Liste des archevêques gravée dans la cathédrale de Cantorbéry.
L'archevêque de Cantorbéry[1] est le primat de l'Église d'Angleterre avec le titre de « primat de toute l'Angleterre ». Le diocèse est fondé en 597, et son premier évêque, saint Augustin, reçoit du pape le pallium avec des pouvoirs extraordinaires (22 juin 601) pour l'établissement en Angleterre de deux métropoles (Londres et York) ayant chacune 12 suffragants[2]. Le programme ne fut pas totalement réalisé, et la province d'York ne fut établie qu'en 735, mais York devait garder le souvenir d'une parité originelle avec Canterbury, alors que Canterbury concluait au contraire avoir eu des pouvoirs primatiaux dès le début. Les prélats de Canterbury portèrent le titre d'archevêques depuis 679/680 (concile de Hatfield)[3].
En 1070, l'archevêque Lanfranc (1070-1089)[4] tenta de conditionner le sacre que Thomas d'York (1070-1100) lui demandait contre un serment d'obéissance : Thomas d'York refusa et remit en cause devant le pape, en octobre 1071, la supposée primatie de Canterbury sur York en s'appuyant sur les dispositions prévues en 601. Lanfranc répliqua que l'égalité projetée ne concernait qu'York et Londres citées dans la Lettre de Grégoire le Grand, non Canterbury. Le pape ne voulut pas trancher et demanda la tenue de conciles en Angleterre, qui se tinrent à Winchester (avril 1072) et Windsor (mai 1072), et donnèrent entièrement raison à Lanfranc[5]. Le titre de « primats de toute l'Angleterre » est reconnu aux archevêques de Canterbury par les évêques anglais (1093)[6], puis par le légat du pape (1237)[7]. Thurstan, archevêque d’York (1114-1140), refusa de prêter le serment d'obédience à son confrère de Canterbury, qui différa sa consécration : il dut se tourner vers Calixte II qui écrivit les bulles Quanto amplius (avril 1117), rappelant le projet initial d'égalité entre les métropoles de Londres et d'York et Caritatis bonum est (11 mars 1120) déniant à Canterbury toute primatie sur York[8]. Sous la pression de la monarchie anglaise, les deux archevêques entrèrent en négociations sérieuses et paraphèrent un véritable traité de paix, la « Compositio super bajulatione crucium suarum » du 20 avril 1353, que confirma le pape Innocent VI (bulle In supremae dignitatis du 28 mars 1354[9]), reconnaissant à l'archevêque d'York le titre de « primat d'Angleterre ».L'archevêque Thomas Cranmer (1533-1555) fut l'artisan majeur du rejet de l'autorité papale et du passage de l'Angleterre à l'anglicanisme: il fut déposé en 1555 par la reine Marie Ire. Le siège est vacant depuis 1558, et n'a jamais été restauré depuis. Des archevêques anglicans en portent le titre depuis 1559, comme chefs spirituels de la Communion anglicane, même s'ils n'y exercent qu'une primauté d'honneur.
↑Bède le Vénérable (trad. O. Szerwiniack, F. Bourgne, J. Elfassi, M. Lescuyer et A. Molinier, I), Historia ecclesiastica gentis Anglorum [« Histoire ecclésiastique du peuple anglais »], Paris, , p. 64-65.
↑L. Bréhier et R. Aigrain, « Grégoire le Grand, les États barbares et la conquête arabe (590-737) », dans A. Fliche et V. Martin, Histoire de l’Église depuis les origines jusqu’à nos jours, V, Paris, , p. 322.
↑(en) F. Delivré, « The Foundations of Primatial Claims in the Western Church (Eleventh-Thirteenth Centuries) », The Journal of Ecclesiastical History, vol. 59, , p. 385.
↑H.E.J. Cowdrey, Lanfranc : Scholar, Monk, and Archbishop, Oxford, , p. 87-96.
↑L. Beauduin, « L’Église anglicane unie non absorbée », dans J. de Bivort de la Saudée, Anglicans et catholiques, II, Documents sur le problème de l’union anglo-romaine (1921-1927), Paris, , p. 216.
↑Matthew Paris, Matthew Paris's English history, from the year 1235 to 1273, (Giles, J.A. tr.), I, London, , p. 72.
↑Jaffé-Kaltenbrunner, Regesta, I, p. 765, n°6553; p. 793-794, n°6831.
(en) Simon Keynes, « Appendix II: Archbishops and Bishops, 597–1066 », dans Michael Lapidge, John Blair, Simon Keynes et Donald Scragg (éd.), The Wiley Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Wiley Blackwell, , 2e éd. (ISBN978-0-470-65632-7).