USS Vincennes (1826)

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USS Vincennes
illustration de USS Vincennes (1826)
L'USS Vincennes en Antarctique en 1840 (par Charles Wilkes)

Type Sloop de guerre de classe Boston
Histoire
A servi dans Pavillon de l'United States Navy United States Navy
Chantier naval Brooklyn Navy Yard
Quille posée
Lancement
Commission
Statut retiré du service le et vendu le
Équipage
Équipage 80 officiers et marins
Caractéristiques techniques
Longueur 39 m
Maître-bau 10,3 m
Tirant d'eau 5,1 m
Déplacement 711 tonnes
Propulsion Voiles
Vitesse 18,5 nœuds (34,3 km/h)
Caractéristiques militaires
Armement 18 canons
Pavillon États-Unis

L’USS Vincennes est un sloop de guerre de l’US Navy lancé en 1826. C'est le premier navire de la marine américaine à effectuer un tour du monde et l'un de ceux qui ont le plus navigué sur les mers du globe. Il participe à plusieurs expéditions scientifiques, l'Expédition Wilkes et la North Pacific Exploring and Surveying Expedition ainsi qu'aux premières tentatives pour ouvrir le Japon à l'Occident. Lors de la guerre de Sécession, il soutient le blocus de l'Union. Il est vendu et détruit à Boston en 1867.

Double circumnavigation[modifier | modifier le code]

L'USS Vincennes (lithographie, 1845).

L'USS Vincennes, premier navire américain à porter ce nom en mémoire de la ville de Vincennes, est l'un des dix sloops de guerre dont la construction est autorisée par le Congrès des États-Unis le . La quille de navire est posée à New York en 1825. Lancé le , il est mis en service le , avec pour commandant William Compton Bolton[1].

L’USS Vincennes quitte New York le , accompagné de la frégate USS Brandywine du commodore Jacob Jones, pour l'océan Pacifique en passant par le cap Horn. Sa mission est de protéger les navires marchands et les baleiniers américains jusqu'en , quand il reçoit l'ordre de naviguer vers les îles de la Société, puis aux îles Sandwich, et, finalement, vers Macao, en Chine qu'il atteint au début de 1830[2]. De Macao, il navigue vers les Philippines et accoste à Manille le . Il reprend la mer le vers l'océan Indien et arrive au Cap en Afrique du Sud, 56 jours plus tard. Après un bref arrêt à Sainte-Hélène, le Vincennes retourne à New York le et devient le premier navire de la marine américaine à faire le tour du globe[Note 1]. Le navire est alors mis en réserve jusqu’en 1831[1].

Après de une profonde révision à New York, le navire, sous le commandement d’Edward R. Shubrick est à nouveau mis en service et intègre le West Indies Squadron afin de protéger le commerce américain des pirates dans les Antilles et le golfe du Mexique. Le navire s’ancre à Pensacola, en Floride, le , puis visite Cuba et la Jamaïque en mai. Lors du voyage de retour vers la Floride, une épidémie de fièvre jaune se déclenche à bord et le navire est coincé à quai à Pensacola pendant près d'un an. Il regagne enfin le Portsmouth Naval Shipyard le et il est désarmé le pour subir une vaste refonte[1].

Remis en service le , le Vincennes, commandé par Alexander S. Wadsworth quitte Portsmouth à l’automne pour une seconde rotation dans le Pacifique. Il franchit le cap Horn au début de 1834 avec l'ordre de visiter les îles Fidji, les îles Palaos, la Chine, et Sumatra à la recherche de marins américains naufragés ou échoués. Le Vincennes devient aussi le premier navire de guerre américain à toucher terre à Guam. Il arrive à Singapour le , passe par le détroit de Malacca, et transite par Quallah Battu sur la côte ouest de Sumatra le . Le Vincennes se réapprovisionne et au Cap et à Sainte-Hélène, et accoste à Hampton Roads, en Virginie, le bouclant ainsi son deuxième tour du monde[1].

Exploration polaire[modifier | modifier le code]

L'amiral Charles Wilkes (avt. 1877).

Désarmé depuis le , le Vincennes demeure à quai à Norfolk pendant deux ans. Avec deux circumnavigations, la réputation de robustesse du navire n'est plus à faire et il est sélectionné comme le vaisseau amiral pour participer à la mission d'exploration de l'Antarctique et des mers du sud du lieutenant Charles Wilkes. En conséquence, le navire est rééquipé pour faire face aux conditions climatiques et disposer de meilleures conditions d'équipement pour les scientifiques et les membres d'équipage. Le corps expéditionnaire quitte Hampton Roads le et arrive à Madère le , le aux îles du Cap-Vert, et Rio de Janeiro, au Brésil, le . Les réparations des navires occupés le reste de l'année, ce qui retarde le départ pour l'Antarctique jusqu'au . Le Vincennes passe le cap Horn facilement et mouille dans Orange Bay, sur la côte sud-est de la péninsule Hardy à 45 miles au nord-ouest du cap. Une partie de l’expédition demeure sur place pour effectuer des relevés scientifiques tandis que Wilkes navigue vers les glaces du sud[1].

Après le retour du lieutenant Wilkes le , le Vincennes prend la direction du Chili et arrive à Valparaiso le . Le , l'escadre prend la mer pour Callao, au Pérou qu'elle atteint le . Le , le Vincennes navigue vers l'ouest et l'archipel des Tuamotu et, le , accoste dans l'archipel des Tuamotu puis de Tahiti et des îles de la Société en août et septembre. Lors de chacune de ces escales, on effectue des études scientifiques en amassant une foule de renseignements sur l'anthropologie, la géologie, l'histoire, la botanique, la zoologie et de ces îles. Le Vincennes navigue vers l'ouest à partir du à destination des Samoa. Tutuila est atteint le , et il s’ancre sur l'île d'Upolu le . L'escadre quitte Apia, capitale des Samoa, le et se dirige vers l'Australie afin de préparer à un second voyage vers l'Antarctique. Il arrive à Sydney, le [1],[4].

Le Vincennes aperçoit ses premiers icebergs le et dans la soirée du 11, une barrière compacte de glace empêche d’avancer plus au sud. Dans la matinée, il commence à naviguer vers l'ouest, en suivant la barrière aussi étroitement que possible. En continuant vers l'ouest, le Vincennes découvre la baie de Piner (en) le . Wilkes est le premier à se rendre compte qu’il s’agit bien d’un continent et non d’îles disparates. Avec sa découverte de la Terre de Wilkes dans le quadrant sud-est du continent, il peut en déduire que toutes ces terres sont bien reliées entre elles. Le Vincennes continue sa route en direction de l’ouest, et tente en vain de débarquer, empêché de par la banquise et les mers déchaînées. Bloqué par un immense mur de glace le , le Vincennes fait voile pour Sydney où il arrive le pour réapprovisionner[1].

Le Vincennes quitte Sydney le , à destination de la Nouvelle-Zélande, puis passe les six mois suivants à arpenter les îles Fidji et les îles hawaïennes. Le Vincennes conclu sa visite à Hawaï avec une période de réparations et de réapprovisionnement à Honolulu du au . Il prend alors la route de l’Amérique du Nord afin d’explorer l'embouchure du fleuve Columbia dans l'état actuel de Washington. Il arrive au détroit de Juan de Fuca le 1er mai. L'expédition poursuit ses études dans la région et en particulier autour de l'île de Vancouver jusqu'en août. Le Vincennes fait escale à San Francisco, en Californie et explore la région jusqu’en octobre. Il reprend la direction du Pacifique et accoste à Hawaï en novembre, Wake en décembre et atteint la baie de Manille, le . Il passe par Singapour en février. Il quitte Singapour le et atteint le Cap le , Sainte-Hélène le 1er mai avant d'arriver au large de Sandy Hook, le , près de quatre ans après le début de l'expédition[1],[5]

Service de 1840 à 1860[modifier | modifier le code]

Le Vincennes et l'USS Columbus dans la baie de Tokyo en 1846.

Le Vincennes est ensuite affecté au Home Squadron et placé sous le commandement du commodore Franklin Buchanan. Il navigue vers les Antilles et croise le long de la côte mexicaine afin de protéger les intérêts américains jusqu'à l'été 1844. Il a aussi l'ordre de prévenir une potentielle attaque de la nouvelle République du Texas par le Mexique. Lors de cette rotation, le Vincennes secourt deux bricks anglais au large des côtes du Texas et reçoit les remerciements du gouvernement britannique pour cette action. Le Vincennes retourne à Hampton Roads le et entre en cale sèche[1].

Le , le Vincennes appareille pour l'Extrême-Orient sous le commandement du capitaine Hiram Paulding. Il est accompagné par l'USS Columbus, sous le commandement du capitaine Thomas Wyman. Les deux navires forment une petite escadre sous le commandement du commodore James Biddle, qui porte une lettre du secrétaire d'État John C. Calhoun à Caleb Cushing, commissaire américaine en Chine, autorisant Gushing à établir un premier contact officiel avec le gouvernement japonais[1].

L'escadre navigue vers Macao en passant par Rio de Janeiro et le cap de Bonne-Espérance. Lors de l’arrivée du commodore Biddle à Macao, il constate que Cushing a été remplacé par son successeur, Alexander Hill Everett (en). Ce dernier trop malade pour faire le voyage, Biddle décide de mener les négociations lui-même. En conséquence, le Vincennes et le Columbus prennent la mer pour le Japon le et s'ancrent dans la baie d'Edo (Tokyo) le . À leur arrivée, ils sont encerclés par les Japonais et ne sont pas autorisés à débarquer. Les tentatives du Commodore Biddle pour discuter de l'ouverture du Japon féodal au commerce extérieur ont été poliment repoussées, et les vaisseaux ont levé l'ancre le . Le Columbus retourne aux États-Unis par le biais du cap Horn, mais le Vincennes demeure à poste en Chine une année supplémentaire avant de retourner à New York le et d’être désarmé le 9[1].

Le Vincennes est remis en service le . Il quitte New York un mois plus tard pour le cap Horn et la côte ouest de l'Amérique du Sud. Le , au large de Guayaquil, en Équateur, il accueille le général révolutionnaire équatorien Antonio Elizalde (es) lors de troubles civils fréquents dans ce pays. Il fait ensuite voile vers San Francisco. Lors de cette étape, le navire perd 36 membres de son équipage à cause de la fièvre de l'or qui traverse la Californie. Le Vincennes croise ensuite au large de l'Amérique du Sud jusqu'à la fin de 1851 afin de suivre de près les évènements révolutionnaires qui traversent nombre de ces pays. Il fait une escale aux îles Hawaï à la fin de l'année, au Puget Sound, le . Il rentre à New York en passant par San Francisco, le où il est mis hors service le 24[1].

Le navire est remis en service le et quitte Norfolk le afin de participer à une seconde campagne scientifique, la North Pacific Exploring and Surveying Expedition, comme navire amiral du commodore Cadwalader Ringgold en mer de Chine, dans le Pacifique Nord, et le détroit de Béring. Ringgold est un vétéran de l'expédition Wilkes. L'escadre passe le cap de Bonne-Espérance, et arrive en Chine en . Pour des raisons médicales, le commodore Matthew Perry fait remplacer Ringgold par le lieutenant John Rodgers. Le Vincennes arpente les îles Bonin et les îles Mariannes avant de retourner à Hong Kong en . L'expédition repart en mars sonder les îles Ryūkyū, puis les îles Kouriles. Le Vincennes laisse l'escadre à Petropavlovsk en Russie, et entre dans le détroit de Béring, en faisant voile vers l'île Wrangel mais les glaces empêchent le navire d'atteindre sa destination. Le Vincennes retourne à San Francisco début octobre puis New York, où il arrive le bouclant un autre tour du monde[1].

Désarmé, le navire est réactivé le et assigné à l'Africa Squadron, afin de lutter contre la traite des esclaves. Il rentre au printemps 1860 et il est mis hors service le au Boston Navy Yard[1].

Guerre de Sécession[modifier | modifier le code]

Monument en l'honneur du Vincennes (Vincennes (Indiana)).

Après le déclenchement de la guerre civile en , le Vincennes reprend du service le , affecté au Gulf Blockading Squadron (en) afin de participer au blocus de l'Union. Il arrive à Fort Pickens, le , et stationne à Head of Passes (en) sur le Mississippi pour le blocus. Bien que le déploiement des navires de guerre fédéraux soit dans l’ensemble un succès, le , le CSS Manassas, le CSS Ivy et le CSS James L. Day force le blocus à Head of Passes et engage l'USS Richmond et le Vincennes. Ce dernier doit être abandonné et coulé pour éviter sa capture. Une mèche lente est mise à feu dans le magasin du navire tandis que les hommes se réfugient sur d'autres bateaux. Cependant, le magasin n’explose pas; et, après le départ des vaisseaux confédérés au début de l'après-midi, le Vincennes est renfloué[1].

Après l'attaque confédérée, le navire continue le blocus au large du Mississippi. Il capture le trois-mâts barque britannique forceur de blocus Empress, échoué avec une importante cargaison de café le . Le , il prend la route de Pensacola, en Floride., pour relayer le navire USS Mississippi. Il passe les six mois suivants à faire la navette entre Pensacola et Mobile, effectuant patrouille et reconnaissance. Le , il prend le commandement du blocus au large de Ship Island et garde le détroit du Mississippi. Lors de ce déploiement, le Vincennes et l'USS Clifton capturent le trois-mâts barque H. McGuin à Bay St. Louis le . Le Vincennes capture aussi deux navires chargés de nourriture le [1].

Le Vincennes demeure en poste au large de Ship Island jusqu’à la fin de la guerre. Il est ensuite mis définitivement hors service au Boston Navy Yard le . Il est ensuite vendu aux enchères publiques à Boston le de 1867 pour 5 000 $. Cela met un terme à la carrière d’un des navires de la marine américaine ayant parcouru le plus de kilomètres à travers le globe[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'aumônier du navire, Charles Samuel Stewart a publié un livre sur ce voyage[3]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n o p et q (en) « Vincennes », sur DANFS.
  2. Long 1988, p. 208–209.
  3. Stewart 1832.
  4. Boyce 2010, p. 39.
  5. Wilkes 1852.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) « Vincennes », sur Dictionary of American Naval Fighting Ships, département de la Marine, Naval History & Heritage Command (consulté le ).
  • (en) Dean Boyce, The Wolves Are At The Door : Sydney's Century Of Invasion Fears, Sydney, One-Off Press, , 166 p.
  • (en) Howard Chapelle, The History of the American Sailing Navy : The Ships and Their Development, New York, Konecky & Konecky, (1re éd. 1949), 592 p. (ISBN 978-1-56852-222-7)
  • (en) David Foster Long, Gold Braid and Foreign Relations : Diplomatic Activities of U.S. Naval Officers, 1798-1883, Annapolis, Naval Institute Press, , 502 p. (ISBN 978-0-87021-228-4, lire en ligne)
  • (en) Charles Samuel Stewart, A visit to the South Seas, in the U.S. ship Vincennes, during the years 1829 and 1830, Londres, Fisher, son, & Jackson, , 440 p. (lire en ligne)
  • (en) Charles Wilkes, Narrative of the United States exploring expedition : during the years 1838, 1839, 1840, 1841, 1842, Londres, Ingram, Cooke & co., (1re éd. 1845), 326 p. (OCLC 1335141, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]