Aller au contenu

Plaquebière

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Rubus chamaemorus)

Rubus chamaemorus · Ronce des tourbières, Platebière

Rubus chamaemorus
Description de cette image, également commentée ci-après
Plaquebière
Classification Tropicos
Règne Plantae
Classe Equisetopsida
Sous-classe Magnoliidae
Super-ordre Rosanae
Ordre Rosales
Famille Rosaceae
Genre Rubus

Espèce

Rubus chamaemorus
L., 1753 [1]

Synonymes

  • Chamaemorus anglica Clus. ex Greene[1]
  • Chamaemorus chamaemorus (L.) House[1]
  • Chamaemorus norvegicus Greene[1]
  • Rubus chamaemorus var. pseudochamaemorus (Tolm.) Hult‚n[1]
  • Rubus nubis Gray[1]
  • Rubus pseudochamaemorus Tolm.[1]
  • Rubus yessoicus Kuntze[1]

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

La plaquebière ou chicoutai en Amérique du Nord, appelée mûre arctique ou mûre polaire en Europe, Rubus chamaemorus, est une espèce de plantes à fleurs du genre Rubus et de la famille des Rosacées. C'est une plante vivace poussant principalement dans la toundra et dans la taïga (forêt boréale). Elle est typique des pays nordiques où son fruit est utilisé frais ou transformé.

Nomenclature

[modifier | modifier le code]

Nom scientifique

[modifier | modifier le code]

Le nom botanique Rubus chamaemorus vient du grec ancien : χαμαί / khamaí, « à terre, bas », et du latin : morus, « mûre ».

Noms vernaculaires

[modifier | modifier le code]

Au Canada et au Québec, elle est surtout appelée chicoutai et plus rarement plaquebière (déformation de « plat de bièvre », c'est-à-dire nourriture de castor), ou Chicoutimi au Québec, margot, mûre blanche, ronce des tourbières, ronce petit-mûrier (traduction du nom scientifique), airelles (à Tadoussac). Elle est appelée platebière ou plate-bière à Saint-Pierre-et-Miquelon, et en anglais : cloudberry, ou bakeapple à Terre-Neuve[réf. nécessaire].

Description

[modifier | modifier le code]

La ronce des tourbières est une plante herbacée vivace, rampante, qui atteint une hauteur d'environ 10 à 25 cm (de 5 à 30 cm pour les cas les plus extrêmes)[2]. Les feuilles sont composées palmées à cinq folioles, trois folioles pour les rameaux florifères, réniformes, ou à 3 à 7 lobes arrondis et dentés.

L'espèce est dioïque. Les fleurs blanches, de 3 cm de diamètre environ, apparaissent en été et donnent, après pollinisation, des fruits composés qui ressemblent à des framboises. Ces fruits, composés de petites drupes (ou drupéoles) agglomérées, sont d'abord orangés ou rouge pâle, devenant jaunes et doux[3] à maturité en automne. C'est en cette saison que le feuillage change de couleur et rougit fortement.

Distribution

[modifier | modifier le code]
Répartition de Rubus chamaemorus.

En 2016 l'UICN recense Rubus chamaemorus dans les pays suivants : Canada, Chine, Finlande, Groenland, Corée du Nord, Russie, Saint-Pierre-et-Miquelon, Suède, Royaume-Uni, États-Unis. Elle n'est pas considérée comme menacée (LC), bien que ses habitats, les zones humides intérieures soient en constante régression[4].

La plaquebière pousse naturellement dans tout l'hémisphère nord, dans la zone comprise entre les latitudes 78° N et 55° N environ. On la trouve, à l'état très dispersé plus au sud jusqu'à 44° de latitude nord, principalement dans des régions montagneuses. En Europe, on la trouve principalement dans les forêts de Scandinavie, de Finlande, de Grande-Bretagne et d'Irlande, en Russie et dans les pays baltes. De petites populations se trouvent également plus au sud, vestiges botaniques de la période glaciaire, notamment en Allemagne dans les vallées de la Weser, de l'Eider et de l'Elbe, où l'espèce est protégée[réf. souhaitée].

En Amérique du Nord, l'espèce est spontanée dans les forêts de la région du nord, faiblement peuplées, de la côte du Québec, dans les îles de la Madeleine et à Saint-Pierre-et-Miquelon situées dans l'estuaire du fleuve Saint-Laurent. On la trouve aussi au Nouveau-Brunswick (île Miscou) ainsi qu'aux États-Unis d'Amérique en Alaska, dans le Maine, le Minnesota, le New Hampshire et l'État de New York. On la trouve également dans le nord de l'Asie (Chine, Japon (Hokkaidō)) et Sibérie)[réf. souhaitée].

La plaquebière croît en bord de marécages et dans les prés humides jusqu'à 1 400 m d'altitude et exige des expositions ensoleillées en terre acide (pH compris entre 3,5 et 5). Elle peut résister aux températures froides bien au-dessous de −38 °C, mais est sensible au sel et aux conditions sèches[réf. nécessaire].

Propagation

[modifier | modifier le code]
Rubus chamaemorus avec jeune fruit.

À la différence de la plupart des mûres, la pollinisation des plaquebières nécessite une plante du sexe opposé (plante dioïque). Une large propagation s'opère grâce à l'ouverture des drupes par les oiseaux et les rongeurs et l'excrétion des graines indigestes. La propagation se fait également par les rhizomes et par marcottage naturel sur d'amples parcelles de terre.

Malgré la demande, spécialement en Norvège, en raison de sa réputation de mets délicat, la plaquebière est principalement une plante sauvage. Cependant, depuis le milieu des années 1990, elle fait l'objet d'un projet de recherche spécifique en Norvège, en coopération avec la Finlande, la Suède et l'Écosse, dans le but de parvenir à une production commerciale du Rubus chamaemorus : la Norvège importe de Finlande entre 200 et 300 tonnes par an de fruits de plaquebière. Depuis 2002, différentes variétés sont à la disposition des agriculteurs, notamment Apolto (mâle), Fjellgull (femelle) et Fjordgull (femelle).

La plaquebière peut être cultivée dans les zones arctiques au contraire d'un grand nombre d'autres plantes, particulièrement sur la côte nord de Norvège.

Utilisation

[modifier | modifier le code]
Confiture maison de plaquebière.

Les fruits de la ronce petit mûrier sont plus souvent obtenus par cueillette que par culture, bien que la multiplication par semis ou par division de rhizomes soit possible. Ils peuvent être mangés frais, cuisinés en tarte ou transformés en confiture[5]. En Finlande, on en fait aussi une liqueur[6].

Les fruits mûrs sont jaune d'or, mous et juteux. Ils sont riches en vitamine C. Consommés frais, ils ont un goût âpre particulier, qui évoque un peu la térébenthine, caractéristique due à leur contenu élevé en acide benzoïque[réf. nécessaire].

Dans les pays scandinaves et en Finlande, ils sont souvent transformés en confitures, jus, tartes ou liqueurs, ou employées comme garniture de crèmes glacées. En Finlande, les fruits sont aussi consommées de manière plus inventive, par exemple en accompagnement du « leipäjuusto » (fromage local, sorte de galette de fromage cuit). Au Canada, elles servent à aromatiser une bière spéciale et à faire de la liqueur. Les Canadiens en font également de la confiture, mais pas à la même échelle que les Scandinaves et les Finlandais, et utilisent les feuilles pour en faire des tisanes[réf. nécessaire].

En raison de son contenu élevé en vitamine C, le fruit est apprécié des marins du nord et par les Innus (à ne pas confondre avec les Inuits) du Québec et du Labrador comme protection contre le scorbut. Son contenu élevé en acide benzoïque agit comme un conservateur naturel[réf. nécessaire].

Numismatique et armoiries

[modifier | modifier le code]
Armoiries de Muurame.

La fleur et les fruits de la mûre des marais (en finnois lakka) figurent à l'avers de la pièce de deux euros finlandaise depuis 1999[7].

Le plant de plaquebière figure sur les armoiries de Muurame, commune de Finlande.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d e f g et h The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 21 août 2023
  2. EFloras, consulté le 21 aout 2023
  3. François, ... Impr. Corlet), La Cuisine sauvage : comment accommoder mille plantes oubliées, vol. 2, Équilibres aujourd'hui, (ISBN 2-87724-025-8 et 978-2-87724-025-3, OCLC 462042665, lire en ligne)
  4. (fr + en) « Rubus chamaemorus », (consulté le )
  5. David Holmgren, Dominique, ... Soltner et Impr. One Book), Perma-culture. 1, Une agriculture pérenne pour l'autosuffisance et les exploitations de toutes tailles, vol. 1, C. Corlet, dl 2011 (ISBN 978-2-86733-030-8 et 2-86733-030-0, OCLC 779706852, lire en ligne)
  6. Arto Paasilinna (trad. Anne Colin du Terrail), Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison, Denoël et d'ailleurs, , 347 p. (ISBN 978-2-207-10999-1), p. 40
  7. « 2 euros, Finlande », sur fr.numista.com (consulté le )

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :