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Le château de Senevas est un château situé dans la Loire (42). Surtout marqué par la personnalité de son seigneur Melchior Arod[1], ambassadeur de Louis XIV en Suisse et au Portugal puis conseiller d'État, le château a été possédé par plusieurs familles nobiliaires avant d'être partiellement démantelé et pillé lors de la Révolution française.

Géographie[modifier | modifier le code]

Le château de Senevas constitue aujourd'hui la majeure partie du lieu-dit "Senevas". Attaché administrativement à la commune de Saint-Romain-en-Jarez (42800), il se situe dans le département de la Loire (région Rhône-Alpes Auvergne), à la frontière du département du Rhône, entre Saint-Étienne et Lyon. Ses coordonnées géographiques sont 45°34'60" N et 4°33'0" E en DMS (degrés, minutes, secondes) ou 45.5833 et 4.55 (en degrés décimaux). Sa position UTM est FL24 et la référence Joint Operation Graphics est NL31-09.[2]

Le château se situe à 756 mètres d'altitude, sur les pentes de la colline dite du Châtelard [3][4].

Historique[modifier | modifier le code]

Étymologie[modifier | modifier le code]

L'origine du mot "Senevas" n'est pas clairement établie. Les registres paroissiaux du XVIIe qualifient d' "ouvrier en senevas" un tisserand[5]. Senevas viendrait ainsi du bas latin "canavarias", par contraction "canavias", qui signifierait "lieu où l'on cultive le chanvre". Il se trouve qu'en effet on comptait à Senevas de nombreuses chenevières et l'inventaire du château fait en 1793 mentionne des "tresses de chanvre" appartenant au seigneur du lieu et récolté sur ses terres.[4] Cette hypothèse est pourtant contraire aux règles phonétiques qui veut qu'en langage forézien, le C initial, devant un a latin, prend toujours le son "ch" et non "s".

Il pourrait peut-être s'agir d'un dérivé primitif de "sinapacium" (sènevé). L'historien Auguste Longnon affirme[6] que "sinaparia", lieu où pousse le sénevé, aurait donné Sennevières en Indre-et-Loire, Sennevières également dans l'Oise, mais aussi dans l'Yonne, et Cenevières dans le Lot, et le mot "sinapetum", avec le collectif "etum", aurait donné Sennevoy dans l'Yonne.

blason des Senevas[7]

La formation d'une seigneurie (des origines à 1650)[4][modifier | modifier le code]

Aux origines du lieu[modifier | modifier le code]

Les origines de Senevas sont difficilement traçables avant le XIVe siècle. On sait que, grâce à la présence du Grand Châtelard (804 mètres d'altitude), Riverie fut occupée dès la conquête des Gaules et servit de camp retranché romain. La position du Châtelard, dominant les deux versants du Rhône et de la Loire, dut amener là un trafic important pour donner aux premiers habitants conscience de la valeur stratégique du domaine. La découverte d'un vieux chemin celtique se dirigeant du village de Saint-Romain-Jarez au sommet du Châtelard et se perdant dans les bois de Senevas va dans ce sens.

L'historien Antoine Vachez évoque "un fief sans justice, relevant de la baronnie de Riverie, jusqu'au commencement du XVIIe siècle"[8], "fief dans justice" c'est à dire une maison-forte sans murailles, fossés, prisons ou fourches patibulaires.

Les terres de Senevas[modifier | modifier le code]

La richesse des terres de Senevas ainsi que sa situation (Senevas domine toute la partie orientale et méridionale de la vallée du Gier, la vue s'étend des collines qui dominent Lyon jusqu'à la croupe du Mezenc, couvrant ainsi tout le massif du Pilat) attire les convoitises de divers barons et seigneurs. Si les pentes abruptes des coteaux rendent l'exploitation difficile, Senevas voit s'épanouir la culture de chanvre, de seigle, de froment, de fève, de sarrazin, d'orge ou encore d'avoine. Le hameau est très favorisé du point de vue hydrographique avec de nombreuses sources et ruisseaux qui le préservent des dangers de la sécheresse et pourvoient les besoins des fermes. Jusqu'en 1793, l'ensemble du territoire fut exploité par les grangers des différents seigneurs qui demeuraient dans l'enceinte de la maison forte et plus tard du château.

Senevas sous la domination de Riverie[modifier | modifier le code]

Senevas reste durant plusieurs siècles un domaine de la baronnie de Riverie. Différentes familles se succédèrent comme seigneurs de la baronnie de Riverie dont la famille originelle se serait éteinte vers 1412[4]: les de Vers (de Veris), les Glane venus de Bourgognes dont Riverie est sous le contrôle pendant près de deux siècles, les Roussillon qui seraient les premiers seigneurs de Riverie et de Senevas et les fondateurs de Saint-Romain-en-Jarez[9][10] (la maison Roussillon de Riverie s'éteint après deux siècles et demi de possession (1202-1433)) etc. C'est véritablement sous les Roussillon de Riverie que Senevas "sort de l'ombre et commence cette ascension qui éclipsera bientôt la grandeur de ses premiers maîtres"[4].

Aux Roussillons (Guillaume de Roussillon part en croisade et y meurt) succèdent les ducs de Bourbon qui occupent Riverie de 1443 à 1518 (notamment Charles de Bourbon, Jean II, Pierre II), puis les Laurencin de 1513 à 1570, nouvelle noblesse issue du commerce et de l'échevinage à Lyon, et les Camus (1570-1627), originaires d'Auxonne, dominé par la figure d'Antoine Camus, maître de Riverie, trésorier de France (1568)[11].

Blason des Arod de Senevas[12]

Le démantèlement de Riverie est prononcé le 18 avril 1590 à la suite de l’incarcération d'Antoine Camus par la Ligue Catholique (il était favorable à la cause royale), lequel est libéré en 1594 et meurt en 1603. Son successeur, François Camus, vend en 1625 à Antoine Arod tous les droits de seigneurie et de justice qui appartenaient aux barons de Riverie, dans la paroisse de Saint-Romain. La pleine indépendance est dès lors donnée aux seigneurs locaux de Senevas, qui ont été pendant près de six siècles sous la domination de Riverie.

Senevas et les premiers Arod[modifier | modifier le code]

Plusieurs familles se succèdent à la propriété de la maison forte de Senevas sous la dépendance des Roussillons: les Pons de Saint Paul (XIXe s.), les d'Urgel (XIXe s.), les Arrici (aussi connus sous le nom de Caillet de Mornant[13]), les Aybraud et enfin les Arod (Hugues Aybraud de Riverie donne en mariage son unique héritière à Jean Arod). Jean Arod s'installe à Senevas et y fonde un domaine important qui devient châtellenie, ayant, au XVIe siècle, sou sa dépendance, l'antique manoir de Châteauvieux.[4]

Généalogie Arod[14]

Les Arod sont une vieilles famille (la légende les veut arrivés en France sous Charles le Simple[4]), à l'origine des laboureurs probablement issus de souche germanique (Harude), installés dans la région de Riverie dès le Xe siècle.[15] La baronnie de Senevas se lègue alors de père en fils, avec néanmoins quelques périodes de tutelles comme celle de Catherine du Mazel, mère d'Antoine Arod de Senevas, fils de Pierre, encore mineur au décès de son père. Le testament de Loys Arod (1574) constitue sa femme (Jeanne Harenc de la Condamine) en héritière, avec la charge de nommer, pour la succession au domaine, un de ses fils à son choix. Elle élit le troisième, à nouveau du nom d'Antoine, lequel prend pour la première fois le titre de seigneur de Senevas et de Saint-Romain-en-Jarez. En eftte, Antoine Arod travaille à l'anoblissement de son domaine et il achète pour cela à François Camus, baron de Riverie, les droits de seigneurie et de justice que ce dernier avait en la paroisse de Saint-Romain (1625). Le 21 août 1627, Antoine Arod échange avec Antoine Bron la baronnie de Riverie contre la terre de La Batie et obtient ainsi tous les droits de justice sur son grand domaine.[12]

Senevas : Une baronnie indépendante (1650-1819)[4][modifier | modifier le code]

L'apogée des seigneurs de Senevas[modifier | modifier le code]

Au XVIIe siècle les possessions seigneuriales de Senevas comprennent dix domaines dont la terre fournit au marquis Melchior Arod un revenu annuel de 8.000 livres. La seigneurie s'étend sur neuf paroisses contigües et a deux lieues et demie de l'Orient au Couchant et deux lieues du Nord au Midi.[4] Le territoire de Senevas occupe les limites Nord-Est et Est de la commune de Saint-Romain-en-Jarez. Il est composé de deux groupements distincts : Senevas à proprement dit (où se situe le château), ou "d'En Haut", et le Senevas "d'En bas" (Trivolinière actuelle) auquel se joignent divers autres domaines comme celui de "Grange Haute". Cet espace représente plus des deux cinquièmes de la commune. Il s'étend de l'Ouest à l'Est, depuis les "Trois-Pierres" et la "Ruërie" jusqu'au "Bozançon"; du Nord au Sud, depuis le crêt du "Châtelard" jusqu'au chemin qui, de Saint-Romain en Jarez, aboutit à Saint-Martin-la-Plaine. Le territoire est entouré de bois touffus au Nord et à l'Est, de taillis profonds au Sud[4].

Le XVIIe siècle est pour la maison des Arod le point culminant de son ascension dans la vie sociale. Antoine et Melchior gravirent les derniers échelons qui les menèrent à la grande noblesse; l'un par le maniement des hommes à la petite cour provinciale des puissants seigneurs de Saint-Chamond, ainsi qu'aux côté de Condé lors du siège de la Rochelle; l'autre, en gagnant la faveur royale par sa diplomatie et et ses succès dans les tractations délicates du début du règne personnel de Louis XIV. Antoine Arod s'illustre toutefois aussi pour sa diplomatie notamment en conseillant Louis XIII entant que médiateur du différend entre le seigneur d'Alincourt, gouverneur du Lyonnais, et le seigneur de Saint-Chamond, lieutenant au même gouvernement, avec le seigneur de Chalmazel.

Melchior Arod[modifier | modifier le code]

Melchior Arod (1611- ) est issu du mariage (17 janvier 1606) d'Antoine Arod (qui succéda à Loys Arod) et de Jeanne de Maisonseule (fille d'Alexandre, seigneur du lieu et de Retourtout). Il d'abord prieur de Saint-Romain-en-Jarez -à l'instar de son frère Pierre- puis abbé de Corbigny avant de succéder à l'âge de 30 ans à son père à la tête de Senevas en 1641 (après la tutelle de sa mère). Il est à la fois connu sous l'appellation "de Senevas" et "de Saint-Romain".

Melchior Arod débute sa carrière à l'ambassade de Mantoue. En août 1631, il part pour Bruxelles puis aide son puissant protecteur, le seigneur de Saint-Chamond, à "raccommoder la reine mère, Marie de Médicis, avec Louis XIII " et à traiter ensuite avec l'électeur de Trèves (9 août 1632).[12] Quand le marquis de Saint-Chamond est nommé ambassadeur extraordinaire auprès du roi d'Angleterre. L'année 1633 est un succès auquel participe le jeune diplomate: de concert avec ses maître, il impose à tous les plénipotentiaires les vues de la France sur l'électorat de Trèves et la possession des trois évêchés: Metz, Toul et Verdun. Il n'a que 22 ans lorsqu'il part pour la Suisse avec le titre d'attaché d'ambassade en confiant à sa mère la gestion de Senevas (dont il est maintenant le marquis) et à son conseiller M. Pierre Chorel[1] et par la même "les clef de la chambre secrète"[16] contenants les terriers de 1494.

Le 17 novembre 1635, Melchior Arod commence ses missions diplomatiques en Suède, la conclusion du traité de Wismar couronne ses efforts. Il reste à Hambourg plusieurs années avec le titre de "résident" qui lui a donné Richelieu, puis y remplace d'Avaux entant qu'ambassadeur. Il enchaîne ainsi les voyages au cours de sa vie mouvementée, à Dantzig, auprès de l'électeur de Brandebourg George Guillaume, du duc de Bavière, à nouveau en Suède, à Paris, à Munster avec la reine de Pologne... "Son existence fut un perpétuel voyage" écrit Antoine Vachez.[1] Il sera successivement ambassadeur de France à Stokholm.

Durant la Fronde, il épouse la cause d'Anne-Geneviève de Bourbon Condé dont il obtient quelques faveurs intimes.[4] Par voie de conséquence, il se lie étroitement avec le Cardinal de Retz et le comte de Chavigny. Il est arrêté le même jour que le Grand Condé mais, défendu par le président Molé, il est relâché. Cette interpellation n'entraînera pas sa déconsidération auprès de Louis XIV qui le nommera abbé commendataire de Corbigny et de Préans (ce qui représente 32 000 livres de rente), ce à quoi il adjoindra la commande de l'abbaye de Longuay, au diocèse de Reims. Avec Saint-Romain, cela représente environ 40.000 livres de rente annuelle.[17]

Après cet épisode dangereux pour lui, Melchior revient sur ses terres où il passe six années (1653-1659). Il a alors 42 ans, une forte renommée ainsi qu'une fortune importante. Les raisons de cet exil volontaire au pays natal pourraient être liées à l'hostilité de Mazarin à son égard.[4]

Installé à Senevas, il s'occupe de la construction de son château.

Il est rappelé à Paris (sans avoir à craindre le ressentiment de Mazarin, mort en 1661) où il est chargé par Louis XIV d'une mission au Portugal: assurer la rupture du mariage de Marie de Savoie avec le roi Alphonse, en vue de garder le Portugal au nombre des alliés contre l'Espagne. Cette affaire connaît un plein succès en 1669.[4][18] En 1672, Melchior Arod par en Suisse où il reste quatre ans comme ambassadeur extraordinaire chargé d'élaborer les nouveaux statuts du jeune pays libre. Colbert lui écrit au nom du roi à cette occasion.[19]

Il représente par la suite la France à Francfort en 1681 et deux ans à nouveau au Portugal, ce qui signe la fin de sa carrière diplomatique (il avait alors près de 75 ans et il parcourait l'Europe depuis cinquante-cinq ans). Le 3 novembre 1685, il se présente à la Cour et continue sa vie d'intrigues et de diplomatie en chambre. Louis XIV, qui jusqu'alors n'a accordé à son ambassadeur que des récompenses en espèces ou en bénéfices, lui donne le titre de conseiller d'état d'épée (3 élus seulement étaient honorés de cette distinction), ce qui excite la verve de Saint-Simon :

"Saint-Romain est un amphibie de beaucoup de mérites et qui a manié beaucoup de négociations; conseiller d'état d'épée, sans être d'épée; avec des abbayes, sans être d'église."[20]

Melchior Arod meurt subitement le 14 juillet 1694, alors qu'il rendait des visites à Paris. Il est alors âgé de 83 ans. Il n'a pas d'épouse ni de descendant, et a vécu en libertin (libre penseur). Mme de Sévigné, qui le connaissait beaucoup par les relations amicales qu'il avait eues avec M. de Grignan, raconte en ces termes l'impression que lui causa cette mort inattendue, dans une lettre à Mme du Guettant:

"La mort de M. de Saint-Romain me fait peur; je n'y vois pas un moment entre sa vie dure et sèche pour la religion, et sa mort. Comment fait-on pour parler à Dieu en faveur d'un tel philosophe?" [14]

Le château[modifier | modifier le code]
Vue sur le château et le hameau de Senevas

Le château était avant tout une demeure seigneuriale, il ne fut jamais une forteresse imposante et ne joua aucun rôle dans les guerres civiles. Jusqu'aux travaux de Melchior Arod, il s'agissait avant tout d'une maison forte. Le château comprenait en façade un long corps de bâtiment flanqué de deux ailes de retour et terminé par deux tours carrées. Grâce au dénombrement fait en 1763 par Marc-Antoine Trollier, il est facile d'avoir une idée de l'œuvre entreprise par Melchior:

"Il y a un très beau château, situé à mi-colline, dont la vue est superbe; elle s'étend à plus de vingt lieues. (...) Le château, bâti à la moderne depuis quelque soixante ans, est un très beau corps de logis, flanqué par deux pavillons doubles. Il consiste au rez de chaussée en deux cuisines, un office, une boulangerie, et autres appartements; le tout très bien voûté. Au premier étage, en un vestibule à main gauche, une salle très vaste, une chambre des archives, qui sont voûtées et fermées à porte de fer, et une petite chambre. À main droite, une salle ou salon à manger, une salle à recevoir compagnie, une chambre et un grand cabinet de toilette. Au second étage, à main gauche, une grande chapelle et deux chambre derrière; à main droite, quatre chambres. Au troisième étage, il y a des belles jacobines, divisées en plusieurs chambres et des galetas ou greniers au-dessus, dont la charpente est admirable et couverte de tuile plates et plombées. Il y a de bonnes caves sous la cuisine et l'office. Plusieurs chambres sont parquetées; il y en a une qui est un chef d'œuvre. Au septentrion du château est une cour de l'étendue d'iceluy, sablée, close à l'orient par une belle et grande porte de fer; sur l'angle septentrional et oriental est une remise, et sur l'angle septentrional et occidental, un bûcher. En sortant de cette cour, à main gauche, est une vaste terrasse, élevée sur cinq voûtes de plus de cent pieds de hauteur, laquelle a quatre allées d'arbres, tilleuls ou marronniers. En icelle est une lapinière et à côté, un escalier de pierre de taille qui conduit aux écuries, où l'on va aussi par une pente douce, en sortant du château, à main droite. Les dites écuries consistent en un corps de logis double, c'est à dire que les deux sont adossés l'un à l'autre. Au surplus, elles sont bien voûtées; l'on peut y tenir à l'aise soixante chevaux. Au dessus est le fenil, qui contiendrait bien 1.200 quintaux de foin. Ce corps de logis est flanqué de quatre pavillons dans lesquels sont les logements des palefreniers, et des chambres pour mettre les harnais.

À côté des écuries, à l'orient, un très belle fontaine qui ne tarit jamais; et, par des canaux, on conduit l'eau dans les cuisines et les salles. À l'occident est un très beau colombier et bien garni. De ce même côté d'occident, sont les appartements du granger , appelés du château, en très bon état. À l'occident de la terrasse cy-devant désignée, est un grand jardin potager bien rangé, et de même élevé sur plusieurs voûtes qui le rendent plat. À la suite sont plusieurs allées longue vue formées par différents arbres, avec plusieurs enjolivements en charmilles. A main droite, au sortir de la cour du château, est une autre terrasse garnie nouvellement de tilleuls; là est un chenil. A la suite est une allée de noyers qui conduit à une autre de châtaigniers et d'autres arbres, dont la vue s'étend sur la plaine du Lyonnais.

Sous les fenêtres du château, et au midi, est un joli parterre d'où l'on descend dans un verger, et, d'iceluy, en une belle prairie qui est arrosée par deux ruisseaux. Au devant de la terrasse, à l'une des voûtes qui la soutiennent, est un lavoir très commode. On peut en changer l'eau, de quart d'heure en quart d'heure; au-dessous des autres voûtes, on pourrait faire des grottes charmantes."[21]

"Au-dessous et au midy du jardin potager, est un réservoir assez vaste pour tenir du poisson. Au dessous de l'allée des noyers est un pré neuf, fort grand et bien arrosé. Des dites seigneurie dépendent dix domaines complets, dont un seulement en ferme; les autres étant tous à grangeage, c'est-à-dire à moitié fruits pour les grains."[21]

Melchior Arod ne peut terminer son œuvre et ce sera sa sœur Claude qui la poursuivra.

La légende paysanne évoquait l'existence de souterrains secrets reliant le château de Senevas à Riverie et à Châteauneuf.[4]

Des Arod aux Pracomtal[modifier | modifier le code]

À la mort de Melchior, la famille des Arod n'est plus représentée que par un descendant des Pracomtal, Armand, fils de Henri, marquis de Pracomtal marié à Claude Arod, sœur de Melchior. Les Pracotal sont de très ancienne noblesse, originaire du Dauphiné.

Marguerite de Pracomtal de Harod de Senevas[22], fille d'Armand, se retire à Senevas à la mort de son mari (Charles d'Hugues, chevalier baron de Beaujeu et de la Mothe du Caire, seigneur de Vaumeil et d'Astoin, épousé en 1724), le château étant enfin terminé. Elle œuvre avec sa fille à remettre en valeur le domaine. La marquise de Pracomtal meurt le 22 avril 1729 à l'âge de 53 ans. À sa mort, malgré toute son activité et sa prudente administration, les affaires ne paraissent pas avoir été très prospères à Senevas. La dureté des temps, due à des récoltes désastreuses et à une fiscalité impitoyable, permet difficilement le rétablissement d'un domaine, abandonné sans surveillance, pendant près d'un demi-siècle. Léonard Armand de Pracomtal essaye de continuer l'œuvre de redressement entreprise par sa mère mais, retenu à Lyon par sa charge de trésorier et son titre de président du bureau des finances, il ne parvient pas à assurer cette tâche. Cependant, la conjoncture agricole favorable rend à nouveau les affaires du château prospères, encouragées par les efforts passés de la marquise.[23]

La forte gelée du 18 mai 1736 qui détruit une partie considérable des récoltes, sa nomination de lieutenant de sa Majesté en Nivernais, sont peut-être quelques-unes des raisons qui décidèrent Léonard Armand à vendre Senevas pour acquérir en 1738 la baronerie de Châtillon-en-Bazois (canton de Château-Chinon-Nièvre).

Autres familles[modifier | modifier le code]

Le château est vendu en 1736 à Marc-Antoine Trollier de Fétan, issu d'une famille probablement originaire du Bouchage, en Dauphiné.

Révolution française[modifier | modifier le code]

La révolte paysanne[modifier | modifier le code]

La famine[modifier | modifier le code]

La destruction partielle du château[modifier | modifier le code]

À la Révolution, le château est en partie détruit et ses pierres sont utilisées à la constructions de plusieurs habitations qui forment aujourd'hui le hameau. Les parties les plus luxueuses devinrent la proie de la fameuse Bande noire, guidée par Jourjon et Lafay. Le parquet, aux armes des Pracomtal, sera par exemple retrouvé au château de Pluvy, à Saint-Symphorien-sur-Coise; la porte d'entrée du château à l'église paroissiale de l'Aubépin; le portail et les barrières en fer forgé sont quant à eux transportés à Saint-Étienne où ils servent à la fabrication des piques qui remplacèrent les mousquets en 1795.

Depuis...[modifier | modifier le code]

Si les hautes tours et tours d'angles du château ont été détruites, le château de Senevas demeure aujourd'hui reconnaissable architecturalement à ses deux ailes de deux tours basses, massives et rectangulaires, ainsi qu'à certaines portes, fenêtres, meurtrières et cheminées d'époque. Son aspect actuel est vraisemblablement plus proche de l'ancienne maison forte.[4]

  1. a b et c VILLE Roger / VACHEZ Antoine : MELCHIOR AROD (M. de Saint Romain), 1913, Henri Georg, B00IJX1YN2, LYON
  2. « Chateau de Senevas (Senevas Chateaude) Carte (Plan), Photos et la meteo - (France): maison de campagne - Latitude:45.5833 and Longitude:4.55 », sur fr.getamap.net (consulté le )
  3. « Saint-Romain-en-Jarez », Wikipédia,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e f g h i j k l m n et o PAGON Abbé, SENEVAS SON CHATEAU ET SES MAITRES , ANCIENNE BARONNIE DU PAYS DE JAREZ, SAINT-ETIENNE, THEOLIER, , 413 p. (ISBN N° de réf. du libraire 36798[à vérifier : ISBN invalide])
  5. Registres paroissiaux de la commune de Saint Romain en Jarez, in PAGON Abbé, SENEVAS, son château, et ses maîtres -ancienne baronnie du pays de Jarez-, 1935, THÉOLIER, SAINT-ETIENNE
  6. Marichal, Paul Georges François Joseph, 1870-, Mirot, Léon, 1870-1946. et Chaurand, Jacques., Les noms de lieu de la France : leur origine, leur signification, leurs transformations : résumé des conférences de toponomastique générale faites à l'École pratique des Hautes Études (section des sciences historiques et philologiques), Honoré Champion Éditeur, (ISBN 2745300466, OCLC 123296405, lire en ligne)
  7. PAGON Abbé, Senevas, son château et ses maîtres. Ancienne baronnie du pays du Jarez, SAINT ETIENNE, THÉOLIER, , p. 89
  8. VACHEZ Antoine, Sainte Catherine sur Riverie et ses environs - suivi de La baronnie de Riverie, Lyon, R. Georges,
  9. VACHEZ Antoine, Études historiques sur l'ancien pays du Jarez, Lyon, Brun,
  10. DE VOLEYNE Morel, Noms Féodaux, Arch. nat. Paris 1392 cote 844, p. IV-50
  11. DEHARBE Karine, Le Bureau des finances de Lyon : XVIe - XVIIIe siècles. Aspects institutionnels et juridiques., Institut de la gestion publique et du développement économique (lire en ligne)
  12. a b et c PAGON Abbé, Senevas, son château, ses maîtres. Ancienne baronnie du pays du jarez, SAINT ETIENNE, Théolier,
  13. Cartulaire des fiefs de l'Eglise de Lyon, 173, Noms féodaux, p. IV-134
  14. a et b PAGON Abbé, Senevas, son château et ses maîtres. Ancienne baronnie du pays du Jarez, SAINT ETIENNE, THÉOLIER, , p. 89
  15. Archives du Rhônes - Fond de Malte, IV, n°5
  16. Archives de la Loire, série F, Fonds Fulchiron, Liasse 51
  17. DANGEAU Marquis de, Journal, PARIS, FIRMIN DIDOT FRÈRES, Livre V
  18. Bibliothèque de l'Arsenal, Paris, Manuscrit 6035-702
  19. Bibliothèque de l'Arsenal, Paris, Manuscrit 6038-702
  20. Saint Simon - Notes sur Dangeau, V-45
  21. a et b Archives de la Loire, série F. Fonds Fulchiron
  22. Registres paroissiaux de Saint-Romain-en-Jarez
  23. Archives de la Loire, Série F, Fonds-Fulchiron, liasse 60