Utilisateur:Groupir !/Pierre Richard

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Pierre Richard

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Sources[modifier | modifier le code]


Biographie[modifier | modifier le code]

Un succès immédiat au cinéma[modifier | modifier le code]

Tête d'affiche populaire[modifier | modifier le code]

name="Biographie" « Biographie de Pierre Richard », sur pierre-richard.fr (consulté le ).

Pierre Richard

name="BiFi">Pierre Richard sur le site Ciné-ressources (Cinémathèque française).

Philippe Lombard, « Le Grand Blond avec une chaussure noire (1972) », Histoires de tournages, sur devildead.com, (consulté le ).


https://leschroniquesdecliffhanger.com/tag/pierre-richard/


{{sfn|Imbert|2015}} / <ref name="destin" />

Analyse[modifier | modifier le code]

Pierre Richard

https://www.dvdclassik.com/critique/le-distrait-richard

https://www.dvdclassik.com/critique/le-grand-blond-avec-une-chaussure-noire-robert

Jérôme Lachasse, « Pierre Richard : “Je ne peux pas être un has-been” », sur bfmtv.com, BFM TV, (consulté le ).

Personnage, caractère et gestuelle[modifier | modifier le code]

L'éternel inadapté[modifier | modifier le code]

« Les constantes de mon personnage étaient une forme d’inadaptation au monde avec lequel il vit. Je suis inadapté dans Le Distrait parce que je suis un vrai lunaire dans un milieu qui vend du rêve factice ; je suis inadapté dans Les Malheurs d'Alfred puisque je suis avec toute la bande de tocards qui va foutre en l’air le budget de la télévision, et même de l’État, pour un tas de raisons ; et je suis inadapté dans Je sais rien, mais je dirai tout parce que je suis dans une famille bourgeoise avec un père qui vend des armes, alors que je suis un pacifiste proche des ouvriers. »

— Pierre Richard, Je sais rien mais je dirai tout, 2015[1],[2].

Dans ses films des années 1970 et 1980, Pierre Richard élabore un personnage étourdi, rêveur, maladroit, prolongement de sa véritable personnalité[3].



poétique

inadapté avec le monde qui l'entoure, en décalage[4].

Il obtient ses plus grands succès dans des rôles de personnages maladroits, souvent lunaires. Lui-même voit une constante dans ses films en tant que réalisateur, comme dans ceux qu'il a tournés pour d'autres : « l'inadaptation de [s]on personnage, son décalage au monde dans lequel il évolue[4] ».


par timidité, maladresse ou distraction / malchance

Son personnage est parfois même traité comme un enfant, ou revient à l'enfance de lui-même, dans des scènes des Malheurs d'Alfred et de La moutarde me monte au nez[2]

Puisqu'ils s'inspirent beaucoup de lui-même, Pierre Richard prénomme tous ses personnages au cinéma Pierre dans les films qu'il écrit[4]. D'ailleurs, le nom de Pierre Renaud revient dans ses deux films avec Aldo Maccione, Je suis timide mais je me soigne et C'est pas moi, c'est lui. Francis Veber nomme ses personnages François Perrin dans Le Grand Blond avec une chaussure noire, Le Retour du Grand Blond, On aura tout vu, Le Jouet et La Chèvre puis François Pignon dans Les Compères et Les Fugitifs[5],[4]. Pierre Richard est d'ailleurs déçu que Veber transmette le nom de François Pignon à d'autres acteurs ensuite[4],[n 1].

Son personnage de film en film marque tellement la culture populaire qu'il est devenu courant de désigner comme « un Pierre Richard » un ahuri ou un distrait[6].

Le retour du burlesque[modifier | modifier le code]

Pierre Richard s'inspire du comique mouvementé, destructeur et poétique de Buster Keaton, ici dans Le Mécano de la « General » (1926).

Selon l'acteur, cette inadaptation constitue « une règle essentielle du burlesque »[7]. Se revendiquant de la tradition du slapstick, son cinéma emploie abondamment le gag visuel[2]. Pierre Richard cite l'inspiration de grands burlesques : « tous les comiques que j’admire sont destructeurs, Charlie Chaplin comme Buster Keaton ou Jacques Tati. Ils perturbent le paysage dans lequel ils déboulent, ils cassent, ils renversent, ils abîment, ils bousculent l'ordre établi. L'univers bourgeois, ils le mettent sens dessus dessous. J'essayais, moi, de me servir de ma maladresse pour critiquer le monde moderne »[8]. Jacques Tati lui prédit d'ailleurs : « Vous serez un grand acteur… parce que vous avez les jambes pour ça. Vous savez vous en servir »[8]. Sophie Tatischeff, fille du comique, voit « un passage de témoin » dans le fait que Le Distrait, première réalisation de Pierre Richard, soit sorti quelques semaines après Trafic, dernier film de Tati[8].

Jérémie Imbert, biographe de Pierre Richard, le considère comme incarnant « la synthèse improbable du muet et du parlant, héritier de Buster Keaton pour la gestuelle et l'expression du corps, et de Groucho Marx pour les jeux de mots et le burlesque verbal »[9]. Pour respecter son jeu très physique, Pierre Richard n'est pas doublé dans les cascades, expliquant : « J’avais remarqué une chose : un cascadeur tombe comme un cascadeur. Or si je joue un banquier, je dois tomber comme un banquier, c’est-à-dire un type qui ne sait pas tomber. Quand c’était délicat, des cascadeurs me montraient comment m’y prendre pour ne pas me blesser. Mais après, je le faisais à ma manière »[4].

Vladimir Cosma, ici en 2007, est le compositeur incontournable des films de Pierre Richard, dès Le Distrait.

Le compositeur Vladimir Cosma, indissociable des aventures de Pierre Richard, le met en musique dans Alexandre le Bienheureux (1968), Le Distrait (1970), Les Malheurs d'Alfred (1971), Le Grand Blond avec une chaussure noire (1972), La moutarde me monte au nez (1974), Le Retour du Grand Blond (1974), La Course à l'échalote (1975), Le Jouet (1976), Je suis timide mais je me soigne (1978), C'est pas moi, c'est lui (1979), Le Coup du parapluie (1980), La Chèvre (1981), Les Compères (1983), Le Jumeau (1984), Les Fugitifs (1986) et Un profil pour deux (2017)[10]. Il considère que chaque acteur a une couleur musicale : « Pour moi, Louis de Funès c'est une couleur rythmique binaire. Alors que le ternaire permet des musiques jazzy et swing à trois temps, à la Gene Kelly, la musique binaire, très pop ou rock, offre une rythmique plus musclée. Pour Pierre Richard, personnage lunaire de comédie musicale, j’ai plutôt écrit des musiques ternaires »[11].

Évolution du jeu d'acteur[modifier | modifier le code]

Parfois lassé par son personnage trop comique et burlesque symbolisé par Le Grand Blond avec une chaussure noire, Pierre Richard tente d'amener un jeu plus nuancé, déchargé de ses extravagances, voire des notes dramatiques[3]. Cette volonté s'oppose à plusieurs reprises aux visions des réalisateurs et producteurs qui l'engagent pour de pures comédies[3].

Dès le milieu des années 1970, des cinéastes le font jouer autrement, sans utiliser son corps burlesque. Le critique Olivier Bitoun juge que Jacques Rozier, dans Les Naufragés de l'île de la Tortue (1976), « fait sortir de son corps de cinéma habituel. On retrouve quelques éléments épars du Pierre Richard auquel on est habitué, mais Rozier en fait autre chose. Ainsi, son grand corps étourdi n’est pas utilisé à des fins de comédie, mais pour interdire le sérieux à son personnage : lorsqu'il se fait petit chef, sa gaucherie l’oblige à revenir à la raison. Rozier a aussi souhaité filmer ses yeux bleus plutôt que son corps. Ces yeux bleus dans lesquels se lisent le rêve, la mer, le ciel »[12]. + On aura tout vu ne l'emploie pas dans son registre classique, il est comique par les situations et les dialogues, avec peu voire aucun jeu de jambes et gags visuels

Étudiant La Carapate (1978) et Le Coup du parapluie (1980) réalisés par Gérard Oury, le critique Mickaël Lanoye voit « deux Pierre Richard » : « le personnage gauche, maladroit et timide, poétique, doux rêveur, au cœur de duos improbables » dans ses réalisations, la trilogie Veber / Depardieu, les films d'Yves Robert et Claude Zidi, et « un « autre » Pierre Richard. Dynamique, rebondissant, bavard, utilisant avec malice son physique de grand escogriffe » dans les deux films de Gérard Oury[13].

Fugitifs : Son personnage de dépressif lui permet d'ajouter quelques touches dramatiques à son jeu[3]. Tout au long de leur partenariat, Veber lui offre ainsi d'explorer ses qualités de comédien[3].

Tout au long de leur collaboration, Veber tente de maîtriser son jeu, éviter ses excès comiques, jugeant qu'un acteur comique qui joue comique est un pléonasme[14].

sur le jouet : Francis Veber raconte : « On a eu du mal au début, Pierre Richard et moi. Il jouait comique. Il courait en levant haut les genoux et bégayait ses répliques pour gagner en drôlerie. C'était le contraire de ce que je voulais. (…) Il comprenait mais il peinait à se débarrasser de ses tics. Il y est parvenu à force de travail et j'ai eu le bonheur de le voir passer de la peau d'un mime, d'un danseur et d'un clown, à celle d'un comédien »[15].


Le critique Dominique Jamet du Quotidien de Paris juge qu'il apparaît dans Les Fugitifs « moins comme un Auguste que comme un pauvre type, un vaincu de la vie, et laisse transparaître tout ce quil y a de doux, de candide, de féminin et de désespéré dans sa nature »[2]



Dans Le Jumeau (1984), effaçant son personnage d'ordinaire fragile et dominé par les femmes, il incarne un manipulateur et séducteur invétéré, tandis que c'est le jumeau inventé qui correspond à son personnage habituel[2]. Lors de la promotion du film, il déclare d'ailleurs se sentir plus proche du premier : « C'était bizarre pour moi de jouer ce jumeau qui s'invente un frère. Car Mathias, qui dans l'histoire existe vraiment, est celui qui me ressemble le plus. Je n’ai jamais interprété un personnage aussi cynique. […] En revanche, Mathieu le frère qui n’existe pas et dont je devais composer le personnage, est très loin de moi dans la vie. C'est un sentimental, un gentil, un tendre »[2].

les personnages bavards et sournois des années 90[5]

À partie des années 2000, de nouveaux cinéastes, qui ont grandi avec ses films, repensent à son personnage des débuts, l'acteur racontant en 2007 : « Avec le temps, j'ai fait d'autres choses, et je reviens à ce personnage, même s'il a trente ou quarante ans de plus. Ce sont toujours des personnages un peu lunaires, un peu tendres. Ca fait deux-trois films que je fais avec de jeunes metteurs en scène, et Barratier en est un qui, finalement, s'est servi de certaines caractéristiques de ce personnage [dans Faubourg 36]. Pas du tout de l'aspect distraction ou maladresse, mais un certain personnage poétique »[16]. À l'inverse, d'autres réalisateurs lui confient des personnages totalement opposés : il tient des rôles de manipulateurs, rusés et ironiques dans Victor (2009), Un profil pour deux (2017) et Mme Mills, une voisine si parfaite (2018)[5],[17],[18].



Parmi ses plus grands rôles au cinéma, il est arrivé à Pierre Richard de jouer divers personnages portant un même nom mais sans le moindre rapport entre eux. Ainsi il se nomme :

Thèmes récurrents[modifier | modifier le code]

Grâce au pur burlesque, Pierre Richard revendique « remplir un autre rôle de la comédie : pointer du doigt quantité de tares »[7]. Ses films intègrent l'ambiance libertaire de l'après-mai 68 et dénoncent divers aspects de l'époque, une veine exploitée par d'autres films comiques de la décennie. L'acteur estime que chaque histoire, à côté de la comédie, « servait aussi la critique d’un système qui nous pressure »[4]. Il s'attache, dans ses réalisations, à insuffler un aspect « dénonciateur » dans son comique « burlesque » et « poétique »[7]. Ainsi, Le Distrait évoque le cynisme du monde de la publicité, Les Malheurs d'Alfred dénonce l'abrutissement par les jeux télévisés et Je sais rien, mais je dirai tout fustige l'industrie de l'armement[3],[7]. Dans ce dernier exemple, Bernard Blier, en père du héros, incarne la figure de l'homme d’affaires pompidolien, Pierre Richard expliquant que « Blier, à l’écran, était le symbole-même de cette grande bourgeoisie formatée, féroce et sans état d’âme. Il représentait le capitalisme que mon personnage burlesque venait dynamiter »[19]. L'acteur-réalisateur regrette que les critiques de l'époque ne relevaient jamais ce sous-texte politique et subversif[3].


On aura tout vu (1976) évoque l'essor du cinéma porno dans les années 1970 et traite de la compromission de l'artiste par le besoin de gagner sa vie[20],[2].

Le Jouet : Le Jouet traite de la marchandisation de l'homme, l'argent capable de tout acheter[3]. Pierre Richard le définit comme « un film de gauche qui dénonce la lâcheté des journalistes, l'oppression d'un puissant homme de presse, inspiré de Marcel Dassault… Or Veber est tout sauf un homme de gauche »[19].

De plus, la difficulté des relations avec sa famille, en particulier son père, transparaît dans certaines histoires[19],[14]. Le patron incarné par Bernard Blier dans Le Distrait est comme un père à qui le personnage de Pierre Richard tente de plaire[14]. Il a d'ailleurs choisi Blier pour leur parfaite opposition : « c'est comme pile et face. Il a la nuque carrée, moi j'ai une nuque fine. Il a aucun cheveu, moi… Il a l'œil glacé, moi l'œil plutôt souriant »[14]. L'homme de télévision joué par Pierre Mondy dans Les Malheurs d'Alfred est aussi une figure paternelle, ou paternaliste, que le héros veut détruire[14]. Les générations s'affrontent dans Je sais rien, mais je dirai tout entre le père marchand d'armes et le fils soixante-huitard, à l'image de la famille des industriels Defays opposée à ce que Pierre Richard devienne saltimbanque[19],[14]. Surtout, Le Jouet montre un garçon grandissant dans le luxe que le père délaisse pour ses affaires, comblant son absence par une surenchère de biens matériels[3],[19]. Le manque de communication entre un père et son fils est au cœur du film[19]. L'acteur explique : « le petit Rambal-Cochet du film, son père lui offre tout ce qu’il veut mais lui choisit comme jouet un pauvre journaliste auquel il va s'attacher. Ce manque d'affection paternelle, je l'ai aussi ressenti. Mon père ne savait que m’emmener à la chasse »[19]. Veber avait aussi connu une enfance gâtée avec un père absent, mais tous deux n'ont jamais abordé ce point à l'époque[3].

name="Schaller 1" Nicolas Schaller, « Pierre Richard : « Francis Veber est tout sauf un homme de gauche » (1/2) », sur nouvelobs.com, Le Nouvel Observateur, .</ref>}}

Refs[modifier | modifier le code]

  1. Pierre Richard n'est pourtant pas le premier à porter ce nom de François Pignon : Jacques Brel est le premier à tenir le rôle au cinéma, dans L'Emmerdeur (1973), écrit par Francis Veber.

  1. Richard et Imbert 2015, p. 110.
  2. a b c d e f et g Valgalier 2015.
  3. a b c d e f g h i et j Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées destin
  4. a b c d e f et g Nicolas Schaller, « Pierre Richard : « On ne peut pas juger Depardieu comme un type normal » », sur nouvelobs.com, Le Nouvel Observateur, .
  5. a b et c Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées BiFi
  6. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Cuyer
  7. a b c et d Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Tran
  8. a b et c Laurent Rigoulet, « “Ciné-clubbing” (21) : Pierre Richard et le burlesque de Jacques Tati », sur telerama.fr, Télérama, .
  9. Mégane Bouron, « Interview : Jérémie Imbert, programmateur du Festival CineComedies », sur larsruby.com, .
  10. « Vladimir Cosma : Un profil pour deux », sur lamusiquedefilm.net, (consulté le ).
  11. Olivier Rajchman, « Vladimir Cosma : « De Funès, c’est un rythme binaire » », sur premiere.fr, Première, .
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  13. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Lanoye Coup
  14. a b c d e et f Pierre Richard, le discret, documentaire de Grégory Monro, Arte, 2017.
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  18. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Odicino
  19. a b c d e f et g Nicolas Schaller, « Pierre Richard : « Francis Veber est tout sauf un homme de gauche » (1/2) », sur nouvelobs.com, Le Nouvel Observateur, .
  20. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Lanoye On aura tout vu