 p. (ISBN 291540299X)
  • Jean-Claude Grandhay, Vesoul 12 septembre 1944 : la Libération, , 79 p. (ISBN 2903524645)
  • Pierre Bertin, Résistance en Haute-Saône, , 319 p. (ISBN 2878250192) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-Claude Grandhay, La Haute-Saône dans la Deuxième guerre mondiale : Sous le signe de la francisque, t. 3, , 271 p. (ISBN 2402096470) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-Claude Grandhay, La Haute-Saône dans l'épreuve, 1939-1945, , 319 p. (ISBN 2903524726)
  • Daniel Sassi, Vesoul : Histoire et Patrimoine, Quincey, Imprim'plus, , 273 p. (ISBN 978-2-9531130-3-7)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]