Minna Bernays

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Minna Bernays
Biographie
Naissance
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 75 ans)
LondresVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Fratrie
Parentèle
Sigmund Freud (beau-frère)Voir et modifier les données sur Wikidata

Minna Bernays, née le à Hambourg et morte en à Londres, est la belle-sœur de Sigmund Freud, cadette de son épouse Martha Bernays. Elle est connue dans l'histoire de la sphère privée du fondateur de la psychanalyse pour sa proximité intime et intellectuelle avec lui, discutée dans l'historiographie et en particulier dans le courant révisionniste.

Biographie[modifier | modifier le code]

Minna Bernays naquit dans la ville de Hambourg, quatre ans après sa sœur Martha, le [α]. Elle était la plus jeune des sept enfants de Berman Bernays (-), fils de rabbin et commerçant juif, et d'Emmeline (-), née Philipp[2]. Deux de ses frères et une sœur moururent en bas âge, tandis que le frère aîné décéda à dix-sept ans, probablement de tuberculose[3].

L'enfance et la scolarité de Minna ne sont pas particulièrement connus[2]. En , à ses quatre ans, la famille déménagea à Vienne, après la peine de prison pour banqueroute frauduleuse[2] de son père qui mourut en [2]. Elle fut dès lors sous la tutelle légale de sa mère et de Sigmund Pappenheim, le père de Bertha, le « cas Anna O. » de Josef Breuer[2].

Minna fut atteinte de tuberculose, ce qui la contraignit en à une cure en Sicile[2],[β]. Elle se fiança en de la même année avec Ignaz Schönberg, étudiant à Vienne puis docteur en philosophie orientale en , nommé à l'Institut indien d'Oxford mais qui contracta la même maladie, dut démissionner et annula ses fiançailles en [2]. Il mourut l'année suivante en [2]. Minna se résolut dès lors à rester célibataire[4].

De à , elle s'occupa essentiellement de sa mère à Hambourg qui exigeait des soins constants et travailla brièvement comme dame de compagnie et préceptrice d'enfant, elle avait pour projet un atelier de travaux manuels, comme celui que l'une des sœurs de Freud dirigeait[2].

En , elle s'installa pour quelques mois chez sa sœur et son beau-frère[2], avant d'obtenir un poste en à Francfort duquel elle démissionna en pour s'installer définitivement dans le foyer des Freud[2].

Elle secondait sa sœur, en prenant part aux tâches quotidiennes, à l'occupation des enfants, elle pratiquait également des travaux manuels esthétiques dont elle faisait des cadeaux, prenait en charge et correspondait avec les invités et élèves de Freud, jouait au mah-jong et au tarot avec lui et corrigeait ses écrits[2].

Dès , Minna et Freud firent des voyages ensemble par divers moyens de transports[γ], de quelques jours à plusieurs semaines, dans des lieux touristiques ou de cure en Bavière, en Italie du Nord, dans le Tyrol du Sud et en Engadine[2]. Martha, avec laquelle il voyageait moins, restait avec les enfants[2]. Minna accompagnait les enfants, lors des vacances d'été, à Bad Reichenhall, Berchtesgaden ou Bad Aussee[2].

En , elle put émigrer au Royaume-Uni, quelques semaines avant Sigmund, Martha et Anna Freud, car elle avait gardé la nationalité allemande que sa sœur avait abandonnée[2].

Elle mourut en 1941 d'une crise cardiaque[2].

Personnalité[modifier | modifier le code]

Minna Bernays était une femme intelligente, grande lectrice, en allemand ou en anglais dans le texte, en particulier de romans, faisant preuve d'esprit, de sens de l'humour voire de sarcasmes, non dénuée d'une certaine austérité[2].

Elle fut souvent malade, souffrant de migraines, de troubles digestifs, cardiaques ou oculaires, ainsi que de tuberculose[2].

Contrairement à sa sœur, elle resta proche des traditions juives[5]. Unique membre de la famille à refuser d'être incinérée, elle fut inhumée[5].

Rapports avec Freud[modifier | modifier le code]

Selon Albrecht Hirschmüller[δ], ainsi qu'Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, les rapports entre le psychanalyste et sa belle-sœur ont souvent donné lieu à des « spéculations » et à des « fantasmes »[2],[7].

En , Carl Gustav Jung[ε] déclara dans une interview que Minna avait eu une liaison amoureuse avec Freud[9],[2] mais Hirschmüller juge cette affirmation peu « crédible »[2], tout comme les velléités d'en trouver les preuves dans L'Interprétation du rêve ou dans la Psychopathologie de la vie quotidienne, comme a pu le faire à la fin des années l'historien — « révisionniste »[8] selon Roudnesco et Plon — Peter Swales (en), qu'il poursuivit par une enquête conclue par une conférence retentissante en [5],[10],[8].

Pour Hirschmüller, la correspondance — deux cent lettres écrites entre et [5] — ne permet de conclure à rien d'autre qu'une « forte connivence spirituelle »[5]. Cette correspondance est « très ouverte et très intime » et si, comme en font état Roudinesco et Plon, quand Freud s'éprit de Martha, il se sentit également attiré par Minna, qui fut une « confidente »[7], « une relation charnelle aurait posé trop de problèmes et aurait détruit le lien avec Martha qui était fondamental pour Freud, mais différent de celui qu'il entretenait avec Minna », d'après Hirschmüller[7].

Selon Roudinesco et Plon, il s'agit donc d'une invention de Jung avant de « devenir un fantasme majeur de l'historiographie révisionniste et anti-freudienne, aux États-Unis et dans le monde entier »[7].

Correspondance[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Ou le 16 selon certaines sources[1].
  2. Elle dût être traitée une seconde fois en 1900[2].
  3. Ferroviaires, routiers ou même pédestres[2].
  4. Neurologue, psychiatre, psychothérapeute ainsi qu'historien de la médecine, Institut für Ethik und Geschichte der Medizin, Tübingen[6], spécialiste allemand de la correspondance de Freud avec sa famille et de son édition[7].
  5. Jung était opposé à la théorie freudienne de la sexualité. Il avait eu plusieurs aventures extra-conjugales, notamment avec Sabina Spielrein, et se plaisait, selon Roudnesco et Plon, à divulguer des rumeurs — fondées ou non — sur les relations sexuelles de ses contemporains[8].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Hirschmüller (2005), p. 206.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w et x Hirschmüller (2005), p. 207.
  3. Hirschmüller (2005), p. 206-207.
  4. Roudinesco et Plon (2011), p. 154.
  5. a b c d et e Hirschmüller (2005), p. 208.
  6. « Albrecht Hirschmüller - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France » [archive], sur data.bnf.fr (consulté le ).
  7. a b c d et e Roudinesco et Plon (2011), p. 156.
  8. a b et c Roudinesco et Plon (2011), p. 155.
  9. (en) J. M. Billinsky, « Jung and Freud (The End of a Romance) », Andover Newton Quarterly, no 10,‎ , p. 39-43
  10. (en-US) « Historian links freud and wife's sister as lovers », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  11. [compte rendu] Ernst Falzeder, « Notes de lecture », Psychothérapies, vol. 26, no 3,‎ , p. 177-178 (DOI 10.3917/psys.063.0177, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]