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L'archange Gabriel apparaît à Zacharie

Zacharie (de Zakhor, « souviens-toi » en hébreu, Ζαχαρίας en grec) est le père de Jean le Baptiste dans les traditions chrétiennes et musulmanes. C'est notamment un personnage de l'évangile selon Luc, du protévangile de Jacques et du Coran. Il est mentionné par de nombreux écrivains antiques, comme par exemple les pères de l'église chrétienne. Il est le père de Jean le Baptiste, Yahyâ (Jean) dans le Coran et l'époux d'Élisabeth[1], parente de Marie, la mère de jésus ou Maryam, la mère d'Îsâ dans le Coran. Les traditions chrétienne et musulmane s'accordent pour raconter que la jeune Marie/Maryam a été confiée à Zacharie pour qu'il l'élève, alors qu'elle était très jeune et que, comme Zacharie était prêtre au Temple de Jérusalem, la jeune Marie/Maryam y a été élevée. De même, il est dit que Zacharie a été assassiné à l'intérieur même du Temple pour des raisons difficiles à élucider.

Zacharie est par ailleurs un prophète de l'Islam. Cette classification est probablement une mise en parallèle avec le prophète Zacharie (prophète) (VIe siècle av. J.-C.), auteur du livre de Zacharie de l'Ancien Testament. Notons que dans l'Evangile selon Luc (Luc 1:67-79[2]), Zacharie se met à prophétiser après la naissance de son fils Jean.

Zacharie dans la tradition chrétienne[modifier | modifier le code]

Dans l'évangile selon Luc[modifier | modifier le code]

Dans le Nouveau Testament, Zacharie est briévement évoqué dans l' Évangile selon Luc. Il est le père de Jean le Baptiste et l'époux d'Élisabeth. Il faisait partie de la classe sacerdotale. Son épouse était stérile et ils étaient l'un et l'autre avancés en âge. Pendant qu'il s'acquittait de ses fonctions au temple de Jérusalem un ange lui apparut[3] :

« Alors un ange du Seigneur apparut à Zacharie, et se tint debout à droite de l'autel des parfums. Zacharie fut troublé en le voyant, et la frayeur s'empara de lui. Mais l'ange lui dit : Ne crains point, Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth t'enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie et d'allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l'Esprit Saint dès le sein de sa mère ; il ramènera plusieurs des fils d'Israël au Seigneur, leur Dieu ; il marchera devant Dieu avec l'esprit et la puissance d'Élie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé.(…) Le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l'enfant, et ils l'appelaient Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole, et dit : Non, il sera appelé Jean.(...)Zacharie demanda des tablettes, et il écrivit : Jean est son nom. Et tous furent dans l'étonnement. Au même instant, sa bouche s'ouvrit, sa langue se délia, et il parlait, bénissant Dieu. »

— Luc 1.13-64

Son chant de louange ou Cantique de Zacharie est souvent appelé le Benedictus, premier mot du cantique en latin. Dans l'Église catholique, il est récité ou chanté chaque matin par les prêtres et les religieux dans l'office des Laudes.

Dans le protévangile de Jacques[modifier | modifier le code]

Le martyre de Zacharie est racontée d'au moins trois manières à une époque relativement ancienne:

Dans le protévangile de Jacques (23.1-3), un apocryphe du IIe siècle, Zacharie est assassiné sur ordre d'Hérode le Grand car il refusait de dire où son fils, Jean (le futur baptiste) était caché. Hérode ayant appris de la bouche de Mages venus d'Orient, qu'il était de sang royal et qu'il règnerait sur Israël, il avait décidé de le faire trouver et de le tuer. Zacharie est tué dans le Temple de Jérusalem. Il est précisé que « les fils d'Israël » et « les prêtres » ignoraient tout de ce meurtre. Constatant son absence, l'un des prêtres « s'enhardit et entra dans le sanctuaire ; près de l'autel du Seigneur, il aperçut du sang figé. Et une voix retentit : « Zacharie a été assassiné. Son sang ne s'effacera pas avant que vienne le vengeur. » Ces paroles le remplirent d'effroi. Il sortit et annonça aux prêtres ce qu'il avait vu et entendu »[4],[5].

Chez les pères de l'Eglise[modifier | modifier le code]

  • Origène dit qu'il fut tué « entre le sanctuaire et l'autel » (Mt. 23, 35 concernant en fait Zacharie fils de Barachie) pour avoir pris la défense de Marie introduite dans un lieu du temple réservé aux vierges[6]. Un autre passage de son commentaire sur l'Évangile selon saint Matthieu attribue un récit de la mort de Zacharie « par le glaive' » à une source littéraire[7]. Cette source littéraire pourrait correspondre à la troisième partie du Protévangile de Jacques.
  • Épiphane cite un ouvrage gnostique qui raconte la mort du père de Jean d'une troisième façon[8] : Zacharie avait vu en vision dans le temple un homme à tête d’âne et fut pour cette raison lâchement assassiné par des bandits.

Zacharie dans l'islam[modifier | modifier le code]

Le Coran mentionne Zacharie comme prophète et prêtre. Il exerçait également la profession de charpentier[9]. Il était envoyé aux enfants d'Israël et faisait respecter la justice, sous la demande de Dieu, à l'aide de la Torah du Prophète Moïse. Il était apprécié par son peuple en raison de ses bonnes manières.

Le Coran dit qu'il était pieux et qu'il priait quotidiennement. Il avait aussi la charge de s'occuper de Maryam. À chaque fois qu'il rentrait accomplir sa mission, il trouvait Maryam avec une bonne quantité de nourriture, envoyée par le Très-Haut. Un soir, alors qu'il était dans le sanctuaire (el-mihrab), il pria le Miséricordieux de lui accorder un fils car il avait 90 ans, et il n'avait toujours trouvé aucun héritier. C'est ainsi que Dieu lui envoie Gabriel pour lui transmettre un enfant pur et vertueux. Le Coran dit[10] :

« O, Zacharie, Nous t'annonçons la nouvelle de ton fils, s'appelant Yahya (Jean). Avant lui, personne n'a porté ce nom. Zacharie dit : mon Dieu, comment aurai-je un fils, alors que ma femme est vieille et stérile et que j'ai passé l'âge de la décrépitude ? »

— Coran, Marie XIX, 7-8

Zacharie fils de Bariskaios[modifier | modifier le code]

Flavius Josèphe raconte l’histoire d’un certain Zacharie fils de Bariskaios, notable de Jérusalem, assassiné par des Zélotes « au milieu du temple » (ou du sanctuaire) peu avant 70, en dépit d’un jugement favorable du Sanhédrin[11]. Cette triste histoire a frappé les imaginations, qui ont pu la rapprocher de l’assassinat du Zacharie biblique (Zacharie Ben Joiada), ce qui a pu, à son tour, donner naissance à la tradition chrétienne de l'assassinat du Père du Baptiste. D'autre part la tradition topographique sur le sang de Zacharie visible dans le temple a aussi pu prendre sa source dans cet épisode de la guerre juive.

Invention de reliques[modifier | modifier le code]

Des reliques du Père du Baptiste sont « identifiées » dans la vallée du Cédron, plus précisément dans le Monument d'Absalom, sans doute dans le courant du Ve siècle de notre ère, avant d'être transférées dans la Tombe de Zacharie à la fin de ce siècle.

  1. Élisabeth est appelée Ashâ dans la tradition musulmane
  2. Lc 1. 67-79
  3. Lc 1. 5-10
  4. Protévangile de Jacques, 24.2.
  5. XXIV 2(A. FREY, Ecrits apocryphes chrétiens, I, p. 103).
  6. GCS 38, Orig. Werke, XI, p. 42-43
  7. GCS 40/1 (1935), Klostermann, Orig. Werke, X, p. 24, 10 (= SC 162, p. 226-227)
  8. Panarion, XXVI 12, 1-4
  9. Ibn Kathir, Histoire des prophètes.
  10. Voir la sourate XIX, Maryam, 1-11.
  11. Flavius Josèphe, Guerre des juifs, Livre IV, 4, 334-344.