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Utilisateur:Nevidebla/Brouillon

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Durant la Seconde Guerre mondiale, la Grèce fut occupée du 17 avril 1941 au 12 octobre 1944 par trois forces d'occupation : l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste et le Royaume de Bulgarie. Le montant des réparations exigées fut fixé par le traité de Paris de 1947. Les accords de Londres sur les dettes extérieures allemandes de 1954 évalue à 41 milliards de dollars américains la question des réparations allemandes firent par la suite l'objet d'un accord bilatéral entre l'Allemagne de l'Ouest et la Grèce en 1959 : l'Allemagne de l'Ouest s'engageant à payer 115 millions de marks. Le traité de Moscou de 1990 relatif à la réunification allemande n'évoque en aucun point cette question. Dans le contexte de la crise de la dette publique grecque, le gouvernement d'Alexis Tsipras décide en mars 2015 de mettre en place une commission parlementaire chargée d'étudier le paiement par l'Allemagne de cette dette[1][2].

La question des réparations allemandes est également une des pierres d'achoppement entre l'Allemagne et la Pologne, qui réclame 750 milliards d'euros de dommages[3].

Occupation[modifier | modifier le code]

L'Occupation de la Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale se caractérisa par une violence particulièrement exacerbée par les trois forces d'occupation. La Grèce, qui avait victorieusement résisté à l'invasion italienne durant l'hiver 1940, doit capituler face à l'invasion allemande en avril 1941. Alliée de l'Axe, la Bulgarie participe à l'occupation de la Macédoine alexandrine et de la Thrace occidentale. La Grèce est, après l'Union Soviétique et la Pologne, le pays d'Europe a avoir le plus souffert de la barbarie allemande.

Au sortir du second conflit mondial, la Grèce est exsangue et un des pays les plus dévastés du continent[4][5] :

  • 40 000 personnes furent exécutées ;
  • 600 000 personnes mortes de faim, dont 300 000 bébés pendant ou immédiatement après leur naissance, en raison de la faim et des privations et 200 000 durant la seule famine de l'hiver 1941-42[6][7] ;
  • 63 000 juifs grecs victimes de l’Holocauste[8] ;
  • 1 170 villes et villages détruits ;
  • 1 200 000 sans-abris et personnes expulsées ;
  • Des centaines de trésors archéologiques volés ;
  • Baisse de 8 % et 9 % de sa population (contre 3 % en France) ;
  • Production agricole inférieure de plus de 50 % à ce qu’elle était en 1939 ;
  • 65 % des véhicules à moteur, 95 % du matériel roulant des chemins de fer, 70 % des ponts et plus de 50 % du réseau routier sont détruits ou inutilisables ;
  • Circulation monétaire passée de 24 millions à 68 milliards de drachmes de 1941 à 1944 ;
  • Prix du litre d’huile passé de 50 à 400 000 drachmes.

Coût[modifier | modifier le code]

Dommages de guerre[modifier | modifier le code]

La question des indemnités de guerre est discutée par les Alliés lors des conférences de Téhéran de 1943 et de Potsdamde 1945. Le traité de Paris de 1947 chiffre les montants suivants des réparations allemandes, italiennes et bulgares[9] :

  • Allemagne : 7 milliards de dollars américains,
  • Drapeau du Royaume d'Italie Italie : 105 millions de dollars américains,
  • Drapeau de la Bulgarie Bulgarie : 45 millions de dollars américains.

Néanmoins, la somme allemande ne sera pas versée. Les accords de Londres de 1954 destinés à éviter un défaut de paiement de l'Allemagne comme ce fut le cas durant l'entre-deux-guerres aux lendemains du traité de Versaillesétablissait le montant des réparations à 41 milliards de dollars américains. L'accord du 18 mars 1959 entre Berlin et Athènes débouche sur le versement à la Grèce de 115 millions de marks, soit 70 millions d'euros et moins que ce qui fut exigé à l'Italie et à la Bulgarie.[10]

En 2015, le Parlement grec évalue les dommages causées par l'occupation allemande dans le pays à 270 milliards d'euros.

Emprunt forcé[modifier | modifier le code]

Outre les réparations liées au destruction de la guerre, il est également question du remboursement du prêt forcé imposé en 1942 par la Reichsbank à la Banque de Grèce. L'Allemagne nazie avait alors « emprunté » 476 millions de marks à la Banque de Grèce (soit 3, 6 milliards de dollars américains). Cette somme, qui n'a fait l'objet de dispositions particulières lors du traité de Paris et des accords de Londres, n'a jamais été remboursé. Or, ce remboursement est considéré comme exigible pour le président de la commission parlementaire, Panayiotis Karakousis, puisque un accord bilatéral fut effectivement signé : « Nous avons votre signature, vous nous avez payé même deux traites avant la fin de la guerre : ceci prouve qu'il s'agissait bien d'un crédit »[11][12].

Différend avec l'Allemagne[modifier | modifier le code]

Position grecque[modifier | modifier le code]

La Guerre Froide puis la construction européenne ont relégué au second plan la question des réparations allemandes, mais celles-ci refont surface dans le contexte de la crise économique grecque des années 2010. L'intransigeance allemande durant les négociations de la crise de la dette souveraine a réactivé des mauvais souvenirs.

En mars 2015, le Premier Ministre Alexis Tsipras donne son feu vert à la mise en place d'une commission parlementaire chargé du paiement de la dette allemande :

« Nous allons tenir toutes nos obligations. Mais la morale ne peut pas être invoquée au cas par cas. On travaillera aussi pour que toutes les obligations non tenues envers la Grèce et le peuple grec soient elles aussi respectées. Nous le devons à tous les résistants, à toutes les victimes de la Seconde Guerre mondiale, mais surtout à l'Europe, pour que tout peuple ait droit à sa mémoire. »[13]

L'intégralité des partis politiques grecs s'est associé à ce vote, de gauche comme de droite : Parti communiste, SYRIZA, Nouvelle Démocratie, Aube Dorée.[14] Dans la foulée, le ministre grec de la Justice Nikos Paraskevopoulos a annoncé être prêt à saisir les biens allemands en guise de réparation, mesure jugée légale par la Cour Suprême du pays puisqu'elle avait par le passé autorisé la possibilité de confisquer des avoirs allemands afin de les reverser aux descendants des victimes du massacre de Distomo. Dans une interview donné à France 24, le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis justifiait du bien-fondé de cette demande : « Quand je visite un pays du nord de l'Europe, on me demande souvent : 'Quand allez vous rembourser votre dette ?' Une dette, ça reste une dette. Si c'est vrai [pour la Grèce], alors ce doit l'être pour tout le monde. »[15] Preuve que le sujet est devenu viral, le quotidien Libération relatait dans un article de mars 2015 une phrase sarcastique reprise en masse sur les réseaux sociaux grecs : « Si les Allemands ne veulent pas nous dédommager pour la Seconde Guerre mondiale, ils n'ont qu'à nous verser un acompte sur les dédommagements pour la troisième. »[13]

En septembre 2015, un clip vidéo d'une cinquantaine de secondes exigeant explicitement des réparations allemandes est diffusé dans le métro d'Athènes et sponsorisé par le gouvernement grec[16].

En juin 2017, lors d'une cérémonie en hommage aux 218 victimes du massacre de Distomo perpétré par les SS, l'ambassadeur allemand en Grèce est pris vertement à partie sur ce sujet par la présidente du Parlement, Zoe Konstantopoulou[17].

Les revendications grecques ont reçu le soutien de l'eurodéputé français Daniel Cohn-Bendit : « Les Allemands, qui se disent vertueux, estiment que les Grecs ont péché et qu'ils doivent payer. Or, ceux qui ont le plus péché, ce sont tout de même les Allemands. » De manière générale, la presse française s'est montré très critique de l'intransigeance allemande sur le sujet. Ainsi, Le Point titrait le 23 septembre 2011 « Grèce, quand l'Allemagne oublie ses dettes. L'histoire devrait inciter Berlin à plus de générosité envers Athènes »[18], Sud Ouest « Cette dette grecque laissée… par les nazis » et Libération en janvier 2019 « Crimes des nazis en Grèce : la repentance allemande à peu de frais »[19]. TV5 Monde ne se montre guère moins critique en rapportant ces propos dans un article du 11 février 2015 : « 'La question ne se pose pas', tranchait, martial, Manfred Weber, président du groupe du Parti Populaire européen (conservateur), à deux doigts d'ajouter 'quelle guerre ?'. Les mémoires grecques sont plus affûtées. »[20]

La presse grecque s'est montrée sceptique après l'annonce du gouvernement grec : pour la politologue Xenia Kounalaki du journal Kathimerini, « Aléxis Tsípras ne fera rien qui risque de dégrader les relations entre la Grèce et l'Allemagne. Tout au plus, il réclamera le remboursement du prêt forcé. »[21]

Position allemande[modifier | modifier le code]

L'Allemagne estime que les indemnités de guerre ont été soldées par les accords de Londres de 1953 et le traité de Moscou de 1990. En réaction aux demandes du gouvernement grec, le ministre fédéral allemand de l'Économie Sigmar Gabriel estimait que ces revendications étaient « stupides », tandis que la chancelière Angela Merkel, tout en reconnaissant la responsabilité allemande, excluait toute négociation sur le sujet[22][23]. Le ministre fédéral des Affaires Étrangères Frank-Walter Steinmeier considérait quant à lui que la question juridique était soldée : « Nous sommes absolument convaincus que toutes les questions de réparation sont déjà réglées au niveau juridique une bonne fois pour toutes. »

En mai 2015, le président fédéral allemand Joachim Gauck s'est toutefois exprimé de manière sensiblement différente, sans pour autant donner lieu à des mesures concrètes :

« Nous ne sommes pas seulement des gens qui vivent aujourd'hui, à cette époque, nous sommes aussi les descendants de ceux qui ont laissé derrière eux un sillage de destruction en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, en Grèce entre autres. Pour un pays conscient de son histoire comme le nôtre, il est juste d'envisager la possibilité qu'il puisse y avoir des réparations. »[24]

  1. « La Grèce demande à l’Allemagne le paiement de réparations pour l’occupation nazie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Ludovic Lamant et Amélie Poinssot, « Grèce-Allemagne: la querelle des réparations de guerre », sur Mediapart, (consulté le )
  3. (en) « Issue of war reparations from Germany not closed for Polish gov't », sur www.thefirstnews.com (consulté le )
  4. Annabelle Georgen, « Cette dette grecque laissée… par les nazis », Sud Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne Accès libre, consulté le )
  5. « L’économie grecque, l’intégration européenne et l’euro », sur Fondation Res Publica | Think tank (consulté le )
  6. (en-US) « Germany’s Long Overdue History Lesson: The Case for Greek War Reparations », sur Breaking & Latest News, Greece, Cyprus, Hellenic Diaspora News, (consulté le )
  7. (en) Iris Kesternich, Bettina Siflinger, James P. Smith, Joachim K. Winter, « Causalities in WW2: Hunger », The effects of World War II on economic and health outcomes across Europe,‎ , p. 40 (lire en ligne [PDF])
  8. Rena Molho, Traduit de l’anglais par Claire Drevon, « La politique de l’Allemagne contre les juifs de Grèce », Revue d’Histoire de la Shoah,‎ , pp. 355-378 (lire en ligne Accès libre)
  9. « Traité de Paix avec l'Italie (10 février 1947) », sur CVCE.EU by UNI.LU, (consulté le )
  10. « Grèce : la (seconde) guerre des milliards », sur www.franceinter.fr (consulté le )
  11. « L'Allemagne doit-elle vraiment des réparations de guerre à la Grèce ? », sur La Tribune, 2015-02-01cet08:21:00+0100 (consulté le )
  12. (de-AT) « Athens Wut über den Zwangskredit mit 15 Nullen », sur DER STANDARD (consulté le )
  13. a et b Pavlos Kapantais, « Face à l’Allemagne, la Grèce sur la ligne de réparation », sur Libération (consulté le )
  14. « La Grèce remet sur la table ses demandes de réparations à l'Allemagne », sur Les Echos, (consulté le )
  15. « Réparations de guerre : Athènes menace de geler des avoirs allemands », sur France 24, (consulté le )
  16. « Métro d'Athènes – Un spot grec demande réparation de guerre aux Allemands », 24 heures,‎ (ISSN 1424-4039, lire en ligne, consulté le )
  17. « Cérémonie de commémoration mouvementée pour l'ambassadeur allemand en Grèce », sur www.20minutes.fr (consulté le )
  18. Michel Colomès, « Grèce, quand l'Allemagne oublie ses dettes », sur Le Point, (consulté le )
  19. Fabien Perrier, « Crimes des nazis en Grèce : la repentance allemande à peu de frais », sur Libération (consulté le )
  20. « Grèce - Allemagne : Athènes rappelle à Berlin ses factures de guerre », sur TV5MONDE, (consulté le )
  21. Ξένια Κουναλάκη, « Το χρονικό των σχέσεων μεταξύ Μέρκελ και Τσίπρα | Η ΚΑΘΗΜΕΡΙΝΗ », sur www.kathimerini.gr (consulté le )
  22. « La Grèce remet sur la table ses demandes de réparations à l'Allemagne », sur Les Echos, (consulté le )
  23. Ouest France, « Angela Merkel sur les crimes nazis en Grèce : « Nous sommes conscients de notre responsabilité » » Accès libre, sur www.ouest-france.fr,
  24. « Grèce : le président allemand favorable à des réparations de guerre », sur L'Humanité, (consulté le )