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Ordre du Fer d'or et du Fer d'argent

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Ordre du Fer d'or et du Fer d'argent
Image illustrative de l’article Ordre du Fer d'or et du Fer d'argent
Armes des ducs de Bourbon.

Création
Statut Ordre chevaleresque
Langue officielle Francien
Siège Notre-Dame de Paris
Grand maître Jean Ier de Bourbon
Membres Outre le duc, 16 chevaliers et écuyers.

L’ordre du Fer d'or et du Fer d'argent est l'un des trois ordres de chevalerie[note 1] du duché de Bourbon. Institué le , à Paris, par Jean Ier, duc de Bourbon et comte de Forez[1], il n'eut qu'une existence éphémère.

Sa fondation est parfois attribuée – à tort – à Jean Ier de Bourgogne qui l'aurait établi en rivalité à l'ordre du Porc-Épic créé par son cousin Louis de France, duc d'Orléans[2].

Certains auteurs le nomment aussi ordre de l'anneau d'or et d'argent[3].

Fondation et objectifs

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« Mélange extravagant de dévotion et de galanterie, d'actes de piété et de fureur romanesque »[4], cet ordre fut institué par le duc Jean Ier pour procurer à ses vassaux et à ses partisans d'« honnestes passetemps »[5] après la paix d'Arras, trêve dans la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, conclue entre le roi de France Charles VI et le duc de Bourgogne Jean sans Peur[6]. Le dessein du duc de Bourbon était d'aller combattre en Angleterre dans un délai de deux ans, accompagné de ses chevaliers[7].

Combat à pied (début du XVe siècle).

Dans l'acte de fondation, tel qu'il est retranscrit par Douët d'Arcq, « Jehan duc de Bourbonnais, comte de Clermont, de Forez et de l'Isle, seigneur de Beaujeu, pair et chambrier de France » et ses compagnons font montre d'un haut idéal, « désirant eschiver oisiveté et explecter [leur] personne en avançant [leur] honneur par le métier des armes, pensant y acquérir bonne renommée et la grâce de la très-belle de qui [ils sont] serviteurs[1] » ; mais, en réalité, il semble que cette chevalerie ne consistait qu'en un prétexte à des combats dans lesquels des duellistes exposaient leur vie et leur honneur pour des femmes et sans doute des concubines[8].

En effet, chevaliers et écuyers s'engageaient à porter pendant deux ans à la jambe, en l'honneur de leurs belles, un fer de prisonnier, à moins qu'il ne se présentât un nombre égal de chevaliers et d'écuyers pour les combattre et leur enlever ce fer votif par la victoire. C'est ce qu'on appelait alors une emprise[note 2] (ou entreprise) d'armes[9], dans laquelle le chevalier ou l'écuyer décidait de porter son défi auprès de différentes cours ; il n’attendait pas que se présentent ses compétiteurs, mais cherchait à aller à leur rencontre, en portant sur lui un objet symbolique qui affichait aux yeux de tous sa quête d'affrontement[10]. Ces combats codifiés, à l'instar des joutes et les tournois, contribuaient comme ceux-ci à la formation des hommes d’armes. Cependant, bien que précédés et suivis de multiples prières et gestes pieux[11]– ils révèlent, selon Loïs Forster, une certaine culture de la violence qui prévalait alors[10].

L'acte de fondation nomme les seize « chevaliers et écuyers de nom et d'arme » qui accompagnaient le duc de Bourbonnais[1] :

Jean Ier de Bourbon.
  • Écuyers
    • Camarlet ;
    • Loys Cochet ;
    • Jehan du Pont.

Jean Ier se rendit effectivement en Angleterre dans le temps fixé par les lettres de fondation, mais ce ne fut pas en sa qualité de chevalier du Fer d'or. Combattant à Azincourt, le , il y fut fait prisonnier. Conduit à Londres, sa rançon fut fixée à 300 000 livres qu'il paya trois fois[6], mais il n'obtint pas sa liberté du « déloyal monarque anglais[9] ». Finalement, en 1430, ne supportant plus la captivité, il offrit de payer une quatrième rançon de 100 000 livres et conclut un traité par lequel il livrait aux Anglais les principales places du Bourbonnais, de l'Auvergne et du Forez et reconnaissait Henri VI comme souverain[6]. Mais son fils Charles, comte de Clermont, refusa de ratifier ce traité et le duc de Bourbon mourut « dans les fers »[9], le  ; l'ordre s'éteignit avec lui. D'abord inhumés à Londres, dans l'église des Carmes[6], les restes mortels de Jean de Bourbon furent rapatriés entre 1452 et 1460 et ensevelis dans la chapelle Vieille de l'église priorale de Souvigny[17].

Fer de prisonnier.

Sous peine d'une amende de 4 sols parisis donnée « pour Dieu » (pour les pauvres), les membres de cette compagnie devaient porter à la jambe gauche, chaque dimanche pendant deux ans à compter du dimanche suivant la fondation, un fer de prisonnier pendant à une chaîne : celui des chevaliers était d'or, et celui des écuyers d'argent[1].

Obligations des membres

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Les chevaliers firent serment de s'aimer comme des frères, de défendre leur honneur à tout prix, de s'entraider et de se battre pour l'amour et l'honneur « des dames et de toutes gentilz femmes », contre « gens nobles » provoqués à cet effet, et même de se battre entre eux s'ils n'avaient pas d'autres adversaires.

Ils s'engagèrent à « combattre à pied jusques à outrance[note 3] armés chacun de tels harnois qu'il lui plaira, portant lance, hache, épée et dague ou au moins de bâtons de telle longueur que chacun voudra avoir. » En cas de défaite, ils demeureraient prisonniers de leur adversaire mais il pourraient racheter leur liberté en payant une rançon : soit un fer d'or ou d'argent, semblable à celui qu'ils portaient selon leur état, ou, s'ils s'en acquittaient par un autre présent, ils devraient offrir au vainqueur un bracelet d'or ou d'argent.

Chevaliers et écuyers contractèrent également des obligations religieuses. Ils promirent de faire peindre une image de Notre-Dame de Paris et les armoiries de chacun d'eux dans une chapelle de Notre-Dame appelée « de Grâce Notre-Dame »[1], autrement dit : Notre-Dâme de Grâce[8]. Devant cette image, un cierge devrait brûler jour et nuit pendant deux ans, placé sur un chandelier en forme de fer de prisonnier. Ils s'obligèrent aussi à faire célébrer, à neuf heures, pendant deux ans chaque dimanche[3], une « haute messe de Nostre Dame » et, chaque jour « une messe basse » pour laquelle il fourniraient « les calice, chasuble et autres ornements d'autel nécessaires pour ladicte chapelle[1] ». Chaque chevalier ou écuyer vainqueur devrait par ailleurs fonder à perpétuité une messe et un cierge[3]. Si l'un d'eux était tué, les autres devraient lui faire célébrer un service funèbre et 17 messes auxquel ils assisteraient en habit de deuil[3].

Notes et références

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  1. Laurent Hablot précise : « Il faut se garder de donner au mot ordre la valeur formelle que nous lui connaissons aujourd’hui. La devise permettant de réunir sous un même signe un certain nombre de fidèles est fréquemment qualifié d’ordre dès la fin du XIVe siècle, quand bien même cet ordre ne comporte ni statuts ni numerus clausus. »
  2. Voir aussi la définition de de mot sur le Dictionnaire de l’Académie française, 9e édition (actuelle) : XIIe siècle, au sens d’« entreprise », surtout « prouesse de chevalier ». Forme féminine substantivée du participe passé de l’ancien verbe emprendre, « entreprendre quelque chose », du latin populaire *imprendere, « saisir ».
  3. Combat à outrance : Duel qui ne devait se terminer que lorsque l’un des deux adversaires était mis par sa blessure hors de combat ou demandait grâce.

Références

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  1. a b c d e et f Louis Douët-d'Arcq, Choix de pièces inédites relatives au règne de Charles VI : publiées par la Société de l'histoire de France, vol. 1, Paris, Veuve de J. Renouard, 1863-1864, 462 p. (lire en ligne sur Gallica.), p. 370
  2. Ange de Saint-Priest, Encyclopédie du dix-neuvième siècle : répertoire universel des sciences, des lettres et des arts avec la biographie de tous les hommes célèbres, t. 18, Paris, Bureau de l'Encyclopédie du XIXe siècle, 1838 -1859 (IMG00000019), Art. : Ordre, p. 11.
  3. a b c et d François Frédéric Steenackers, Histoire des ordres de chevalerie et des distinctions honorifiques en France, Paris, Librairie internationale, , 375 p. (lire en ligne), p. 178-180.
  4. Étienne Dambreville, Abrégé chronologique de l'histoire des ordres de chevalerie, depuis l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem ou de Malte, en 1113, jusqu'à l'ordre royal de Hollande, en 1807, Paris, Hacquart, , 588 p. (lire en ligne), p. 173-175.
  5. Olivier de la Marche, Mémoires : Publiés pour la Société de l'Histoire de France par Henri Beaune et Jean d'Arbaumont, Paris, 1883-1888.
  6. a b c d e f et g Georges Touchard-Lafosse, La Loire historique, t. Ier : Loire supérieure, Paris, Delahays, (1re éd. 1851), 706 p. (lire en ligne), p. 664-665.
  7. Henri Gourdon de Genouillac, Dictionnaire historique des ordres de chevalerie créés chez les différents peuples : depuis les premiers siècles jusqu'à nos jours, Paris, E. Dentu, , 228 p. (lire en ligne sur Gallica), p. 68-69.
  8. a et b Pierre Hélyot, Histoire complète et costumes des ordres monastiques, religieux et militaires et des congrégations séculières des deux sexes, vol. VIII, Gingamp, Jollivet, , 425 p. (lire en ligne), p. 181.183.
  9. a b et c Ferdinand Hoefer, Nouvelle biographie universelle, t. VIII, 1852-1854 (lire en ligne sur Gallica), col. 27-28
  10. a et b Loïs Forster, « Les pas d’armes et emprises d’armes dans la formation chevaleresque au XVe siècle : L’exemple de Jacques de Lalaing », dans Benjamin Deruelle et Arnaud Guinier, La construction du militaire, vol. 2 : Cultures et identités combattantes en Europe de la guerre de Cent Ans à l’entre-deux guerres, Paris, Éditions de la Sorbonne, (ISBN 9791035107116, lire en ligne), p. 93-116.
  11. Christiane Raynaud, « Fetes d'armes et devotions au XVe siècle », The Medieval Chronicle,, vol. 4,‎ , p. 127-147 (lire en ligne, consulté le ).
  12. Louis Douët-d'Arcq, La chronique d'Enguerran de Monstrelet, t. 2, Paris, Veuve J. Renouard, , 478 p. (lire en ligne), p.256.
  13. a et b Étienne Pattou, « Maison de Monsures », sur Racines et Histoire, (consulté le ).
  14. Arthur Piaget, « Jean de Garencières », Romania, vol. tome 22, no 87,‎ , p. 422-481 (DOI 10.3406/roma.1893.5786, lire en ligne, consulté le ).
  15. « Le 15ème et La Fayette », sur Les amis du vieux Boutheon (consulté le ).
  16. José Dailly, « Motier de La Fayette », sur Armorial du Poitou (consulté le ).
  17. « Les sépultures des Bourbons », sur www.tombes-sepultures.com (consulté le ).

Bibliographie

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  • Étienne Dambreville, Abrégé chronologique de l'histoire des ordres de chevalerie, depuis l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem ou de Malte, en 1113, jusqu'à l'ordre royal de Hollande, en 1807, Paris, Hacquart, , 588 p. (lire en ligne), p. 173-175.
  • Jacques Basnage, Histoire des ordres militaires ou des chevaliers : Des milices séculieres & régulières de l'un & de l'autre sexe, qui ont été établies jusques à présent, vol. 4, t. IV, Amsterdam, Pierre Brunel, , 439 p. (lire en ligne), p. 27-30.
  • Louis Douët d'Arcq, Choix de pièces inédites relatives au règne de Charles VI : publiées par la Société de l'histoire de France, vol. 1, Paris, Veuve de J. Renouard, 1863-1864, 462 p. (lire en ligne sur Gallica), p. 370.
  • Henri Gourdon de Genouillac, Dictionnaire historique des ordres de chevalerie créés chez les différents peuples : depuis les premiers siècles jusqu'à nos jours, Paris, E. Dentu, , 228 p. (lire en ligne sur Gallica), p. 68-69.
  • Ange de Saint-Priest, Encyclopédie du dix-neuvième siècle : répertoire universel des sciences, des lettres et des arts avec la biographie de tous les hommes célèbres, t. 18, Paris, Bureau de l'Encyclopédie du XIXe siècle, 1838 -1859 (IMG00000019), Art. : Ordre, p. 11.
  • (en) David S. Hoornstra, The Heraldry Society, « Organized Mayhem: « Votive Orders of Chivalry » in Early 15c France », 35th International Congress on Medieval Studies « Session No. 203, Knighthood and Chivalry »,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Laurent Hablot, La ceinture Espérance et les devises des ducs de Bourbon, in Espérance : le mécénat religieux des ducs de Bourbon à la fin du Moyen Âge (Catalogue de l'exposition du 15 juin-11 novembre 2001.), Musée municipal de Souvigny, , 12 p. (HAL hal-00280613, lire en ligne).

Sur les emprises d'armes

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  • Christiane Raynaud, « Fetes d'armes et devotions au XVe siècle », The Medieval Chronicle, vol. 4,‎ , p. 127-147 (lire en ligne, consulté le ).

Articles connexes

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Liens externes

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