Art mérovingien

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Église Saint-Pierre de Vienne. Musée archéologique. Tour romane contre la nef mérovingienne
Cathédrale Saint-Léonce de Fréjus
Baptistère de la Cathédrale Saint-Léonce de Fréjus, intérieur
Baptistère Saint-Jean de Poitiers
Crypte de Notre-Dame de Jouarre

L'avènement de la dynastie mérovingienne en Gaule (Ve siècle après J.-C.) a entraîné des changements importants dans le domaine des arts. L'art antique littéraire classique qui y était encore vivant au Ve siècle grâce aux écoles de grammairiens et de rhéteurs va lentement se transformer au VIe siècle par le développement d'une culture chrétienne grâce à l'action des évêques et des monastères. La même transition va se produire pour les autres arts.

Architecture

L'architecture ne traduit plus un désir de construire des édifices robustes et harmonieux. La sculpture régresse au point de n'être plus qu'une simple technique d'ornementation des sarcophages, des tables d'autel ou du mobilier ecclésiastique.

Par contre, l'essor de l'orfèvrerie et de la peinture sur manuscrit entraîne une résurgence des éléments celtiques de décoration, qui, malgré les apports chrétiens et barbares, constituent le fond véritable de la création artistique mérovingienne.

À l'unité du royaume franc que réalisent Clovis (465-511) et ses successeurs correspond la nécessité de bâtir des églises, dont le plan fut très probablement repris de celui des basiliques romaines.

Le besoin de nouveaux lieux de culte à souvent conduit le clergé à réemployer des bâtiments civils existants en les modifiant, temples comme le Temple d'Auguste et de Livie à Vienne ou basiliques comme l'Église Saint-Pierre-aux-Nonnains de Metz. Depuis cette époque reculée, la plupart des monuments construits ont été modifiés ou détruits. Rares sont les témoins subsistants. Les fouilles permettent de refaire apparaître les plans des églises construites à cette époque, comme le groupe cathédral de Genève, ou celui de Lyon avec l'église de l'évêque, l'église paroissiale et le baptistère[1].

Ces églises, qui comportaient une charpente en bois, ne résistèrent malheureusement pas aux incendies, accidentels ou allumés par les pirates normands, les Sarrasins ou les cavaliers hongrois lors de leurs incursions ainsi qu'au cours des luttes entre les différentes lignées mérovingiennes. Mais bon nombre d'entre elles ont aussi disparu par la volonté du clergé de construire des édifices plus "modernes". La description laissée par l'évêque Grégoire de Tours dans son "Histoire ecclésiastique des Francs" de la basilique Saint Martin, construite à Tours vers 472, fait regretter la disparition de cet édifice qui fut l'une des plus belles églises mérovingiennes. L'église Saint-Pierre de Vienne offre un bon exemple d'ornementation intérieure dune basilique charpentée au VIe siècle.

À Aix-en-Provence, Riez et Fréjus, trois baptistères, bâtis sur plan octogonal et couverts d'une coupole sur piliers, subsistent comme principaux témoignages d'une architecture au demeurant très perméable à l'influence orientale (le baptistère de Riez, dans les Alpes-de-Haute-Provence, rappelle celui de Saint-Georges d'Esrah en Syrie). On peut aussi ajouter le baptistère de Venasque, probablement bâti au moment où les évêques de Carpentras se sont réfugiés à Venasque.

Fort différent des baptistères provençaux, le baptistère Saint-Jean (VIe siècle), à Poitiers, a la forme d'un carré flanqué de trois absidioles. Il s'agit vraisemblablement d'un édifice antique remanié, ayant subi un grand nombre de transformations, mais qui conserve dans sa décoration (chapiteaux de marbre) un caractère mérovingien.

Parmi les cryptes, très nombreuses en raison de l'importance du culte des saints à cette époque, seules demeurent quelques-unes comme celles de la basilique Saint-Seurin de Bordeaux, de la crypte Saint-Oyand de l'église Saint-Laurent de Grenoble et de l'abbaye de Jouarre (VIIe siècle).

L'architecture mérovingienne a aussi développé les basiliques funéraires, aujourd'hui disparues, comme l'église Saint-Martin d'Autun édifiée vers 590 par la reine Brunehaut ou l'église des Saints-Apôtres de Paris (devenue l'église Sainte-Geneviève) construite par Clovis pour recevoir les reliques de sainte Geneviève et où il fut enterré. Certaines de ces basiliques funéraires avaient été reliées à des mausolées, à Saint-Martin d'Autun pour la reine Brunehaut, à Jouarre pour la famille d'Agilbert. L'hypogée des Dunes de Poitiers[2] est une survivance de l'Antiquité.

Après les premières fondations d'abbaye par saint Martin - abbaye de Ligugé et abbaye de Marmoutier - c'est à l'époque mérovingienne qu'on a assisté à un début du développement des monastères. Dans le nord de la France, c'est le moine irlandais Colomban, avec ses disciples, qui ont joué un rôle important après la fondation de l'abbaye de Luxeuil. On peut aussi citer l'abbaye de Condat créé vers 425 par saint Romain. Au sud on trouve des personnalités fortes comme Jean Cassien à l'origine de l'abbaye Saint-Victor de Marseille et saint Honorat à l'abbaye de Lérins où se retira saint Césaire vers 490. En Italie, c'est saint Benoît qui va fonder le monastère de Subiaco et celui du Mont-Cassin et poser les prémières règles de l'ordre bénédictin. Ces abbayes vont progressivement essaimer en France de nombreux monastères. Progressivement la culture tardo-antique classique qu'a apprise Sidoine Apollinaire, Venance Fortunat, la famille de Grégoire de Tours, va être remplacée par la culture chrétienne enseignée à l'intérieur des monastères et auprès des évêques.

Orfèvrerie

L’orfèvrerie est un art symbolisant le pouvoir mérovingien. Chilpéric I, Eloi, personnages clés de cette période dynastique pratiquaient eux-mêmes le métier d’orfèvre. Sous le règne mérovingien, le métier d’orfèvre est pour eux un réel métier et pas un simple passe temps. Les bijoux sont généralement à base de métaux précieux. Plus un prince les accumule et plus il démontre un véritable signe de puissance en terme économique, puisque se sont des métaux précieux mais aussi en termes de savoir-faire. L’orfèvrerie étant un domaine démontrant un certain savoir faire. Cette richesse matérielle et la puissance qu’elle dégage peut faire écho à d’anciennes croyances : les Germains, comme les Grecs et les Romains, croyaient en plusieurs divinités comme les dieux forgerons. Eloi est d’ailleurs gestionnaire du trésor de Clotaire II en montrant qu’avec une quantité d’or prévu pour un objet, il réussit à en faire deux. Cet art barbare est un témoignage d’un génie mérovingien.

Les orfèvres tiennent une place importante dans la société mérovingienne. Comme chaque guerrier, ils ont la possibilité d’être enterrés avec leurs boîtes à outils. Avec la raréfaction de l’or en Gaule, les artisans se voient obliger de combiner d’autres matériaux. Les techniques évoluent comme le « damassage » qui combine des motifs en damas (chevrons, sinusoïde), l’utilisation du filigrane ou encore le « cloisonnage » (assemblage de pierres de couleurs entourées de minces cloisons d’or. Ces objets sont de véritables témoignages de l’histoire mérovingienne. On devine grâce à eux que les grandes invasions n’ont pas isolé la Gaule dans une économie quasi morte ravivée par les Carolingiens. L’origine de ces matériaux, le style utilisé, montre que les Mérovingiens vivaient dans un monde où les échanges étaient intenses.

La littérature historique

On connaît peu de choses sur cette dynastie mérovingienne car peu de leurs contemporains se sont fait historiens. Grâce à Grégoire de la Tours, on dispose de plusieurs éléments d’information soit jusqu’en 591. Il est à la fois acteur puisqu’il est dans l’action des évènements qu’il relate, mais il est aussi écrivain en racontant dans ces ouvrages les évènements de son époque. Par ailleurs, il reste très rigoureux, il n’avance les faits qu’après avoir pu vérifier l’authenticité de ses sources. De ce fait, les informations qu’il laisse sont précieuses et notamment pour la période de 575 à 591.

Les « frédégaires » retracent également une partie de cette période historique mérovingienne en plus de Grégoire de la Tours. Les « frédégaires » désigne l’ensemble des auteurs d’une petite chronique retraçant les évènements entre le règne de Dagobert et la fin de la dynastie merovingienne. Selon certains historiens actuels, l’auteur de la première partie de la chronique (591 à 660) serait d’origine bourguignonne mais aurait vécu en Austrasie vers 658-660. En revanche, on ne se sait pas le nom de cet auteur. L’identité de l’auteur qui a rédigé la suite de la chronique est encore plus incertaine. On le nomme « moine de Laon » mais nous n’avons aucunes informations précises sur lui.

Le deuxième continuateur est lui en revanche plus connu. Il a vécu en Austrasie et relate les faits de 736 à 751. C’est le comte Childebrand, frère de Charles Martel. Le dernier auteur de cette série de chronique est le fils de Childebrand : Nibelung qui relatera les évènements jusqu’en 768, sous le règne de Pépin le Bref. Nous avons très peu de récits sur la fin des Mérovingiens lorsque Charles Martel, puis son fils Pépin le Bref, évince les derniers Mérovingiens. Le seul que nous disposons sur cette période est attribué au frère de Martel. Se pose donc un problème de subjectivité. C’est un spécialiste de cet ouvrage qui tient cette thèse en affirmant que Childebrand aurait « effacé » une partie de l’histoire des personnages dont la mémoire aurait été gênante pour la nouvelle dynastie régnante.

Autres arts

Sacramentaire gélasien, Bibliothèque apostolique vaticane

Arrivé au VIIe siècle, les capacités des artisans mérovingiens ont dû être notoirement reconnues puisqu'elles ont été importées en Angleterre pour réintroduire les connaissances de création des vitraux, et les maçons mérovingiens ont été utilisés pour construire les églises Anglaises[3]. Les maçons mérovingiens ont aussi utilisés très fréquemment l' opus gallicum et sont responsables de son importation en Angleterre et de sa transmission aux Normands, qui l'ont à leur tour amené en Sicile.

De très rares manuscrits enluminés mérovingiens ont survécu, parmi ceux-ci un des plus beaux daté du VIIIe siècle, le Sacramentaire de Gélase conservé à la bibliothèque du Vatican, qui présente des décorations géométriques et d'animaux, moins complexes que ceux de l'Art insulaire des îles britanniques, mais qui comme ces derniers dérive du travail des métaux avec des influences de l'Antiquité tardive et de la proximité de l'Est. Les principaux centres étaient l'abbaye de Luxeuil, une fondation irlandaise, et sa maison fille de l'abbaye de Corbie.

Une importante collection d'arts carolingiens berlinois a été emporté par l'occupant soviétique en Russie, où elle se trouve encore.

Galerie

Sources

Références

Bibliographie

Articles connexes