Abbatiale Notre-Dame-des-Ardents-et-Saint-Pierre de Lagny-sur-Marne

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Église Notre-Dame-des-Ardents-et-Saint-Pierre
Vue de la façade de l'abbatiale Notre-Dame-des-Ardents et Saint-Pierre.
Façade occidentale.
Présentation
Culte Catholique
Type église paroissiale (ancienne abbatiale)
Début de la construction vers 1220 (déambulatoire, chapelles rayonnantes)
Fin des travaux vers 1250 (parties hautes)
Autres campagnes de travaux 1750 (façade et clocher actuels) ; 1860 (sacristie) ; 1865 (voûtes d'ogives en plâtre du vaisseau central)
Style dominant gothique / gothique rayonnant
Date de démolition 1687 (7 premières travées de la nef) ; 1750 (4 dernières travées de la nef)
Protection Logo monument historique Classée MH (1886)
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France Île-de-France
Département Seine-et-Marne Seine-et-Marne
Commune Lagny-sur-Marne Lagny-sur-Marne
Coordonnées 48° 52′ 39″ nord, 2° 42′ 23″ est[1]
Géolocalisation sur la carte : Seine-et-Marne
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Église Notre-Dame-des-Ardents-et-Saint-Pierre
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Église Notre-Dame-des-Ardents-et-Saint-Pierre
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Église Notre-Dame-des-Ardents-et-Saint-Pierre

L'abbatiale Notre-Dame-des-Ardents-et-Saint-Pierre est une église catholique paroissiale située à Lagny-sur-Marne, dans le département de Seine-et-Marne, en France. C'est l'ancienne église abbatiale de l'abbaye Saint-Pierre de Lagny. Elle a été classée monument historique par arrêté du [2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Chronologie[modifier | modifier le code]

L'abbatiale actuelle a été construite sur l'emplacement des différentes églises édifiées à partir de 648, date de fondation de l’abbaye Saint-Pierre de Lagny par saint Fursy, moine irlandais.

Elle fut ravagée en 910 par les Normands. Le comte de Meaux Herbert II de Troyes et son fils Étienne Ier de Troyes firent construire une nouvelle église sur les ruines existantes en 987. Le roi Robert le Pieux offrit à l’occasion de sa consécration par l’archevêque de Sens, deux reliques, issues du trésor de Charlemagne à Aix-la-Chapelle, une épine de la Sainte Couronne de Jésus ainsi qu’un Clou de la Passion, Clou qui fut volé en 1567 par les calvinistes lors du pillage du monastère. Les travaux prirent fin en 1017 et l'église est dédiée à saint Pierre, saint Paul et aux saints Innocents par l’archevêque de Sens Léothéric deux ans plus tard.

En 1033, le mal des ardents apparaît une première fois et fit énormément de victimes, aussi bien en France qu'à Lagny sur Marne. Il frappe à nouveau la ville en 1127, et les habitants implorent l'aide de la Vierge pour combattre ce mal. La chapelle portera à partir de cette date le nom de Notre-Dame-des-Ardents.

L'église reçut la visite du Pape Pascal II en 1107, puis du Pape Innocent II en 1131 qui faisait un pèlerinage.

Quatre incendies successifs endommagèrent l'église en 1134, 1157, 1176 et 1184. L'abbé Jean Britel décide la reconstruction en 1205 et de nombreux travaux furent entrepris. Le projet donnait une dimension finale de l'édifice devant être proche des 110 mètres de long et une hauteur sous voûte de 27 mètres, projet qui n'a pas été suivi.

Des travaux furent de nouveau entrepris pour la restauration en 1686, mais les travaux étaient si importants, qu'il faut amputer l'édifice des sept premières travées de bas-côtés. Une nouvelle façade a été construite avec une ossature de bois et de remplissage de plâtre. À la suite de ces travaux, une nouvelle consécration eut lieu en 1687. De nouveaux travaux sont entrepris en 1750, mais pour des raisons de sécurité, il faut une nouvelle fois détruire la nef du XIIe siècle et le clocher. Il s'ensuit la construction d’un nouveau clocher, de la chapelle Saint-Joseph et de la sacristie qui forment ainsi l'entrée actuelle.

En 1789, pendant la révolution française, un décret de la constituante imposait une seule église dans chaque commune de moins de 6 000 habitants. La ville, qui comptait à cette époque, 1 723 habitants et quatre églises (Saint-Pierre, Saint-Fursy, Saint-Paul et Saint-Sauveur), décida que l'église Saint-Pierre serait la seule église de la ville. Les autres fermèrent donc le . L'unique église fut renommée Saint-Fursy, puis temple de la liberté.

En 1860, de nouveaux travaux sont entrepris dont la construction de la sacristie et du presbytère. Le dallage du chœur est remplacé par du parquet et des verrières représentant l’ancien et le nouveau testament sont posés. En 1870, l'église est occupée par les soldats allemands et des prisonniers français. Afin d’avoir de la chaleur dans cet endroit, ils ont brûlés tout ce qui était en bois (parquet, bois des orgues, bancs). De passage à Lagny, le roi de Prusse et futur empereur d’Allemagne, Guillaume, constata l'état de dégradation avancée de l’orgue. Grâce à sa générosité (il fit un don de 400 francs à l'église), un nouvel orgue, fabriqué par les établissements Stoltz, put être installé en 1874.

En 1886, l'église est classée en tant que Monument historique. Les croix de dédicace ont été gravées sur les piliers du chœur. En 1944, l'armée allemande, placée en garnison non loin de Lagny, endommage à coups d’obus l’église, les verrières et le toit. En 1950, l'abbatiale prend le nom de Notre Dame des Ardents-et-Saint Pierre pour rappeler les deux épidémies et le miracle de la Vierge Marie qui les stoppa.

Le miracle de Jeanne d'Arc[modifier | modifier le code]

Récit du procès de Rouen concernant le miracle.

En 1430, lors de son second passage dans cette ville, Jeanne d'Arc accomplit un acte considéré comme miracle, la résurrection d'un enfant mort depuis trois jours[3]. Cet acte fut pris en compte lors de sa canonisation [4]. Le récit de ce miracle a été fait par Jeanne d'Arc lors de son procès de Rouen le [5] :

« L'enfant avait trois jours. Il fut apporté devant l'image de Notre Dame de Lagny. On me dit que les jeunes filles de la ville étaient devant cette image et que j'y voulusse bien y aller prier Dieu et Notre-Dame de rendre la vie à l'enfant, j'y allai et priai avec les autres. À la fin, "la vie reparut chez l'enfant" qui bailla trois fois et fut baptisé ; aussitôt après, il mourut et fut inhumé en terre Sainte. Il y avait trois jours, disait-on, que la vie n'était apparue dans l'enfant ; il était noir comme ma cotte, mais quand il eut baillé, la couleur commença à lui revenir. » Pour moi, j'étais avec les autres jeunes filles à prier, à genoux, devant Notre Dame. »

Une plaque a été scellée dans la partie sud de l'abbatiale pour rappeler celui-ci. Il existe également une inscription en latin, gravée sur une dalle dans la Chapelle de la Vierge.

« HIC REVIXIT INFANS SUPPLICANTE JOHANNA 1430 »

Le , Jeanne d'Arc partant pour Senlis confie à l'abbaye 6 épées, dont celle de Sainte-Catherine-de-Fierbois, cette dernière ayant appartenu à Charles Martel qui s'en était servi lors la Bataille de Poitiers en 732.

Nul ne sait où elle se trouve maintenant, une légende dit qu'elle est dans un souterrain ou murée dans un des piliers de la Chapelle de la Vierge des Ardents.

Saints de Lagny-sur-Marne[modifier | modifier le code]

Les Saints de Lagny-sur-Marne[6] :

Personnalités inhumées[modifier | modifier le code]

  • Herbert II de Troyes, dit le Jeune, Comte de Meaux (Herbert III) et de Troyes (Herbert II) de 966 à 995 et comte d'Omois (Herbert IV) de 984 à 995, né vers 950, mort en 995.
  • Thibaut IV de Blois, Comte de Blois, Chartres, Châteaudun, Provins, seigneur de Sancerre (1102-1151), comte de Troyes et de Champagne (1125-1151), né vers 1090/1095, mort le .
  • Saint Déodat, Abbé de Lagny.
  • Saint Ausilion ou Saint Ansilion ou Saint Ansillon, moine martyr et disciple de Saint Furcy.

Description[modifier | modifier le code]

Aperçu général[modifier | modifier le code]

Vue de l'intérieur de l'église.

Les dimensions de l'abbatiale actuelle sont de 48 mètres de long sur une largeur de 37 mètres. Elle s'élève sur trois niveaux, les grandes arcades, le trioforium et les fenêtres hautes. L'accès, à partir du parvis se fait, depuis le XVIIIe siècle, par le porche-clocher.

Intérieur[modifier | modifier le code]

Vaisseau central[modifier | modifier le code]

Des énormes piles avec des colonnettes et chapiteaux décorés de bourgeons, de feuillages, d’oiseaux ou de monstres, soutiennent les voûtes.

De nombreux vitraux ont été détruits lors de la seconde guerre mondiale. Les plus anciens encore visibles sont l’œuvre d'un maître verrier Claudius Lévêque de Beauvais. Les plus récents, qui datent de 1951 et 1956 sont l’œuvre du maître verrier, Roger Calixte Poupart[14].

À la révolution, les huit cloches ornant l'église furent démontées et fondues pour en faire des boulets et autres accessoires à canons.

Chapelles[modifier | modifier le code]

Chapelle Sainte Vierge
Chapelle Saint Furcy

L'église comporte plusieurs chapelles. La chapelle Saint Joseph, située dans le clocher, possède un autel en marbre et un retable dont les colonnes ont été offertes par Louis XIV. La chapelle Jeanne d’Arc où une statue a été érigée devant le pilier où Jeanne d'Arc aimait se retirer pour prier. Ce pilier pris naturellement le nom de « Pilier de Jeanne d'Arc ».

Il y a aussi une chapelle dédiée à la Sainte Vierge avec un reliquaire présent dans cette chapelle. Lors d'une épidémie du mal des ardents à Arras en 1105, la Vierge apporta un cierge allumé afin de sauver 144 habitants de ce mal. Quelques morceaux de cette « Sainte Chandelle » furent offerts par Mgr Outoit, évêque d'Arras, en 1939 sous la forme d'un cierge enchâssé dans un tube de cristal.

Trois autres chapelles complètent l'église : la chapelle Saint Sauveur, la chapelle Saint Denis et la chapelle Saint Furcy où des vestiges du portail du XIIe siècle ont été déplacés dans celle-ci.

Extérieur[modifier | modifier le code]

Mobilier[modifier | modifier le code]

Reliques[modifier | modifier le code]

Des reliques telles que les ossements des Saints-Innocents, une épine de la couronne et la pointe d'un clou qui servit à attacher Jésus Christ sur la croix furent offertes par Robert le Pieux. Ces reliques furent brulées par les calvinistes[15].

Square Jeanne d'Arc (ancien jardin du presbytère)[modifier | modifier le code]

Statue Jeanne d'Arc
Ancien monument aux morts

À la suite de la canonisation de Jeanne d'Arc en 1922, une souscription est lancée pour la construction d’une statue.

Le sculpteur Armand Roblot est retenu, et c'est le que cette statue prend place, dans un premier temps, place de l'Hôtel-de-Ville pour être transférée ensuite en 1966 dans le square qui se trouve derrière l'abbatiale. Celle-ci représente Jeanne d'Arc, brandissant l'épée de Franquet d'Arras dans sa main droite et tenant dans sa main gauche l'épée de Sainte-Catherine-de-Fierbois.

Sur le socle, l'inscription suivante a été gravée :

« Jeanne d'Arc après sa victoire dans les plaines de Vaires en mai 1430 rapporte à Lagny l'épée de Franquet d'Arras qu'elle a fait prisonnier »

L'ancien monument aux morts, érigé à la mémoire des hommes morts au combat pendant la première guerre mondiale, a été détruit et jeté dans la Marne, en 1940, pendant la seconde guerre mondiale par l'armée allemande. Les restes de ce monument ont été replacés, formant un nouveau monument dans ce square pour honorer leur mémoire.

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Amédée Aufauvre et Charles Fichot, Les monuments de Seine-et-Marne : description historique et archéologique et reproduction des édifices religieux, militaires et civils du département : Lagny, Paris, , 407 p. (lire en ligne), p. 180-181
  • Roselyne Bussière Pfeiffer et Anne Prache (dir.), L'abbaye de Lagny au Moyen âge : histoire et architecture (thèse de 3e cycle : Art et archéologie), Paris, Université Paris-Sorbonne, (SUDOC 041301072)
  • Georges Darney, Lagny, Thorigny, Pomponne, Dampmart, Lagny-sur-Marne, L. Bellé, , 486 p.
  • Ferdinand de Guilhermy, Inscriptions de la France du Ve siècle au XVIIIe : ancien diocèse de Paris : tome 4, Paris, Imprimerie nationale, coll. « Collection de documents inédits sur l'histoire de France publiés par les soins du ministre de l'Instruction publique », , 750 p. (lire en ligne), p. 515-532
  • Le patrimoine de Lagny-sur-Marne, œuvre collective, Tigris / Flohic Éditions, 70 pages
  • Chanoine Joseph-P. Jager et Marcel Pouzol, L'église de Notre-Dame-des-Ardents-et-Saint-Pierre de Lagny, Lagny-sur-Marne, E. Grévin, , 62 p.
  • Iliana Kasarska, « Découvertes de fragments épars de portails du XIIe siècle à Sens, Lagny et Saint-Arnoult-en-Yvelines », Bulletin monumental, Paris, vol. 160, no 4,‎ , p. 401 (DOI 10.3406/bulmo.2002.1161)
  • Jean Lebeuf, Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris : Tome quatrième, Paris, Librairie de Fechoz et Letouzey (réédition), 1883 (réédition), 693 p. (lire en ligne), p. 543-552 (-565)
  • Jacques Amédée Le Paire, Annales du pays de Lagny, depuis les temps les plus reculés jusqu'au 20 septembre 1792, Lagny sur Marne, A. Paquier, , 896 p.
  • Jacques Amédée Le Paire, Le petit Journal de Lagny, depuis la première république jusqu'au 1er janvier 1876 : suite des Annales du pays de Lagny, Meaux, Imprimerie de G. Marchand, , 250 p. (lire en ligne)
  • Jacques Amédée Le Paire, Petite histoire populaire de Lagny sur Marne, Lagny-sur-Marne, E. Collin, , 264 p. (lire en ligne)
  • Max Polonovski, « La nef de l'église Saint-Pierre de Lagny d'après trois rapports d'experts du XVIIIe siècle », Revue de l'Art,‎ , p. 41-58 (ISSN 0035-1326)
  • Max Polonovski, Le portail disparu de l'église abbatiale Saint-Pierre de Lagny, dans : Utilis est lapis in structura : mélanges offerts à Léon Pressouyre, Paris, Comité des travaux historiques et scientifiques, coll. « Mémoires de la section d'archéologie et d'Histoire de l'Art » (no 9), , 491 p. (ISBN 2-7355-0439-5), p. 35-49
  • Jean Vallery-Radot, « L'ancien abbatiale Saint-Pierre de Lagny et ses rapports avec la cathedrale de Troyes », Bulletin monumental, Paris, vol. CVI,‎ , p. 95-110

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Coordonnées trouvées à l'aide de Google maps.
  2. « Abbatiale Notre-Dame-des-Ardents-et-Saint-Pierre », notice no PA00087044, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. « 1430 : Quel miracle, évoqué lors de son procès en hérésie, mais non retenu lors de son procès en canonisation, Jeanne d’Arc fait-elle à Lagny ? »
  4. Jeanne d'Arc. De Domrémy à Orléans et du bûcher à la légende, Paris, L'Archipel, décembre 1999, (ISBN 2-84187-173-8) Roger Caratini
  5. Toute référence sur Jeanne d'Arc provient des Actes de son Procès de condamnation(février-mai 1431) et des Actes de son Procès de réhabilitation (1450-1456)
  6. Les Saints de Lagny-sur-Marne
  7. Martyrologe universel, traduit en français du martyrologe romain, Claude Chastelain page 121
  8. François Giry, Les vies des saints, dont on fait l'office..., 1719, p. 1794
  9. Louis Caillet, La papauté d'Avignon et l'Église de France: la politique bénéficiale du pape, Éditions Presse université de France, page 100
  10. Martyrologe universel, traduit en français du martyrologe romain, Claude Chastelain page 156
  11. Martyrologe universel, traduit en français du martyrologe romain, Claude Chastelain page 260
  12. Martyr Ansilion
  13. Dictionnaire Étymologique Ou Origines De La Langue Françoise, Par Gilles Ménage, Pierre de Caseneuve
  14. « Église Abbatiale Notre-Dame des Ardents », sur Roger Calixte Poupart (Lyon 1911 - Melun 1977), Artiste Peintre et Maître Verrier (consulté le )
  15. [Annales du pays de Lagny, depuis les temps les plus reculés jusqu’au 20 septembre, 1792, Jacques Amedée Le Pair, 1880]