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Utilisateur:Gerard-emile/Brouillon Heidegger le Logos

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Le mot Logos dérive du grec λόγος, il désigne en première approximation, depuis Platon et Aristote, la « parole, le discours (textuel ou parlé) et par extension, la « rationalité » (l'intelligence) puis, la Logique . On note cependant la première occurrence de ce mot dans les fragments d'un vieux penseur présocratique, Héraclite d'Ephèse [1]après laquelle, il eut une éclatante carrière philosophique, et aussi théologique et linguistique, comme logique, ratio, verbum , loi du monde, et enfin comme nécessité de pensée , sens et rationalité[2].

La traduction moderne la plus courante du terme Logos est « Logique », dont le sens obvie est d'être une méthode pour s'assurer d'une pensée juste[3], qu'il faut tenter de justifier en interrogeant l'origine de ce terme de logique et son rapport au sens originel qui apparaît tout différent du mot Logos dans la pensée des grecs archaïques.

Heidegger note d'emblée en exergue et en relation les trois notions qui dominent, dans les anciens textes, la pensée de ces vieux penseurs à savoir: le Logos, λόγος, la Phusis, φύσις et la Vérité , ἀλήθεια. Heidegger note :« tous ces thèmes primordiaux sans absolument se confondre, s'ouvrent les uns sur les autres et en arrivent presque à s'identifier entre eux »[4] Ces trois notions, dont il s'agirait de reconquérir un sens originaire perdu, appartiennent au groupe dit des « paroles fondamentales » distinguées par Marlène Zarader dans son livre[5],[N 1]

Le Logos des penseurs initiaux

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Cette reconquête du sens originaire s'effectue dans un examen de la pensée de ces présocratiques et notamment de Héraclite, investigation qui est conduite au long plusieurs cours et conférences à partir de 1935 et qui débute véritablement avec le cours édité Introduction à la métaphysique[6]

De Héraclite la tradition retient quelques formules et deux ou trois paroles fondamentales

  1. Ta Panta Rei (Τα Πάντα ῥεῖ): « Tout coule » - dans le sens de « Tout passe » qui signerait le mobilisme universel de Héraclite opposé au fixisme Parménidien
  2. Πόλεμος πάντων μὲν πατήρ ἐστι : La guerre est père de tout
  3. Si ce n'est pas moi, mais le λόγος que vous avez « entendu », il est sage de dire dans le même sens « UN est TOUT »

qui sont à compléter pour ce qui concerne l'interprétation du λόγος chez les présocratiques par la sentence de Parménide:

  • « Le penser et l'être sont la même chose »

Heidegger ne s'attarde pas sur le sens traditionnel attribué au terme Logos , depuis Aristote, comme simple « Dire » ou « Discours » mais s'interesse en premier lieu, pour le contester imédiatemment, au sens qu'a pris cette notion à travers sa dernière mutation, aprés celle de raison et de rationalité, en science de la Logique et sa prétention à vouloir se réserver la détermination du juste .

  1. Le Logos nous dit Heidegger, ne peut s'expliciter que si d'abord nous comprenons ce que veut dire « être » pour les grecs et faisons un détour par le concept qui en tient lieu pour eux, la Phusis Dans l'article consacré à la Phusis on voit que la φύσις dit « ce qui s'épanouit de soi-même, ce qui se déploie en s'ouvrant et dans un tel déploiement, fait son apparition,; se tient dans cet apparaître et y demeure »
  2. Quant à la Logique elle est l'héritière de l' épistémé logiké , ἐπιστήμη λογική aristotélicienne qui est elle-même d'essence technique et donc une perspective particulière sur le Logos, une perspective métaphysique, et non le Logos lui-même dans son sens archaïque et plénier; de droit, elle n'en est donc qu'une approche possible[N 2]

S'agissant des premiers moments de la pensée aucune définition du type genre et espèce ne peut, bien entendu, être donnée des termes fondamentaux Phusis , Logos, Alètheia. L'explicitation du sens originaire du terme Logos ne peut être recherchée que par approximation successives, à travers l'étude de cinq couples d'opposés que Heidegger dégage de son interprétation des textes, et sur lesquels il va s'appuyer, à savoir: le Penser et l'être, Être et devenir, le Dire et l'entendre, le Voilé et le dévoilé, le Disjoint et le rassemblé.

le Penser et l'être

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Originairement dans la pensée des présocratiques, la distinction entre « pensée » et « être » ou Phusis n'est, selon Heidegger, ni faite, ni nécessaire.
La préoccupation pour la vérité de l'énoncé, conçue comme adéquation entre les deux, n'a pu se développer qu'au moment où la disjonction s'est produite entre pensée et être, quand le Logos n'a plus été compris ( chez Platon) que comme l'agent qui saisit l'étant à travers son idée, voir l'article consacré à l Alètheia et quand l' « être » , la Phusis s'est vu réduit à son résultat, l'étant, oubliant par là, son caractère épiphanique que Heidegger va s'efforcer de retrouver à tavers son concept d' Ereignis
La disjonction entre, le penser et la chose pensée, entre l' « être » et sa pensée, s'est produite à partir d'une originaire appartenance essentielle, d'une unité,( qui est l'objet de la recherche), d'où la nécessité d'expliquer le pourquoi et le comment de cette division ultérieure qui est à l'origine de la métaphysique et de toutes les théories de la connaissances qui ont suivi[N 3].

Être et devenir

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Il s'agit pour Heidegger de faire un sort définitif à l'interprétation traditionnelle de la célèbre sentence Ta Panta Rei (Τα Πάντα ῥεῖ): « Tout coule »
Héraclite est célèbre à la fois pour son obscurité (Héraclite l'obscur disait déjà Aristote )[7], et son opposition à Parménide, l'un étant le philosophe du mouvement universel, Τα Πάντα ῥεῖ, « tout coule » ou « on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve », l'autre celui de l'immobilité radicale[8].
Mais il y a aussi, note Jean Beaufret aprés Heidegger, du permanent chez Héraclite , la permanence de la mesure et de la justice Δίκη , sans qu'il soit possible de parler d'harmonie cosmique comme certains ont cru pouvoir le faire[9], dans l'incessant combat du flux et du reflux[10].L'unité de la phusis φύσις est maintenue au sein même des oppositions, du jour et de la nuit, de la paix et de la guerre, de l'abondance et de la disette et la loi qui porte l'ajointement des contraires , c'est çà ,le « Logos », λόγος[11].
Il est important de noter que pour Heidegger cette unité n'est pas à rechercher sur un plan dialectique à la manière de la Dialectique hégélienne, l'unité est originaire et essentielle dans la dimension de la co-appartenance au sein justement de l'idée de Logos qui constitue l' arché, ἀρχή caché.
C'est aussi à travers la métaphore de l' « éclair » qui illumine en un instant, de son rayon, toute la scène des êtres comme dans la caverne platonicienne, et non en faisant appel à l'image éclatante du soleil qui déploie lentement sa lumière dans la stabilité du jour, que Héraclite perçoit l'unité du Tout,Τα Πάντα ,image de l'éclair et de la foudre[12] dont Heidegger va se saisir comme une anticipation pré-socratique de l'événementialité de son Ereignis, voir les Beiträge zur Philosophie (Vom Ereignis)

le Dire et l'entendre

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Il y a une énigme du Logos, car si la signification précoce a bien été le dire et le discours, expose Heidegger, sa signification originelle est autre, cette autre signification s'est estompée et le dire ou le discours n'en sont qu'une signification dérivée[13] C'est à partir de l'étymologie du terme λόγος et particulièrement de sa forme verbale λέγειν, que Heidegger va chercher ce sens originaire, qui lui apparaîtra comme un « cueillir »,un « récolter », un « mettre à l'abri ». Au terme d'une longue méditation, le mot de λόγος, substantif du verbe λέγειν n'aurait pas pour signification première « ce qui est de l'ordre de la parole mais, ce qui recueille le présent , le laisse étendu-ensemble devant et ainsi, le préserve en l'abritant dans la présence »[14]. A travers cette thèse le λόγος se dote de trois déterminations essentielles que résume Heidegger[15] :à savoir la constance, la permanence, ce qui rassemble et tient ensemble , et ce qui déploie son règne
Le fragment 50 est considéré comme le fragment clef pour la suite de la compréhension du λόγος héraclitéen

Si ce n'est pas moi mais le λόγος que vous avez entendu, il est sage de dire, en conformité avec lui: Un est Tout Héraclite 50

Cette sentence ouvre la voie à une double interprétation, deux modalités d'audition, soit l'entente des simples paroles humaines d'Héraclite, soit l'écoute du λόγος dans les paroles d' Héraclite, à travers les paroles de Héraclite, ce qui traduit une autre espèce d'entente. Marlène Zarader note que dans la forme de la sentence ( ce n'est pas moi), le simple locuteur, le discours, est d'emblée écarté au profit du Logos auprés duquel Héraclite invite ses élèves à « être à l'écoute ». Ce qui est en jeu ici c'est la condition du savoir authentique qui consiste à ce que l'écoute s'ordonne au λόγος et se soumette à lui[N 4].

le Voilé et le dévoilé

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le Disjoint et le rassemblé

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l'être du Logos

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l'étymologie

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accès métaphysique au Logos

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Notes et références

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  1. Jean Beaufret Dialogue avec heidegger Philosophie grecque Ed de Minuit 1973 page 40
  2. Martin Heidegger Logos dans essais et conférences collect Tel Galimard 1993
  3. Marlène Zarader Heidegger et les paroles de l'origine VRIN 1990 page 154
  4. Eliane Escoubas dans Jean-François Courtine éd collectif l'Introduction à la métaphysique de Heidegger Études et Commentaires VRIN page 160
  5. Marlène Zarader Heidegger et les paroles de l'origine VRIN 1990 page19
  6. Martin Heidegger introduction à la métaphysique Tel Gallimard 1987
  7. Jean Beaufret Dialogue avec Heidegger Philosophie grecque éditions de Minuit page 38
  8. Jean Beaufret Dialogue avec Heidegger Philosophie grecque éditions de Minuit page 39
  9. Imago Mundi Encyclopédie en ligne http://www.cosmovisions.com/Heraclite.htm
  10. ibid page 40
  11. Jean Beaufret Dialogue avec heidegger Philosophie grecque Ed de Minuit 1973 page 41
  12. Martin Heidegger et Eugen Fink Héraclite séminaire du semestre d'hiver 1966-1967 NRF Gallimard 1973 page 17
  13. Marlène Zarader Heidegger et les paroles de l'origine VRIN 1990 page 162
  14. Martin Heidegger Logos dans essais et conférences collect Tel Galimard 1993 pages page 250-255
  15. Eliane Escoubas dans Jean-François Courtine éd collectif l'Introduction à la métaphysique de Heidegger Études et Commentaires VRIN page 164
  1. Ces paroles fondamentales n'appartiennent pas seulement à ceux qui les prononcèrent. En tant que paroles du commencement, elles ouvrent tous les domaines du questionnement que la philosophie reconnaîtra comme sien : elles disent l'être , la vérité, le destin, le tempsMarlène Zarader Heidegger et les paroles de l'origine VRIN 1990 page19
  2. Marlène Zarader souligne qu'il ne s'agit pas pour Heidegger de critiquer la Logique lorsqu'elle interprète le Logos comme raison, comme s'il s'agissait de lui en substituer une autre, en lui révélant d'où elle parle dans son propre mode de représentation, c'est-à-dire comme énoncé, raison ou fondement on voit qu'elle se moule dans les catégories métaphysiques Marlène Zarader Heidegger et les paroles de l'origine VRIN 1990 page 160
  3. C'est dans l'unité d'un même mouvement que l'être cesse d'être expérimenté comme Phusis pour devenir Idea, que la vérité cesse d'être expérimentée comme [[Alètheia]], déploiement hors du retrait, pour devenir Image et que le Logos perde sa signification originelle au profit de sa signification dérivée comme énoncé Marlène Zarader Heidegger et les paroles de l'origine VRIN 1990 page 159
  4. « Le λόγος amène ce qui apparaît , ce qui se produit et s'étend devant nous, à se montrer de lui-même, à se faire voir en lumière » Martin Heidegger Logos dans essais et conférences collect Tel Galimard 1993 page257

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Martin Heidegger introduction à la métaphysique Tel Gallimard 1987
  • Marlène Zarader Heidegger et les paroles de l'origine VRIN 1990
  • Franco Volpi La question du Logos dans l'articulation de la facticité chez le jeune Heidegger lecteur d'Aristote dans collectif Heidegger 1919-1929 De l'herméneutique de la facticité à la métaphysique du Dasein VRIN 1996
  • Jean-François Courtine éd collectif l'Introduction à la métaphysique de Heidegger Etudes et Commentaires VRIN 2007

{{portail|Philosophie|philosophie antique}} [[Catégorie:Martin Heidegger]] [[Catégorie:Concept philosophique]] [[Catégorie:Concept philosophique grec]]