Maîtresse Françoise

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Maîtresse Françoise
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Biographie
Nom de naissance
Annick FoucaultVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Maîtresse FrançoiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
Site web

Maîtresse Françoise, surnom d'Annick Foucault, est une dominatrice et écrivaine française.

Biographie

Minitel

Autodidacte[1] ayant dû abandonner ses études en raison d'un accident[2], Annick Foucault gère d'abord une boutique de prêt-à-porter[2]. Elle s'intéresse ensuite au Minitel[3], qu'elle considère comme « un excellent moyen de communication, une sorte de no man's land où tout est permis[4] », participant à divers forums. Elle monte un « forum de débat », 3615 Fetish[réf. souhaitée], consacré au sado-masochisme, avant de lancer en 1994 son propre « réseau minitel » spécialisé, sous le nom de Miss M[2]. Marc Daum la qualifie à ce titre de « grande ordonnatrice de messagerie 3615 pour le compte d’un major de la télématique, la bonne tenue intellectuelle de ses forums lui [valant] la fidélité de lecteurs avertis[5] ». En , elle apporte une « précieuse collaboration » à la journaliste Monique Ayoun pour un article consacré au Minitel dans Biba[6].

Parallèlement à ces expériences télématiques, ses pratiques sado-masochistes évoluent :

« J'avais l'habitude de rencontrer des hommes dominateurs sur Minitel. Un jour, tout a basculé avec l'un d'entre eux. Je lui ai soudainement arraché la cravache des mains et je l'ai fouetté. Il m'a alors embrassé les escarpins et m'a dit : Punissez moi, vous êtes dominatrice[7]. »

Écrivaine

En 1994, Annick Foucault, qui jouit déjà d'une forte notoriété dans les milieux spécialisés[8], publie sous son véritable nom[9] — chez Gallimard, souligne Anne-Élisabeth Moutet[10] — Françoise Maîtresse, un récit autobiographique, « étrange et prégnant » selon Jean Pache[1], de « son histoire, son enfance, la découverte de sa sexualité cérébrale, son expérience de dominatrice, dans un style aussi précis que vif et littéraire[7] ». Le texte est préfacé par Pierre Bourgeade, qui le considère comme l'expression d'une « liberté inconsciente d'elle-même[11] », Jean-Jacques Pauvert le présentant de son côté comme une « œuvre majeure de la littérature érotique de ces dix dernières années[12] ». Dans cette autobiographie, l'auteure se présente sous un double visage : Françoise, la dominatrice, et Marianne, « qui a découvert son masochisme en regardant, adolescente, les scènes de fouet dans les films de pirates[7],[13] ». Anne Larue souligne le lien de deux facettes : « Françoise, c’est d’abord le nom d’une petite fille de douze ans [...] qui joue à la maîtresse[13] ».

L'ouvrage introduit le sado-masochisme dans la littérature grand public, « sans censure, mais aussi sans complaisance pour le lecteur[9] », en mettant en lumière les « cassures » qui y conduisent[14], sous un angle qui, selon Annick Foucault, recueille l’assentiment de ses partenaires[15]. Annick Foucault suggère qu'on leur reconnaisse une « certaine faiblesse » et commente :

« Si cette faiblesse est théâtralisée, si elle est jouée, où est le problème ? Ils ressortent renforcés, troquent leurs chaînes pour un costume trois-pièces, et rentrent chez eux apaisés, fortifiés[16],[17]. »

Elle plaide pour un abandon de certains préjugés :

« En érotisant la barbarie, les fétichistes et sadomasochistes castrent les vrais bourreaux de leurs armes[18],[19]. »

Ses réflexions font écho à la pensée philosophique de Gilles Deleuze, auquel elle rend hommage[20], d'une manière qui, selon Charles J. Stivale, témoigne d'une « réflexion perceptive et fascinante sur La Vénus à la fourrure, Présentation de Sacher-Masoch de Deleuze[21] ». Selon Céline du Chéné, Maîtresse Françoise est « probablement la plus intellectuelle des dominatrices de la scène parisienne », possédant « toutes les éditions » de Leopold von Sacher-Masoch et « ayant entretenu une correspondance » avec Gilles Deleuze[7], qui aurait marqué, selon Jean Pache, « à cette inattendue disciple amitié et considération[1] ».

Après la publication de son récit qui, selon Giovanni Firmian, connaît un « grand succès en France[22] », elle est invitée dans divers talk-shows français[3],[5],[23] et accorde des interviews à propos du sado-masochisme[24],[25].

À l'occasion de la sortie d'une traduction de son livre en Italie[26], Giovanni Firmian décrit son auteure comme « la reine des dominatrices et des pratiques sado-masochistes, la plus célèbre de France, mais connue aussi dans le reste de l'Europe et aux États-Unis[22],[9] ».

Œuvres

Récit

Digraphe

  • « Élodie en sous-sol », Digraphe, no 65,‎ (résumé).
  • « Magnum le Chien », Digraphe, Gallimard « Qui est là ? », no 66,‎ (résumé).
  • « Les femmes pornocrates », Digraphe, no 70,‎ (résumé).
  • « Laissez-nous », Digraphe, no 79,‎ .

Performances

Bibliographie critique

Notes et références

  1. a b et c Jean Pache, « Faut-il toujours à l'amour son théâtre de la cruauté ? », Tribune de Genève,‎ .
  2. a b et c Hélène Hazera, « « Maîtresse Françoise » : le fouet et la plume », Libération,‎ , p. 19.
  3. a et b François Forestier, « La boîte à bouquins de Forestier : Françoise maîtresse, impératrice du SM », Nouvel observateur,‎ (lire en ligne).
  4. Isabelle Girard, « Les vrais secrets d'une fouetteuse », L'Événement du jeudi,‎ .
  5. a et b Philippe Cousin (directeur de publication) et al., L’Encyclopédie du sadomasochisme, La Musardine, , 407 p., ouvrage collectif publié sous la direction de Philippe Cousin (ISBN 2842710886 et 9782842710880, OCLC 965207817, BNF 37215202, présentation en ligne), Marc Daum, p. 176
    « Annick Foucault apparait pour la première fois en public et en direct dans l’émission de Christophe Dechavanne — Ciel mon mardi — en 1989. Suivront d’innombrables reportages alimentés par la parution d’une autobiographie Françoise Maîtresse. »
  6. Monique Monique Ayoun, « Il m'a trompé avec moi-même », "Biba",‎ .
  7. a b c et d Céline du Chéné (préf. François Angelier, recueil de chroniques radiophoniques diffusées sur France Culture dans l'émission Mauvais genres de 2012 à 2016), « K comme képi : Maîtresse Françoise », dans L'encyclopédie pratique des mauvais genres, Paris, Nada, (ISBN 9791092457223, BNF 45388766), p. 75-79.
  8. (en) « The Maitresse », Skin Two (en), Londres, no 12,‎ , p. 84
    « Françoise is [...] an SM celebrity — one of France foremost dominants and a favourite of the media. »
  9. a b et c (it) « Annick Foucault raconta: come divenire dominatrice nel grande circo delle perversioni sadomasochiste », L'Europeo,‎ , p. 65-66.
  10. (en) « Moutet's Paris: Nice work if a former minister can get it », The European,‎
    « [...] published by non other than the snooty Gallimard. »
  11. Préface de Pierre Bourgeade à Françoise Maîtresse, op. cit..
  12. 4e de couverture de Françoise Maîtresse, La Musardine, 2000, op. cit..
  13. a et b Larue 2002, p. 130
    « Elle fait allusion aux « grands films de sévices » de son enfance pour expliquer l’attrait sexuel de certaines scènes : « cow-boys, sexes d’étalons, tortures de pirates, viols d’Apaches, femme attachée au mât d’un navire pour recevoir le fouet. ».
  14. Pauvert 2001, p. 303–309.
  15. Jean-Pierre Dufreigne, « Les mille-feuilles des filles d'Eros », L'Express,‎ (lire en ligne)
    « Annick Foucault [...] se confesse et catalogue ses amants [...] selon leurs désirs les plus intimes ou leurs spécialités — elle a déclaré qu'ils avaient été ravis de se rencontrer couchés sur le papier. »
  16. Isabelle Isabelle Girard, « Les vrais secrets d’une fouetteuse », L'Événement du jeudi,‎ .
  17. Jacques Frank, « Sados et masos », La Libre Belgique,‎ (lire en ligne).
  18. Jean Streff, Traité du fétichisme: à l'usage des jeunes générations, Denoël, (lire en ligne), p. 443.
  19. Maîtresse Cindy et Jean Streff, Maîtresse Cindy interviewe tous azimuts des pratiquants sadomasochistes et des non-pratiquants, (lire en ligne [PDF]).
  20. Annick Foucault, « Hommage à Gilles Deleuze », .
  21. (en) Charles J. Stivale (Web resources), Deleuze and Guattari [« Recensement des textes et liens internet en rapport avec Gilles Deleuze »], Wayne State University, (lire en ligne), Diverse essays and links
    « Annick Foucault, “Homage to Gilles Deleuze”: a fascinating and perceptive reflection on Deleuze's Venus in Furs and on his relations to sado-masochism by Annick Foucault, author of Maîtresse Françoise, ed. Collection DigrapheMercure de France. »
  22. a et b (it) Giovanni Firmian, « Il sadomasochismo di Françoise Maîtresse: l'amore ? È un gatto a nove code » [« Le sado-masochisme de Françoise Maîtresse : l’amour ? c’est un chat à neuf queues »], Amica (it),‎ , p. 90-91.
  23. Hervé G., Tout à fait, Thierry ! Cela ne nous regarde pas..., Lulu.com, , 354 p. (ISBN 0244995265 et 9780244995263, OCLC 1047590572, lire en ligne), p. 38.
  24. François Angelier, Mauvais genres, France Culture, (écouter en ligne), « Week end Mauvais-genres : Les femmes fatales (rencontre avec Hélène Fillières), lauréats du prix Mauvais Genres 2013 » [audio]
    Entretiens avec Arielle Dombasle, André Engel, Maîtresse Françoise, La Bourette, Dominique Kalifa — avec la collaboration de JB Thoret, P. Rouyer, Céline du Chéné, Antoine Guillot, Jean Pierre Dionnet, Joseph Gohsn. Intervenants : Hélène Fillières & Alexandre Mathis.
  25. François Angelier, Mauvais genres, France Culture, (écouter en ligne), « L'amour – fouet ou le monde masochien : Cécile Guilbert, Alain Robbe-Grillet, Harry Kumel » [audio]
    Maîtresse Françoise est interviewée par Céline du Chéné. Émission préparée par Claire Martin du Gard et Pascale Dassibat. Réalisation de Laurent Paulré avec la collaboration de Jean-Baptiste Thoret, Philippe Rouyer, Céline du Chéné et Christophe Bier.
  26. (it) Annick Foucault (trad. Delia Coletti), Françoise Maîtresse la dominatrice, Milan, éd. Sonzogno (it), (1re éd. 1995 sous le titre « La dominatrice : Françoise maîtresse »), 207 p. (ISBN 8845407500 et 9788845407505, OCLC 797741703)
  27. France Culture, François Angelier, « Mauvais genre », 18 septembre 2013, cf. minutage 08:58 à 09:23.
  28. Voir la revue Digraphe no 70 (photo et texte Bruits d'Avila), septembre 94, et no 78 « la Mort de Paris VIII » (texte "Théâtre" Boudot), automne 96.
  29. La Bellone - Maison du Spectacle asbl, rue de Flandre 46 - 1000 Bruxelles.

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