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== Caractéristiques ==
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=== Fleurs ===
=== Fleurs ===
Les digitales, comme la [[digitale pourpre]], ont des grandes fleurs qui sont groupées en masse sur une tige d'environ {{Nombre|1.5|m}}. Leur port spectaculaire fait qu'on les retrouve également chez les horticulteurs<ref name=":0" />.
Les digitales, comme la [[digitale pourpre]], ont des grandes fleurs qui sont groupées en masse sur une tige d'environ {{Nombre|1.5|m}}. Leur port spectaculaire fait qu'on les retrouve également chez les horticulteurs<ref name=":0" />.
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Les premiers symptômes sont les nausées, les vomissements, les diarrhées, les troubles cardiaques importants. La mort intervient rapidement<ref name=":0" />.
Les premiers symptômes sont les nausées, les vomissements, les diarrhées, les troubles cardiaques importants. La mort intervient rapidement<ref name=":0" />.


== Usage médical {{refnec}} ==
== Usage médical ==
=== Historique ===
C'est [[William Withering]], médecin et botaniste britannique, qui découvrit en [[1785]] par hasard la [[digitaline]], substance contenue dans les feuilles de digitales. L'utilisation thérapeutique moderne de cette molécule sera rendue possible grâce aux travaux de cristallisation du pharmacien et chimiste français [[Claude-Adolphe Nativelle]] en [[1868]].
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=== Moderne ===
En 1844, le français Eugène Homolle<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Eugène Homolle (1808-1883) |url=https://data.bnf.fr/fr/12560048/eugene_homolle/ |site=data.bnf.fr |consulté le=2021-06-16}}</ref> isole une fraction active de la plante qu'il appelle [[Digitoxine|digitaline]]. Cependant l'utilisation thérapeutique de cette molécule ne sera possible que par les travaux du pharmacien et chimiste français [[Claude-Adolphe Nativelle]] en [[1868]]. La digitaline Nativelle se présente sous une forme cristallisée : elle est obtenue par une méthode d'isolement chimique reproductible, et elle permet des analyses [[Toxicologie|toxicologiques]] plus précises<ref name=":1" />.


La digitaline est un [[cardiotonique]]. Le [[Code ATC]] des feuilles de digitale est [[ATC code C01#C01AA Glycosides de la Digitale|C01AA03]]. Les [[hétéroside]]s purifiés sont la [[digoxine]] et la [[digitoxine]].
La digitaline est un [[cardiotonique]]. Le [[Code ATC]] des feuilles de digitale est [[ATC code C01#C01AA Glycosides de la Digitale|C01AA03]]. Les [[hétéroside]]s purifiés sont la [[digoxine]] et la [[digitoxine]].

Version du 16 juin 2021 à 16:28

Digitalis

Les digitales forment le genre Digitalis, environ vingt espèces de plantes herbacées classiquement placées dans la famille des Scrofulariacées. Les études récentes situent désormais ce genre dans les Plantaginacées.

Les digitales sont originaires d'Europe, d'Afrique du nord-ouest et d'Asie occidentale et centrale.

Ces plantes peuvent être très toxiques. L'absorption d'environ une dizaine de feuilles provoque des troubles graves sur un sujet humain de corpulence moyenne[1].

Étymologie

Le nom provient du latin digitus c'est-à-dire « doigt », et se réfère à la facilité avec laquelle on peut introduire un doigt dans la corolle de la fleur de Digitalis purpurea. Pour la même raison, les Anglais nomment ces plantes foxglove, « gant de renard » et les Allemands Fingerhut, « dé à coudre ». En français, d'autres appellations existent comme « Dé de Bergère », « Gant de Bergère », « queue-de-loup »[2].

Caractéristiques

Fleurs

Les digitales, comme la digitale pourpre, ont des grandes fleurs qui sont groupées en masse sur une tige d'environ 1,5 m. Leur port spectaculaire fait qu'on les retrouve également chez les horticulteurs[3].

Les autres espèces du genre peuvent avoir des fleurs d'autres couleurs : jaunes, brunâtres...

Toxicité

La plante est toxique dans toutes ses parties.

Chaque plante en fonction de son exposition au soleil, contient à des doses différentes le principe actif[3]. Elle est courante à la lisière des bois ou dans les clairières des forêts. Les concentrations en glycosides toxiques des digitales laineuses (Digitalis lanata) ou des digitales jaunes (Digitalis lutea) peuvent être plusieurs fois supérieures à celles trouvées dans la digitale pourpre (Digitalis purpurea)[1]. L'absorption d'environ une dizaine de feuilles de digitale pourpre (qui peuvent être confondues avec celles de la bourrache) provoque des troubles graves sur un sujet humain de corpulence moyenne[1]. Selon le Dr Georges Becker, 120 g de feuilles de digitale pourpre représentent une dose mortelle[4].

Les premiers symptômes sont les nausées, les vomissements, les diarrhées, les troubles cardiaques importants. La mort intervient rapidement[3].

Usage médical

Historique

La digitale est inconnue des médecins de l'Antiquité. Il est possible que la plante ait été distinguée dès le VIe siècle en Europe du nord[5], en faisant partie d'une médecine populaire d'origine celtique[6]. Son utilisation est attestée à partir du XIIe siècle sous les termes anglais foxeglove « gant de renard » et allemand fuchskraut « herbe au renard » puis fingerhut « dé à coudre »[5].

En 1512, le médecin botaniste allemand Leonhart Fuchs lui donne le nom de Digitalis par allusion à la forme en doigt de la corolle. La digitale a d'abord eu une réputation de plante vulnéraire, détergente et cicatrisante. Elle peut figurer dans un onguent, emplâtre, ou potion pour soigner les plaies et blessures. Elle est mentionnée à ce titre dans la Pharmacopée de Londres en 1650[5],[7].

En 1785, le médecin botaniste britannique William Withering publie An Account of the Foxglove and Some of its Medical uses où il démontre que l'infusion de feuilles de digitale a un effet diurétique et cardiotonique susceptibles de réduire l'hydropisie[8]. À la suite de cette publication, dès 1786, le médecin américain Hall Jackson (1739-1797) introduit la plante européenne dans le New Hampshire pour y être cultivée[7].

Cependant, la digitale ne réduit que l'hydropisie d'origine cardiaque et non pas celle d'origine rénale. Cette distinction était inconnue à l'époque et ne sera établie que par les travaux de Richard Bright (1798-1858) sur le « mal de Bright » (insuffisance rénale chronique terminale)[8].

Au début du XIXe siècle, la digitale est tentée dans diverses conditions, pour ralentir le pouls ou à visée « purgative », telles que les fièvres, l'épilepsie, le goitre, les écrouelles.... où elle se montre inefficace et surtout dangereuse d'emploi, ce qui en limite l'utilisation. William Withering avait déjà montré que la marge de sécurité de la digitale est très étroite (dose thérapeutique proche de la dose toxique)[7].

Moderne

En 1844, le français Eugène Homolle[9] isole une fraction active de la plante qu'il appelle digitaline. Cependant l'utilisation thérapeutique de cette molécule ne sera possible que par les travaux du pharmacien et chimiste français Claude-Adolphe Nativelle en 1868. La digitaline Nativelle se présente sous une forme cristallisée : elle est obtenue par une méthode d'isolement chimique reproductible, et elle permet des analyses toxicologiques plus précises[5].

La digitaline est un cardiotonique. Le Code ATC des feuilles de digitale est C01AA03. Les hétérosides purifiés sont la digoxine et la digitoxine.

Toutes les préparations, de toutes les digitales, à partir de la plante entière, sont toxiques et donc ne sont plus employées du fait de l'impossibilité de faire un dosage exact.

Espèces du genre Digitalis

Il existe plus de 20 espèces, parmi lesquelles :

Langage des fleurs

Dans le langage des fleurs, la digitale symbolise l'ardeur et le travail[10].

Galerie

Liens externes

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Références

  1. a b et c Joly A., (2010), Intoxication digitalique non médicamenteuse : un risque non négligeable, Thèse à l’université Henri Poincaré de Nancy, p. 40-44 et 97-108.
  2. François Couplan, Les plantes et leurs noms. Histoires insolite, Éditions Quae, (lire en ligne), p. 47.
  3. a b et c Hyma La Hyène, « Les plantes dont il faut se méfier », Survival n°5,‎ décembre 2016 / janvier 2017, p. 42
  4. Georges Becker, Plantes toxiques, Paris, Gründ, , 224 p. (ISBN 2-7000-1811-7), p. 92
  5. a b c et d P. Delaveau, Histoire et renouveau des plantes médicinales, Paris, Albin Michel, coll. « Sciences d'Aujourd'hui », , 353 p. (ISBN 2-226-01629-5), p. 276-279.
  6. Charles Wagner, Jillian De Gezelle et Slavko Komarnytsky, « Celtic Provenance in Traditional Herbal Medicine of Medieval Wales and Classical Antiquity », Frontiers in Pharmacology, vol. 11,‎ (ISSN 1663-9812, PMID 32184721, PMCID 7058801, DOI 10.3389/fphar.2020.00105, lire en ligne, consulté le )
  7. a b et c (en) S. Wray, D. A. Eisner et D. G. Allen, « Two hundred years of the foxglove. », Medical History. Supplement, no 5,‎ , p. 132–150 (ISSN 0950-5571, PMID 3915521, PMCID 2557413, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b (en) Vivian Nutton et Roy Porter, The Western Medical Tradition : 800 BC to AD 1800, Cambridge (GB), Cambridge University Press, , 556 p. (ISBN 0-521-38135-5), chap. 7 (« The Eighteenth Century »), p. 424.
  9. « Eugène Homolle (1808-1883) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  10. Anne Dumas, Les plantes et leurs symboles, Éditions du Chêne, coll. « Les carnets du jardin », , 128 p. (ISBN 2-84277-174-5, BNF 37189295).