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Drapeau de la Géorgie sous le Conseil militaire

Le Conseil militaire de Géorgie est l'entité gouvernementale qui dirige les affaires de la République de Géorgie entre janvier et mars 1992. Arrivée au pouvoir suite au coup d'État contre le président démocratiquement élu Zviad Gamsakhourdia et composée d'anciens membres de l'opposition et de représentants militaires et intellectuels, cette junte tente de rétablir l'ordre suite à l'éclat d'une guerre civile entre les partisans du gouvernement déchu et les opposants à l'ancien régime, mais est menée par des personnalités particulièrement hostiles envers l'ancien président, tels que le général Tenguiz Kitovani, l'ancien parlementaire Djaba Iosseliani et le Premier ministre limogé Tenguiz Sigoua.

Le Conseil militaire se révèle être un gouvernement pas moins représsif que le précédent et de nombreuses protestations sont violemment réprimées à Tbilissi, contribuant au développement de la guerre civile divisant gravement le pays. Malgré une tentative de réformes, venant avec la restauration de la constitution de 1921, le Conseil militaire accumule les échecs jusqu'au point de perdre contrôle de la situation. C'est suite à la demande des dirigeants de la junte qu'Edouard Chevardnadze, ancien ministre des Affaires étangères de l'Union soviétique, est mis à la tête de l'entité, qui est abolie et remplacé par un Conseil d'État.

Contexte[modifier | modifier le code]

La nouvelle indépendance[modifier | modifier le code]

Zviad Gamsakhourdia et Merab Kostava, dissidents soviétiques, en 1988.

Alors que le monde débute son entrée dans un nouvel ordre mondial suite à la chute du Mur de Berlin en 1989, l'Union soviétique entre dans une position de faiblesse accompagnant la libéralisation des mœurs venus avec la perestroïka et le glasnost de Mikhail Gorbatchev, éveillant les sentiments pro-démocratiques à travers l'union, mais ouvrant également les portes pour les mouvements nationalistes dans les quinze républiques de l'URSS. Des révoltes et protestations locales se révèlent affaiblir de plus en plus la puissance du gouvernement central, comme le montre l'épisode tragique de la répression brutale des manifestations pacifiques de Tbilissi en avril 1989. C'est ainsi que Moscou décide d'offrir plus d'autonomie aux plus sécessionnistes des républiques, dont la Géorgie qui se voit le droit d'organiser ses premières élections démocratiques en octobre 1990.

Suite aux premières élections pluripartites du pays depuis la République démocratique de Géorgie, le mouvement Table Ronde accède à la direction des affaires nationales et l'ancien dissident Zviad Gamsakhourdia est nommé comme président du Conseil suprême élu. Ce dernier s'occupe à une politique d'augmentation de l'indépendance géorgienne et commence à réformer les structures communistes du pays, notamment en commençant à organiser la privatisation de certaines fermes et former une indépendante Garde nationale pour défendre la nation. Dans cet élan, l'indépendance de la Géorgie est déclarée le après un référendum national, et Gamsakhourdia est nommé président de la République le 14 avril ; le 26 mai de la même année, Zviad Gamsakhourdia est élu populairement avec 86,5% des suffrages.

La guerre de Tbilissi[modifier | modifier le code]

Malgré la popularité initiale de Gamsakhourdia, venant principalement de son ancienne appartenance au mouvement dissident lors de la période soviétique, le nouveau chef d'État accumule les échecs dès le début de son mandat. Sa tentative de reprendre contrôle de la situation dans l'ancien territoire de l'oblast autonome d'Ossétie du Sud par la force se révèle être un désastre pour la Garde nationale, qui essuie de nombreuses pertes sans pouvoir éviter un nettoyage éthnique des Géorgiens par les Ossètes et vice versa. La privatisation des terres agricoles échoue à son tour, alors que l'économie, dépendant crucialement de la Russie, entre des conditions graves. Enfin, l'indépendance nationale est à son tour mis à épreuve suite à l'échec gouvernemental d'évincer la présence de bases militaires et garde-frontières soviétiques en Géorgie.

L'isolation internationale de la Géorgie pousse le président Gamsakhourdia à se refermer sur ses plus proches partisans, tout en menant d'étranges négociations avec certaines entités, tel que l'Armée rouge et, d'après Edouard Chevardnadze, les participants au Putsch de Moscou. Les opposants au régime gouvernant sont persécutés et parfois jetés en prison. Le contrôle gouvernemental sur les médias augmente alors que les agences d'informations opposantes sont fermée. Enfin, une grande partie de la population se retourne contre l'ancien héros national quand ce dernier ferme les yeux sur les réformes restant à accomplir et accuse les dirigeants de l'opposition d'être des « agents du Kremlin ».

Tenguiz Kitovani et sa Garde nationale dans la Gorge de Rkoni

Après de nombreuses protestations à Tbilissi, l'opposition reçoit une aide considérable lors de l'éviction de Tenguiz Kitovani comme commandant de la Garde nationale en août 1991 : cet ancien allié de Gamsakhourdia refuse de rendre ses armes et organise une milice anti-gouvernementale dans la Gorge de Rkoni, à l'ouest de la capitale. C'est durant cette même période que Djaba Iosseliani, chef de la faction paramilitaire mkhedrioni entre en opposition publique contre Zviad Gamsakhourdia, accompagné de l'ancien Premier ministre Tenguiz Sigoua, lui-même démissionaire du gouvernement en place. Une première tentative de coup d'État est alors évité, mais les forces armées de l'opposition sont désormais plus puissantes qu'auparavant et pénètre à Tbilissi en septembre 1991 en établissant des barricades sur les principales avenues de la ville.

Le , le gouvernement essuie une sérieuse défaite au sein de Tbilissi et Zviad Gamsakhourdia, accompagné de certains de ses plus proches partisans, se réfugie dans un casemate du Parlement. Les détachements armés de Tenguiz Kitovani, du mkhedrioni et de la Société Merab Kostava attaquent alors le batîment, tout en continuant les combats dans les bastions des partisans gouvernementaux de la capitale. Durant deux semaines, Tbilissi devient le siège d'une bataille coûtant la mort de 113 personnes et en blessant 550. Le , le président quitte la capitale pour se réfugier à l'étranger.

La junte au pouvoir[modifier | modifier le code]

Les défits des premiers jours[modifier | modifier le code]

La situation à Tbilissi se révèle être un chaos total après l'entrée de Zviad Gamsakhourdia dans son casemate parlementaire. L'absence d'un gouvernement effectif effraie les victorieux éventuels de la soi-disante « Guerre de Tbilissi », qui a laissé des centaines de sans-abris en plus des pertes humaines. À l'idée de Djaba Iosseliani, qui craint l'installation d'une anarchie à travers le pays, les trois dirigeants du coup d'État (Iosseliani, Tenguiz Kitovani et Tenguiz Sigoua) proclament l'établissement d'un Conseil militaire pour prendre en charge les affaires nationales par intérim. Iosseliani rédige le un essai servant de proclamation officielle, nommé le Renversement du régime dictatorial, qui déclare entre autres :

« À partir du , l'autorité du Président Gamsakhourdia et de son gouvernement usurpateur est terminée. Le pouvoir en Géorgie est mis dans les mains du Conseil militaire de la République de Géorgie. Le Conseil militaire de la République suspend temporairement la Constitution et dissoue le Parlement. [...] Lorsqu'un nouveau cabinet gouvernemental sera formé, le Conseil militaire se retirera et le pouvoir sera retransmis au gouvernement. »

Cette proclamation, signée par Tenguiz Kitovani et Djaba Iosseliani, abolie en plus les structures gouvernementales et retire le Premier ministre Bessarion Gougouchvili de ses pouvoirs, le remplaçant par Tenguiz Sigoua. Une chambre législative est également officiellement formée avec pour but de travailler sur une future constitution, mais ne restera qu'à l'état théorique, empêchant l'enregistrement de nouveaux partis politiques auprès du Conseil. Durant toute son existence, la junte militaire est dirigée par Tenguiz Kitovani et Djaba Iosseliani, qui se partagent le pouvoir égalitairement dans les domaines de la défense, sécurité et affaires étrangères, et Tenguiz Sigoua, qui occupe les fonctions de Premier ministre et se charge de l'économie.


Le Conseil militaire proclame également la loi martiale au sein de la capitale. Toutefois, cet acte ne calme pas non plus la situation et les loyalistes au gouvernement élu protestent la proclamation en organisant des manifestations pacifiques. Le 3 janvier, les troupes opposantes tirent sur une telle foule au quartier de Didoube et tuent 4 personnes, suite à quoi les partisans de Gamsakhourdia tentent de se renforcer à l'extérieur de Tbilissi. La défense du Président ne dépend alors que d'un char et de quelques véhicules blindés, auxquels s'ajoutent une garde personnelle composée de tireurs embusqués sur le toit du Parlement et entre 300 et 500 hommes armés à travers Tbilissi. Un accord est bientôt obtenu entre des négociateurs gouvernementaux et les milices de Svanétie, tandis que les opposants craignent une intervention militaire du dirigeant d'Adjarie, le pro-Gamskhourdia Aslan Abachidze.

Mais ces espoirs du président se révèlent être vain car le Conseil militaire se renforce à son tour et reprend son attaque sur le casemate parlementaire le 5 janvier. Le même jour, Zviad Gamsakhourdia fait un appel publique pour demander un cessez-le-feu et le déroulement d'un référendum national sur sa fonction, un suffrage qui aurait été supervisé par l'ONU. Cette demande est catégoriquement refusée par le Conseil militaire, qui gagne encore plus de pouvoir en poussant quelque 1 500 protestataires zviadistes au-dehors de Tbilissi. Une autre tentative de réglement est organisée lorsque des négociateurs du Parlement d'Arménie et de la République tchétchène d'Itchkérie arrivent à Tbilissi pour s'entretenir avec les rebelles, mais les membres du Conseil militaire, fort d'une aide du QG des armées soviétiques de Transcaucasie, refusent de baisser les armes.

Le 4 janvier, Tenguiz Kitovani et Djaba Iosseliani proclament la dissolution des gouvernements locaux, plaçant les régions sous contrôle direct du Conseil militaire de la république et mettant le batîment parlementaire sous une isolation totale. La totalité de la capitale entre parallèlement sous contrôle des forces opposantes. Le 5 janvier, Zviad Dzidzigouri, conseiller au président Gamsakhourdia, lui fait réaliser la défaite imminente des troupes loyalistes, seuls 120 zviadistes armés restant pour s'occuper de la défense du chef d'État. Durant la nuit du 5 au 6 janvier, aux alentours de 03h30, Zviad Gamsakhourdia s'échappe de son casemate et quitte Tbilissi avec sa famille et 150 de ses plus proches compagnons. Djaba Iosseliani, informé de ce départ par ses agents au ministère de l'Intérieur, décide de laisser le président déchu partir en paix, mais n'anticipe pas les plans de celui-ci.

Gamsakhourdia choisi de continuer la résistance en-dehors de la capitale et tente de rejoindre Koutaïssi, où sa popularité reste élevée. Toutefois, un premier autobus transportant des zviadistes est attaqué par des bandes armées sur le pont Metekhi, blessant et tuant plusieurs passagers. Un autre convoi portant un drapeau blanc, celui-ci transportant le président, est à son tour attaqué sur le pont Baratachvili sous les ordres d'Iosseliani ; Gamsakhourdia, confronté à un choix entre la sécurité et la continuation de sa lutte pour maintenir le pouvoir, décide au dernier moment de changer de direction et quitte la capitale pour rejoindre l'Azerbaïdjan, qui accepte d'accueillir l'ancien dirigeant populaire éphémèrement.

Partisans et opposants : rôles inversés[modifier | modifier le code]

Le batîment parlementaire prend feu le 6 janvier vers 09h30, alors que les troupes victorieuses tirent dans l'air. La joie des milices du Conseil militaire est accompagnée par la déclaration de Tenguiz Kitovani, qui annonce la naissance d'une nouvelle Géorgie démocratique. Les nouvelles autorités conservent toutefois l'état d'urgence de la capitale alors que des combats entre zviadistes et membres du mkhedrioni sont toujours rapportés au 8 janvier. Les partisans du président déchu refusent d'accepter le pouvoir de la coalition militaire et manifestent dans les rues de Tbilissi, défiant la loi martiale en place : une foule de 4 000 protestataires est violemment dispersée le 7 janvier par un groupe d'une dizaine d'hommes masqués qui blessent au moins quatre personnes et confisquent les matériaux de quatre journalistes, dont un français et un rapporteur de Cable News Network. De telles répressions n'appaisent toutefois pas la situation et les zviadistes tentent de saboter le chemin de fer tbilissien après avoir démoli une tour de télévision.

Parallèlement, Zviad Gamsakhourdia ne parvient pas à convaincre le président azerbaïdjanais Ayaz Mütəllibov de lui réserver un avion pour qu'il se rende à Koutaïssi. Faute de soutien, il rejoint l'Arménie, où Levon Ter-Petrossian lui accorde un sanctuaire temporaire à Idjevan, où Gamsakhourdia réquisitionne un hôtel. Idjevan étant situé près de la frontière géorgienne, les dirigeants du Conseil militaire demandent aux autorités arméniennes de relocaliser l'ancien chef d'État plus au sud, avand de demander à Erevan son extradition pour le faire face à la justice, alors que le Procureur-général Vakhtang Razmadze l'accuse de génocide, détournement de fonds et destruction de propriété publique. Toutefois, Zviad Gamsakhourdia reste avec ses 120 comapgnons à Idjevan, d'où il déclare le coup d'État l'ayant renversé illégal et prétend demeurer l'unique dirigeant géorgien légalement élu. Le 11 janvier, les zviadistes font une première attaque à la frontière arméno-géorgienne durant laquelle les garde-frontières du Conseil militaire blessent quatre défendeurs armés de Gamsakhourdia mais ne parviennent pas à arrêter quelque 40 à 60 hommes qui pénètrent en Géorgie occidentale.


Malgré un tel développement, le Conseil militaire dément la possibilité de l'éclatement d'une guerre civile, affirmant que Gamsakhourdia ne maintienté pas de base populaire en Géorgie. Les autorités s'engagent à réformer les structures internes en garantissant des élections nationales pour le mois d'avril et promettant la passation des pouvoirs à un gouvernement civil pour le 12 janvier. Dans la même suite, l'aéroport de Tbilissi est rouvert tandis que les journaux recommencent à publier. Le 8 janvier, une manifestation regroupant 1 000 opposants à la coalition militaro-technocrate se déroule pacifiquement pour la première fois depuis le départ de l'ancien président mais se disperse d'elle-même au bout de 45 minutes. Voyant la situation changer, Zviad Gamsakhourdia tente de ranimer son soutien à Tbilissi en nommant le Conseil militaire une « junte sanglante typique », tout en essayant de trouver refuge dans un pays étranger à l'aide d'une délégation de parlementaires géorgiens déchus lors du coup d'État du 2 janvier venus discuter le statut de Gamsakhourdia avec les autorités arméniennes.

Le Conseil militaire recentre alors son attention sur les régions alors qu'un véritable bastion est créé à Tbilissi. En effet, en Géorgie occidentale, l'ancien président reste très populaire, notamment en Mingrélie, qui est contrôlée par des milices zviadistes, et Abkhazie, région semi-loyaliste avec un gouvernement autonome aux intérêts variés. Des gardes armés sont placés aux principales portes de la capitale pour surveiller le trafic d'armes. De plus, quelque 200 000 troupes de l'ancien district militaire soviétique de Transcaucasie restent éparpillées dans des bases à travers le pays et les autorités craignent les résultats d'une alliance hypothétique entre l'ancienne Armée rouge et les zviadistes. Les administrations locales sont mises sous contrôle direct du CMRG, qui est représenté via des envoyés spéciaux, tel que Vladimir Toliachvili de Gori qui parvient à accalmer la situation locale malgré l'incertitude de la stabilité et la mise en quarentaine de facto par les barricades routières du Parti national-démocrate, notamment en coopérant avec les anciens zviadistes. Mais à Koutaïssi, principale ville de Géorgie occidentale et siège du quartier-général du Conseil militaire pour cette partie du pays, près de 2 000 protestataires appellent le 10 janvier à la grève générale, la désobéisance civile et la déstabilisation de la situation.

Bientôt, Tenguiz Sigoua devient prédominent dans les affaires du Conseil militaire en tant que chef d'un gouvernement civil théorique. Sous son initiative, la coalition promet d'abdiquer après que le parlement déchu prépare une date électorale, approuve un gouvernement provisoire, décide du statut de Gamsakhourdia et s'auto-dissoue ; mais c'est une hostilité des dirigeants qui empêche l'ancien parlement, dominé par les zviadistes, à réunir au moins 91 députés pour appeler une session entière. C'est également grâce à l'intervention de Sigoua que le 12 janvier, les miliciens de Djaba Iosseliani ne tirent pas sur les 5 000 partisans de l'ancien président venu par autobus de Géorgie occidentale pour manifester à Tbilissi.

Toutefois, la situation ne fait que s'aggraver alors que les milices zviadistes s'organisent activement. Les chemins de fer menant à Tbilissi sont bloqués, tandis que l'aéroport de Soukhoumi entre dans les mains des partisans du président déchu. Zviad Gamsakhourdia quitte quant à lui son sanctuaire arménien et rejoint le 15 janvier Grozny, capitale de l'Itchkérie où il est accueilli par son allié Djokhar Doudaïev. De là, il va à Soukhoumi et rejoint ainsi la Géorgie pour la première fois depuis le coup d'État. Finalement, il arrive à Zougdidi, son bastion fort, où il assemble de 3 000 à 4 000 combattants armés venant de Géorgie occidentale et de Tbilissi. Basé dans sa capitale de facto, il annonce, d'après The Associated Press, le début d'une guerre civile et déclare une « croisande contre Tbilissi », déclaration qualifiée de déclenchement d'une guerre entre la Mingrélie et le reste de la Géorgie par Tenguiz Sigoua.

Le port de Poti est une des locations est d'une importance décisive en janvier 1992

Les milices zviadistes entrent bientôt en possession de Poti, Senaki et Samtredia. Le 18 janvier, le Conseil militaire envoie à Koutaïssi une garde armée pour répondre aux attaques de Gamsakhourdia et parvient à expulser 3 000 partisans venus manifester dans la ville en évitant une confrontation armée mais en causant plusieurs blessés. Dans le monde rural, les troupes d'opposition se heurtent aux soldats soviétiques pour capturer des armes et de l'essence, et ce malgré la déclaration de Zviad Gamsakhourdia promettant de n'utiliser que des protestations non-violentes pour regagner le pouvoir d'une « bande de criminels, bandits et d'une "mafia" communiste ». De plus, le Comité d'Insubordination et son successeur, le Mouvement de délivrance de la Géorgie - Front d'opposition (MDG-FO), garde ses défendeurs armés armés qui n'arrivent toutefois pas à défendre Samtredia, qui tombe dans les mains du CMRG sans perte et dont les dirigeants pro-Gamsakhourdia sont expulsés. Le 19 janvier, Tenguiz Kitovani envoie des troupes additionnelles en Géorgie occidentale et organise un premier raid sur Abacha, contrôlée par les zviadistes, puis sur Poti. Zviad Gamsakhourdia, après avoir appelé la population de Zougdidi à s'armer pour protéger la ville, aurait demandé, d'après Sigoua et depuis son refuge de Gali, au gouvernement provisoire une aide pour obtenir un asile politique en Europe occidentale.

La veracité de cette prétention ne peut être verifiée, mais autant est-il que Sigoua annonce un cessez-le-feu le 20 janvier, avant que Kitovani reprenne le combat deux jours plus tard contre la ville portière de Poti, malgré les menaces des zviadistes qui prévoyaient l'explosion du port local (le plus grand de cette partie de la Mer Noire) en cas d'une attaque de la Garde nationale. Le préfet de Poti, Tenguiz Baramidze, accepte de coopérer avec le Conseil militaire mais le combat continue pendant encore plusieurs jours, causant six morts et plus d'une dizaine de blessés. L'issue éventuelle de la bataille pour Poti demeure jusqu'à ce jour obscure : le 24 janvier, le gouvernement provisoire annonce le retrait des zviadistes, mais un rapport publié dans le Miami Herald déclare que les opposants, aidés par un char et un obusier, restent en domination de la ville le 26 janvier.

Malgré la situation à Poti, des négociations débutent entre le Conseil militaire et Valter Chourgaïa, le représentant de Gamsakhourdia. Celles-ci aboutissent le 22 janvier avec un accord garantissant le désarmement des partisans de l'ancien président à Zougdidi. En signe de protestation, près de 1 500 personnes manifestent à Tbilissi le 25 janvier devant une prison remplie de grèveurs de la faim, provoquant les forces du CMRG en leur lançant des pierres. Les opérations militaires sont de plus temporairement arrêtées en raison des rudes conditions météorologiques : la route menant de Tbilissi à Koutaïssi se retrouve paralysée par la neige. Les zviadistes armés sont abandonnés et réduits au nombre de 400 militants agissant clandestinement sous les ordres directs de Zviad Gamsakhourdia. Ceux-ci refusent de négocier avec Tbilissi et se répendent à travers la Géorgie occidentale, causant plusieurs attaques, dont celle sur un convoi militaire en direction de Poti. Alors que plus de 3 000 zviadistes protestent à Zougdidi, la ville plonge bientôt dans l'anarchie, ce qui ouvre la voie aux troupes gouvernementales pour attaquer ce dernier bastion de Gamsakhourdia. Le 29 janvier, le Conseil militaire prend Zougdidi après une brève bataille causant trois blessés. Le président déchu essuie alors une défaite majeure et le CMRG trouve une occasion pour réorganiser le pays, malgré le refus de Zviad Gamsakhourdia de démissioner de son poste de président.

Nouvelle constitution[modifier | modifier le code]

La chute de Zougdidi le est accompagnée par la prise de Soukhoumi suite à un accord entre les autorités d'Abkhazie et la Garde nationale géogienne conclu le 7 février. Avec les négociations organisées avec le MDG-FO aboutissant en une libération des chemin de fer de Géorgie et de l'aéroport de Soukhoumi-Dranda, cet acte garantit une défaite importante aux zvidistes, mettant dans les faits fin au sanglant conflit interne débuté un mois plus tôt. Zviad Gamsakhourdia, souhaitant toujours combattre le Conseil militaire et instaurer une république indépendante de « Mingrélie-Abkhazie », disparait temporairement de la scène intérieure en Géorgie, mais ses partisans à Tbilissi se réorganisent. Le 2 février, 5 000 zviadistes défilent dans les rues de la capitale et se confrontent à la police du gouvernement provisoire, causant deux morts et, d'après le Ministère de la Santé, 35 blessés.

Proclamation du Conseil militaire restaurant la Constitution de la RDG

Les réformes s'accélèrent sous la direction de Tenguiz Sigoua, qui accueille le secrétaire d'État étatsunien James Baker le 18 février. Tedo Djaparidze, ministre des affaires étrangères du régime povisoire, prévoit la normalisation de la vie politique, économique et sociale en annonçant la tenure d'élections générales avant la fin de 1992. Malgré le manque de reconnaissance internationale du pouvoir du Conseil militaire, l'entité engage le groupe d'avocats John Adams pour la représenter devant les organismes internationaux ; John Adams travaille toutefois pro bono en raison de l'impossibilité du gouvernement provisoire de payer en dollars américains. Tbilissi tente par ailleurs de se rapprocher du secteur privé à l'étanger pour faire face à son isolement, ouvant le chemin pour le développement d'un complexe militaro-industriel en Géorgie. Une nouvelle stabilité ne se retrouve menacée directement que par une étrange activité militaire du voisin turc, qui concentre à partir du 19 février la 3e Armée nationale à la frontière géorgienne après un état d'alerte sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, à quoi la Géorgie répond en ordonnant une mobilisation partielle de ses propres troupes.

Parallèlement, la situation se détériore pour l'opposition. Après plusieurs semaines de disparition et d'inactivité, Zviad Gamsakhourdia apparaît en Itchkérie, auprès de son allié Djokhar Doudaïev le 18 février, où il promet de continuer son combat. Il accuse le président russe Boris Eltsine d'avoir participé à son renversement mais ne peut changer la situation. Les derniers zviadistes armés continuent à organiser des actes terroristes à travers le pays, tandis que les simples partisans de l'ancien régime manifestent dans les plues importantes villes géorgiennes. Mais ce camp semble lui-même se diviser alors que des rumeurs font surface, d'après lesquelles une partie de l'opposition préfère voire l'ancien ministre des Affaires étrangères Mourman Omanidze succéder à Gamsakhourdia en tant queà président de jure.

Toutefois, malgré la nouvelle situation du gouvernement provisoire, le Conseil militaire reste un régime illégal allant à l'encontre du système constitutionnel du pays abrogé le 2 janvier. Le CMRG reconnait même ce statut d'illégitimité et tente de justifier partiellement par la loi. Le 21 février, le Conseil militaire de la République de Géorgie issue une déclaration publique signée par Tenguiz Kitovani et Djaba Iosseliani. Celle-ci qualifie l'ancien régime déchu d'illégal car successeur constitutionnel de la République socialiste soviétique de Géorgie. De plus, cette proclamation accuse Zviad Gamsakhourdia d'avoir usurpé le pouvoir, au même statut que l'ancien gouvernement soviétique et d'avoir « lancé une guerre contre la nation et souffert une défaite naturelle ». Enfin, la déclaration restaure la constitution de la République démocratique de Géorgie (1921) sans changer les frontières internes et internationales du pays ou le statut autonome de l'Abkhazie et de l'Adjarie, prévoit des élections parlementaires avant l'automne 1992 et promet la démission du Conseil militaire et du gouvernement intérimaire dès la première session du futur Parlement.

La division interne[modifier | modifier le code]

L'un des principaux handicaps de la direction du Conseil militaire est probablement le manque de consensus national et la division interne du gouvernement provisoire, en plus du conflit avec les partisans de Zviad Gamsakhourdia. En effet, une fois l'opposition à l'ancien régime arrivée au pouvoir, le remplacement du gouvernement déchu est automatiquement attribué aux forces armés ayant contribué au renversement du premier président démocratiquement élu. Toutefois, l'opposition victorieuse n'a pas d'idéologie unifiante et ses dirigeants sont éparpillés à travers le spectre politique, allant de démocrates modérés à des radicaux aux tendances autocrates. Guiorgui Tchantouria, dirigeant du Parti national démocrate (PND) et allié d'Edouard Chevardnadze, est ainsi un fervant partisan d'un modèle théocratique pour une Géorgie dirigée par le Catholicossat-Patriarcat de toute la Géorgie et agit souvent indépendemment du gouvernement provisoire : c'est grâce au soutien du PND que la ville de Gori est protégé de la guerre civile, celle-ci étant mise en autarcie provisoire par des barricades routières.

Le Conseil militaire est lui-même intérieurement divisé et ses trois dirigeants s'opposent souvent. Ainsi, Tenguiz Kitovani et sa Garde nationale entre en conflit avec Djaba Iosseliani qui refuse une nationalisation de sa milice privée, le Mkhedrioni. Tenguiz Sigoua critique quant à lui les deux derniers pour leur attitude aggressive envers les partisans pacifiques de l'ancien président et supporte une attaque juridique contre Gamsakhourdia plutôt qu'une offensive militaire. Le gouvernement provisoire, composé d'intellectuels, de militaires et d'activistes politiques se fracture bientôt de la même manière et le conflit intérieur laisse place à un ensemble de différences familiale, éthnique ou même tribale. D'après un diplomate britannique, le seul facteur unifiant du Conseil militaire était auparavant l'opposition à Zviad Gamsakhourdia mais celui-ci étant désormais parti, ses membres « tombent sur eux-mêmes ».

Débats sur un retour de la monarchie[modifier | modifier le code]

Une partie de l'opposition soutient l'abolition du système républicain et l'établissement d'une monarchie. L'idée monarchiste en Géorgie reste jusqu'à ce jour une question influente dans les affaires et a été une idée des nationalistes géorgiens à travers le XVIIIe et XIXe siècle. La Géorgie, créée en tant qu'État unitaire au XIe siècle, a été dirigée par les membres de la dynastie Bagration jusqu'à la division formelle du royaume en 1490, avant de se diviser en trois royaumes, chacun dirigés par une branche de la même dynastie. 1801 est traditionnellement considéré comme l'année marquant la fin de la monarchie géorgienne suite à l'annexion du royaume de Kartl-Kakhétie par la Russie impériale et la chute de la royauté est donc plutôt attribué à des facteurs externes, et non pas à une révolte populaire. À la chute de l'Union soviétique, le sujet de la restauration de la monarchie est rouverte par la déclaration de certains membres de l'ancienne dynastie exprimant leur intérêt à revenir au pays.

Djaba Iosseliani lance un débat à ce sujet en élevant la possibilité de l'établissement d'une monarchie constitutionnelle le . Toutefois, plus d'un prétendant au trône apparaissent sur la scène politique suite à cette déclaration. Bientôt, ce sont Irakli Bagration de Moukhran et sa sœur María Antonietta qui se confrontent pour le trône : María Antonietta est l'aînée de la primogéniture du prince Jorge de Bagration, mais la loi de succession traditionnelle en Géorgie stipule que les droits d'aînesse vont d'abord au fils avant d'aller à la fille. Le père de ces deux, Jorge de Bagration, prince de Moukhran, prétend à son tour au trône de Géorgie, mais celui-ci reçoit une sévère opposition de la part du chef du Parti monarchiste Temour Jorjoliani car ne savant pas parler géorgien.

D'un autre côté, c'est une autre branche des Bagrations qui prétend au trône. La famille des Bagration-Grouzinski, qui est la seule a être resté en Géorgie après la révolution russe de 1917, détient quant à elle les droits d'aînesse sur l'ensemble de la dynastie, étant les premiers descendants directs du premier roi de Géorgie, Bagrat III (1010-1014). Nougzar Bagration-Grouzinski, directeur du Théâtre Toumanichvili de Géorgie et prétendant au trône depuis 1984, ne s'exprime toutefois pas sur le sujet.

En février 1992, Temour Jorjoliani et Guiorgui Tchantouria, deux monarchistes et théocrates de la coalition alliée au Conseil militaire, organisent un voyage de deux semaines en Espagne pour s'entretenir avec les membres de la branche Bagration de Moukhran. Le 21 février, de retour en Géorgie, les deux hommes politiques annoncent leur déception sur le sujet monarchiste en déclarant que ce sont les ambitions personnelles des prétendants qui ont mis à mal leurs idées. Tchantouria affirme ainsi que « la famille a les seuls droits au trône mais les Bagrations ne rechigneraient pas à régner en Géorgie, en France ou au Sénégal ». Le débat est enfin fermé avec la déclaration de Tenguiz Sigoua qui considère une décision populaire sur le retour de la monarchie impossible avant 1993.

Commentaires de Chevardnadze[modifier | modifier le code]

Changement de pouvoir[modifier | modifier le code]

Les relations éthniques[modifier | modifier le code]

Tskhinvali oubliée[modifier | modifier le code]

Le problème abkhaze[modifier | modifier le code]

Relations internationales[modifier | modifier le code]

Économie[modifier | modifier le code]