Moulin de la Galette

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 16 novembre 2010 à 13:05 et modifiée en dernier par LucienBOT (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Moulin de la galette
Le moulin de la Galette au coin de la rue Lepic
(moulin Radet)
Présentation
Type
Construction
Le « Blute-fin » : 1622
Le « Radet » : 1717
Patrimonialité
Site web
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France
Localisation sur la carte de Paris
voir sur la carte de Paris

Le moulin de la galette est le seul moulin à vent en état de marche de la butte Montmartre dans le 18e arrondissement de Paris. Il est visible depuis la rue Lepic. Il fut jadis une célèbre guinguette. Aujourd'hui intégré à une résidence privée il est inaccessible au public.

L'Histoire

Le moulin de la galette est en réalité constitué de deux moulins : le « Blute-fin » et le « Radet ». Le nom de « moulin de la galette » est mentionné pour la première fois en 1622 sous le nom de « moulin du palais ». La famille Debray acquiert les deux moulins en 1809 et y produit de la farine. Il ne servait pas uniquement à moudre le blé : il était utilisé pour presser les vendanges ou concasser les matériaux nécessaires aux manufactures.

Le nom de « Blute-fin » vient du verbe « bluter » qui signifie tamiser la farine pour la séparer du son. Le moulin construit en 1622, a souvent été retapé. Il se trouve actuellement au sein d'une propriété privée. En le visitant, on a l'agréable surprise de constater qu'il n'est pas en trop mauvais état et que les pièces importantes du mécanisme, dont les meules existent toujours. En 1870, Nicolas-Charles Debray, propriétaire du moulin Blute-Fin, y ajouta une guinguette et un bal et baptisa le tout « Moulin de la Galette » en 1895. La Galette était ce petit pain de seigle que les meuniers Debray débitaient, accompagné d'un verre de lait, aux amateurs de pittoresque.
Miracle Montmartrois, ces habiles commerçants transformèrent vers 1830 le lait en vin et leur moulin en cabaret. Qui n'a escaladé la célèbre Butte pour aller « gambiller » au Moulin ? Après avoir servi de Music-hall, puis de salle d'émissions publiques, de radio et de télévision, la salle, fermée en 1966, devint studio de ORTF et disparut avec elle.

Le « Radet » a été construit en 1717. Dans les années 1760 il est entièrement reconstruit. En 1834, il est transformé en guinguette les dimanches et jours fériés et prend alors le nom de « Moulin de la Galette », victime du progrès (il n'était pas équipé d'ailes Berton) et de la concurrence.

Cette enseigne sera transférée vers son proche voisin Le Blute-Fin. Une association Les Amis du Vieux Montmartre le sauve de la destruction en 1915. En 1924, son propriétaire le déplace à l'angle des rues Girardon et Lepic. Le moulin et les terrains qui l'entourent ont été inscrits au titre des monuments historiques par un arrêté du 5 juillet 1958[1]. Il est restauré en 1978, mais ne tourne pas. En octobre 2001, Lucien Poupeau, charpentier, avec les conseils techniques de Marcel Charron, charpentier-amoulangeur en retraite, est chargé de la rénovation des ailes, il accomplira son travail en 4 jours.

Le Bal

Le moulin de la Galette surplombant la Rue Lepic (moulin Blute-fin)

Au début du XIXe siècle, en 1810, on dénombre à Montmartre seize bals "régis" c'est-à-dire autorisés, pouvant annoncer leur ouverture, et quantité d'autres bals ou guinguettes. Ils sont ouverts les dimanches, lundis et jours fériés. La population ne comptant que 636 habitants en 1806, la clientèle ne pouvait venir en grande majorité que de la ville de Paris. A cette époque, la commune de Montmartre n'est pas encore rattachée à la capitale : le Mur des Fermiers Généraux forme une frontière entre la ville et la commune de Montmartre. Pour les Parisiens, la Butte est un coin de campagne où poussent des vignes, avec des coins ombragés et où jaillissent des nombreuses sources. Quel plaisir de venir pour se divertir dans ces nombreux lieux de réjouissances. Le plus célèbre est le Poirier-sans-Pareil, situé à l'emplacement de l'actuelle place Émile-Goudeau mais il doit fermer en 1830, le sous-sol étant miné par des carrières de plâtre.
En 1834, l'un des fils de la famille Debray, propriétaire des moulins le Radetet le Blute-Fin, guéri de sa blessure suite à un coup de lance reçu en 1804 lors de la Défense de Paris, ouvre une guinguette près du Radet. On y déguste des galettes, confectionnées par sa femme, accompagnées d'un vin aigrelet cultivé sur les flancs de la Butte. Le succès est immédiat et la clientèle populaire. La création de la rue Lepic permet d'accéder plus facilement au haut de la Butte en évitant d'emprunter les chemins boueux très mal entretenus. La population augmente passant en 1861 à 57.000 habitants, en grande partie chassés de la ville suite aux travaux du baron Haussmann.
Très vite le Bal Debray devient le Moulin de la Galette. Il ne prendra son nom "officiellement" qu'en 1895. L'entrée est au 3 rue Girardon à l'angle de la rue Lepic. Au cours des années le bal se transforme. De bal en plein-air, il devient une grande salle fermée. A l'extérieur de celle-ci se trouvent les jeux, les escarpolettes. Les écrivains qui ont fréquenté cet établissement distinguent le Moulin de la Galetteet le Bal Debray. En 1899, Rodolphe Darzens, biographe de Arthur Rimbaud en fait la description: La porte, peinte en rose et en vert cru, est surmontée dans un cercle de globes blancs de ces deux mots : Bal Debray. Un couloir qui monte et tout de suite la vaste salle lumineuse, avec un pourtour semé de tables et de bancs. L'espace où l'on danse est entouré d'une balustrade de bois rouge ; au bout sur une estrade, l'orchestre. Avant la danse c'est quatre sous par couple. La plupart du temps c'est la danseuse qui paie son cavalier . Cet orchestre est ainsi décrit quelques années auparavant par André Gill dans son Moulin de la Gallette: Un orchestre d'estropiés / Donne le branle à cette foule / On s'écrase les pieds / On chahute, on hurle, on se soûle. De nouvelles danses apparaissent et il faut faire appel à un orchestre plus professionnel pour remplacer les "estropiés". La polka est toujours dansée mais le quadrille, le chahut puis le cancan et plus tard le french-cancan vont prendre de l'importance. Les propriétaires recrutent le compositeur Auguste Bosc qui va faire vibrer son orchestre et soulever l'ardeur des danseurs. Auguste Bosc deviendra propriétaire en 1904 du Bal Tabarin où il ponctue de coups de feu les quadrilles avec un revolver à six coups. Les futures vedettes du french-cancan, la Goulue et Valentin le Désossé on fait leurs débuts au Moulin. Les peintres, les dessinateurs sont des clients attitrés. La majeure partie de la clientèle est populaire et il est fréquent qu'une petite montmartroise y fasse une halte pour danser. Sa mère vient la chercher et la foule crie : Marie, v'la ta mère et toutes les Marie quittent rapidement leurs partenaires. La pauvre petite se prend deux gifles et la foule conspue la mère.
La direction est très stricte, éloigne la clientèle trop crapuleuse et repousse les filles de mauvaise vie et leurs souteneurs, mais on raconte que certaines louaient de belles robes pour le dimanche, soulevaient un client, et rendaient les habits le lendemain. Depuis 1900, le "Tout Paris", acteurs et actrices connus, monte à l'assaut de Montmartre le mardi et déguste les galettes avec un verre de muscat. De 1900 à 1914, le bal était ouvert quatre jours par semaine.

Épisode sanglant ou légende ?

La légende

Le 30 mars 1814, lors du siège de Paris, l'armée impériale russe est à Paris, à la porte de Pantin. Le maréchal Marmont, responsable de la défense de Paris, entame des pouparlers pour un armistice. Celui-ci est signé le 31 et les troupes françaises se replient vers le sud de la capitale. La Butte Montmartre n'est alors plus défendue. De nombreux montmartrois ont fui mais il reste un noyau d'irréductibles parmi lesquels la famille Debray, meuniers de pères en fils, qui décident de tenir tête aux envahisseurs. Se préparant à investir l'ilot de résistance, ceux-ci sont accueillis par le tir d'un boulet tiré par l'aîné des Debray couchant plusieurs assaillants. L'officier russe demande que celui qui a tiré se livre. Pour toute réponse, Debray fait feu sur l'officier qui s'écroule, et Debray est abattu. Son fils, Nicolas-Charles Debray, qui était à son côté, est transpercé par une lance (il survivra, et c'est lui qui sous la Restauration transformera le moulin en guinguette). En représailles, les Russes découpent le corps en quatre morceaux qu'ils attachent sur les ailes du moulin. À la nuit tombée, la femme de Debray va récupérer les restes du supplicié, les met dans des sacs de farine, et les emporte au cimetière du Calvaire.

Réexamen de la légende

L'historien André Maillard, dans ses travaux sur les moulins de Montmartre, fait table rase de la légende qui voulait qu'au cours des combats trois des quatre frères Debray auraient été tués en défendant leur moulin et que le quatrième ait été découpé, les morceaux accrochés aux ailes du moulin et les restes, recueillis par sa femme, et inhumés au cimetière du Calvaire. On ne trouve trace du décès que de l'aîné des Debray. De plus il n'eut que deux frères et il était veuf depuis deux années[2].

Le moulin et les arts

Sur les autres projets Wikimedia :

Dès le début du XIXe siècle nombre de peintres, la plupart étant oubliés, s'intéressent aux paysages de la Butte. Georges Michel, le « Ruysdael de Montmartre », et Théodore Rousseau peignent les deux moulins depuis la Plaine Saint-Denis située au nord de Paris. Les deux moulins, le Radet puis le Blute-Fin, ont été peints sous le même nom de Moulin de la galette. Huguet, le « Rembrandt des moulins à vent », Jean-Baptiste Corot, et Toulouse-Lautrec peignent le Radet. Auguste Renoir immortalise la célèbre guinguette située entre les deux moulins dans son Bal du moulin de la galette. C'est la silhouette du Blute-Fin qui apparaît dans le Moulin de la galette de Picasso.

Quelques œuvres représentent cet endroit très célèbre :

Lucienne Delyle a chanté Le Moulin de la galette.

Il a également été photographié par Eugène Atget en 1899[3].

Références

  1. Notice no PA00086755, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Jacques Hillairet.Dictionnaire des rues de Paris
  3. Notice no APMH00039928, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mémoire, ministère français de la Culture.

Sources